La France est un hôtel

Évoquant le devoir des élites, le ministre Laurent Wauquiez propose d’abaisser à « 3 mois de résidence contre 6 mois » actuellement « le seuil à partir duquel vous ne payez pas d’impôts en France pour que chacun assume pleinement les conséquences de ses décisions ».

« Notre système permet à des Français qui ont abandonné leur pays pour des raisons fiscales, en allant en Suisse ou en Belgique, de continuer à vivre en France près de la moitié de l’année. Ces types d’hypocrisies sont malsains », explique M. Wauquiez qui se dit « très attaché à la notion d’exemplarité ».

Un enfant de quinze ans se dirait sans doute que la proposition de ce ministre de la droite socialiste est grotesque… Des français fortunés ne versent pas d’argent aux gens de l’État français? Alors pratiquons la politique de la terre brûlée, faisons  en sorte qu’ils n’en injectent pas non plus dans l’économie française, qu’ils liquident les SCI qui abritent leurs résidences secondaires en France et qu’ils licencient le petit personnel qu’ils emploient dans leurs pieds-à-terre parisiens ou azuréens… Mieux, encourageons-les à ce qu’ils échangent leurs statuts de simples résidents fiscaux en Suisse contre une nationalité helvète, de telle sorte qu’ils soient définitivement perdus pour les caisses du pays.

En réalité, le gamin aurait tort…. Pour l’éclairer et  lui faire toucher du doigt que le ministre n’est pas un imbécile mais un fourbe,  Il faudrait lui expliquer ce que recouvre le concept intrinsèquement libéral de  lutte des classes, l’informer que ce ministre fait partie des gens l’État, qu’à l’instar de n’importe quel autre socialiste il joue les intérêts de sa caste contre  l’intérêt national, qu’il est dans son intérêt de convaincre le peuple que personne ne peut partager les fruits de sa richesse  avec lui en consommant,  en investissant ou en employant du petit personnel, c’est à dire sans que lui et ses frères ne procèdent au partage, se servent au passage et reçoivent des hommages déchirants en remerciement de leur protection, comme un vieux mafieux devenu notable se fait épingler la légion d’honneur la larme à l’œil par l’édile dont il a financé les campagnes électorales après lui avoir fait comprendre qu’il n’avait pas intérêt à refuser…

Et puis, tout de même, rendez vous compte, si un français résidant fiscalement à Genève se casse une jambe à Courchevel et qu’il est soigné à l’hôpital public de Chambéry, il va se contenter de régler sa note via son assurance personnelle et privée, en consommateur et en homme libre, pas en assujetti ou en citoyen… Simplement payer ses consommations, sans rendre hommage au merveilleux modèle social frankistanais, sans entretenir de hauts-fonctionnaires payés pour écrire combien ce système est le plus efficace du monde, la voilà, la mentalité néo-libérale, se dit le défenseur du service public…   

A propos des exilés fiscaux, les gens de l’État ont réussi à faire circuler l’idée tordue selon laquelle on est un traître à la patrie, quand on choisit son lieu de résidence fiscal en consommateur, en allant vers le mieux offrant… Non content d’être tordu, ce point de vue est degueulasse, lui qui  induit qu’un homme ayant été un jour  instruit dans une école publique parisienne ou soigné dans les hôpitaux français financés alors par ses taxes  devrait à vie quelque chose  aux instituteurs et aux infirmières entre les mains desquels il est passé, qu’il est vis à vis de ces corporations en position d’infériorité morale, que le  fonctionnaire médecin ou  professeur ne doit pas seulement être réglé pour ses prestations mais récompensé d’être ce qu’il est par une adhésion irréversible au système qui lui assure la garantie de l’emploi par la contrainte physique… Si les socialistes et les jacobins avaient totalemant  les moyens de leurs convictions, ils fermeraient les frontières et feraient tirer sur les fuyards par des douaniers installés en hauts de miradors, c’est d’ailleurs ce qu’ont fait tous les socialistes qui ont eu  carte blanche, et c’est ce qu’aurait fait  Mitterand, en 1983, si le pays n’avait pas eu la chance d’avoir perdu sa souveraineté en 1945 et de ne devoir depuis lors sa survie qu’au pacte atlantique.

