Ainsi donc, la République des lettres lance une chasse à courre contre Richard Millet, coupable d’avoir commis un Eloge d’Anders Breivik.
Que lui reproche-t-on? de véhiculer des idées racistes, nauséabondes, de ne pas penser dans les clous? Vous n’y êtes pas du tout… Laissons la parole à Richard Millet, écoutons ce qu’il dit pour sa défense, et nous comprendrons de quoi il s’agit vraiment, quel est son crime, aux yeux des gensdelettres:
Je n’aime pas les débats/ Je suis un homme de l’ombre/ Je suis un écrivain avant d’être un éditeur/ J’ai voulu décrire la beauté fascinante du mal, le personnage de Breivik ne m’intéresse pas, comme un cinéaste qui dévoile la beauté du geste du serial killer/ Tout écrivain est un être d’exception, et nous sommes environnés par de faux écrivains, des fausses valeurs, de la fausse monnaie/ Je ne suis pas d’extrême-droite, je ne sais pas ce que ça veut dire, je ne suis même pas inscrit sur les listes électorales, je n’existe pas politiquement….
Céline disait que son antisémitisme n’avait jamais dérangé personne, que c’est le voyage… qu’on ne lui avait pas pardonné. C’est terriblement vrai, et Céline est un étranger, dans son pays si peu fait pour la littérature et qui n’aime rien tant que de caler les tables des conférenciers avec les oeuvres authentiques, en l’occurence les transformer en supports de thèses.
Le désinterêt fondamental qu’on lui porte en France s’accompagne d’un culte du grand écrivain,d’un respect démesuré pour les gensdelettres, et tout ça n’est paradoxal qu’en apparence… Les français constituent un peuple bien trop politique pour entretenir avec l’Art un rapport sain (leur permettant par exemple de comprendre qu’on peut faire l’Eloge de la beauté criminelle, de considérer que ça va de soi), ce pays est bien trop idéologisé pour avoir dans ses murs de vrais artistes autrement que par accident, les admirer ailleurs que sur un gigantesque malentendu, et c’est du reste pour ça qu’on a tant de mal à produire des films qui soient autre chose que des conférences illustrées par des diapos, dixit Polanski….
Partant, celui qui fait de la littérature sera ignoré quoi qu’il arrive, on lui dénira la volonté même de donner sa vie à l’Art pour l’Art, et s’il ne crève pas de faim, on le prendra pour autre chose qu’un homme de l’Art… On le sommera de se glisser dans la peau d’une grande conscience penthéonisable, d’être un grand écrivain, ou bien on voudra qu’il soit un rat de maison d’édition, une pièce dans un collectif, le membre d’un grand Corps… Dans ce cas, on lui prêtera un rôle social, on verra en lui un éducateur des masses, pareil au personnel pléthorique qui vivotait dans les théâtres d’Etat, en URSS (à noter d’ailleurs que l’ex URSS partage avec la France ce culte du grand écrivain, tout est en ordre..).
S’il s’obstine comme Millet à se voir en homme seul, qui ne vote pas, n’aime pas le débat, en homme de l’ombre et d’exception, en écrivain plus qu’en rat de maison d’édition, on fermera sa gueule, parce qu’il est incompréhensible de vivre par la littérature en avouant qu’on déteste la chose et ceux qui en font pour de vrai, mais on attendra l’homme au coin de la rue, avec un gourdin…
Le problème de Richard Millet, c’est qu’il est vraiment écrivain, mais qu’il est aussi un homme d’édition, qui traîne au milieu des écrivains papiers, dans leurs murs… J’avance une hypothèse, il ne supporte plus ce terrifiant malentendu, il a voulu crever l’abcès, se rendre au coin de la rue pour les voir avec leurs gourdins… Qu’il s’en aille… Ce n’est plus dans les coins où rodent des Tahar Ben Jelloun, au milieu des écrivains papiers et, des faux-monnayeurs, qu’on fait de la littérature, et ce n’est déjà plus là que se trouve le vrai public.
