La démocratie nanarde au Moyen-Age

Le cinéma hollywoodien comme antidote nanar au choc des civilisations.

– Nul d’entre nous n’a pris cette ville aux musulmans. Nul musulman de la grande armée qui marche contre nous n’était né quand cette ville tomba. Nous nous battons pour un affront qu’aucun de nous n’a infligé, contre des gens qui n’étaient pas nés quand il fut infligé. Qu’est-ce que Jérusalem ? Vos lieux saints sont bâtis sur les ruines du temple juif que les romains ont abattus. Les musulmans ont bâtis leurs lieux de culte sur les vôtres. Qui a-t-il de plus sacré : le Mur, la Mosquée, le Sépulcre ? Qui est légitime ? Nul n’est légitime, tous sont légitimes.

[Aparté]
– Il ose blasphémer !
– Silence l’évêque !

Nous ne défendons pas cette ville pour protéger les pierres, mais le peuple qui vit à l’intérieur de ses murailles.

Kingdom of Heaven, La harangue finale de Bailan

48 réflexions sur « La démocratie nanarde au Moyen-Age »

    1. Vae Victis Auteur de l’article

      La différence entre un nanar et un navet c’est que le premier fait rire alors que le second plonge dans l’ennui le plus profond. La définition est – on le comprend – infiniment subjective.

      Kingdom of Heaven m’a bien fait marrer avec ses scènes tragico-comiques, sa moraline gluante comme un chamallow passé au feu, tout en restant naïve tellement elle est lourdingue, ses combats d’artillerie dignes de la 1ère guerre mondiale, et son héros dont on attend à chaque seconde qu’il dise : « Où est passé mon fard à paupière ? »

      Les films hollywoodiens ,- d’ailleurs à la différence des séries qui conservent une créativité globalement perdue dans le cinéma -, deviennent de plus en plus divertissants au second degré à mesure qu’ils abandonnent toute prétention à étonner. Spectacle rabâché, politiquement correct, sans risque, dont les héros sont les icônes de l’industrie de la cosmétique masculine ou féminine.

      1. Grödion

        Je suis d’accord sur tout, sauf sur le côté icônes de l’industrie cosmétique qui s’inquiète de son fard. Un acteur joue un rôle, on ne lui demande du réalisme total, surtout les films historiques. L’essentiel n’est pas là. C’est tout le reste qui est minable dans ce film et vous l’avez rappelé.

        Mais vous pensez que dans les années 30 ou 50 les acteurs qui jouaient des rôles médiévaux ou antiques étaient crédibles physiquement ?

        http://www.youtube.com/watch?v=KiUoPVbCX1w

        On dirait des chanteurs de charme qui répètent une pièce de théâtre pour la kermesse de l’école de leurs gosses…

        1. rudolf hoax

          Je trouve très étrange, voire même un peu déplacée cette focalisation sur l’idéologie que vous faites… Hollywood charrie les valeurs de son temps, des hommes qui y font des films, et pour la plupart ce ne sont ni des intellectuels ni des visionnaires. Il arrive aussi qu’Hollywood produise de mauvais films. Mais jamais par idéologie, c’est sa plus grande vertu.
          Kingdom of heaven n’est certainement pas le chef-d’oeuvre du mec qui a réalisé Blade runner et Alien, et on peut très légitimement le considérer comme un mauvais film, voire un nanar (c’est manquer de goût et de précision à mon sens, puisque c’est pécher par excès, et, justement, par idéologie, mais admettons).
          Quoi qu’il en soit, enterrer un film sur la base de ses intentions ou du discours qu’il véhicule, c’est de l’inculture, une incompréhension délibérée de ce qu’est le cinéma. Un film peut être très stupide dans son propos et très intelligent dans son montage et sa dramaturgie, et donc réussi, et ce pour une raison très simple, c’est qu’il n’a pas de propos. Un film-thèse n’est pas un film, c’est une merde (peu importe sa thèse). Il est évident que Kingdom of heaven n’est pas à lui-seul un dispositif de démonstration idéologique, et que c’est donc, authentiquement, un film (et non une merde). Ses conventions et codes sont très classiques et très fidèles au cinéma d’action américain, et j’ajouterai qu’elles sont globalement maîtrisées par Ridley Scott qui a quand même de la bouteille (comparez le montage de KOH à n’importe quel film de Guédiguian, qu’on rigole). Ça n’en fait pas nécessairement un bon film, mais au moins un produit honnête.
          J’ajouterai qu’en étant infidèle à l’Occident et l’Amérique dans son propos multiculturel sordide, il lui reste fidèle dans sa forme, sa modalité d’expression. Ce qui rend son propos encore plus anecdotique (et le fait de se focaliser dessus encore plus imbécile).