Ce que je reproche aux libéraux, c’est de s’intéresser beaucoup trop à l’économie, de ne voir en face d’eux que des contradicteurs quand ils n’ont que des ennemis, de s’entêter à croire que tout est affaire de système et non de personnes, que c’est l’inefficacité présumée du système socialiste qui est le problème alors que c’est la rapacité des gens de l’État qu’ils devraient avoir en ligne de tir… Le problème que la fonction publique pose à la France, c’est le même qu’ont posé jadis les lépreux, les Templiers, les jésuites ou les jansénistesil s’agit en vérité  d’une banale affaire de secte devenue trop grosse et trop insolente, d’ une vulgaire histoire de rapport de force qui doit se résoudre par la vulgaire solution de l’épée, comme les Chicagos Boys du Général Pinochet l’ont brillamment démontré en leur temps.

Les libéraux sont comme les autres prisonniers des dogmes de l’époque… Ils pensent qu’il ne faut  stigmatiser  personne, alors qu’il faut stigmatiser  matin, midi et  soir, c’est à dire garder perpétuellement à l’esprit que les hommes étant ce qu’ils sont, celui d’en face n’est mû que par la tentation de s’emparer de notre jardin pour nous y donner des ordres, qu’il n’y a rien au dessus de la liberté, et que défendre sa liberté, ça consiste d’abord à faire surveiller la grille de son jardin par ses chiens.

Je défend mordicus l’idée selon laquelle la France est un hôtel…. Je la trouve définitivement géniale, et si l’on veut bien se donner la peine d’y réfléchir, on constate que ce concept est une clef, pour  l’homme occidental ayant la volonté de règler le problème qui se pose à lui en notre XXIème siècle, c’est à dire son remplacement par l’homme du sud … Dans un hôtel, on entre, on sort, on y est le roi quand on les moyens de consommer, mais en aucun cas, quelque que soit nos moyens, on lorgne sur le titre de propriété de l’etablissement ou l’on ambitionne de succéder au propriétaire…. C’est ça la mondialisation: des clients d’hôtel qui se déplacent du sud au nord et qui payent, qui consomment et qui s’en vont. Le grand remplacement de l’homme blanc sur son territoire, c’est exactement l’inverse, c’est à dire  des hommes du sud qui se déplacent  au nord pour ne plus avoir à se déplacer, pour ne plus  bouger,  y faire racine et s‘intégrer, comme s’ils n’étaient pas des acteurs de la mondialisation mais des pétainistes à la recherche de bornes indépassables, d’une Patrie.

Les Chinois de Paris sont des acteurs de la mondialisation. Ils n’agressent pas les blancs autochtones au couteau parce qu’ils se foutent d’eux et de leur titre de propriété, qu’ils se croient à l’hôtel…. Le Noir, ou l’Arabe, il ne se croit pas à l’hôtel et ne veut pas entendre parler de  mondialisation, il veut  s’enraciner, coloniser ou s’intégrer, nous prendre ou se faire prendre, nous foutre des gifles ou nous faire des bisoux, nous imposer ses vers de poètes nègres ou apprendre ceux d’Hugo par coeur, ce qui revient dans les grandes lignes à la même chose.

38 réflexions sur « La France est un hôtel »

  1. Fascisme Fun

    Merde, moi qui croyait que vous alliez parler du tourisme.

    D’ailleurs, avez-vous remarqué à quel point le racisme anti-touriste fait consensus au Frankistan ? C’est devenu une sorte de xénophobie normalisée de se plaindre des touristes (« ah ces sales chinetoques qui rachètent nos Hôtels particuliers ») et comble du comble, c’est essentiellement chez ceux qui vivent de la manne touristiques qu’on entend les pires chouineries (je parle d’expérience).

    http://fascismefun.wordpress.com/2011/04/24/france-enfer-touristique/

    Si vous souhaitez obtenir le respect des français, comportez-vous en pillard, arrivez dans le pays en vous grattant les couilles, piquez dans les caisses en entubant tout le monde et sans en ramer une.

