Je publie ce texte de l’ami Xyr avec l’aimable autorisation de l’auteur, comme on dit.
Il m’intéresse particulièrement parce qu’il démontre selon moi quelque chose de fondamental: faire de la littérature est la seule manière de décrypter l’actualité et d’en parler sérieusement.
Mohamed
Tout à l’heure j’ai vu Mohamed Merah. Il était dans sa voiture, du mauvais rap dans les enceintes, à l’arrêt devant un feu vert, discutant avec un de ses potes, qui n’était autre que Mohamed Merah. Plus tard dans la journée, j’ai croisé deux autres Mohamed Merah, marchant sur la place pavée de cette manière si particulière laissant croire qu’ils ont une jambe plus courte que l’autre, se déplaçant très lentement, ils fixaient les clients sur les terrasses, ils s’approchaient, comme s’ils attendaient un « regard de travers », une excuse.
En buvant mon verre – assis au soleil – je les observais, et je repensais à un autre Mohamed Merah, un que j’ai connu il y a longtemps, en sixième. Il s’appelait Kader celui-ci. Un gamin issu de la banlieue qui enveloppait notre collège, un petit bonhomme avec qui je riais beaucoup, gentil comme pas deux, une « crème » comme on dit. Une fois il m’a dit « Hitler ? J’le déteste c’était un facho ! Sauf pour les Juifs, là j’lui dis trop merci pour ce qu’il a fait Wallah ! », au début j’ai pensé qu’il plaisantait, évidemment. Mes oreilles n’étaient pas préparées à ça, on m’avait pas prévenu, c’était pas prévu dans le scénario. Depuis j’ai fait de la route.
« C’était un garçon plein de vie, souriant, poli, on ne comprend pas ce qui s’est passé », qu’ils disent, à la télé. Comme si – en voyant les images de ce type en train de faire crisser les pneus d’une bagnole qui vaut quelques dizaines de SMIC – on ne comprenait pas de qui il s’agissait. Comme si c’était le genre de types à qui on confierait un de nos gosses ou même 10 euros. Comme si ce sourire-là nous disait du bien sur son propriétaire. Quand j’ai vu sa gueule hilare dans tous les JTs j’ai eu l’impression de le connaître, de le reconnaître, tellement je l’ai croisé dans ma vie. C’est évidemment lui qui reste au milieu de la route et bloque la circulation, et c’est encore lui qui rôde avec ses potes autour des cafés en ville. C’est avec lui que je rigolais de bon cœur quand j’avais l’excuse d’avoir 11 ans. C’est lui dont tout homme doté d’un minimum de bon sens s’éloigne avec sagesse, c’est avec lui que chaque jour on s’applique à garder une distance de sécurité – non par couardise mais par intelligence élémentaire – parce que l’on sait que lui contrairement à nous n’a rien à perdre, qu’il a la rage et qu’il n’hésitera pas à la déchaîner contre une femme, un enfant, un handicapé, qu’on a déjà vu ça plus d’une fois. Alors on évite le conflit pour nos gosses, pour notre copine, pour notre vie, avec une extrême prudence totalement légitime.
Le sourire de Merah c’est celui de la Fouine, dont j’ai déjà parlé. Leur légèreté n’est qu’apparente, ce qu’ils traînent avec eux c’est une boule de haine à notre encontre – une tumeur de gaz en combustion grossissant comme le Soleil – qui ne demande qu’à exploser. En 3 secondes on peut passer du taxage de clopes au tabassage en règle. Nous savons cela, nous le savons d’instinct. Les Mohamed Merah ne « cherchent pas la baston » comme une vulgaire bande de beaufs avinés en fin de soirée, à l’ancienne, non, eux sont souvent sobres et alertes, et s’ils cherchent le conflit ce n’est pas juste pour « se bagarrer » entre bonhommes et se tenir par le col pour faire mouiller les gonzesses, c’est pour nous finir à la lame, pour nous éclater le crâne à dix contre un ou à l’aide d’une bagnole, c’est pour nous détruire.
