Evergétisme et Humanité

Si la conquête martienne est réellement importante, si elle est comme certains le prétendent porteuse de sens pour l’Humanité, qui aurait-il de plus naturel qu’elle soit l’œuvre collective de toute l’Humanité ? Il est vrai qu’au cours de l’histoire les communautés humaines n’ont cessés de s’affronter, de chercher à se détruire, à dominer leurs rivales ; l’Humanité fut sans cesse soumise à un état de compétition meurtrier. Ne serait-il pas tant de passer à l’étape de la coopération pacifique ? Ne pourrait-on pas imaginer pour une œuvre aussi symbolique, qui porte en elle les espérances de tous les hommes, qui transcende tous les clivages qu’ils soient politiques, ethniques, nationaux, culturels, religieux, une union de tous les hommes, main dans la main ?

Effectivement on pourrait facilement imaginer une vaste coopération internationale, une grande union de tous les pays du monde œuvrant vers le même objectif. L’Humanité au grand complet concentrant ses savoirs, ses compétences diverses, sa volonté, son énergie, mais aussi son argent dans un but commun, et non plus dans dans quelques égoïsmes narcissiques. Évidemment dans le cadre d’une telle union, tout à chacun contribuerait à son échelle, selon ses propres moyens, mais tout le monde apporterait sa pierre à l’édifice. On ne peut négliger une telle charge symbolique, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité un objectif pourrait fédérer tous les hommes, canaliser les énergies vers un but véritablement positif qui permettrait d’exorciser les tensions internes.

J’aimerai dire que c’est un beau rêve, mais malheureusement non. Ce genre de foutaises ne peuvent que germer dans l’esprit d’hommes malades, qui cultivent avec acharnement l’auto dénigrement, qu’ils ont troqués à toute forme de fierté. Des hommes qui ont fait un dogme de tout ce qui dégage l’idée de « multi »-tude : multipolaire, multiculturel, multiprise, etc…, qui leur permet de se fondre dans un brouet leur rappelant le moins possible ce qu’ils sont.

Interrogeons-nous sur ce qui motive les hommes à entreprendre de si grandes aventures, à dépenser tant en ressources humaines et financières, à tendre leur volonté et leur énergie. Non, ce n’est pas simplement par soucis de faire avancer la recherche scientifique et l’étendue de nos connaissances sur l’univers, pas plus que l’idée de faire progresser gracieusement l’espèce humaine.

Rappelons-nous du jour où l’Homme (où plus précisément l’homo americanus) a marché sur la lune, il n’a pas déployé le drapeau onusien, celui de la communauté internationale, mais la bannière étoilée. Les américains n’ont pourtant pas négligés dans le même temps de revendiquer cette victoire comme étant celle de l’Humanité, on se souvient de ce mot resté à la postérité : « Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’Humanité » qui avait été minutieusement composé à l’avance. Le message dégagé se veut une exaltation de l’Amérique et de sa réussite, qu’elle porte à travers elle pour toute l’Humanité ; vanité suprême.

D’ailleurs si nous examinons la période où la conquête spatiale a accompli ses plus grandes avancées, c’est-à-dire entre 1957 et la mise sur orbite de Spounik et le début des années 1970, avec l’année 1969 qui marque la conquête de l’astre lunaire, et l’apothéose de cette aventure spatiale, on ne peut en conclure qu’une chose, la rivalité est plus facteur de progrès techniques, et de développement de nos capacités qu’une entente qui se veut cordiale. Le moins que l’on puisse dire c’est que ces années d’intenses progrès furent loin d’être pacifiques, elles furent au contraire le point culminant de la guerre froide. La conquête spatiale devint le symbole de la lutte entre l’Union soviétique et les Etats-Unis, chacun voulant démontrer par ce moyen de prestige la supériorité de son modèle sur son rival. Ce qui donna lieu à un déploiement de force disproportionné, dont l’enjeu était plus que jamais terrestre et politique. Ce qui dans un contexte apaisé n’aurait jamais pu avoir lieu. Cette période d’émulation pris fin, par l’éclatante victoire américaine, l’Union soviétique échouant dans ses tentatives d’envoyer des sondes robotisées sur la lune. L’envoi d’hommes sur la lune se trouvant hors de sa portée, elle se rabattit sur le programme MIR, et les américains sur le projet de navette spatiale. Plus aucune avancée significatif n’eut lieu dans le domaine de l’exploration spatiale humaine, les budgets étant décidément trop démesurés au vu de la réalité des nouveaux enjeux furent revus drastiquement à la baisse.