    Vous obtiendrez d’avantage de largesses en défonçant des Parcmètres qu’en rachetant le Patrimoine en faillite.

    Une fois que vous serez devenu une vraie graine de voleur, vous aurez le droit d’être protégé par le MRAP et la Licra, d’accueillir la pitié des médias et d’être considéré comme un bon français, méprise et craint de ses pairs. Le touriste ? Il est trop gentil pour être craint et trop charitable pour être aimé.

  2. Prolo De La Lite

    « ce point de vue est degueulasse, lui qui induit qu’un homme ayant été un jour instruit dans une école publique parisienne ou soigné dans les hôpitaux français financés alors par ses taxes devrait à vie quelque chose aux instituteurs et aux infirmières entre les mains desquels il est passé, qu’il est vis à vis de ces corporations en position d’infériorité morale »

    Parce que vous avez payé des impôts en étant à l’école ?

    S’il a coûté plus qu’il a rapporté , s’il n’a tout simplement pas payé la facture , oui , il a une dette envers l’état . Sauf que les exilés fiscaux étant passés à la caisse moins qu’a leur tour sont certainement inexistants .
    Le rapport à l’état peut se réduire à un simple rapport financier , un état n’est pas un pays , de même qu’un gestionnaire d’hôtel n’est pas un hôtel . Un vieux couple peut être attaché à l’hôtel de leur nuit de noce , mais au gestionnaire de l’hôtel …

    Une population est libre dans la mesure ou les individus qui la composent n’ont pas de dettes , morales ou financières , entre eux . Quel rêve , un pays où tout les citoyens , du berceau au tombeau , règlent l’addition après un restaurant , payent seulement leur addition et pas celle du voisin qu’ils ne connaissent pas , invitent ceux qu’ils choisissent à se joindre à eux , se font jeter dehors après avoir pissés dans les marmites des cuisines , font la plonge s’ils ne peuvent payer …

    Mais avec cette « notion libérale de luttes des classes » , cela passe toujours aussi mal …

    1. XP Auteur de l’article

      « Parce que vous avez payé des impôts en étant à l’école ? »

      Oh! vous faites celui qui n’a pas compris.

      L’école est un service que vous payez. Quand vous êtes tout petit et que vous avez une casquette sur la tête, vous l’avez payé par l’intermédiaire de votre papa, de votre maman ou de votre grand-mère, vous ne devez pas plus quelque chose à la marchande de casquette que si vous l’aviez payé de votre poche.

      Cela dit, vous mettez le doigt sur quelque chose:on peut admettre dans l’absolu que l’on doit quelque chose en plus aux instituteurs à condition de partir du principe qu’ils nous ont rendu un service qu’on ne pourrait pas trouver ailleurs, qu’ils se sont sacrifiés pour nous.

      Voilà, on a fait le tour. Si j’estime devoir quelque chose au système de l’éducation Nationale, c’est que je le considère meilleur qu’un autre. Si l’on veut me sanctionner parce que je pense autrement, alors on veut me punir de ne pas adhérer à une idéologie.

      1. Fascisme Fun

        Partant du principe que l’état a toujours voulu se substituer à la famille, il devient compréhensible que ses partisans les plus zêlés se prennent pour des espèces de « pères-pouvoyeurs ».

        C’est particulièrement visible chez Mélenchon, il pense que parce que son Leviathan a payé les soins et les études des exilés fiscaux, ça les transforme de Facto en « fils indignes » de papounet républicain.

        Sauf que la différence entre un père qui vous élève et l’état, c’est que ce dernier gère une immense fratrie virtuelle dont il n’a que foutre: il balance le fric et advienne que pourra.

