Si j’étais le patron de l’Agence Moody’s, j’inciterais fortement le peuple français à prendre le socialiste François Hollande pour président.
Pour ce faire, je financerais sa campagne. Je murmurais suavement son nom auprès des oreilles qui comptent. Je ferais front commun avec les industriels propriétaires de médias en alignant les campagnes de presse. Je mobiliserais les chanteurs engagés d’Universal ayant des comptes au Luxembourg, et les artistes conceptuels et mondains tirant leurs rentes des commandes d’État. Pour convaincre jusqu’au dernier des Français que François Hollande est l’homme de la situation.
Ce soutien pourrait paraître incongru à certains, contre-nature, mais ce serait oublier que de tout temps ce sont avec les sociaux-démocrates s’affichant de gauche que la finance fait ses meilleures affaires. L’expansion de la finance coïncide avec le développement de la dette publique. Les États nécessitent d’années en années des financement de plus en plus dispendieux pour assurer la paix sociale, et la réélection de leurs hommes politiques qui achètent les votes en endettant leurs pays. Pour ce faire les financiers prêtent ces sommes aux États qui sont devenus les plus gros débiteurs, ainsi que des plus sûrs, car contrairement à une entité privée, un État n’est jamais ruiné tant qu’un seul de ses citoyens possède encore quelques chose. Et à ce jeu la gauche a généralement été la plus dépensière, donc la plus apte à maintenir la croissance de nos activités. Ce qui explique que Wall Street ait largement soutenu l’élection du bon Obama et que Ron Paul soit moqué sur tous les médias US.
Je dois aussi penser à la gestion de cette crise qui n’en finit pas. A désigner l’homme le plus apte à relancer tous les ans, à coup de milliers de milliards, les banques d’affaire too big to fail, qui ont perdu au jeu de la spéculation et qui sont aujourd’hui perclues de dettes pourries. Et à le faire accepter à des peuples qui ne connaissent pas cette sollicitude de leurs banquiers. Là encore François Hollande est le plus propre à assurer les avoirs investis en France. Les hommes de gauche ont cette pédagogie qu’il permet d’entrainer avec bonhommie un peuple à se serrer la ceinture. Une bouille joufflue, un physique bien rond, un air rigolard, un verbe social, voilà ce qu’il faut à la France pour multiplier taxes et redevances. Sarkozy est trop haï pour apaiser un peuple aux abois, ses tics donnent des convulsions à une nation entière. Alors que certains pays d’Europe s’échauffent dangereusement ce serait le plus mauvais candidat pour préserver nos intérêts. Un bon président doit être capable de tenir un discours amoureux et généreux à son peuple, de se conduire en pillard cupide, et encore de rester populaire.
Plus tard, quand la situation deviendra plus tendue, il sera bon de réhabiliter triomphalement Dominique Strauss-Khan, qui était mon premier choix. Des années à fréquenter les milieux d’affaires, à arpenter les institutions internationales, les banques et les investisseurs, lui ont donné une expertise unique et une connaissance intime de nos intérêts qu’il a toujours su préserver.
Quarante ans de gabegie étatique ont donné aux marchés un poids inédit dans l’histoire, devenant les bailleurs de fond des démocraties populeuses bâties sur le principe : dette contre voix. La gauche par son engouement à créer de la dette a fait la fortune des spéculateurs. Il s’agit maintenant de préserver nos acquis en veillant à ce que les États continuent d’emprunter, tout en consolidant leur capacité de remboursement. Le choix de dirigeants dociles alliant une image rassurante et honnête devient une priorité tant les impôts doivent s’alourdir.
Personne ne pourra le faire aujourd’hui aussi bien que François Hollande.
Ahahaha !
« Les hommes de gauche ont cette pédagogie qu’il permet d’entrainer avec bonhommie un peuple à se serrer la ceinture. »
Papandréou et les gens du PASOK, par exemple ?^^
Quand on parle de DSK, il est des mots à éviter. On ne dir pas « une connaissance intime », même quand il s’agit d’intérêts financiers.
Peut-être était-ce voulu ? ^^
Pour completer http://h16free.com/2011/10/20/10716-une-france-plus-molle-et-plus-caline
C’est malin, ça… Avec cet article, je ne suis même plus sûr d’être d’accord avec moi!