          Sur ceci :

          « Les films hollywoodiens ,- d’ailleurs à la différence des séries qui conservent une créativité globalement perdue dans le cinéma -, deviennent de plus en plus divertissants au second degré à mesure qu’ils abandonnent toute prétention à étonner. Spectacle rabâché, politiquement correct, sans risque, dont les héros sont les icônes de l’industrie de la cosmétique masculine ou féminine. »

          C’est tout simplement faux. Matez seulement le trailer de green lantern, et osez me sortir que c’est sans prise de risques, que ce n’est pas esthétiquement suicidaire (dans le mauvais sens du terme si on croit les critiques US, mais peu importe). Comparez la narration et les archétypes du premier X-men de Singer et de celui de Vaughn, vous constaterez par vous-même le renouvellement continuel de l’entertainment américain, qui n’a jamais été aussi haut qu’aujourd’hui (si bien que même la sinistre Fox est obligée de suivre la cadence). Il est de plus en rare de voir un blockbuster mal monté, mal écrit et mal interprété : un film aussi anecdotique que the A-team, par exemple, est étonnant de maîtrise et de fluidité. Observez la façon dont Marvel essaye de créer par ses films un univers feuilletonnesque persistant, au lieu d’enchaîner paresseusement les suites, quitte à se heurter aux incompréhensions des non-geeks. Même le dernier fast and furious est réussi, c’est dire. Pratiquement tous les blockbusters sortis depuis la deuxième moitié des années 2000 se sont alignés sur la qualité d’écriture et l’exigence des séries. Je vais vous épargner Nolan tant il est devenu le cliché du « blockbuster intelligent », et dont il est finalement assez peu représentatif (même si je l’apprécie). Et bientôt des mecs comme Fincher, Aronofsky, voire Richard Kelly, tous ces roublards visionnaires qui détonaient dans la médiocrité des années 90 vont s’y greffer, et l’enrichir encore davantage.
          Je suis le premier à admettre qu’en contrepartie le cinéma « indépendant » est d’une mollesse et d’une misère abyssale en comparaison des années 70-80. Mais il est malhonnête d’opposer la créativité des séries US à celle d’Hollywood, puisqu’elles sont jumelles.

          1. Vae Victis Auteur de l’article

            > Hollywood n’est pas un réceptacle des valeurs de son temps, Hollywood est à l’avant garde. Vous voulez y être blacklisté et interdit de travailler ? Dites simplement que vous êtes républicain. C’est radical.
            Et puis elles viennent d’où ces « valeurs de son temps » ? Elles poussent dans les arbres ? Ou elles sont transmises par des vecteurs de communication aussi puissants que le cinéma pour passer « d’idées marginales et extrémistes » à « valeurs de son temps » ?

            > Je ne dis pas d’un film qu’il est mauvais parce qu’il me déplait idéologiquement, mais qu’il est mauvais pour pleins de raisons et que les éléments idéologiques peu fins qu’il contient en fait un spectacle drôle.

            > Je ne dis pas qu’il n’y a pas de bons films à Hollywood, mais que la créativité et la prise de risque y est généralement assez éloigné de celle qu’on voit dans les séries. Pendant longtemps les séries étaient assez médiocres, très peu de travail d’écriture, peu de moyens, un format devant plaire au plus grand nombre et prenant très peu de risque. Avec X-Files qui fait figure de pionnier, les séries prennent une forme beaucoup plus aboutie, les moyens deviennent ceux du cinéma, les histoires prennent de la densité, la créativité débouche sur de véritables œuvres. Dans le même temps le cinéma fait pâle figure même s’il demeure de bons films. Il est trop conventionnel, trop prévisible, les éléments du récit sont éclipsés par une avalanche d’effets spéciaux et un spectacle débilitant (il suffit comparer la puissance dramatique de Terminator I avec le IV…). La qualité moyenne du cinéma US a à mon sens baissé. Autrefois il y avait beaucoup de films moyens, de films qui sans être géniaux se laissaient regarder, aujourd’hui le moyen de gamme m’apparaît assez nullissime. J’ai l’impression que les éléments narratifs qui permettaient de faire des films potables ont disparus au profit d’autres schémas qui m’ennuient complètement.