        Si l’on pousse le raisonnement de Mélenchon jusqu’au bout, tout citoyen qui aurait raté sa vie pourrait porter plainte contre l’état, l’attaquer en justice pour « abandon de famille », lui réclamer une pension alimentaire pour n’avoir pas été foutu de l’élever dignement en sa qualité de père. ^^

      2. Prolo De La Lite

        « L’école est un service que vous payez »

        Si seulement . On paye pour un service , c’est un choix , un investissement , un acte de consommation . Dans la mesure ou les programmes scolaires sont presque les mêmes partout , ou la scolarité est de fait obligatoire , ou l’on passe à la caisse à chacune de nos actions , non . L’état impose , l’état rançonne . Il n’y a aucun lien entre investissement et rentabilité , le fait de payer beaucoup d’impôts n’améliorera pas la qualité de l’école de vos enfants . On lance de l’argent dans le pot commun , il est déversé à l’aveuglette , ce n’est pas ce que j’appelle payer .

        « vous mettez le doigt sur quelque chose »
        J’ai fait ça , moi ? On ne peut trouver ce service ailleurs pour la bonne raison que l’état s’arrange le quasi-monopole de l’éducation , même dans le privé . Les parents prêts à sacrifier leurs vacances pour payer une école privée (mais VRAIMENT privée , où l’état n’a aucun droit de contrôle sur les programmes) sont certainement nombreux . Si l’école devient une entreprise , il y a donc une exigence de rentabilité , d’exellence de la part des professeurs , une sélection , une spécialisation des connaissances .
        Il n’y a aucune dette morale à avoir envers un professeur ou un fonctionnaire quelconque dans la mesure ou il y a un monopole , un manque d’efficacité flagrant , un gouffre financier et ou l’EN ne se contente pas d’être inefficace , mais est avant tout NOCIVE .
        Si un seigneur vole tout le bétail et les terres d’une région et distribue les miettes , j’imagine mal ses serfs avoir une dette morale envers lui .

        1. XP Auteur de l’article

          A propos du personnel de l’éducation nationale, je propose deux éléments de réflexion:

          – Les enfants de 18 ans qui passent le bac ont fait sept ans d’Anglais, et soit ils ne le le parlent pas, soit il l’ont appris ailleurs, à une époque ou la moindre boite rend bilingue en six mois un cadre qu’elle veut envoyer aux USA.

          – La presque totalité des gens n’ont appris à l’école qu’à lire, écrire et compter…. Soit ils sont incultes malgré leurs très longs passages sur les bancs de l’école, soit ils ont tout appris dans les livres…

          Si l’on estimait calmement ce que les enseignants enseignent vraiment, ce qu’il reste dans les têtes après leurs passages, si l’on s’interrogeait sur le rapport qualité/prix et si l’on lançait des appels d’offres pour voir si l’on ne pourrait pas trouver mieux ailleurs, alors on s’apercevrait que vraiment, que les fonctionnaires de l’éducation nationale sont des parasites.

          Le petit con de 18 ans qui passe le Bac, il faudrait lui faire passer un audit pour évaluer les connaissances acquises sur les bancs de l’école et demander à un institut privé pour combien il aurait pû faire ça, avec le petit déjeuner et le repas du midi inclu dans le forfait.

          1. Fascisme Fun

            Il serait malhonnête de traiter l’ensemble de cette corporation de « ténia corporatiste » pour la simple et bonne raison qu’on leur en demande trop depuis la fin du collège unique.

            Transformer la plèbe en élite cultivées, c’est une exigence de rendement qui relève du délire soviétique, et c’est précisément ce que l’on demande à l’Education Nationale depuis la fin du collège unique.

            Il est normal que les profs laissent tomber, devant l’ampleur de plan quinquenal qu’ils sont infoutus de remettre en cause, alors ils font des ateliers « Rap » en espérant le débordement de trop qui va leur permettre de se foutre en arrêt-maladie prolongé (chez les profs, on peut se foutre plus d’une année hors-service, pour un motif dérisoire et avec le piston du psy ^^)

            L’exigence de transformer les bidochons en ânes savants, cela vient des planqués de l’IFUM et de Inspection académique (en général, d’anciens profs trop mauvais ou fainéants pour enseigner, mais qui font le LA en matière d’orientation des programmes et de pédagogisme, un vrai asile de dingues quoi ^^). Un peu comme si un Bleubite sorti de Saint-Cyr allait expliquer au légionnaire de 15 ans d’expérience comment faire son métier.