Ce fut le même esprit qui domina au Moyen-Age lors de la construction des cathédrales, en même temps qu’on affirmait sa foi, on faisait démonstration de l’opulence et de l’importance de sa ville qui envoyait par ce biais un message à ses rivales. Ce climat était propice à une véritable compétition, où l’exploit technique était recherché, ce qui permit de s’affranchir dans un élan de prospérité retrouvée des règles architecturales alors de mises, et de développer de nouvelles techniques pour donner la plus grande élévation possible à ces édifices, qui devaient absolument surclasser les précédents. Les cathédrales étaient à la fois sujet d’admiration, de prestige, de gloire et symbole de puissance pour ses constructeurs. On parle aussi dans le même registre d’esprit de clocher.

Ce qui fait le sens d’un engagement ce n’est pas seulement la réussite d’un projet qui se veut important, c’est aussi et surtout la victoire que cette réussite procure. Une victoire de l’Humanité est trop abstraite, elle n’a pas de visage, elle est impersonnelle. Personne ne se reconnait, c’est-à-dire s’identifie avec l’Organisation des Nations Unies. Pour qu’une victoire suscite l’intérêt, pour qu’elle soulève l’enthousiasme elle doit s’exercer contre quelque chose et surtout contre quelqu’un, ce doit être une affirmation de puissance. Il n’y a réellement rien d’exaltant à ce que plus de 200 pays, ensemble, permettent à l’Homme d’aller sur Mars. En réalité en raison des limitations techniques, seuls quelques hommes, sans doute de la nationalité des plus gros contributeurs, pourraient faire ce voyage, mais ce serait une bien piètre consolation. Imaginer le contraire, c’est comme imaginer un jeu où quelque soit les performances et les mérites des candidats, à la fin tout le monde serait désigné vainqueur, cela revient à dire qu’il n’y a ni vaincus ni vainqueurs, donc aucun intérêt ; la beauté du jeu ne pouvant pas combler le déficit d’enjeu. Une victoire n’est bonne que quand elle permet au vainqueur de démontrer sa supériorité sur ses adversaires.

Prenons un exemple, celui d’un alpiniste, il grimpe parce qu’il aime ce sport, la montagne, le sentiment de liberté ainsi que le danger omniprésent, l’ivresse des cimes, mais il grimpe aussi pour le sentiment de puissance que lui procure le fait de vaincre la montagne, de surmonter les difficultés tendues sur son chemin. Et plus ces difficultés seront nombreuses, plus l’exploit sera difficile à accomplir, meilleure sera la victoire. La victoire s’exerce bien entendu sur les éléments, ainsi que sur soi même pour avoir le sentiment de se surpasser, mais pas seulement, elle se fait aussi, et peut-être surtout sur les autres, sur les absents, sur tous ces hommes qui n’ont pas pu, qui ne peuvent pas, et qui ne pourront pas reproduire cette action. Personne ne se félicitera d’avoir gravit une colline que tout à chacun gravit régulièrement, il n’y a là aucun exploit, la victoire prend toute sa dimension dans la rareté, sinon dans l’unicité, dans la démonstration de ses performances qui se doivent d’être inatteignables. De même qu’aujourd’hui l’ascension du Mont-Blanc ou de l’Everest a perdu de son aura, du fait de la massification des alpinistes qui l’accomplissent.

Vient alors la notion d’évergétisme. Et plus particulièrement son rapport avec la conquête martienne.