            1. rudolf hoax

              « Hollywood n’est pas un réceptacle des valeurs de son temps, Hollywood est à l’avant garde. Vous voulez y être blacklisté et interdit de travailler ? Dites simplement que vous êtes républicain. C’est radical. »

              Preuve qu’Hollywood n’est pas à l’avant-garde, donc. 😀
              Et c’était exactement l’inverse il y a 60 ans, où il fallait des fêlés comme Howard Hughes pour défendre Nicholas Ray. Hollywood est aujourd’hui progressiste comme il était conservateur du temps de Ford et Hawks.
              Les valeurs, aussi improbable que cela puisse paraître (je dis ça sans ironie), passent d’abord par le politique (ou plus précisément la représentation du politique par les médias). La vision du monde consensuelle de Kingdom of heaven est abondamment reprise par les hommes politiques américains, y compris chez les républicains. Et elles sont aussi, partiellement, innées, ou du moins codées par des schémas mentaux primitifs qui font qu’un type comme Ridley Scott serait un pacifiste pro-palestinien même si Israël et la Palestine n’existaient pas. Hollywood véhicule des valeurs de détestation de l’Occident parce que l’Occident est un stade de son histoire où il est intrinsèquement amené à se détester, à détester la civilisation, et pas parce qu’on a pris, un jour, quelque part, la décision de véhiculer ces valeurs indépendamment de leur pertinence.
              Hollywood est le reflet d’une époque, ne propage pas activement de valeurs. On a longtemps dit que les États-unis avaient gagné la bataille idéologique contre l’URSS grâce à Hollywood : c’est faux. Les États-unis ont conquis l’imaginaire du monde avec Hollywood, mais l’URSS a conquis la morale et les idées du monde avec l’antifascisme, l’exclusion de toute valeur fasciste (notamment le sens et la considération du tragique) du champ politique. L’URSS (et tout ce qu’elle signifie) continue d’exister politiquement parce qu’elle trouve des relais politiques, des hommes et des femmes de la cité qui se retrouvent dans sa représentation du bien, du mal et de ses rapports de force (ou le puissant est nécessairement coupable, où la réussite ne vaut jamais ce qu’elle coûte, ou l’homme est foncièrement mauvais au principe qu’il n’est pas foncièrement bon).
              Je pense que d’une certaine façon, oui, les valeurs poussent sur les arbres, ou du moins elles ne résultent pas d’un processus actif et délibéré mais de certaines phases du développement de la civilisation indépendamment de ceux qui la font.

              « Je ne dis pas qu’il n’y a pas de bons films à Hollywood, mais que la créativité et la prise de risque y est généralement assez éloigné de celle qu’on voit dans les séries. »

              Difficile à contester puisque tout ça est évidemment à votre appréciation, mais je ne partage pas ce constat. Les séries innovent (24, véritable révolution de l’action des années 2000, the wire, monument d’écriture dramatique, ou récemment game of thrones, qui prend le parti d’adapter une sage de fantasy cruelle et austère sans aucun compromis), mais le cinéma aussi. The dark knight, c’est tout à fait neuf, par exemple, dans sa volonté de créer un microcosme de fiction aussi dense, aussi indépendant des prétextes de l’action et de la dramaturgie. X-men first class (comme Watchmen d’ailleurs, mais en plus décomplexé) prend le parti de créer d’introduire la mythologie du comic-book dans la complexité historique, sans licence naïve, sans second degré ni distanciation coquette, avec des personnages touffus et un sens précis de l’émotion et de la violence.
              Et je pense contrairement à vous que les films « moyens » d’il y a 20 ans sont infiniment plus paresseux que ceux d’aujourd’hui (sans être mauvais d’ailleurs). Demolition man ou lethal weapon, c’est chouette, mais c’est pantouflard. C’est un bon script, un bon duo d’acteurs, un sens élémentaire de l’action et du comique, et le reste en pilote automatique. Dans les blockbusters des années 80-90, c’est simple, y a que Cameron et McTiernan pour réaliser des films de ce genre vraiment mémorables.
              Aujourd’hui même les faiseurs les plus anonymes disposent d’une armée de scénaristes geeks qui font du moindre blockbuster une curiosité.

  1. Vertumne

    « Nul n’est légitime, tous sont légitimes. »

    « Nous sommes tous des enfants d’immigrés » à la sauce hollywoodienne. Cela me fait penser à la chronique de Patrick Cohen sur la Réunion: « on peut dire que tous les Réunionnais sont des immigrés puisque l’île était inhabitée il y a quatre siècles, pas de véritable autochtone en sorte ».

    L’autochtone, vu qu’il jouit de par son ancienneté et sa présence antédéluvienne d’une sorte de préséance sur les arrivants suivants crée donc par sa seule existence une discrimination. Et cela c’est totalement incompatible avec les nomades qui souhaitent s’installer où ils le souhaitent et avec une jouissance pleine et entière de ce qu’ils convoitent.

    En revanche, l’autochtonie est une posture défensive, adoptée en cas de faiblesse comme seul droit moral lorsque la puissance fait défaut: par les Indiens d’Amérique face aux Blancs, par les Blancs identitaires face aux immigrés, etc. Quand il ne reste plus que l’autochtonie pour défendre une population c’est qu’elle est très mal barrée.

  2. Vae Victis Auteur de l’article

    Je vais prendre deux exemples.