            Comme l’on dit dans ma famille. L’Education Nationale est la seule armée commandé par des déserteurs. ^^

            1. XP Auteur de l’article

              Rien a voir, mais je viens de lire votre excellentissime commentaire chez mon ami Didier Goux. Je le copie colle pour m’en souvenir, et pour le faire connaitre aux étourdis qui ne lisent pas Didier Goux….

              Ca:

               » c’est parce que les occidentaux ne se préoccupent pas assez de leur nombril qu’ils sont décadents. »

              « nous sommes devenus tordus au point de voir le « déclin de l’Occident » dans un concert de Lady Gaga ou dans le string d’une gamine de 14 ans. »

              Et surtout ça:

              « Nos immigrés sont pourtant mille fois plus « décadents » que nous (Afro-maghrébins = Champions du monde de l’alcoolisme et de la fornication) et bizarrement, ces mêmes immigrés sont bien plus conquérants et sûr d’eux que les chouineurs Fdesouchiens… »

              J’aurais bien aimé trouvé tout seul… Pas grave, je dirais que c’est de moi^^

              « Se bouger »

              « Changer les choses »

              « Apporter quelque chose de constructif »

              C’est horrible, on se croirait dans les commentaires d’un forum anti-OGM ou de lutte pour les sans-papiers.

              La civlisation européenne court à sa perte, c’est une évidence, mais est-ce une raison pour s’abrutir de sermons politiques lénifiants et de bougisme militant ?

              Contrairement à ce que dit Marie-Thérèse Bouchard, c’est parce que les occidentaux ne se préoccupent pas assez de leur nombril qu’ils sont décadents.

              Quand on a une vie à vivre, une famille à combler, des amis avec qui rigoler, du pognon à ramener et à dépenser, on évite de se faire chier le cerveau avec des histoires de décadence.

              C’est parce que nous ne sommes pas assez égoïstes et intransigeants que notre mode de vie s’efface peu à peu pour être remplacé par celui des immigrés, non parce que nous serions trop matérialsites ou que sais-je encore, mais parce que nous sommes devenus tordus au point de voir le « déclin de l’Occident » dans un concert de Lady Gaga ou dans le string d’une gamine de 14 ans.

              Il s’agit de la plus grosse des superstitions modernes et c’est dans la Réacosphère qu’elle se porte le mieux.

              Nos immigrés sont pourtant mille fois plus « décadents » que nous (Afro-maghrébins = Champions du monde de l’alcoolisme et de la fornication) et bizarrement, ces mêmes immigrés sont bien plus conquérants et sûr d’eux que les chouineurs Fdesouchiens… »

          2. Prolo De La Lite

            « Les enfants de 18 ans »
            Heuuuuu ?!? Quand on est capable de faire des enfants , partir au front , on est aussi capable de s’assumer , donc on peut être majeur . Rabaisser la majorité à 16 ans serait déjà un pas en avant .
            Remplacer les fraits d’entretien à destination des étudiants à la charge de l’état par des prêts étudiants à taux classique . Seuls les bons élements s’orientant dans des filières prommeteuses auront la possiblitée de les rembourser , on élimine d’office un certain nombre d’individus n’ayant tout simplement pas leur place dans de tels lieux .
            De futurs actifs n’ayant aucune dette envers l’état sont moins susceptibles de devenir fonctionnaires et auront certainement plus à coeur d’étudier , travailler et rembourser leurs dettes plutôt que manifester pour la palestine .
            De même pour l’école , le collège , le lycée . Clients , pas citoyens . Une facture à rembourser . Choix du type d’établissement , adaptés au niveau et à la future orientation .

            1. Fascisme Fun

              @Prolo De La Lite dit

              L’écolé obligatoire jusqu’à 16 ans, c’est la première des saloperies, doublée d’une véritable torture mentale pour certains adolescents.

              Dans les collège bas de gamme, il est possible de voir des grands dadets analphabètes de 15 ans et demi dans des classes dont la moyenne d’âge tournent autour de 10/11 ans.

              Que foutent ces inadaptés scolaires au collège ? On ne sait pas trop, c’est la Loi qui commande leur présence. C’est une situation très humiliante qui favorise la violence et la haine de l’autorité (« se sentir débile dans un endroit qui n’est pas fait pour vous – être obligé d’y végéter jusqu’à ses 16 ans »).

