Carbone XIV

Il y a deux jours, pendant que l’autre faisait des bains de pieds liturgiques à des païens ou des bains de pieds païens pendant la liturgie, ne lui demandez pas, il ne doit pas savoir lui-même :

Le suaire de Turin pourrait dater de l’époque du Christ

De nouvelles recherches menées en Italie contredisent les premières datations qui avaient été menées en 1988. Mais le mystère n’est pas levé pour autant.

ici

Quelques mois plus tôt :

Cela nous vient d’Italie, et c’est totalement occulté par la presse française. Il s’agit pourtant d’un élément nouveau et important dans la recherche sur le Linceul de Turin, que seul le site Benoît et moi a évoqué chez nous.

Comme l’image du Linceul demeurait scientifiquement inexplicable, certains avaient formulé l’hypothèse du « flash de la Résurrection ». Cela est conforme au fait que l’image s’est formée dans le tombeau (puisqu’elle n’existe pas sous les taches de sang) et au fait que le corps s’est comme dématérialisé, puisque les taches de sang sont intactes et qu’il n’y a donc eu aucun arrachement. L’hypothèse était séduisante sur le plan spirituel, mais dépourvue de toute base scientifique. Or, en Italie, les chercheurs de l’ENEA (agence nationale pour les nouvelles technologies, l’énergie et le développement économique durable) l’ont prise au sérieux, et ont mené une série d’expériences pendant cinq ans. Et ils ont obtenu des résultats partiels qui rendent cette hypothèse plausible.

Les résultats font l’objet d’un rapport publié sur le site de l’ENEA.

Les chercheurs commencent par résumer les acquis des recherches effectuées par le STURP (Shroud of Turin Reasearch Project) en 1978 :

– Il n’y a pas de quantité significative de pigments ni de trace de dessin. L’image n’est ni peinte, ni imprimée, ni obtenue par chauffage.

– La coloration de l’image se trouve sur la surface externe des fibrilles des fils de lin (un fil étant constitué de 200 fibrilles), et sur une épaisseur de 200 nm (nanomètres), soit un cinquième de millième de millimètre.

– Les nuances de la couleur contiennent des informations donnant une image tridimensionnelle.

– La coloration superficielle des fibrilles provient d’un processus inconnu qui a causé l’oxydation, la déshydratation et la conjugaison de la structure de la cellulose du lin.

Les chercheurs confirment ensuite que le corps a été placé dans le linge sans que celui-ci soit serré : car il y a « une relation précise entre l’intensité de l’image et la distance entre le corps et le tissu ». Il en résulte que « l’image ne s’est pas formée par le contact du drap avec le corps ».

C’est cette donnée, « combinée à l’extrême superficialité de la coloration et à l’absence de pigments », qui « rend extrêmement peu probable d’obtenir une image similaire au Linceul avec des méthodes chimiques, que ce soit dans un laboratoire moderne ou moins encore par un hypothétique faussaire médiéval ».

Les chercheurs ont exclu une autre possibilité que personne n’avait semble-t-il osé formuler jusqu’ici, or la conclusion est intéressante : « Il n’y a pas de signes de putréfaction correspondant aux orifice, qui surviennent environ 40 heures après la mort. Par conséquent, l’image ne dépend pas de gaz de putréfaction et le cadavre n’est pas resté dans le drap plus de deux jours. »

Restait donc l’hypothèse du « flash », plus précisément d’une lumière à courte longueur d’onde.

En fait, il y avait déjà eu des tentatives de reproduire ce « flash ». Elles avaient consisté à utiliser un laser CO2 émettant des rayonnements infrarouges d’une longueur d’onde de 10.6 micromètres sur une toile de lin semblable à celle du Linceul. Mais l’analyse microscopique avait mis en évidence une coloration trop profonde : des fils étaient carbonisés, caractéristique incompatible avec l’image du Linceul.

Les chercheurs de l’ENEA ont utilisé quant à eux le rayonnement ultraviolet, qui ne provoque pas de réchauffement du tissu. Ils ont utilisé un laser à excimère d’une longueur d’onde de 0,308 micromètre, donc 34 fois plus courte que celle du laser CO2, émettant des impulsions de durées différentes, de 120 nanosecondes et 33 nanosecondes.