    J’ai vu récemment Le choc des titans » qui est un remake du film éponyme de 1981, où les effets spéciaux étaient réalisés par des maquettes animées réalisées par Ray Harryhausen. Aujourd’hui c’est totalement dépassé, et effectivement les effets spéciaux de la dernière mouture sont globalement réussis voire très réussis. Seulement cette dernière version est assez vexante, car elle se base sur le postulat que le spectateur est un abruti et qu’il veut voir un spectacle abruti qui lorgne du côté de Crank. Ce qui conduit à dépeindre Persée comme un mongolien parlant peu et le plus souvent par cris bovins et par des phrases comme : « Un dieu a tué ma famille, je vais tuer tous les dieux, euhhhh ! » Il se dégageait du film de 1981 une magie, les personnages étaient un minimum construits ce qui impliquait qu’on s’intéressait à leur histoire, tandis que cette mouture jette aux yeux de jolis effets sans âme. La version de 1981 reste bien supérieure à ce truc malgré des moyens techniques incomparables.

    Terminator IV explore la même voie de l’abrutissement. Très jolis effets spéciaux, mais un spectacle bête, très bête, où les personnages ne sont que des supports pour des effets numériques. Aucune dimension dramatique, un défilé de jolies scènes sans queue ni tête, et très prévisibles qui s’abiment dans un crescendo de débilité. Un spectacle plaisant au second degré, personnellement j’ai beaucoup ri.

    1. Grödion

      Vae Victis, je vous conseille un livre : « Le Nouvel Hollywood » de Peter Biskind sur les cinéastes des années 60-70 (l’âge d’or du cinéma, avec les années 30-40). Excellent livre, bien qu’un peu m’as-tu vu.

      On comprend à sa lecture la nature de la médiocrité actuelle du cinéma américain. C’est une question de gros sous et de sociologie des spectateurs. Jusqu’à la fin des années 70, le public est essentiellement masculin et adulte : les films abordent donc des sujets sérieux ou légers mais toujours de manière à séduire ce public exigent. Efforts sur les scénarios, le jeu des acteurs ou la réalisation. Les films qui marchent au box-office dans ces années-là sont des chefs-d’oeuvres : Le Parrain, L’Arnaque, L’Exociste, Le Lauréat, Butch Cassidy et le Kid etc.
      En 1977 sort Star Wars 4 qui explose les recettes comme jamais : ce film ouvre une nouvelle ère, celle du public adolescent. Les films dorénavant pour marcer

      1. Grödion

        (reprise) pour marcher devront s’adapter à c nouveau public. Baisse de la qualité des scénarios, tout pour le spectaculaire et les effets spéciaux, psychologie à eux balles, humour simpliste etc. Mais comme ça marche, les plus talentueux des cinéastes s’y soumettent. Le cinéma d’auteur n’attirant plus que les médiocres. Certes on trouve encore des films s’adressant à un public adulte et exigent. Mais dans l’absolu le cinéma remplit son but d’amasser la maille en livrant du prêt-à-consommer pour un public jeune et débile.

        Les plus malins des grands cinéastes ont trouvé la parade : ils réalisent des commandes qui rapportent pour avoir la possibilité de sortir 1 ou 2 films personnels : comme Scorsese qui réalise La Couleur de l’argent,Gangs of New York, Aviator ou Les nerfs à vif (films moyens mis grand public) pour pouvoir à côté sortir les chefs-d’oeuvres Les Afranchis, Casino ou After hours.

        Le cinéma est une industrie. Tant mieux.

      2. Vae Victis Auteur de l’article

        > « et de sociologie des spectateurs. Jusqu’à la fin des années 70, le public est essentiellement masculin et adulte »

        C’est ce que j’entendais en parlant de l’industrie cosmétique pour minets. Autrefois les personnages principaux étaient le plus souvent des hommes dans la force de l’âge abordant des thématiques fortes. Depuis on vit dans une éternelle adolescence. Les personnages principaux sont le plus souvent jeunes ou des trentenaires qui n’ont pas grandis, qui abordent des thématiques qui leur correspondent.

        (Pas d’accord pour l’épisode 4 de Star Wars, mais un post est déjà programmé à ce sujet, donc on en discutera à l’occasion. ^^)

        Au Japon c’est encore plus palpable. J’aime beaucoup le cinéma japonais des années 50 – 70, on y trouve des trésors à la pelle, et quantité d’eastern tout à fait sympathiques. Cette industrie était capable de produire des bons films en série, et parfois des chef d’œuvre surnageaient. Aujourd’hui le Japon ne produit presque plus qu’un cinéma pour adolescent dominé par le kawai et des thématiques très puériles. Le cinéma plus mature a quasiment été éliminé.