              Rendre l’école facultative, c’est le premier pas vers plus d’intelligence et de liberté rendue aux gamins.

              Il n’y a rien de plus insupportable que de voir des « phobiques scolaires » et autre « limités du bulbe » souffrir le martyr jusqu’en 3ème alors qu’on pourrait les balancer en apprentissage chez un patron dés la fin du primaire.

              L’égalitarisme produit des formes de cruautés sociale insoupçonnables.

            2. XP Auteur de l’article

              « Il n’y a rien de plus insupportable que de voir des « phobiques scolaires » et autre « limités du bulbe » souffrir le martyr jusqu’en 3ème alors qu’on pourrait les balancer en apprentissage chez un patron dés la fin du primaire. »

              Oui. Et comme ça, Zemmour ne pourrait plus dire que le patronat manque de main d’oeuvre sous-qualifiée et sous payée.

            3. Prolo De La Lite

              « Il n’y a rien de plus insupportable que de voir des « phobiques scolaires » et autre « limités du bulbe » souffrir le martyr jusqu’en 3ème alors qu’on pourrait les balancer en apprentissage chez un patron dés la fin du primaire »

              Justement non . Il y a bien sûr quelques gamins pas trop cons ayant décidé de ne pas travailler à l’école , mais ils sont très minoritaires . Le niveau scolaire est ridiculement bas , quand on est en échec scolaire en 2011 , on est rarement une flêche .
              Ce lieu commun où des jeunes en échec scolaire seraient à leur place dans le monde du travail ne tient pas . J’ai déjà travaillé avec un certain nombre d’apprentis , ceux qui ont du potentiel , sont curieux , organisés , efficaces , autonomes étaient toujours de bons élèves . Les meilleurs artisans que j’ai vu étaient toujours fils d’artisans ou anciens étudiants en architecture , avaient dans tous les cas un bon niveau scolaire , étaient loin d’être cons .
              Les gosses formés dans les lycées technniques ou autres sont jetés d’offices par les entreprises , ils n’ont aucun potentiel .
              Qu’on le veuille ou non , le vivier le plus prommeteur pour dénicher de bons artisans se trouves dans les écoles d’architecture , pas chez les cancres .
              On est rarement efficace dans le monde du travail quand on a à peine le niveau dans un milieu scolaire .
              Quel genre d’entreprises peut décemment enployer ce genre d’individus en 2011 ?

  3. nicolasbruno

    Ce que je reproche aux libéraux, c’est de s’intéresser beaucoup trop à l’économie, de ne voir en face d’eux que des contradicteurs quand ils n’ont que des ennemis, de s’entêter à croire que tout est affaire de système et non de personnes, que c’est l’inefficacité présumée du système socialiste qui est le problème alors que c’est la rapacité des gens de l’État qu’ils devraient avoir en ligne de tir… »
    Très bien vu. C’est exactement cela et c’est ce qui est à l’origine de la faiblesse de la Droite libérale française. Des techniciens et des naifs. Comme cet économiste de BFM qui expliquait ce matin que l’immigration n’était pas le problème, que ce n’était pas un facteur de pauvreté, qu’elle était porteuse même de richesse, et blablabla et en citant des chiffres qui ne veulent rien dire. Bien évidemment, les « Français de 2e, 3e génération sont de bons Fraçais bien de chez nous et ne sont ps comptabilisés…

  4. Vae Victis

    Je vous trouve très dur avec l’Education Nationale, alors qu’elle remplie plutôt bien sa mission. Si on prend le temps d’y réfléchir, elle pratique une sélection impitoyable bien adaptée à la société contemporaine. D’une part une sélection à l’intelligence, éliminant ainsi la partie basse, en-deçà de la moyenne, de la courbe de QI au sein de la population. Et d’autre part une sélection à l’usure qui consiste à éliminer tout élément qui pourrait être perturbateur, par son intelligence, son indépendance d’esprit ou son comportement.