L’évergétisme était une pratique qui avait cours dans l’Antiquité, à l’époque hellénistique et romaine. A une époque où l’imposition telle qu’on la connait aujourd’hui n’existait pas, les revenus de la Cité n’étaient pas issus des contributions obligatoires qu’on aurait fait peser sur les citoyens la composant, ce qui aurait été perçu comme la pire marque de despotisme, mais de l’exploitation des terres, des mines… que possédait la cité en son nom propre, et qu’elle mettait en valeur comme un agent économique, comme un individu qui doit lui même subvenir à ses besoins. D’autres revenus étaient apportés par les tribus des cités soumises qui devaient payer le prix de leur sujétion d’où l’intérêt d’une politique expansionniste, les citoyens qui enfreignaient la loi pouvaient être soumis à des amendes, ces sources de revenus étant complétées par la procédure de la leitourgia, où les citoyens fortunés supportaient les dépenses publiques sur leurs cassettes personnelles à tour de rôle. Exceptionnellement, par exemple en cas de guerre des impôts pouvaient être votés annuellement, ceux-ci étant toujours temporaires.
Vous aurez compris que dans ces sociétés ce sont les riches qui exercent le pouvoir, ceux qui ont les moyens d’user de financement privé au profit de la communauté. Une forte pression sociale s’exerçait donc sur ces riches, largement acceptée par eux-mêmes, afin qu’ils fassent bénéficier le corps social tout entier de leur fortune. La hiérarchie sociale, la richesse, et le pouvoir des notables n’étaient pas contestés, étant entendu que ces derniers devaient faire preuve de générosité et faire participer la cité et/ou leurs partisans à leur fortune. Les évergésies étaient des dons que ces notables faisaient à la communauté (spectacles, banquets, distributions, construction d’édifices publics…), soit librement hors de toutes contraintes, pour se mettre en valeur, soit offertes à l’occasion de leur élection à un honneur public, c’est-à-dire à une magistrature qui était des charges politiques qui donnaient accès au gouvernement de la cité, dans ce cadre l’évergétisme était légalement et moralement obligatoire. Mais les notables pour montrer leur magnificence dépassaient fréquemment le montant des sommes fixées.

Pour la conquête martienne, c’est le même principe qui domine. Personne n’aime payer ses impôts, on a d’ailleurs fortement tendance à frauder si cela est possible pour payer moins qu’on devrait, car l’impôt consiste à prendre autoritairement de l’argent à des individus, à le placer anonymement dans une ou plusieurs grandes caisses, dont l’attribution budgétaire dépendra des dirigeants politiques qui ont la charge du budget de l’Etat. Personne ne peut décider à quoi serviront exactement ses contributions obligatoires, on peut tout au plus espérer un peu naïvement que cet argent servira à construire des routes, des écoles, des hôpitaux, enfin des choses utiles.

Dans l’évergétisme rien de tel, c’est une action volontaire, le don émane de la volonté du notable qui peut ainsi affirmer son statut social. L’obligation n’est que formelle dans une certaine partie, le notable souhaitant avoir accès aux magistratures municipales doit montrer sa générosité, faire la démonstration de son « désintéressement », utiliser sa fortune dans l’intérêt général de la communauté. Entre ces notables se met en place une véritable compétition, poussant chacun à faire étalage de sa richesse, à dépenser plus que ces rivaux, pour acquérir plus de respectabilité, agrandir la masse de leurs partisans, citoyens qui continuent d’élire les magistrats sous un suffrage censitaire. Pour le notable plus que le rôle politique de ses évergésies, celles-ci lui permettaient de marquer l’urbanisme de sa cité, d’inscrire son nom dans le patrimoine architecturale qu’il laisse à la postérité, d’honorer sa famille et ses illustres ancêtres. Contrairement à l’impôt où les fonds sont administrés par autrui sans qu’on est aucun contrôle sur eux, là c’est lui qui décide de leur application, il peut ainsi agir à sa guise et offrir ce qu’il souhaite à la cité, même si sa contribution de prestige ne répond pas nécessairement aux besoins les plus urgents, au contraire il privilégie la magnificence. Dans un tel contexte les sacrifices consentis paraissent bien moindres, surtout que d’eux dépendent sa carrière politique. C’est pourquoi ces villes de l’antiquité se couvrent de temples, de portiques, de basiliques, de cirques, d’amphithéâtres, de stades, de bibliothèques, de colonnes, de statues et d’ex-voto…

Ce qu’il faut bien voir c’est qu’un voyage habité jusqu’à Mars demande la mise en œuvre de moyens humains et financiers assez colossaux, un engagement politique long et durable. Ce qui signifie des sacrifices budgétaires, des privations, parce que les fonds investis dans un tel programme ne le seront pas ailleurs, tout cela pèse sur la communauté. Pour qu’elle accepte une participation aussi lourde, il faut que quelque part sous une forme ou une autre elle trouve une contrepartie qui justifie les privations qu’elle endure.