        1. Grödion

          « J’aime beaucoup le cinéma japonais des années 50 – 70 »

          J’avais raison de beaucoup vous apprécier ! Toujours se fier à ses premières intuitions.

          « Aujourd’hui le Japon ne produit presque plus qu’un cinéma pour adolescent dominé par le kawai et des thématiques très puériles. »

          Bon dans le lot des films débiles pour ados japonais on garde quand même les oeuvres de Takeshi Miike et Shinya Tsukamoto. Et Kitano bien sûr.

          « Le cinéma plus mature a quasiment été éliminé. »

          La civilisation de l’abondance. Jacques Tati l’avait bien disséquée.

          Cela dit il en reste quand même quelques-uns à faire des films de qualité tout en étant grand public (rien de pire que le ghetto pour cinéphiles à binocles). Les Coen, Cronenberg, Refn, Leigh, Kusturica, Von Trier, Bilge Ceylan, Lynch, Cimino, Saura, Ferrara, Johnnie To, Tsui Hark etc. Leurs film se laissent regarder avec plaisir (en triant un peu).

          1. Vae Victis Auteur de l’article

            Là je suis en train de prospecter dans le cinéma chinois contemporain. J’ai d’excellentes surprises.

            Je me demande si les standards cinématographiques chinois ne sont pas en train de surclasser ceux d’Hollywood.

            Ça fait 10 – 15 ans qu’on sent un frémissement dans le cinéma chinois, une amélioration de la qualité globale qui permettait d’en faire de beaux films sur tous points de vue. Je n’oublie pas la Shaw Brothers, mais ici je parle plus de qualité technique et moyens investis. Depuis peut-être 5 ans ou un peu plus, du frémissement nous sommes passés au ras-de-marée.

            Actuellement les studios chinois produisent des films de très bonne qualité. Sur le plan technique les effets visuels sont souvent à tomber, les plans sont travaillés, les décors sont souvent beaux et réalisés avec minutie, les effets spéciaux sont de la meilleure qualité. La possibilité de mixer effets spéciaux et figurants nombreux permet une excellente flexibilité et d’améliorer le rendu à l’image. Esthétiquement et techniquement c’est assez impressionnant. Pour le scénario c’est plus variable, il y a d’excellentes choses, vraiment d’excellentes choses. Et puis des films épiques où j’ai l’impression que 2 ou 3 histoires sont entrées en collision sans bien comprendre l’évolution de l’intrigue qui semble privilégier la diversité des décors et des situations à la narration.

            Des avantages de la mondialisation.

            1. Saku

              Je plussoie
              Etant sinophile je m’intéresse de longue date à ce cinéma.
              Les cinémas continuent à ne sortir en salle que le cliché des superproduction tigre-et-dragon-like, pour autant en Chine la gamme est plurielle (je déteste ce mot) : comédie, drames, film d’auteur, superproduction bien sûr, et également énormément de documentaires (parfois underground).

              Pour ceux qui sont sur Paris je conseille :
              – le festival du cinéma chinois (fin septembre debut octobre) au Gaumont Opéra. Pendant deux semaines et tout les soir, l’avant garde du cinéma chinois et des retrospectives sur des films très ancien (années 20, 30, 40…)
              – Le festival Shadows qui diffuse mensuellement en salle des documentaires parfois underground, réalisés par des chinois sur la vie en chine (et parfois très critique sur le PC)

      3. Gil

        Grödion : « L’Arnaque, L’Exociste, Le Lauréat, Butch Cassidy et le Kid etc. »

        Des chef-d’oeuvres, vous trouvez vraiment ? Les années 60-70, Coppola, Lucas, Scorcese, Peckinpah, Pakula, G.Roy Hill etc un âge d’or ? J’avoue avoir toujours eu du mal à comprendre cela (surtout pour les années 60, époque de transition et peut-être la plus pauvre du ciné US).

        Prenons même Les 2 premiers Parrains, peut-être les films les plus parfaits des années 70 : dramaturgie, acteurs, rélisation, tout est parfait, rien à redire. Mais au final, rien de vraiment enthousiasmant, ce qui fait que j’ai du mal à parler de chef-d’oeuvre même pour ce film.

        Quelques exceptions, bien sûr : le THX de Lucas, le Voyage de Cimino. Mais si l’on compare avec les années 30-50, sans vouloir faire mon ancien combattant, tout cela me semble d’une grande pauvreté.

        1. Grödion

          Disons que j’ai parlé des gros succès du box-office de 70’s en faisant remarquer qu’ils étaient effectivement des chefs-d’oeuvres par apport aux actuels films les plus rentables. L’Exorciste ça vaut tous les Harry Potter et autres daubes contemporaines réunies.

