Ce qui rend la chronique du retour de DSK particulièrement insupportable, c’est la réaction de l’homme-masse à chaque fois qu’on lui tend un micro pour qu’il commente l’événement.
Qu’il penche vers la droite ou vers la gauche, l’homme-masse ne se croit pas seulement autorisé à souligner les exceptionnelles compétences de DSK en matière d’économie, ce qu’on pourrait lui pardonner s’il précisait dans la foulée qu’il s’en tient à ce qu’on lui a dit, mais il se permet aussi pour l’occasion de prendre l’air torturé de qui vient de réfléchir longuement, histoire de ne pas refourguer une banalité à son interlocuteur…
Si je n’avais pas une si bonne nature et si je n’étais pas surtout ce catholique véritable et de fait viscéralement convaincu de ce que la bêtise sera la règle ici-bas jusqu’à la parousie, il me donnerait des envies de stades, d’hélicoptères et de Caudillo à lunettes noires, l’homme de la rue qui donne son avis dans les micros-trottoirs, qui dit je pense que DSK est un grand expert en économie, et qui est parfois vicelard et menteur au point d’ajouter enfin c’est mon avis en tordant sa bouche comme s’il était titulaire d’une chaire.
Qui est DSK? Un homme politique de second-plan, comme sa fiche Wikipédia nous le rappelle. Sa carrière ministérielle a été courte, il fut un ministre des finances passager comme Francis Mer et quelques dizaines d’autres ces dernières décennies, il n’a pas marqué de son empreinte une métropole ou une région de France, n’a même pas dirigé sa famille politique et n’est pas le père ou l’avocat de la moindre innovation idéologique.
A propos de ce joueur de seconde division dont on parle comme s’il avait marqué quarante buts en Champion League, il court aussi une méchante légende urbaine selon laquelle il serait un expert en économie internationalement reconnu, alors même qu’il fût un candidat à la présidence du FMI dont la presse internationale soulignait tout autant l’ absence d’expérience que la presque totale inexistence parmi le cercle des experts en économie, précisément….Ce professeur de science-po qui a commencé sa carrière en pantalon de velours, avec un collier de barbe, une veste en tweed, une pipe et une sacoche en cuir a certes beaucoup pris la plume pour entretenir le public d’économie, mais ce fût pour écrire à quatre mains des livres tout pourris avec d’autres fonctionnaires où il était vaguement question de la réforme des collectivités territoriales ou d’autres couillonnades dans ce genre, et certainement pas pour livrer des travaux qui auraient pu lui valoir d’être traduit puis étudié à Oxford.
En réalité, cet homme politique est un personnage de Comédie à l’ancienne, c’est à dire un Bourgeois de province jouisseur et dilettante, qui perd ses dossiers et se trompe dans les chiffres, très porté sur la cuisse ou la table et peu sur les affaires en cours, mais dont une milliardaire serait tombée amoureuse au point de se mettre en tête qu’il ferait un Maître du monde tout à fait convenable… Anne Sinclair se serait amourachée d’un chanteur d’Opérette cachetonnant dans le Sud-Ouest en ne pensant qu’à boire l’argent de ses contrats, elle lui aurait loué la Scala et le Métropolitain, mais comme son homme fait dans la politique, elle lui a offert les meilleurs communicants de France et la bonne moitié du personnel journalistique pour qu’ils en fassent un homme providentiel…. Ses amis socialistes l’ont appelé l’expert comme les voyous à l’ancienne appelaient le comptable celui d’entre eux qui s’occupait des comptes ou Le Marquis celui qui prenait des grands airs, et tout le monde a paresseusement répété la fable.
Ce qui est vraiment pénible dans cette affaire d’escroquerie intellectuelle, ce ne sont pas les journalistes vénaux qui ont colporté tous ces bobards, ce ne sont même pas les journalistes indépendants qui n’ont pourtant pas l’excuse de tremper dans la magouille et devraient être jetés en prison pour médiocrité , mais c’est bien la populace à qui toute cette tambouille est destinée…
Essayez donc de lui expliquer avec de bonnes intentions, à la populace, que DSK n’est pas un grand expert en économie… Vous allez voir comment elle vous recevra, et vous allez comprendre que si nous avons ce personnel journalistique là, c’est parce qu’elle l’exige, la populace, que c’est dans le fond elle qui mène la danse, qu’elle tient tous les mensonges qu’on lui fourgue pour des espèces d’acquis sociaux. Elle veut des bêtises à sa main, mais tamponnnées et certifiées lu dans le journal, de la bêtise qui se fredonne et se siffle, qui se répète sans jamais s’user, la populace, car elle est dans le fond beaucoup plus méchante que bête…
Si les journalistes se mettaient à lui parler sérieusement, elle débarquerait comme une furie dans les salles de rédaction pour les pendre par les pieds, la populace, en exigeant que soit rétablie séance tenante la dictature de la bêtise, la leur.
Expert ? Expert en ex paires de nichons oui.
Ce pays de populace vulgaire, diverses et à chier ne rêve plus que de ce genre de crade pignouf de prisu qu’il mérite du reste.
Rompez
J’ai nettoyé mes galons…
Rompez
« la populace, car elle est dans le fond beaucoup plus méchante que bête… »
à un point, que je pourrai en écrire une encyclopédie sur le sujet.
Excellent billet dont la profonde inutilité (je ne crois pas « l’expert » déboulonnable) ajoute encore de l’intérêt.
Ah ça c’est un VRAI compliment. Merci.