« Un garçon exemplaire, rien ne laissait présager que… », mon cul. Les rues sont pleines de Mohamed Merah potentiels qui aident les vieilles dames à porter leurs courses. Il faudra un jour arrêter de se raconter des histoires, faire semblant de ne pas voir, et le plus tôt sera le mieux. « Tu exagères, il faut être vraiment cinglé pour faire ce qu’il a fait… », je les vois déjà arriver avec leur « Faut pas généraliser », cette phrase qui est toujours la signature des connards. Bien sûr qu’il faut généraliser, c’est l’essence même de toute pensée que de regarder le réel et d’en tirer des grandes lignes de lecture sans s’arrêter au stérile « ça dépend des gens ». Nietzsche écrivait « la folie est quelque chose de rare chez l’individu ; elle est la règle pour les groupes, les partis, les peuples », et ça tombe bien car Merah n’était pas un individu mais précisément un groupe, un parti, un peuple. Ce qu’ils sont, viscéralement, chacun d’entre eux, c’est leur communauté, leur « race ». Et c’est bien pour cela qu’ils nous disent si volontiers de « niquer » la nôtre.
On ne le dira jamais assez : ce qui fait que chaque Mohamed Merah ne tue pas chaque jour est circonstanciel, pas structurel. C’est un détail. Ils ne le font pas, parce que les gens désertent leurs quartiers, ou baissent les yeux, ou se cachent, bref, rien de fondamental ne les en empêche, et à la première occasion ils peuvent vous mettre une balle au milieu du front, s’ils se sentent d’humeur. C’est ça, la banalité du mal. Je le répète donc, parce qu’il le faut : des Mohamed Merah il y en a partout. Non, il ne s’agit pas d’une minorité, et même s’ils l’étaient ils sont aidés et soutenus par une majorité des leurs, un entourage qui les approuve toujours sur le fond, à commencer par leurs propres parents. Le geste de Merah n’est pas un acte isolé, il n’est que la partie visible de l’iceberg. Nous le savons tous, nous les croisons à l’arrière des bus, dans les cages d’escalier, dans les parcs l’été. Nous connaissons tous le profil de ces meurtriers en puissance, et même si nous avons parfois du mal à le définir, comme j’essaie de le faire, comme d’autres essaient avec moi, nous savons.
Nous savons que Mohamed Merah est le dernier produit de la période antiraciste que nous vivons, qu’il est un mélange hasardeux entre une racaille sous-gangsta-rap de parking d’HLM – « Wesh couzin mate ma caiss le brui kel sor C du lour ! » – et un islamiste radical – le garçon étant un habitué des centres d’entraînement pour talibans, le tout emballé pendant des années dans un joli costume de « gentil garçon plein d’énergie et plein d’avenir » par ceux qui s’obstinent pourtant à chercher des SS dans nos rangs. Non seulement Merah est une conséquence ultime de tout ce contre quoi nous combattons, mais mieux que ça il en est une synthèse presque parfaite, ce qui démontre une bonne fois pour toutes le bien fondé de notre sentiment à tous même lorsque celui-ci était parfois confus. Avant de le savoir nous avions raison, le cerveau a toujours un temps de retard sur l’instinct de conservation. Oui on peut passer de la tournante à la prière et de la cave à la mosquée, même si ça donnera un mal de crâne terrible à Alain Soral, brillant sociologue français pour qui l’islamo-racaille ne peut pas exister, et qui pour le coup avoue logiquement ne pas parvenir à cerner le personnage.
Pourtant il arrive à point nommé, ce personnage, à un moment de la pièce où l’intrigue se dévoile, où les masques tombent les uns après les autres. Il est l’élément déclencheur. Voyez cette prof qui a demandé une minute de silence à ses lycéens en hommage à Mohamed Merah, arguant qu’il avait eu une enfance difficile et que son lien avec Al-Qaïda n’était que pure invention de « Sarko ». Essayez juste une minute de concevoir le mécanisme qui dans sa tête a provoqué cette décision, ses motivations profondes. Maintenant, imaginez ne serait-ce qu’une seconde la teneur des cours d’une telle enseignante depuis des années, en histoire-géo, français, éducation civique, etc. Supposez enfin que sans aller jusqu’à exiger une minute de silence pour un mec qui exécute des gosses à bout portant, d’autres profs – appelons-les les « profs modérés » – n’en pensent pas moins. Alors, contemplez l’étendue des dégâts. Les gens ont toujours choisi leur camp, comme je l’avais écrit à travers l’exemple d’une certaine Daria Marx, mais le fait est qu’ils prennent de moins en moins de gants. Et c’est très bien, que l’on voit qui est où.