          « Les années 60-70, Coppola, Lucas, Scorcese, Peckinpah, Pakula, G.Roy Hill etc un âge d’or ? »

          Bon on ne sera ps d’accord. J’ai aussi une grande admiration pour le cinéma des années 30-50, mais les année 70 sont pour moi les meilleurs. Peut-être dis-je cela parce que je suis né dans les années 80 et que contrairement à vous je ne les ai pas vécues 😀 . Toujours et-il que Peckinpah et Scorsese (pour ne citer que ces deux-là sont des Dieux pour moi).

          « (surtout pour les années 60, époque de transition et peut-être la plus pauvre du ciné US). »

          Le début des années 60 oui, la fin non. Le Code Hays a été aboli en 68, ouvrant une ère de grande liberté. Pour le meilleure et pour le pire.

          « Prenons même Les 2 premiers Parrains, peut-être les films les plus parfaits des années 70 : dramaturgie, acteurs, rélisation, tout est parfait, rien à redire. Mais au final, rien de vraiment enthousiasmant, ce qui fait que j’ai du mal à parler de chef-d’oeuvre même pour ce film. »

          Je ne regarde Le Parrain que pour Brando. Sinon, ce n’est pas mon genre. Films de mafieux, je préfère ceux de Scorsese et ceux avec James Cagney.
          Le Parrain est un film sur la famille. L’équivalent au cinéma des Thibault.

          « Quelques exceptions, bien sûr : le THX de Lucas, le Voyage de Cimino. Mais si l’on compare avec les années 30-50, sans vouloir faire mon ancien combattant, tout cela me semble d’une grande pauvreté. »

          Hum hum 🙂
          Les années 70 c’est quand même pas que ça. Petite liste, non exhaustive (juste les Américains) :

          Meurtre d’un bookmaker chinois
          Le Limier
          Tous les Peckinpah
          Tous les Scorsese
          Le Privé et Nashille
          Tous les Woody Allen (avec au sommet Annie Hall)
          Tous les Mel Brooks
          Tous les Kubick (même si c’est pas aux USA)
          French Connection et le Convoi de la peur
          Macadam à deux voies
          La Party
          Un après-midi de chien et Network
          Easy rider
          Le Flingueur et Mr Majestik
          La Dernière Corvée
          Rosemary’s baby
          Cheech & Chong I et II
          Les films de la la Blaxploitation
          Les films de Bruce Lee
          Apocalypse now
          Delivrance
          Les Duellistes
          La Ballade sauvage
          L’Homme qui voulut être roi et Le Malin
          Hamburger film sandwich
          et…
          MEGA VIXENS merde !

          1. Gil

            Ahaha ! Très bien votre petite liste, vu ma mémoire défaillante due à mon âge canonique de type né dans les années 70 (enculé), j’avais du mal à trouver des exemples…

            « . Toujours et-il que Peckinpah et Scorsese (pour ne citer que ces deux-là sont des Dieux pour moi) »

            En effet, on ne sera pas d’accord. Pour moi, Scorcese est très surévalué (les femmes sont toujours pareil chez MS : des connasses hystériques – va dans 1 ou 2 films, mais quand il vous ressort le même rôle dans 50 films…), Peckinpah au-dessous de tout (films à la narration ramollie du bulbe avec de grotesques scènes d’action au ralenti une fois tous les quarts d’heure).

            Easy rider : daube intégrale, nanar maximus, rigolade dantesque.

            Rosemary’s baby (et Polanski en général) : sur-surfait. Revoir, par exemple, la Maison hantée (?) de Wise (années 60, vous me direz, mais Wise est de la génération d’avant) pour voir un grand film de terreur et très malsain.

            Apocalypse Now : ciné de frimeur. Jamais compris le succès.

            Mel Brooks : revu quelques uns, très mal vieillis.

            L’Homme qui voulut être roi etc : Huston (pas de la génération 60-70).

            Etc, etc.

            Évidemment, les 70’s, ça n’est pas que ça : Votre mention d’Huston m’a fait penser à Fat City (gigantesque), il y a Scott (Duellistes, Alien), W.Allen bien sûr, le Kubrick de 2001 (bon, fin des 60’s) et d’Orange mécanique, Friedkin (mais à nouveau, puisque vous citez le Convoi de la peur, revoyez l’original de Clouzot, années 50 : chef-d’oeuvre), et du bon et du moins bon dans votre liste etc etc.