La populace, comme vous dites, est si intimement liée à l’ordre social que l’État et ses affidés n’ont pas besoin de police politique. La populace tient ce rôle. Encore, la défense de la prétendue compétence économique de DSK ne vous expose pas à des qualificatifs à base d’ultra- ou de néo-. Essayez donc de discuter économie, politique, immigration, culture ou éducation en soutenant une thèse n’allant pas totalement dans le sens du « progrès social », de la « justice sociale » ou de la sainte « égalité sociale ». Il y aura toujours un « juste », se sentant investi d’une mission de salubrité publique, pour pousser des cris d’orfraie avec la véhémence que donne le sentiment d’être dans l’air du temps.
Certes.
Mais justement le fait que cette considération est anodine montre bien A QUEL POINT la populace est la complice, pour ne pas dire la donneuse d’ordre des grands mensonges collectifs.
J’ai l’impression que l’affaire Servier est elle aussi symptomatique de ce que vous écrivez.
Les médias ont beaucoup reproché à la justice américaine d’agir avec fermeté avant le procès. Ils ont écrit des milliers de fois sur la présomption d’innocence. Et on voit ici que c’est haro de tous les médias sur M. Servier, qui serait donc un monstre avide d’argent.
Si les médias de gauche et de droite écrivent tous la même chose, c’est le peuple qui le leur demande. le peuple veut du sang. Servier est un coupable idéal. Il est riche et puissant.
Si on cherche un minimum à être impartial, on s’aperçoit que l’on parle de 500 à 2000 décès pour 3 millions de patients soit d’environ 1 pour 5000. C’est sans doute trop, mais largement dans les chiffres des effets secondaires d’autres médicaments. La critique porte en fait plus sur le caractère anorexigène de ce médicament qui explique que plein de médecins l’ont prescrit pour de la perte de poids. QUid de la responsabilité des médecins? ET quid de la responsabilité qui nous fait payer pour un organisme de contrôle inefficient? Il faut attendre de l’industrie pharmaceutique de l’innovation, du risque et du pognon. Sans risque ni pognon, avec du principe de précaution tous azimuths, nous n’aurons pas d’innovation et nous finirons avec la pharmacologie africaine.
corrections:
« Les médias ont beaucoup reproché à la justice américaine d’agir avec trop de fermeté avant le procès vis-à vis de DSK »
« quid de la responsabilité de l’Etat Francais qui nous fait payer pour un organisem de contrôle inefficient »
Parfaitement d’accord avec vous sur cette histoire Servier.Cette chasse à l’homme médiatique et générale me met mal à l’aise.Il s’agit d’un coupable idéal et m’est avis qu’il n’est que le premier sur la liste des entrepreneurs qui vont finir en taule simplement parce qu’ils font leur métier.
Portrait fidèle et bien brossé du gros dard; pas déboulonné, mais démasqué, le concombre du fmi; les parieurs ont misé sur l’étalon qui va être contraint de faire son come-back en lice; c’est sûr.
La vérité, c’est Sabine qui nous la dit :
http://www.challenges.fr/actualite/monde/20110516.CHA5092/commentaire-le-fmi-orphelin-de-dsk.html
Et elle est chef de rubrique international, dans ce grand journal de l’économie qu’est Challenges, alors…
Elle a fait du morphing de sa photo, parce qu’on sait jamais des fois que DSK voudrait être furieusement interviewé par cette jeune blonde aux yeux verts.
En tout cas, elle nous écrit que ce Jimmy Carter teuton d’Helmut Schmidt, il nous l’envie. Et que DSK, il l’aimait bien l’économie espagnole et que ca avait suffi à rassurer les marchés. Faudrait qu’il revienne vite alors parce que l’eau, elle fuit de partout de la baudruche ibérique. Et puis, encore, Sarkozy l’a complimenté, et pas qu’une fois…
Et en plus, DSK il est gentil parce qu’il a dit qu’il ne fallait pas laisser les plus démunis sur le bas coté. Et puis il est très fort car il a imposé des équipes d’experts pour réfléchir aux problèmes de la Grèce.
Et enfin, « DSK avait réussi à obtenir des crédits des Etats membres pour embaucher beaucoup de têtes bien faites, raconte un économiste. »
Voilà, il a embauché plein d’experts, il s’est bien balladé dans le monde entier, il a beaucoup parlé, c’est donc un grand homme.
De l’activisme, voilà ce qu’il veut le peuple.
En même temps, on sent tellement la pate de RSCG que ca fait plus rigoler qu’autre chose, cet article.
Moi aussi, si maman Sinclair me faisait un gros chèque, je pourrais écrire des conneries comme ça… Enfin non, j’essayerais de faire plus subtil, parce que que là, j’aurais vraiment l’impression de la voler. Et voler, c’est pas bien.
C’est le problème des gens qui ont énorméement d’argent. Ils gaspillent. Avec tous le pognon qu’elle balance, elle pourrait avoir mieux.
Ah, qu’est-ce que je disais?
« http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/?page=emission&id_rubrique=1469″
(Entre 10’30 » et 12’00 »)
« DSK est considéré pour des raisons qui m’échappent comme le plus grand économiste de France, alors qu’il n’a jamais rien apporté aux sciences économiques, ni en temps qu’universitaire ni en temps qu’homme politique ».
XP, je me permets de renvoyer à votre article (avec un léger bémol) dans mon dernier billet sur Le Coq Taquin : « Les trois temps de la valse bilieuse »