Ma première expérience homosexuelle

Ça te dit de venir chez moi pour faire des câlins ?

Hmmm… Comment te dire… Tu es un homme ? Tu es un homme dans la quarantaine ? Tu es un homme dans sa quarantaine qui n’est pas très attractif ?

– Non.

Si tu veux je te suce.

– Heu…

Je n’ai plus de nouvelles de Ginette depuis vendredi dernier.

J’ai bien essayé de la rappeler plusieurs fois. Mais je crains que le tout premier message répondeur que j’ai laissé, celui où je lui explique qu’elle n’est qu’une grosse pute ignoble, l’ait éloigné de moi pour quelques temps.

En attendant, moi, je m’étais habitué à baiser régulièrement.

Je suis en manque.

J’ai bien essayé de me dire que ma séparation, temporaire, avec Ginette, était une chance. Que j’allais de nouveau pouvoir vivre rien que pour moi. Accomplir de vieux projets laissés en suspens. Draguer sans une once de mauvaise conscience (cette mauvaise conscience est sûrement ce qui m’a empêché de conclure avec les filles que je draguais pendant que j’étais avec Ginette) et multiplier les aventures d’un soir.

Mais qui je trompe ?

Même pas moi.

Et dieu sait que j’aurais envie d’y croire.

Ginette a été de mémoire la seule fille, si on excepte ma mère, qui ait accepté de toucher mon sexe.

Même la pédiatre qui s’occupait de moi jusqu’à mes dix-huit ans n’a non seulement jamais examiné cet endroit précis de mon anatomie, mais elle ne l’a jamais regardé non plus.

Certes, après, je me suis bien exhibé quelque fois dans des parcs devant des groupes de jeunes filles. Mais ce n’est pas allé plus loin. J’ai testé la plage naturiste aussi. Mais personne ne me regardait vraiment. Quand bien même lorsque debout sur le sable, avec une nonchalance affectée, je tirais ostensiblement sur mon sexe avec une main tout en regardant pensivement vers le large.

Alors, intéressé ?

Après tout, CSP aussi a testé l’homosexualité. Et il est autrement plus beau et viril que moi. Donc bon…

– Ok. Mais ne t’attends pas à ce que je te le fasse hein ?

Relax mon poussin, relax. Allez, laisse toi faire. Je m’occupe de tout.

3 réflexions sur « Ma première expérience homosexuelle »

  1. la crevette

    Voilà une description de ce que je ressens à la lecture des « Ginette » :

    « Dans cette scène sexuelle jouée sans engagement, un rôle important est joué par l’idéologie des sentiments. Les jeunes gens me disent toujours des choses fort raisonnables à propos de la jalousie, de la possessivité et même de leurs rêves pour l’avenir.Mais pour ce qui est des rêves d’avenir avec un partenaire, ils n’en ont pas. Parce que cela reviendrait à imposer un schéma rigide et autoritaire à un avenir qui, selon eux, devrait au contraire se dessiner spontanément. Si l’on interprète leur pensée là-dessus, cela signifie qu’ils ne peuvent prévoir aucun avenir ou que celui qu’ils prévoiraient naturellement leur est interdit par la morale actuellement en vigueur, car il serait sexiste. Dans le même ordre d’idées, pourquoi un homme ou une femme seraient-ils jaloux si leur partenaire a des relations sexuelles avec quelqu’un d’autre? Quelqu’un de sérieux ne tient pas à forcer les sentiments des autres. Il en va de même pour la possessivité. Quand j’entends des choses pareilles, toutes fort sensées et en harmonie avec la société libérale, il me semble que je me trouve en présence de robots. Tout cela fonctionne comme si l’on n’avait aucune expérience des sentiments, comme si l’on n’avait jamais aimé, comme si l’on faisait abstraction de la texture de la vie. Ces prodiges de raison n’ont évidemment pas à redouter le sort d’Othello. Tuer par amour! Qu’est-ce que cela peut vouloir dire? Il se peut très bien que cette « apathéïa » cette indifférence, soit un refoulement du sentiment, un refus de l’angoisse d’être blessé. Mais je n’en suis pas sûr. Il se peut aussi qu’elle soit une réalité.Il se pourrait que les être humains, après avoir assimilé l’incompatibilité des fins, se soient donné une nouvelle espèce d’âme. Sur aucun point je ne me sens aussi incapable de comprendre ce qui se passe à l’intérieur de mes élèves. Aucune des possibilités sexuelles qu’ils ont actualisées ne l’était inconnue. Mais l’absence de passion, d’espoir, de désespoir, du sentiment de la gémellité de l’amour et de la mort, cela est incompréhensible pour moi. Quand je vois un jeune couple qui a vécu ensemble pendant toutes ces années de faculté se quitter avec une simple poignée de main et partir, chacun de son côté, pour vivre sa vie, je suis frappé de mutisme. »
    (« L’âme désarmée », Allan Bloom)

    1. Anne Onyme

      « Quand je vois un jeune couple qui a vécu ensemble pendant toutes ces années de faculté se quitter avec une simple poignée de main et partir, chacun de son côté, pour vivre sa vie, je suis frappé de mutisme »

      merci pour cette citation

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