            Je n’ai pas dit que les années 70 n’ont pas produit de bons films et même de chef-d’oeuvres : j’étais juste étonné de voir cité G.Roy Hill ou Mike Nichols comme auteurs de chef-d’oeuvre (j’ai bien compris que vous parliez de succès pop, et par rapport à aujourd’hui – mais franchement, sans aller plus loin puisque vous en parlez, il y a un des Harry Potter, celui dirigé par Alfonso Cuarón, qui n’est pas loin d’être un chef-d’oeuvre – mais il est noyé dans une saga assez merdique)

            1. Gil

              Pour les années 30-50 aux USA, en y mettant les directeurs étrangers, on pourrait citer 5, 6, 10 chefs-d’oeuvres pour chacun : Ford, Lang, Hitchcock, Huston, Wilder, Walsh, Anthony Mann, Hawks, Murnau, Fleischer, Chaplin, Mankiewicz etc etc. C’est vraiment un âge d’or. OPn peut évidemment y préférer le bordel des annés suivantes.

              En fait, je crois que je préfère les années 80-2000 aux années 60-70 (cf. plus haut comm de rudolf hoax, que je crois très juste, même s’il parle surtout des années 2000). Les années 80-90, c’est la naissance des grands cinéastes d’action : McTiernan, Cameron, Spielberg etc

            2. Grödion

              Bon les goûts après tout ne se discutent pas.

              « mais à nouveau, puisque vous citez le Convoi de la peur, revoyez l’original de Clouzot, années 50 : chef-d’oeuvre »

              Le film de Clouzot est très bon, excellent même en effet. Charles Vanel y est extraordinaire de justesse dans son rôle de fort en gueule qui se fait dessous. Mais le « remake » (qui n’est pas un) de Friedkin est selon moi largement supérieur. Plus nerveux, plus noir, plus fou, en un mot plus excitant.

            3. Gil

              Bon, pas vu le Friedkin depuis des années, j’avoue (mais revu le Clouzot qui, comme FILM D’ACTION des années 50, m’a semblé toujours extraordinaire).

              En fait, si Friedkin faisaient de bons films dans les années 70, ses derniers m’ont semblé encore meilleurs : celui avec T. Lee Jones et Del Toro, et l’incroyable Bug.

            4. Grödion

              Oui, très bons ses derniers films. L’Enfer du devoir avec Tommy Lee Jones est bien burné, juste ce qu’il faut, genre film favori de Bill O’Reilly !

              De Friedkin, y’a surtout Police fédérale Los Angeles qui date des années 80. Un excellent polar mettant en scène un flic obsédé et jusque-boutiste, le tout avec un grand réalisme (sauf la course poursuite débile à travers L.A vers la fin qui fait retomber -un peu- l’enthousiasme) et un style flashy et nerveux propre aux années Reegan. IL faut regarder aujourd’hui les films de Hong-Kong pour retrouver ce genre de polars délectables.

            5. Gil

              Ah, LA Police Fédérale, un des films culte de mon adolescence – course-poursuite incluse !

              Je m’aperçois que ce que j’ai dit avant est un peu tarte. Je comprends qu’on préfère les années 70 aux années « classiques », qu’on préfère un ciné plus inventif formellement, plus baroque, plus vanguardista. Mais l’idolâtrie pour certains cinéastes de l’époque reste pour moi une énigme : Peckinpah par exemple.

            6. rudolf hoax

              Live and die in LA c’est immense, pour moi, peut-être mon film préféré des années 80 (et le plus emblématique de la décennie).
              Le massacre des codes du genre, les morceaux de bravoure complètement improbable (le montage parallèle avec le saut à l’élastique), la course-poursuite interminable, presque capiteuse, toute l’imagerie homo-érotique décadente, la musique délibérément immonde… le vice de ce taré de Friedkin qui confine à son plus haut degré de génie, en bref.
              Un de mes réal favoris, même si je le connais finalement assez peu (je me laisse le temps de l’apprécier au compte-goutte). Le genre de petit blanc dégénéré qui suscite immédiatement l’empathie, à l’image d’un Paul Schrader (dont le Mishima m’attend lascivement sur mon disque dur).

            7. rudolf hoax

              Icône gay à l’insu de son plein gré (le pauvre s’est fait piéger par le montage de Friedkin qui insiste sur des ambiguïtés qui n’étaient pas dans le script).
              J’adore la représentation de l’homosexualité chez lui, d’ailleurs. Il la filme comme une monstruosité purement cosmétique, sans jugement moral, on est dans le domaine de la peur infantile, du bestiaire de placard. On sent qu’il n’oppose aucune intellectualisation à sa fascination/répulsion naturelle pour le fait de sucer des bites. C’est rafraîchissant.

            8. Gil

              « la course-poursuite interminable, presque capiteuse [YES !], toute l’imagerie homo-érotique décadente, la musique délibérément immonde… » (r.hoax)

              Comms vraiment excellents, Mr. hoax !

              Cruising, faut que je voie ça.

            9. Gil

              Au fait, le film de Friedkin avec del Toro et Tommy Lee Jones s’appelle Traqué (The Hunted). Il suit L’Enfer du devoir, que je ne crois pas avoir vu, dans la filmo de WF.