Je me demandais qui serait le premier à demander ouvertement l’interdiction des notations. Qui oserait formuler tout haut ce qui les démange tous. J’aurais parié sur un sénateur bien gras. Ou Jacques Barrot.
http://fr.finance.yahoo.com/actualites/Barnier-veut-interdire-lexpansion-1920325664.html?x=0
Loupé, c’est Barnier. J’aurais dû y penser.
Brillantissime , c’est exactement ça.
On ne saurait mieux dire en effet.
On n’évoquera jamais assez ce nœud gordien de nos problèmes actuels, comprendre pourquoi la gauche et son idéologie sociale a fait la fortune des spéculateurs et entretient elle-même l’économie financiarisée. Un spéculateur est quelqu’un qui capitalise sur les distorsions causées par l’intervention politique sur le marché, de la définition qu’en donnent eux-mêmes les meilleurs d’entre eux. En intervenant sur le marché d’une façon ou d’une autre, l’Etat crée une série d’externalités prévisibles qui changent le résultat qu’aurait donné le processus d’ajustement normal de l’offre et de la demande, modifiant ainsi le comportement des investisseurs qui s’adaptent de façon à maximiser leurs gains.
Techniquement les gauchistes ont raison de râler contre les spéculateurs, puisque leur métier est de s’enrichir sur les conséquences imprévues par les Etats des distorsions qu’ils imposent aux marchés, en élargissant au maximum les brèches ainsi créées. Mais comme ils ne peuvent pas comprendre que plus l’Etat s’acharne à intervenir, plus il offre de prises à la spéculation pour tirer parti de ces interventions, ils sont condamnés à s’acharner à jamais sur les symptômes sans avoir la moindre chance de traiter le mal.
Sowell rappelle qu’en matière d’économie, l’intervention d’une tierce partie comme le gouvernement pour rendre les transactions plus avantageuses pour l’une des parties incite habituellement l’autre à en réaliser moins, des transactions. Plus le gouvernement intervient pour protéger les acteurs économiques qui constituent sa clientèle, moins il y a d’échanges, donc il est obligé d’intervenir encore plus pour « relancer » ces derniers.
Pire, en complexifiant ainsi le marché privé d’un fonctionnement cohérent, l’Etat en interdit l’accès à toujours plus de monde, rendant plus difficile pour l’individu lambda comme pour l’entrepreneur la possibilité d’en tirer parti, et favorisant ainsi un fonctionnement oligarchique et conservateur de l’économie. Je lisais l’autre jour que les petites banques américaines, celles qui ne sont pas « too big too fail » en sont aujourd’hui, en moyenne nationale, à 1.2 employé regulatory & compliance, ces métiers de mise en conformité de la banque avec ses obligations réglementaires, pour 1 qui travaille sur le métier normal de la banque, accorder des crédits et emprunter aux autres banques. Ils ont bon dos les discours sur la nécessité de réduire la taille des gros acteurs du monde bancaire quand ils sont protégés par une jungle aussi touffue, tiens.
Il n’y a que deux issues possibles à cette situation dont le statu quo nécessite effectivement un alourdissement illimité de la pression fiscale : soit l’Etat finit par se séparer de l’économie privée pour se contenter de faire son boulot, c’est-à-dire inciter tout le monde à jouer selon les mêmes règles du jeu en punissant ceux qui tentent de tricher ; soit on interdit l’enrichissement personnel, ce qui serait plus simple pour pas mal de monde surtout si on prenait la peine de leur demander ça démocratiquement. Plus de places boursières, et une bien belle économie terrienne planifiée. Ca commencerait effectivement par se séparer de ces instituts blasphématoires qui autorisent les investisseurs à évaluer la pertinence de prêter leur argent à l’Etat.
Finalement le principal défaut d’Hollande c’est de manquer un peu de prise sur la gauche la plus agitée. Mais il ferait un très beau dernier président de la IIIème République.
Excellent. J’avais du mal à formaliser tout ça, merci à vous.
Le truc sur les « 1.2 employé regulatory & compliance » est hallucinant, quand on y pense. Et on nous parle d’ultra-libéralisme !
Très pertinent…et original : excellent !
Il est vrai que le choix d’un bon socialo, dans la conjoncture actuelle,
semble ce qu’il y a de plus raisonnable. Comme Sarkozy n’a jamais fait, somme toute, que du socialisme, autant faire appel à un professionnel.
Et comme ce brave Couille-Molle présente toutes les qualités requises pour
jouer les Papandréou Français, nous aurons du spectacle au cours des
mois qui viennent. Ca coûtera ce que ça coûtera mais le jeu en vaut la
chandelle.