Une communauté ne peut que rechigner à l’idée de faire des efforts importants dont les gains qu’ils soient financiers, politiques et dans le cas qui nous occupe moraux ne lui reviendraient pas directement, mais se perdraient dans les dédales de la redistribution de parcelles de gloire. On ressent une fierté à être le peuple (et le seul) qui a envoyé un homme sur la lune, la gloire de la communauté rejaillit sur chacun de ses membres, parce que ces membres se reconnaissent dans la communauté dans laquelle ils vivent. Un tel projet qui exalte la grandeur nationale en même temps qu’il flatte leur égo, ne peut que les enthousiasmer en même temps qu’on s’identifie à lui, de la même façon qu’une grande victoire sportive déclenche l’allégresse. Il ne faut pas négliger les gratifications morales dans l’attachement que l’on a pour son pays ou sa nation, qui devient alors un prolongement de soi même. On se souvient par exemple de Neil Amstrong paradant en cortège que les rues de New-York à bord d’une décapotable sous la liesse populaire après la réussite de la mission Apollo. Quand on est seulement un contributeur parmi tant d’autres nations à avoir participé anonymement à l’accomplissement d’une œuvre dans un cadre flou, on ne ressent pas ce niveau d’implication, et on tente de s’extraire de ses obligations, ou on s’en acquitte en trainant les pieds.

De la même façon que ces notables de l’antiquité, une population en vie est prête à s’investir dans une grande œuvre qui symbolise sa réussite, et qui constitue une affirmation de sa puissance, et pour cela elle n’hésitera pas à déployer de vastes ressources. Être les seuls à effleurer le rêve de toute l’Humanité est un excellent moyen de se mettre en valeur. Par contre comme ces riches Français qui préfèrent s’expatrier vers des cieux à la fiscalité plus clémente, lorsque les prélèvements de richesse ne rejaillissent pas sur ses propriétaires, lorsque que cet argent est noyé dans la masse anonyme, et qu’on ne tire aucun honneur et peu d’avantage de sa contribution, on a tendance à rejeter un fardeau pesant qu’on juge inutile, ou tout simplement à ne pas l’accepter. La conquête spatiale comme bien des entreprises humaines ne peut que être l’œuvre d’une partie de cette humanité, qui implicitement exercera sa domination symbolique sur l’autre partie ; ce qui ne manquera pas de créer de nouvelles tensions et de nouveaux affrontements. Voilà pourquoi un tel projet de conquête spatiale liant l’ensemble de l’humanité n’est pas concevable, il manquera toujours une extériorité humaine, un autrui sur qui exercer sa victoire pour qu’elle en vaille la peine.


30 réflexions sur « Evergétisme et Humanité »

    1. SSX

      Vae Victis a raison sur le fond, mais il y a plusieurs problèmes liés à une expédition humaine — a fortiori française — sur Mars.

      D’abord, même en imaginant de grosses contributions privées, ça resterait sans doute trop cher pour la France, et il faudrait envisager cela à l’échelle européenne, ce qui devrait rester gérable pour les dons privés motivés par le sentiment d’appartenance évoqué dans l’article.

      Le second problème, plus épineux, c’est que la conquête de Mars n’excite pas autant les gens que celle de la lune, que l’on voit tous les jours, qui est belle, qui brille, qui est associée à tant de mythes et d’éléments de religion, et même aux cycles menstruels. Marcher sur la lune, c’était marcher ailleurs que sur la Terre pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, c’était un accomplissement extraordinaire et, psychologiquement, unique — jamais un tel symbole ne sera atteint à nouveau, en tout cas pas dans le futur perceptible à ce jour. Pour M. Tout-le-Monde, marcher sur Mars, ce n’est pas très différent de marcher sur la lune, c’est juste plus loin, mais aussi plus abstrait, parce que Mars n’éclaire pas nos nuits.

      Le troisième problème est scientifique : marcher sur Mars, cela a beau être grandiose, ce n’est pas forcément l’investissement le plus rentable dans l’exploration spatiale. D’abord, on a déjà envoyé plusieurs sondes autour de et sur Mars, et on a pu mener de nombreuses expériences et analyses. Ensuite, on peut toujours, et pour un coût bien moindre, envoyer d’autres sondes et d’autres robots, plus perfectionnés, capables de mener la plupart des expériences que l’on souhaite. Enfin, d’autres projets d’exploration (robotisée), notamment des lunes de Jupiter et de Saturne, présentent sans doute un intérêt scientifique plus grand.

