DSK, le criminel parfait

Entendons-nous.

J’ai laissé ouvert une porte dans mon dernier post sur le sujet. Celle du complot.

Que cela soit clair, cette ouverture était tout à fait théorique. Son aspect rocambolesque aurait du achever de convaincre n’importe qui, mais, pour certaines raisons qui m’appartiennent, je précise ici ma pensée.

Si DSK est un criminel parfait, s’il s’en sort aujourd’hui, c’est encore une fois essentiellement lié au fait qu’il soit un puissant de ce monde. Le type lambda qui agirait comme lui serait en prison depuis un petit moment déjà. Mais, si DSK s’en sort judiciairement, il s’est quand même trouvé en fâcheuse posture. Ce qui ne démontre pas non plus chez lui une puissance intellectuelle renversante. J’y vois plutôt cette confiance inouïe et déraisonnable qui surgit chez ces criminels multi-récidivistes qui ne se font jamais prendre et qui en tirent un sentiment de toute-puissance.

Quoiqu’il en soit, si on ne saura jamais exactement ce qui s’est passé au Sofitel, il est à 99% probable que le rapport sexuel qui s’y est déroulé était contraint.

Le terme est trop fort ? Comme vous voulez. Mais on peut tordre les choses comme on veut, s’il n’y a pas contrainte, il y a, a minima, abus.

Et cela n’est pas optionnel dans le scénario s’étant déroulé dans sa chambre du Sofitel. C’est l’un ou l’autre. La contrainte -ou l’abus– est obligatoire quand on y réfléchit plus de quinze secondes.

Cette contrainte, certes, peut prendre différentes formes.

Menace de perdre son emploi. Surprise ajoutée à une différence sociale béante. Chantage explicite au licenciement -ou autre. Simple viol. Etc. On peut imaginer ici mille scénario et cumuler les explications.

Le fait demeure cependant que la dimension de contrainte et/ou d’abus de position dominante par DSK y est obligatoire pour expliquer le simple fait qu’en moins de sept à neuf minutes un homme d’âge mûr et bedonnant éjacule dans la bouche d’une femme de chambre qui était en train de faire son service, alors qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés avant et ne savaient ni l’un ni l’autre sur qui ils allaient tomber ce matin là.

Point.

Au mieux DSK est un porc qui abuse régulièrement de sa position sociale pour presser des femmes à coucher avec lui et leur arracher un faux consentement a priori ou, à défaut, une promesse de silence a posteriori.

Au pire c’est un bête violeur multirécidiviste.

Elisabeth Lévy peut juger que cette marge entre le porc et le violeur serait la zone grise des rapports humains, mais je pense pour ma part qu’il faudrait qu’elle arrête de picoler avec Jérôme Leroy. Il n’y a, dans un cas comme dans l’autre, pas de véritables rapports humains. En ce sens qu’il n’y a nul affect se mêlant aux rapports de force et aux intérêts.

Il n’y a que ces deux derniers.

Point.

Et sinon, oui, n’en déplaise à Elisabeth Lévy toujours, Nafissatou Diallo demeure bel et bien la victime rêvée. Elle est immigrée. Noire. Pauvre. Et, mieux encore, on sait aujourd’hui qu’elle ne peut passer pour une sainte. Autrement dit, il s’agit d’une vraie femme et d’une femme de basse extraction. Celle-là même que le parti socialiste devrait le plus soutenir -au lieu de chercher à en tirer profit.

Nafissatou Diallo ment ? Oui. Pour immigrer aux Etats-Unis. Elle ment pour s’en sortir. Elle ment pour des tas de raisons qui lui sont propres. Oui, les pauvres mentent. Ils en ont souvent plus besoin que les riches d’ailleurs. Et, oui, les victimes peuvent mentir. Oui, dans les soutiens spontanés de Nafissatou Diallo on trouve des folles hystériques et des féministes hardcore. Oui on trouve des journalistes ahuris qui croient que les victimes ne peuvent pas mentir. Oui, oui, oui.

Il ne restait plus à Elisabeth Lévy qu’à dénicher l’avis autorisé sur le sujet d’un adepte d’une secte millénariste ou d’un historien négationniste et son tour de cirque aurait été achevé.

Mais il lui fallait au moins cela pour parvenir à placer de manière toute aussi hallucinée, en conclusion d’un article dont on espère qu’il a été écrit sous acide, qu’on aime les hommes qui font les hommes, les vrais quoi. Puis, pour faire bonne mesure, on ajoute que le macho doit être gentleman.

C’est beau comme un éditorial de Elle.

Mais on parle de qui ? De quoi ?

A qui sait-on pour sûr que DSK s’est attaqué ? A une toute jeune femme, une jeune femme journaliste qui doit mesurer un mètre soixante au grand maximum, doit peser quarante kilos et apparaît ainsi physiquement particulièrement fragile. A qui d’autre ? Une femme de chambre noire et immigrée. A qui d’autres ? Une de ses subordonnées. Autrement dit, des femmes qui, pour une raison ou une autre, sont en situation de faiblesse par rapport à lui.

C’est ça un macho ? Non ? Mais ça reste ça le gros reproche qu’on devrait faire à DSK ?