    Au final à Bac +5 vous obtenez des gens d’une intelligence moyenne, conformistes à souhait, ayant appris pendant des années à s’ennuyer docilement, à jouer le jeu, faisant preuve d’autonomie dans les tâches simples mais jamais d’indépendance, et ne remettant jamais en cause le fonctionnement du système. Le candidat idéal pour la fonction publique ou les grosses boites, où tout ce savoir-être accumulé lors de deux décennies d’école pourra trouver sa concrétisation.

  5. Fascisme Fun

    ———————-
    @Prolo De La Lite: On est rarement efficace dans le monde du travail quand on a à peine le niveau dans un milieu scolaire .Quel genre d’entreprises peut décemment enployer ce genre d’individus en 2011 ?
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    Nos attardés de souche n’ont pas nécessairement vocation à devenir des génies de l’artisanat.

    Il existe tout un tas de métiers qui ne demandent aucune qualification particulière (dans le BTP, la restauration, la sécurité et transport) et qui sont bourrés à craquer d’immigrés.

    Mon paternel me confiait une anecdote amusante. Dans les années 70, alors qu’il effectuait un voyage linguistique en Angleterre, lui et ses camarades furent choqués de voir sur les échaffaudage des bâtiments londoniens une majorité de roux et de blonds aux yeux bleus. Pour eux, c’était une chose quasi-surnaturelle de voir des gens racés de la sorte accomplir des travaux aussi ingrâts ! ^^

    Il faut dire que pendant ce temps, au Royaume de France, les chibanis algériens et autre karlouches de Séné-Gambie se chargeaient de faire une OPA massive sur le secteur. Aujourd’hui, les gamins qui foutent le feu dans les banlieues et organisent les plus gros trafics de stup, ce sont précisément les enfants de ces « gentils travailleurs » importés…

    1. Occitania

      Vous dites qu’en Angleterre dans les années 70 votre paternel a vu des roux et des blonds user leur santé sur des chantiers ? Mais les Anglais savent y faire question esclavage du roux ! Et depuis longtemps ; voyez ce qu’en disait le regretté Serge de Beketch :

      http://www.dailymotion.com/video/x8ijau_de-beketch-la-verite-sur-l-esclavag_news

      Que l’Europe importe en masse des Barbares Africains pour en faire du bétail esclavasigé jouant le rôle de kapos du pouvoir maniant le couteau (contre le peuple indigène avide de droits, de libertés et de dignité, les salauds!) c’est dans l’ordre des choses.

      ……………

      XP comme d’habitude, je prends plaisir à vous lire et comme d’habitude je suis en désaccord avec vos arguments. Ce n’est pas la moindre de vos qualités que celle de savoir tourmenter vos contradicteurs.

      Mais il y a une chose que je ne comprends pas. Vous chantez la gloire de l’égoïsme, de l’argent, de l’individualisme, du nomadisme, du libéralisme, du libertarisme, de la libre entreprise, du refus total de l’Etat et de la nation, des inégalités, du refus de l’égalité. Soit, je vous rejoins en cela sur bien des points. Mais il y a une chose, je disais, que je ne comprends pas : pourquoi en même temps que tout cela vous rejetez l’immigration massive et la manière dont ces immigrés vivent ici?

      L’immigration massive ce sont des Barbares, individus plein de sève qui quittent leur pays décadents pour chercher ailleurs un meilleur niveau de vie, colonisant les coins ou les populations sont les plus émasculées. Ils y viennent en terrain conquis pour y appliquer ce que vous semblez louer : ils escroquent l’état, votent socialiste car ils n’escomptent que les aides sociales, les subventions, la gratuité, les courbettes, les mosquées au frais du contribuables. Ils agressent et pillent, dévalisent et violent. Partout ou ils voient l’Etat ils préparent la caillasse, partout ils imposent au volant de leurs berlines de luxe (économie mafieuse en filigrane) le son bruyant de leur rap chantant l’argent, le sexe, la débrouille et la haine de l’Etat ou de tout savoir. Cela devrait vous plaire normalement. Or, vous seriez le premier à pleurer des torrents de larmes sur ces « CPF » encombrants et envahissants… C’est une schizophrénie que je ne m’explique pas. Vous devriez au contraire les remercier pour le travail destructeur qu’ils accomplissent…

      Les idées modernes sont en partie responsables de la situation désastreuse de notre pays et de la présence corollaire de ces CPF barbares. Pourtant vous semblez porter un jugement très favorable sur ces idées modernes. Là encore vous refusez de voir les conséquences.