      Cela étant, je ne doute pas qu’un jour, l’exploration spatiale redémarre vraiment. L’histoire nous apprend que les plus grandes entreprises techniques et scientifiques ont été menées quand il y avait un intérêt économique ou stratégique : l’aviation, le nucléaire (bombes comme centrales), l’informatique, les télécommunications, etc. Donc soit le sera renié et s’ensuivra une course à la militarisation de l’espace, ce qui me paraît improbable pour diverses raisons, soit viendra un moment où l’exploitation de l’espace, qu’elle soit minière, touristique ou autre deviendra rentable, et elle connaîtra alors une explosion comparable à celle des télécommunications au cours de ces denières décennies.

      Ce sera là le véritable avènement du Space Age. J’espère seulement ne pas crever avant.

  1. XP

    « Qu’attendons-nous alors que la France a un sacré potentiel en tant que puissance spatiale ? »

    Les américains se demandent s’ils seront ou non sur Mars en 2030.

    Les français se demandent s’ils pourron ou nont payer les retraites en 2030.

  2. Restif

    Oui, c’est vrai que c’est fort stimulant cet article. Du coup je me mets à penser aux dettes titanesques de César, dettes légendaires, (lorsque on engueulait le futur Cardinal de Retz encore très jeune sur les siennes déjà colossales il répondait par l’exemple de César…) dettes qui l’ont certainement poussées dans son projet politique. Lequel à aboutit à la Rome impériale et tout ce qui s’ensuit…

  3. Nebo

    Ouais… ben moi qui suis endetté à mort depuis des années, je suis impatient que cela finisse… encore 16 mois à tenir pour combler mes conneries de jeunesse musicales et Vénitiennes. Ensuite, une nouvelle vie va commencer. J’ai pas construit d’empire… ^^ … mais j’ai un sacré matos de musicien qui… va encore servir avant que je ne crève… si Dieu veut.

    A ma manière, croyez-le ou non, j’ai déjà conquis Mars et y ai planté mon propre drapeau, mais personne ne le trouvera quand il ira traîner son cul là-haut… ça n’a été qu’un sublime rêve débordant de notes aux effluves opiacées…

    Je ne vous parlerais pas de ma tournée aéro-dynamique de la Galaxie… notre seul système solaire était trop petit pour moi et, au demeurant, inhabité (sauf sur la face cachée de la lune d’où les p’tits gris attendent leur heure… mais chuuuut ! Faut pas le crier sur les toits), alors je me suis attaqué à la Galaxie, j’suis pas un petit moi.

    😀

    1. Vae Victis Auteur de l’article

      Oui mais ce n’est pas de votre faute, vous êtes une victime du capitalisme.

      Dans un pays communiste vous êtes protégé, vous ne risquez pas d’acheter quoi que ce soit, puisque les magasins sont vides. Vous faites la queue 3 heures pour acheter un pain, et l’on vous dit qu’il n’y a plus rien à vendre. Vos tickets de rationnement vous servirons peut-être une autre fois… Cela renforce la spiritualité de tout un peuple.
      Et puis peu de dépense en matériel de musique, les seuls instruments disponibles sont des instruments pour des marches militaires et scander la grandeur du régime.

      Le communiste coupé de son paradis socialiste est une proie facile pour des capitalistes sans scrupules (pléonasme). Et vous voilà endetté pour 50 ans en guitares électriques et en amplis tout en perdant votre âme dans le consumérisme.

      1. Nebo

        Cher Vae Victis… je ne fus victime que de mes décisions. De toute façon je ne suis pas encore tombé sur un crétin qui m’ait sorti ce type d’arguments à propos de ma situation.
        Je vais même vous dire : lorsque mon épouse et moi avons vraiment pris la mesure de l’état dans lequel nous nous trouvions, nous n’avons même pas tenté de nous monter un dossier de « surendettement » comme beaucoup le font… nous avons étalé les mensualités à n’en plus finir et nous nous sommes serré la ceinture. Bref, nous avons assumé pleinement, et mon épouse a assumé avec moi, mes conneries. Je suis bien reconnaissant, au système capitaliste… ^^ … de m’avoir permis de nous avoir permis de nous en sortir en réévaluant notre situation.