            10. Grödion

              « J’adore la représentation de l’homosexualité chez lui, d’ailleurs. Il la filme comme une monstruosité purement cosmétique, sans jugement moral, on est dans le domaine de la peur infantile, du bestiaire de placard »

              Ca me rappelle le cinéma de John Milius par certains côtés. Cette fascination/répulsion pour le stupre et la force virile. Obsession de la pénétration symbolique.

            11. rudolf hoax

              Milius évidemment, je me disais bien qu’il y en avait un troisième à la suite de Schrader !

              Paraît qu’il a un projet de film sur Gengis Khan avec Mickey Rourke d’ailleurs. Si ce fêlé arrive à le financer… Doux Jésus.

  3. rudolf hoax

    « Mais comme ça marche, les plus talentueux des cinéastes s’y soumettent. »

    Ils ne s’y soumettent pas, ils le réapproprient.

    « comme Scorsese qui réalise La Couleur de l’argent,Gangs of New York, Aviator ou Les nerfs à vif (films moyens mis grand public) pour pouvoir à côté sortir les chefs-d’oeuvres Les Afranchis, Casino ou After hours. »

    Les Affranchis ou Casino sont largement autant grand public que le reste. Ils sont juste meilleurs.
    Un meilleur exemple aurait été DePalma qui enchaîne Mission to mars (film grand public et très doux) et Femme fatale (pur délire DePalmaesque ultra-vulgaire). Et je pense qu’il a pris un plaisir égal à tourner les deux. Comme Verhoeven ou Cronenberg qui excellent aussi bien dans le confidentiel que le grand public.

    @ VV « Aujourd’hui le Japon ne produit presque plus qu’un cinéma pour adolescent dominé par le kawai et des thématiques très puériles »

    C’est très partiellement vrai. Matez les films de Kore-Heda ou même de Kiyoshi Kurosawa.

  4. Vae Victis Auteur de l’article

    rudolf hoax > Vous prenez de bons exemples pour défendre votre point de vue. X Men, Watchmen, The dark knight, que du bon.

    Ceci dit même si Demolition Man est assez pantouflard, il n’en reste pas moins agréable à regarder aujourd’hui, comme Total Recall. Car derrière ces films d’action purs et durs, même si c’est exploité de façon bourrine, il n’en reste pas moins que le spectateur n’est pas pris pour un idiot. Derrière les biceps, derrière les explosions, les courses poursuite et les rafales d’armes, il y a une esquisse de réflexion, un univers cohérent, des thématiques plus profondes qui sont abordées.

    De même les premiers Rambo et Rocky ne sont pas juste des films d’action, il y a une histoire, des personnages attachants, une psychologie qui leur attachée, des éléments forts, une progression narrative.

    Et c’est typiquement ce genre de choses qui se perdent, les personnages disparaissent devant une frénésie d’actions qui n’a pas d’autres buts que d’en mettre plein les yeux, sans jamais parler à l’intelligence ou à la sensibilité du spectateur.

    1. Fascisme Fun

      Les films d’action des années 80 et 90 savaient manier l’ironie et la grandiloquence sans jamais tromper jamais leur public, c’est exactement ça !

      Quand on allait voir un Predator, un Robocop, un Last Action Hero, un Cliffhanger ou un Judge Dredd, on savait à quoi s’attendre: une grosse dose virilité humoristique et de pétarades nitzchéennes.

      Aujourd’hui, la sur-abondance des effets spéciaux a complètement tué l’imagination des réalisateurs: Terminator 4 et Die Hard 4 sont à cet égard des bouses gigantesques !

      Le même phénomène s’observe dans les Jeux-Vidéos, ivres de cinématiques léchées et de scripts mais complètement fauchés en concepts originaux.

      La Technique a imposé un conservatisme dégueulasse dans les blockbusters vidéo-ludiques comme au cinéma !

  5. Vae Victis Auteur de l’article

    rudolf hoax > A la réflexion, il est possible que les séries aient repoussées tellement haut les standard de qualité que je ne sois pas très objectif sur l’évolution de la qualité du cinéma américain. Disons que je prends globalement plus de plaisir à regarder des séries que des films US, et que ces premières parviennent souvent à me surprendre positivement, alors que c’est plus rare dans leur cinéma.

    1. Grödion

      Les séries ayant chacune leur public, les sommes investies étant moindres que dans un film, elles peuvent se permettre de privilégier la qualité à la quantité et de rechercher la nouveauté (chose impossible au cinéma ou on sort les films à la chaîne, tous se ressemblant pu ou prou). Cela dit le cinéma américain a aussi connue des périodes de grande nouveauté, comme au but des années 90 avec des réalisateurs comme Kévin Smith, Tarantino, Soderbegh, Farrelly… Etoiles filantes vite rentrées dans le rang.

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