« L’analyse du résultat obtenu suggère que pour obtenir une coloration plus proche de celle du Linceul nous aurions dû utiliser une longueur d’onde encore plus courte, dans le spectre de l’ultraviolet lointain » (ultraviolet du vide : VUV).

Ils ont alors utilisé un laser à excimère à longueur d’onde de 0,193 micromètre. Le rapport s’étend longuement sur les expériences réalisées. En conclusion :

« Nous avons réussi à obtenir une coloration du lin ayant la tonalité et l’épaisseur de coloration qui se rapprochent de celles de l’image du Linceul de Turin. Nous avons également obtenu une couleur latente, qui apparaît après un temps d’irradiation du laser grâce à un double mécanisme synergique de coloration (lumière UV et VUV). Nous avons également montré que la lumière laser UV et VUV produit une fragilité et un stress sur les fibrilles de lin, équivalents à un vieillissement accéléré du tissu. Enfin, nous avons montré que la coloration n’est pas due à un effet thermique. Evidemment, personne ne peut faire l’hypothèse que l’image corporelle du Linceul ait été produite par une série de flashes de lumière VUV émise par un laser. Mais nos résultats montrent que le laser à excimère est un puissant outil d’investigation pour simuler les processus physiques et chimiques qui pourraient avoir causé sa coloration particulière. »

A la fin du rapport, les chercheurs précisent que s’ils ont obtenu des résultats probants, « il convient de souligner que la puissance totale du rayonnement VUV requise pour colorer instantanément la surface d’un drap correspondant à un corps humain de taille moyenne (34.000 milliards de watts) fait qu’il est impossible aujourd’hui de reproduire l’image entière du Suaire en utilisant un laser à excimère unique, car cette puissance ne peut être produite par aucune source de lumière VUV construite à ce jour (les plus puissantes sur le marché arrivent à quelques milliards de watts) ».

D’autre part, l’image du Linceul présente quelques caractéristiques qu’ils admettent ne pas être encore en mesure de reproduire, par exemple la nuance de l’image due à une concentration différente de fibrilles jaunes en alternance avec des fibrilles non colorées (ce qui forme l’image).

Ils concluent joliment : « Nous n’en sommes pas à la conclusion, nous en sommes à composer des pièces d’un puzzle scientifique complexe et fascinant. L’énigme du Linceul de Turin est toujours “un défi à l’intelligence”. » La citation est de Jean-Paul II.


Aujourd’hui :

Ce fut peut-être la dernière décision de Benoît XVI. On apprit en effet le 27 février, veille du dernier jour de son pontificat, qu’il avait autorisé une ostension télévisée du Saint Suaire, le jour du Samedi Saint. Une première, un événement exceptionnel, dans le cadre de l’année de la foi.

Cette ostension aura lieu dans la cathédrale de Turin, à huis clos devant des invités qui seront des jeunes et des malades. L’émission de télévision de la RAI Uno commence à 17h 15

idem

RAI tv World
et sur KTO

Photo : visage reconstitué à partir du Suaire par la NASA

1 réflexion sur « Carbone XIV »

  1. j.ax

    Sorti il y a quelque mois le Jésus de Jean-Christian Petitfils évoque la question en détail, j’en avais d’ailleurs parlé ici. Grand succès public, mais Petitfils a aussi fait enrager beaucoup de monde en prenant le linceul comme un document historique et en assumant pleinement le surnaturel: les miracles et la résurrection, comme des faits à part entière pour son étude. Personnellement, je ne vois pas comment il aurait pu faire autrement, écrivant la vie de Jésus.

    La Sorbonne, Libé-Marianne ne vont pas en parler, mais le procédé carbone 14 est largement discrédité aujourd’hui. Il y a de bonnes raisons aujourd’hui de penser que le linceul est authentique, et que la résurrection a bien eu lieu.

    La question a intéressé des équipes très prestigieuses, à la NASA notamment. La science ne peut pas encore dire comment, mais la science ne s’est pas arrêtée en 1908, non plus. Petitfils cite une bonne dizaine d’études, celle de l’équipe italienne en fait partie j’en suis presque sûr. Je voudrais en dire plus mais j’ai prêté le bouquin et on ne me l’a pas rendu.

    De Benoît XVI je me souviendrai aussi de son conseil de conférer avec son ange gardien.

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