        Eh ! Le coup du Régime Communiste… c’est pas à ma pomme qu’il faut le faire, hein ? Quoi que le cas de la Yougoslavie était un peu différent… avant la mort de Tito je n’ai jamais vu de files d’attentes devant les magasins qui étaient tout le temps très bien achalandés. C’est après la mort du tyran, la manne financière occidentale s’étant retrouvée coupée, que les files d’attentes sont apparues ainsi que les tickets de rationnements. Lorsque l’Occident n’en n’avait plus rien à foutre que l’Armée Populaire Yougoslave (qui, je le rappelle, ne faisait pas partie du Bloc Soviétique) garde pour elle l’entrée de la mer Adriatique, empêchant qu’un jour, éventuellement, les soviétiques n’y pénètrent avec fracas. C’est Churchill, je crois me rappeler, ce vieux filou, qui avait instauré ça avec Josip Broz dit « Tito » en échange d’une protection contre l’invasion soviétique et d’une aide financière considérable. Ainsi la Gôche occidentale avait belle allure lorsque durant des années elle n’arrêtait pas de dire : « Regardez, la Yougoslavie est un exemple : on y pratique l’Autogestion et économiquement tout se passe bien ! En plus, on peut rentrer et sortir du pays comme on veut ! »
        Alors que toute l’économie yougoslave était sous perfusion occidentale en échange de la protection de l’entrée de l’Adriatique, et que les sorties du pays avaient été autorisées par le Régime uniquement pour que les travailleurs qui partaient à l’étranger puissent envoyer des Devises au pays en masse. Quand on leur dit ça, aujourd’hui à nos Gôchistes, ils restent généralement muets.

          1. Nebo

            C’est exact… je suis affilié à l’Internationale Secrète… mon rôle, décidé en haut lieu par quelques dirigeants trotskystes amateurs de whisky écossais, est de faire de l’entrisme au sein de la réacosphère qui, le moment venu, sera apte à passer à l’action car nous lui aurons retourné le cerveau avec les théories forts judicieuses de Jean-Claude Michéa, notre valeureux gourou caché, imam de la révolution qui vient. Il m’ont chargé de la plus délicate des opérations : m’attaquer à ILYS… et ben putain, laisse-moi te dire que c’est pas d’la tarte c’t’affaire !

        1. Restif

          Je connais fort mal Tito et son régime. J’imagine qu’il y a de très nombreuses raisons de le considérer comme un franc salaud. Mais il faut lui reconnaître une chose : il est le seul dans les territoires communistes de cette partie du monde à avoir tenu tête à Staline. Montefiore dans sa formidable bio de Staline dirigeant (« A la cour du Tzar rouge ») cite une lettre de Tito à Staline où le dirigeant yougoslave explique en termes assez peu diplomatiques que si Staline continue de lui envoyer régulièrement des tueurs comme il ne cesse de le faire, il va lui rendre la politesse, et avec de meilleurs chances de réussite. Il parait que l’avertissement fut entendu. Entre despotes, on se comprend.(Quoi que je me demande si le mot « Despote » suffit pour Staline. Et jusqu’à quel point il n’est pas assimilable – c’est un Géorgien après tout – aux Khan de Mongolie, à Tamerlan, Attila, Gengis Khan.De fait, son empire n’aura pas duré plus longtemps . (Le destin de la Mongolie m’a toujours fasciné.Pensez que ce petit pays devenu un oublié du monde régna sur la Chine et la Russie réunit et faillit bien conquérir toute l’Europe, qu’elle fit d’ailleurs vivre sous la terreur de ses invasions. Heureusement qu’il y eut les champs Catalauniques.

            1. Restif

              Évidemment! D’ailleurs, j’ai lu que dans l’iconographie et la sculpture du X-XI siècle il existait un Christ au glaive entre les dents. Preuve s’il en était besoin qu’Avenir radieux et Jérusalem céleste sont un, et qu’un bon chrétien ne peut-être qu’un communiste. Ça ne se discute même pas.

          1. Gil

            « Mais il faut lui reconnaître une chose : il est le seul dans les territoires communistes de cette partie du monde à avoir tenu tête à Staline »

            J’ai toujours eu l’impression que c’est parce que Tito, c’était un Staline à l’échelle réduite de la Yougoslavie. Voir les massacres pendant/après la 2º GM. Staline s’en est rendu compte. Et à l’idée d’affronter un double de lui-même, on comprend qu’il ait eu les boules… de là à dire que c’est un compliment…

            Mais j’arrête là, je ne parle pas (plus) aux communistes et je suis bourré.