Sur internet, on est publié pour de vrai, les vrais lecteurs suivent les vrais auteurs, ils les marquent, les accompagnent parfois avec Nietzsche et Cioran de leurs dix-sept à leurs vingt-cinq ans, ils n’ont pas dans leurs statistiques les institutrices en retraite qui prennent conseil dans les pages livres de Valeurs Actuelles, ils sont pour le coup des hommes de l’ombre et d’exception… Si Millet tient tout de même au papier, qu’il fasse comme Houellebecq ou le très honnête confectionneur de paralittérature Marc Lévy, qu’il se casse à l’autre bout du monde et se contente d’échanger trois mails par an avec ces cons…
A mon humble avis, Richard Millet s’est jeté sur un prétexte pour faire un scandale et dire merde, comme un homme forcé de vivre avec une belle-mère débile, un beau-père ivrogne et des beaux enfants totalement à la masse…
Le provincialisme réside dans l’incapacité (ou le refus) d’envisager sa culture dans le grand contexte. Il y a quelques années, un journal parisien fit une enquête auprès de trente personnalités appartenant à une sorte d’establishment intellectuel du moment, journalistes, historiens, sociologues, éditeurs et quelques écrivains. Chacun devait citer, par ordre d’importance, les dix livres les plus remarquables de toute l’histoire de France; de ces trente listes de dix livres fut ensuite tiré un palmarès de cent livres (…) et le résultat donne une image assez juste de ce qu’une élite intellectuelle française considère aujourd’hui comme important dans la littérature de son pays.De cette compétition, Les Misérables de Victor Hugo sont sortis vainqueurs. Un écrivain étranger sera surpris. N’ayant jamais considéré ce livre important pour lui ni pour l’histoire de la littérature, il comprendra que la littérature française qu’il adore n’est pas celle qu’on adore en France. En onzième place, les Mémoires de guerre de De Gaulle. Accorder au livre d’un homme d’Etat, d’un militaire, une telle valeur, cela pourrait difficilement arriver hors de France. Pourtant, ce n’est pas cela qui est déconcertant, mais le fait que les plus grands chefs-d’oeuvre n’arrivent qu’après. Rabelais n’est cité qu’en quatorzième place! (…) Et le XXème siècle? (…) Comme si l’immense influence de la France sur l’art moderne n’avait jamais eu lieu! (…) Plus étonnant encore: l’absence de Beckett et Ionesco. Combien de dramaturges du siècle dernier ont eu leur force? Un? Deux? Pas plus. (…) L’indifférence envers la valeur esthétique repousse fatalement toute la culture dans le provincialisme.
Milan Kundera, Le Rideau, P.55.
En photo, l’écrivaine Annie Ernaux
Annie Ernaux, née Annie Duchesne1 le 1er septembre 1940 à Lillebonne, est une écrivaine française, professeure de lettres de profession. Son œuvre littéraire, pour l’essentiel autobiographique, entretient des liens ténus avec la sociologie.
…. Annie Ernaux revendique une écriture neutre, « sans jugement, sans métaphore, sans comparaison romanesque », et évoque un style « objectif, qui ne valorise ni ne dévalorise les faits racontés », cherchant ainsi à « rester dans la ligne des faits historiques, du document6. »
L’equivalent franchouille de l’art du NSDAP. BRRRRR
On dirait Trierweiler en plus vieux.
Je m’étonne à chaque fois de ce que le visage d’une personne représente de sa personnalité.
Et pourtant si détestable soit-elle en tant que citoyenne (j’utilise ce mot comme insulte, bien entendu), ce qu’elle écrit a une force et une beauté certaines, dérangeantes d’ailleurs, au regard de ce qu’elle est, donc, comme individu. Il ne faut pas nier cette vérité, en littérature, que des êtres abjects ou à la bêtise consternante peuvent être d’authentiques écrivains, et produire des oeuvres plus intelligentes qu’eux-mêmes, oeuvres qui parfois même contredisent, réfutent, anéantissent les conneries que leurs auteurs peuvent répandre en interview. Qui a déjà lu Antoine Volodine me comprendra.
L’intérêt de Richard Millet, c’est que ses interventions peuvent servir de test de Voight-Kampff pour reconnaître les réplicants. Regardez son intevention chez Taddei et ce qui se passe juste après. Si votre voisin ne sursaute pas en même temps que vous au moment où, sur la grande émission culturelle du grand service public de la grande République, apparaît pour le contredire une femme ressemblant à un phoque ricanant issu de la diversité à qui on donne le titre de “civilisationniste”…c’est qu’il n’est pas de votre dimension et que le fossé ne pourra jamais être comblé. Pratique.
Comme je confirme votre analyse… Cette horreur qu’a la France envers l’Art, l’esthétisme, le beau pour le beau est encore une conséquence de son aversion pour soi-même et tout particulièrement son histoire.