Les lignes de démarcation se précisent jour après jour, la guerre devient assumée de part et d’autre, de la panique des politiques de gauche comme de droite jusqu’aux pages facebook en mémoire du terroriste cliquées des milliers de fois et effacées précipitamment, de son frère et de sa famille qui se disent fiers de lui jusqu’aux profs qui lâchent enfin le morceau, en passant par son avocat, celui qui prétend ne rien avoir vu venir et qui accessoirement s’était déjà présenté à des élections sous l’étiquette « Elan citoyen contre les discriminations », c’est presque trop beau pour être vrai -, tout s’éclaircit, alors je n’ai peut-être pas encore vu grand-chose dans ma courte existence mais tout ça ressemble à s’y méprendre à un dernier acte.
« jusqu’aux pages facebook en mémoire du terroriste cliquées des milliers de fois et effacées précipitamment »
Observez au passage la schizophrénie totale des mohammedmerahs : ils parviennent dans le même message à crier au complot sioniste et à la manipulation sarkozyste tout en approuvant chaleureusement l’action de leur coreligionnaire. La consanguinité n’excuse pas tout, il y a vraiment un problème chez ces gens là :
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Rumeurs cet après-midi sur une marche à Toulouse en hommage à Merah, dans son quartier natal….
Etre un agent d’opinion gauchiste est un boulot ingrat, et épuisant. On passe son temps à convaincre le peuple que les Divers sont innoffensifs et paf! ils se mettent à faire des attentats, des pages Facebook, à hurler à quels point ils rêvent de nous voir crever…sans aucun respect pour le travail de communication gigantesque que les degauche fournissent pour travestir ces loups en moutons. L’anti-racisme aujourd’hui est travail de Sisyphe. Pendant ce temps là, les mecs de Fdesouche mènent la belle vie. Ils n’ont qu’à se baisser pour ramasser les faits et les exposer simplement, sans même prendre la peine de commenter.
J’imagine l’immense lassitude qui a du envahir toutes les plumes du Nouvel Obs ou de Libé en apprenant l’identité du tueur, j’en éprouve presque de la peine.
« J’imagine l’immense lassitude qui a du envahir toutes les plumes du Nouvel Obs ou de Libé en apprenant l’identité du tueur, j’en éprouve presque de la peine. »
Vous rigolez, mais je suis sûr qu’ils sont capables d’en tirer gloire, de se victimiser.
Après tout, c’est pas rare que les militants communistes aient été présenté comme les premières victimes des goulags, parce qu’ils auraient été trahis.
« Après tout, c’est pas rare que les militants communistes aient été présenté comme les premières victimes des goulags, parce qu’ils auraient été trahis. »
Même que quand on évoque les crimes communistes, on nous sort invariablement les procès de Moscou, comme si le moment où les assassins se bouffent entre eux méritaient de figurer à coté des meurtres de masses. Comme si on reprochait moralement aux nazis d’avoir éliminé les SA !
Oui, tres beau texte.
Pour ce qui concerne la prof qui a demandé une minute de silence à sa classe, elle est à présent taxée de fragilité, alors qu’au contraire, elle est dans l’absolue logique de la totalité de ce que l’on entend dans les médias en ce moment. Mehra serait un jeune homme qui ne représenterait que lui même, détruit par une société qui ne lui propose pas de boulot. On peut dons s’étonner que la minute de silence ne soit pas pour les juifs, les militaires ET pour Mehra. Si tous les profs ne sont pas allés jusque là, c’est juste qu’ils sentent que là, ce serait trop, que toute la supercherie deviendrait trop evidente.
« Maintenant, imaginez ne serait-ce qu’une seconde la teneur des cours d’une telle enseignante depuis des années, en histoire-géo, français, éducation civique, etc »
Nathalie Arthaud est prof d’économie et de gestion à Aubervilliers. Rien que d’imaginer un seul de ces cours, j’ai envie d’aller vomir.
Mélenchon aussi, était prof de français dans un lycée technique.
Regardez son programme , c’est … Sidérant .
J’était encore persuadé que l’esprit social-démocrate avait définitivement fait explosé le marxisme à l’ancienne .