            1. Nebo

              C’est surtout, je pense, que pas con, le Stal, il s’est dit : « 80% des oartisans étaient serbes… la majorité des Tchetniks, plus de 90%, étaient serbes… les serbes ont tenu tête 5 siècles aux Ottomans, ça me donne à réfléchir si je les envahis. En plus il est pas facile le Tito, il ne se soumet pas à mon Culte. Et puis y’a Churchill qui m’a promis une bombe atomique dessus la Place Rouge si je faisais chier son frère maçon et communiste. Alors je vais laisser couler. Mais je vais renforcer, aussitôt, mon pouvoir dans les autres pays satellites pour bien montrer qui est le patron. »

              Rappelons que la rupture entre Staline et Tito se déroula par étapes à partir de 1945 et fut définitive en 1948, date à laquelle les soviétiques n’avaient pas encore la Bombe atomique et les anglo-saxons en ont profité pour « pactiser » avec Tito tout en tenant les soviétiques à distance. Ô Joies de la géostratégie…

              Après, depuis la mort de Tito… puis la chute de Milosevic, des langues se délient, des dossiers s’ouvrent… des légendes urbaines font leur chemin en ex-Yougoslavie. Car ce qu’il faut savoir : Tito avait un accent assez prononcé quand il parlait le serbo-croate, de plus il faisait des erreurs horribles dans les déclinaisons. Officiellement, Tito était de père croate et de mère slovène, mais… à ce que disent certains très sérieusement… il aurait été :

              1°) soit un agent russe infiltré en Yougoslavie par Staline pour se présenter comme yougoslave au sein de La Ligue des Partis Communistes Yougoslaves pour prendre le pouvoir en son nom et rapprocher l’influence soviétique de l’Adriatique.

              2°) soit, le top du top en matière conspiratrice, il aurait été le fils caché de Churchill que celui-ci aurait eu avec une prostituée en je ne sais quelle occasion, ce qui fait qu’il l’a toujours eu à la bonne… ^^

              Je ne dis pas du tout que ces « théories » soient vraies… ou fausses… mais comme qui dirait : y’a pas de fumée sans feu.

              Même le communsime, dans cette affaire, a une drôle d’allure.

              ha ha ha ! Enjoy life… cause life is sweet and then you die.

            2. Gil

              Ben, c’est vrai qu’il y a une petite ressemblance entre Churchill et Tito… alors j’opte pour la 2º.

  4. Jazzman

    Ils sont allés sur la lune pour ramasser des cailloux.
    Si un géologue a le choix entre une jeep pour aller chercher plus de cailloux et un trépan pour faire un carottage, qu’est-ce qu’il choisit ?
    La jeep. Trois fois de suite.

  5. Sweeney Todd

    « Ils arrivèrent sur d’étranges terres bleues et y apposèrent leurs noms. Ici, tel cours d’eau devant l’Hinkston, tel carrefour la jonction Lustig, tel fleuve Le Black, suivis dela forêt de Driscoll, du mont Peregrine et de Wilderville,autant de noms qui rendaient hommage à des personnes età ce par quoi elles s’étaient signalées. Là, les Martiensavaient tué les premiers Terriens et ce fut Villerouge, àcause du sang versé. Là avait péri la DeuxièmeExpédition, et ce fut Deuxième Essai. Et partout où lespassagers des fusées avaient posé leurs chaudrons ardentset calciné le sol, des noms remplacèrent les cendres, et ily eut naturellement une butte Spender et une NathanielYorkville…Les anciens noms martiens faisaient référence à l’eau,à l’air et aux collines. Aux neiges qui s’écoulaient vers lesud dans les canaux de pierre pour remplir les mers vides.À des sorciers enterrés dans des cercueils scellés, à destours et à des obélisques. Et les fusées s’abattirent sur cesnoms comme des marteaux, réduisant le marbre en schiste,écrasant les bornes en faïence qui portaient les noms desanciennes villes, ne laissant que des ruines où furent plan-tés de grands pylônes affichant des noms nouveaux :
    VILLE-DE-FER, VILLE-D’ACIER, ALUMINIUM, CITÉLECTRIQUE,MAÏS-VILLE, GRANGE-À-BLÉ, DETROIT II, tous les noms industriels, mécaniques et métalliques, apportés de laTerre.Et après que les villes eurent été construites et nom-mées, ce fut le tour des cimetières : Verte Colline, Cité desMousses, Bottes-aux-Pieds, Repose-en-Paix ; et les pre-miers morts descendirent dans leurs tombes…Mais quand tout fut proprement étiqueté et mis en place,quand tout fut sûr et arrêté, quand les villes furent suffi-samment remplies et la solitude réduite au minimum, lafine fleur de la Terre arriva. Ils venaient participer à desgalas ou passer des vacances, acheter des bibelots, prendredes photos et goûter «l’atmosphère» ; ils venaient étudieret appliquer des lois sociologiques ; ils venaient avec desétoiles, des insignes, des règles et des règlements, appor-tant avec eux une partie de la bureaucratie qui avait envahila Terre comme un monstrueux chiendent et la semant surMars partout où elle pouvait pousser. Ils se mirent àcontrôler la vie des gens, leurs bibliothèques ; ils se mirentà diriger et à tracasser ceux-là mêmes qui étaient venussur Mars pour fuir les directives, les règles et les tracas-series »
    Ray Bradbury, Chroniques Martiennes