Car qu’a été la France jusqu’aux années 40-50 à part le phare mondial de la beauté ? Je sais, c’est beau comme du BHL mais je ne vois pas de Roi Soleil, Rabelais, Napoléon ou Céline à l’étranger.
Il faut bien entendu mettre ça sur le dos des livres d’histoire et autres profs adeptes du révisionnisme pur et simple.
Et voilà à quoi on en arrive : j’ai un ami qui ne lit plus que des livres politiques. Soral and co, oui oui. Oo Il dit que comme ça il a des arguments. Je lui ai prêté 1984 : il a adoré parce qu’il pouvait calquer ça dans le contexte actuel alors qu’en fait ce livre est a chialer de beauté tant dans le procédé d’écriture qu’au niveau des personnages.
J’ai hésité à lui parler d’ILYS à un moment donné, mais il ne comprendrait pas et n’en dirait que des conneries.
Pour ce qui est de Millet, je suis content de ce qui lui arrive. Comme Dieudo finalement, ces gens là ne sont pas faits pour les plateaux télés. Je me souviens d’une émission où Millet n’avait quasiment pas causé, puis il a commencé a parlé de son livre, on sentait qu’il évitait les sujets glissants. Puis à un moment donné, au détour d’une question politique il a sortit un lamentable « de toute façon, je ne vote pas… allez-y, huez-moi ! »
Pourquoi rechercher les huées ? D’un public de télé qui plus est. C’est un mec de l’ombre tout à fait. Les gens, c’est pas pour lui.
Dans le fond, Millet a l’air d’être Puni par là ou il semble avoir beaucoup péché
Trouvé cet article de 2000:
Un prof de collège, mandarin de chez Gallimard qui parle de « relachement de la langue » (beurk) en visant pêle-mêle Houellebecq, Céline, Robbe-Grillet, Duras, Beckett… Sans doute une personnalité d’écrivain, des véléités de devenir un ‘écrivain véritable, développées sur le tare à force de fréquenter pire que lui et de ne plus les supporter, mais pas plus… Si Millet avait écrit des choses boulversantes, on en aurait entendu parler… Par des gens dignes d’intérêt, s’entend…. Jamais un commentateur est venu nous en parler sur Ilys, par exemple, c’est louche…
Un « amoureux de la langue », défendant en vrac toutes les idées réacs en vigueur, mais sans colonne vertébrale et sans valeur ajoutée, surtout… Dans le fond ses contempteurs lui rendent service, il mérite peut-être pas tant d’honneur.
Amusant d’ailleurs de voir qu’il flinguer Houellebecq avec les mêmes arguments de profaillon que son grand ami Tahar Ben Jelloun… Vulgarité, relachement de la langue, etc
Et encore vous n’avez pas lu sa fiche Wikipédia :
Ah oui en effet, mauvaise pioche.
En fait, les reproches qu’il fait à ses collègues qui trainent dans les maisons d’éditions toute la journée au lieu de scruter dans le silence et la solitude des concepts originaux, d’essayer de faire entendre une petite musique personnelle, il est possible qu’il se les fasse en réalité à lui-même… D’où une grosse déprime, et le fait qu’il tente de la combattre en s’en prenant non pas à lui-même, mai à ceux qui lui ressemblent.
Intéressant, en tout cas… Plus facile de traiter Tahar Ben Jelloun de « fausse monnaie » que de se dire « ca fait trente ans que je fais fausse route et que j’aligne les poncifs, il est temps que j’arrête de trainer dans les murs de Gallimard pour tenter de batir une oeuvre »
je crois que le summum a été atteint avec Tahar Benjelloun sur France inter chez Pascale Clark lorsqu’il explique que Richard Millet fait du bon boulot, qu’il édite des prix goncourt mais qu’il faut le virer, et s’il n’y avait un peu de jalousie professionnelle derrière cette cabale, et si ce n’était en fait qu’un prétexte pour virer un éditeur et lui prendre sa place…
Le coup de grâce :
http://www.juanasensio.com/archive/2012/09/10/eloge-litteraire-anders-breivik-richard-millet-de-roux.html
oué mé tsékoi il a mal parlé s’pourssa. T’inkiète y vont pas faire la hagra moi s’com’ssa. Pourtant je leur dis, j’passe mon temps à leur dire aux frères faut pas taper sur les frères, « pas les frères les frères » j’répète ça dans l’désert tiens ça rime.
Oh la vache…