Mais ils ont presque reculés depuis Marchais …
» http://www.nathalie-arthaud.info/-Mes-positions-.html «
Oui, Arthaud prof d’éco c’est hallucinant. C’est elle qui disait face à Ardisson que l’industrialisation de l’URSS avait tout de même montré qu’une société socialiste pouvait fonctionner (rires), sans personne pour la contredire (rappelons que l’industrialisation des années 30 en Russie est l’un des plus grands effondrements démographiques de l’histoire de l’humanité).
Gérard Miller, devant le même Ardisson, refusait de renier son passé maoïste, arguant du fait que la Révolution Culurelle à ses débuts avait été une grande fête pleine d’espoir (comme la révolution nazie ?). Lui, le grand donneur de leçons.
Miller, au fait, masque funèbre posé sur un costume noir, momie léniniste, fentes oculaires minimales compensées par des poches gonflées à bloc, qui avoue sans honte qu’il a voté communiste en 2002 et 2007 et qu’il votera Mélenchon, dans son dernier sketch mélenchonnien, justement :
http://www.dailymotion.com/video/xpmast_soutien-de-gerard-miller-a-jean-luc-melenchon_news#from=embediframe
« Les socialistes, c’est comme les enfants, faut jamais les laisser seuls. » T’as raison, Gégé.
La même ville qui pendant des années (je crois que ce n’est plus le cas) a payé un emploi
fictifpeu prenant à Mouloud Aounit ? Y’a un nid 🙂Salut les gars,
Chuis venu vous voir parce que je me suis dit qu’une affaire comme celle-là vous ferait du mal et… en même temps du bien.
Certes vous partez complètement en live dans des délires racistes, mais ça, c’est votre marque de fabrique et je pense que même vous n’y pouvez rien.
Mais,
Comme dit XP: « faire de la littérature est la seule manière de décrypter l’actualité et d’en parler sérieusement »
Et ça, je prends.
T’as plus qu’à te demander pourquoi tous les véritables écrivains de l’Histoire étaient des « racistes » au sens où tu l’entends, pourquoi encore aujourd’hui quand on essaie d’écrire vraiment on est qualifié de « raciste », et là tu auras vraiment « pris ».
Des portaits frappants de réalisme. Des conclusions à couteaux tirés :
Pour eux la délinquance n’est que l’anti-chambre de la haine.
En fait le gangsta-rap, c’est le « nouveau testament » de l’islam.
Merci d’avoir relayé ce texte des plus intéressants.
Concernant la vidéo de Miller en soutien à l’ivrogne coupeur de têtes, la chose qui m’a le plus amusé est cette tendance permanente qu’il a de chercher à se justifier de la manière la plus décomplexée qui soit en utilisant une méthode de psychanalyste de comptoir (ce qui à au moins le mérite de clarifier la nature ses relations avec le tribun enragé) … enfin certains utilisent bien Depardieu ou Noa pour leur propagande alors ma foi, après tout …
Depardieu, il a l’air d’être parti un peu à l’Ouest, mais il donne pas envie de dégueuler.
On peut le trouver un peu con (encore qu’il fait partie des rares people à qui il arrive de dire autre chose que des banalités sans noms d’un air satisfait), mais c’est pas un connard comme les deux autres.
Tout à fait d’accord avec vous sur ce point, je faisais avant tout allusion à l’utilisation des peoples par les politiques … à voir les choix du front de gauche (car il y à plusieurs vidéos tout aussi croustillantes), le budget ou la direction marketing doivent connaître une sérieuse politique d’austérité …
« Je les connais les Mohamed Merah, il y en a plein des Mohamed Merah mais qui ne deviennent pas des Mohamed Merah. Là, on est en train de mettre dans la tête de jeunes qui ont le potentiel de Mohamed Merah de devenir des Mohamed Merah. Car, d’un coup, ce Mohamed Merah a défié le Raid tout entier. »
:O
http://www.lesoir.be/actualite/france/2012-03-29/debbouze-je-les-connais-les-mohamed-merah-905755.php
Voilà environ trente cinq ans que les types comme moi s’obstinent à
montrer le danger tout en étant considérés comme des salopards imbéciles.
Alors, c’est vrai que le dernier acte arrive, en tout cas il ne va pas
tarder mais la génération des soixante-huitards, elle, elle mériterait
d’être livrée pieds et poings liés à tous les Mohamed Mérah afin qu’ils
en fassent de la fougasse halal.