    Faire un (très bon billet) sur Mars sans mentionner le magnifique roman de Bradbury. Une faute de goût assez peu digne d’ilys. Surtout qu’y sont abordés les thèmes mentionnées par VV. La liberté est celle dont profite les solitaires, mais le temps fait son oeuvre et la « civilisation » les rattrape.

  6. Whitby

    « Pour qu’une victoire suscite l’intérêt, pour qu’elle soulève l’enthousiasme elle doit s’exercer contre quelque chose et surtout contre quelqu’un, ce doit être une affirmation de puissance. Il n’y a réellement rien d’exaltant à ce que plus de 200 pays, ensemble, permettent à l’Homme d’aller sur Mars ».

    Ce qui est exaltant dans une telle entreprise c’est d’affirmer que l’humanité multi-tout est unie contre le passé. Le clivage stimulant est générationnel. Le progressiste trouve ses adversaires non pas chez les vivants (qu’il veut transformer et digérer plutôt que détruire ou surpasser) mais chez les morts.

    1. ernst

      « Le progressiste trouve ses adversaires non pas chez les vivants (qu’il veut transformer et digérer plutôt que détruire ou surpasser) mais chez les morts. »

      Et Auguste Comte, avec sa religion de l’humanité (donc des morts qui gouvernent les vivants) est l’exemple typique du réactionnaire, par opposition au progressiste pré-cités.

    2. Kieffer

      On ne se lève pas tôt et on ne donne pas sa sueur à grosses gouttes pour une idée aussi vaporeuse… Un projet spatial international, il en existe un : l’ISS, qui a coûté et continue de coûter une fortune, mais dont personne n’a rien à carrer. Les scientifiques eux-mêmes ne saluent en elle que « l’exploit de la collaboration »… la belle affaire.

      Pour le reste, VV, je suis à 100% d’accord. Je serais même prêt à verser tous les mois quelques centaines d’euros de ma poche pour un projet qui en vaudrait la peine et dans lequel je me sentirais impliqué (en tant que français, voire européen dans une Europe qui me ressemble – vaste utopie…). Mais il faut voir aussi que les obstacles ne sont pas que financiers et sociaux : il faudrait carrément « changer de physique » pour que les voyages spatiaux se fassent avec des moyens « raisonnables » (la Saturn V que vous avez mise en photo pesait plus de 3000t au décollage pour transporter 3 bonhommes…)

  7. daredevil

    Des riches qui veulent aller dans l’espace et qui font rêver :
    http://www.virgingalactic.com/news/item/faith/

    Besoin d’adversaires à affronter, la Chine est toute trouvée (d’ailleurs les scénaristes des séries US ne se gênent plus pour tacler les Chinois dès qu’ils peuvent) : http://www.spacex.com/usa.php

    Bande son : http://www.wat.tv/video/jay-kanye-west-lift-off-feat-3zc5z_3yy5r_.html

    Pour rêver, LA référence : http://www.youtube.com/watch?v=xRzSf7I-ozg

    Vu de France et d’Europe : http://www.esa.int/esaCP/SEMQLU1PGQD_France_0.html

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