De ne pas être un gentleman ?

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À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

14 réflexions sur « DSK, le criminel parfait »

  1. XP

    Et oui. Elisabeth Lévy boit.

    Le vin de Jérôme Leroy en plus.. Du vin de smicard à 13;8 € le cubis de 5 litres.

    Et ca ne risque pas de s’arranger, puisque l’heure est aux économies, à la chasse à l’enculage de mouche dans le service public et aux émissions de télé qui ne font pas d’audience…. Fini les cachetons à « ce soir ou jamais » pour donner des avis tarifiés sans que personne n’ait jamais rien demandé.

  2. Il Sorpasso

    Donc d’après la bouillie que vient de pondre EL, la conclusion ultime de l’affaire c’est que c’est pas gentleman de dire qu’une moche est moche.

    Ouch.

    Sinon, rien à voir, mais il faudrait changer la photo de la fille en N&B, elle est là depuis au moins deux mois et en temps-web elle est donc au moins nonagénaire. Je sais c’est pas gentleman, mais bon. On est pas subventionné.

    1. la crevette

      C’était moi la fille nonagénaire je vous signale! Vous avez quelque chose contre les nonagénaires??!! Et je confirme, c’était gratos de ma part cette mirifique photo. Maintenant on a une asiate avec de ridicules miches je suis sûre.Elle est aussi plate que le texte D’EL est creux.

  3. XP

    Je viens de lire l’article.
    Ce qui ne va pas, dans cet article d’Elisabeth Lévy, c’est que c’est un article d’ Elisabeth Lévy…. C’est à dire qu’il n’y a rien dedans. Ce qu’elle dit n’est ni vrai ni faux, mais même la plus courte de ses phrases donne l’impression qu’on l’a a déjà lu cent fois ailleurs.

  4. nicolasbruno

    Désolé, pas du tout d’accord.
    Ce n’est pas juste un texte médiocre, c’est une véritable merde ce texte de Mme Elisabeth Levy
    Elle écrit : « Cela signifie au minimum que le récit initial – auquel, répétons-le, nous avons tous cru – dans lequel une sainte était violentée par un salaud ne correspondait pas à la réalité ». Justement, ce qui est intéressant dans cette affaire, c’est que tout un pan de la classe politique n’y a (scandaleusement) pas cru.
    « On n’est plus dans le noir et blanc mais dans la zone grise des rapports humains » La phrase qui tue. Un Terminale qui écrit ça dans sa copie de bac, il n’a plus la moyenne…
    « où les affects se mêlent aux rapports de force et aux intérêts » Du France DImanche. Elle était bourrée qd elle a écrit ça, c’est pas possible…
    « Voilà qui ne fait pas l’affaire des féministes ». EL n’a pas du percevoir que ce n’était pas là le principal sujet et c’est ça le plus grave. Le principal sujet est que le premier parti de France, le PS, ainsi que la quasi totalité des journalistes de France, ait camouflé la nature criminelle du principal candidat à la Présidentielle. Et qu’ils continuent à faire les autruches, plutôt que de défendre la seule personne qui méritait qu’on la défende: N. Diallo. N. Diallo qui risque à présent de perdre son emploi, voire pire puisqu’elle est maintenant susceptible d’être inculpée pour mensonges.
    « Répétons-le, j’ignore totalement si Nafissatou Diallo a menti un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout. » Ridicule. On sait que N. Diallo a menti. Il suffit de lire le rapport du procureur. Même si le problème n’est pas là.
    « La seule chose que l’on sache, c’est que l’homme qui avait le plus intérêt à accréditer sa version des faits a déclaré forfait. » Bien sûr que non. L’intérêt du procureur, c’est d’être crédible et de gagner son procès. S’il est sûr de le perdre et il était sûr de le perdre, il n’y va pas, point barre.
    Etc…
    En fait, il n’y a pas une phrase dans son texte qui ne soit à coté de la plaque.
    Et son couplet sur l’homme viril et macho… Le côté DSK qui excite les femmes comme E. Levy, c’est juste pitoyable. C’est du niveau d’une causerie de café du commerce. Devant un petit verre de rouge. Avec J. Leroy.

    1. XP

      C’est médiocre dans le sens où jamais une connerie ne sort du cerceau de’Elisabeth Lévy, Ce sont toujors des conneries qui ne sont pas d’elle. D’ailleurs, au départ, ça peut être un truc pertinent, mais annonés à tous bouts de champs, ça devient des conneries.

      Truc très intéressant: EL est la preuve qu’on peut parfaiteent avoir une grande gueule et une très for caractère tout en ayant aucune personnalité… A méditer.

  5. Spiridon

    Sidney Lumet mort juste avant d’avoir pu assister à cette infamie.

    Aurait-il osé un long métrage sur cette affaire de mœurs, ou aurait-il été freiné par quelque scrupule ou quelque groupement d’intérêts ?L’autre, de frein, il n’en a plus.

    Après un après-midi de chien, une matinée de porc.

    Dominique, à Anne :Où as-tu mis les clefs de la Porsch…cherie ?

    Dors bien Cyrus

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