      Vous savez sans doute ce que disait Tacite sur les peuples d’Europe : les Gaulois se battent pour la liberté, les Bataves pour la gloire et les Germains pour la rapine et le pillage. Nos CPF ressemblent de loin en loin aux pillards Germains décrits par Tacite. Mais les Français pour leur part ne ressemblent plus du tout aux Gaulois… Là je rejoins @Fascisme Fun, les Gaulois ont perdu leurs couilles et leur dignité, voilà en grande partie pourquoi ils abdiquent devant l’Envahisseur. Mais qui les a émasculé à l’origine sinon la modernité et les idées modernes que XP défend ?

      On ne peut pas d’un côté chanter la gloire d’un certain nombre de choses puis de refuser de voir les conséquences néfastes que tout cela entraîne. L’immigration de masse est un des corollaires de vos lubies…

    2. Vae Victis

      > « Il existe tout un tas de métiers qui ne demandent aucune qualification particulière (dans le BTP, la restauration, la sécurité et transport) et qui sont bourrés à craquer d’immigrés. »

      Justement pas, ces métiers demandent aussi des hommes de l’art. Sinon il ne faut pas s’étonner qu’on bouffe mal dans la plupart des restos et que nos maisons sont remplies de malfaçons. Ces métiers sont très techniques contrairement à ce que les Français font semblant de croire.

      Des secteurs qui demandent des débiles légers, comme autrefois travailler à la mine avec un pic et une pioche, il n’en reste plus beaucoup.

      1. Fascisme Fun

        Les « attardés du bulbe » et autres « phobiques scolaires » dont je parlais, ce sont ces millions de damnés du collège unique que l’on a fait traîner jusqu’en 3ème et au Baccalauréat (j’en fais partie ^^), victimes de l’égalitarisme et adeptes de l’école buissonière qui auraient pu autrement mieux s’épanouir en accumulant une somme d’expériences et de fric dans des petits boulots.

        En Hexagone, les ânes bordés de reliques (autre métaphore du GVD cher à XP) travaillent à culpabliser les bosseurs et à fortiori les jeunes bosseurs en liant la réussite personnelle à une accumulation de titres et de diplômes.

        A chaque fois que l’on vitupère contre les « pauvres jeunes sans perspectives bazardés en Lycée-Pro », on crée chez eux les graines du ressentiment et de la haine. Car comment pourraient-ils avoir des perspectives si on les traite d’emblée en handicapés de la vie ? Commen pourraient-ils avoir envie de bosser s’il est mieux vu d’obtenir un Master bidon en Info’Com plutôt que de savoir réparer la tuyauterie de Madame Michu ?

        Inculquer l’envie chez le petit-peuple de cette manière, c’est un procédé dégueulasse typiquement français. Aux USA et au Canada, il n’est pas rare de voir des fils de bourges servir l’essence aux redneck des petites stations de campagne, ce n’est pas infâmant comme job d’été. Le travail est la norme et non une espèce de « monstruosité sociale » que l’on essaye de contourner par les études comme en France.

  6. Fascisme Fun

    @XP

    Je suis réellement flatté que mon commentaire chez Didier Goux vous ait plu.

    @Occitania

    Avant d’essayer de sauver le monde, les réacs et les fafs doivent apprendre à être heureux. A chaque fois que des gens tristes font la révolution, ça donne le plus vilain des résultats.

    S’arrêter aux signes du déclin, c’est s’attarder au bord du précipice en risquant d’y plonger et ça n’arrête pas le déclin pour autant. ^^

    Depuis les Babyloniens, il est d’usage de chouiner sur la perte des valeurs et l’indolence de la jeunesse. La décadence pernicieuse qui est nôtre, elle commence dés lors que l’on inocule ce discours dans la jeunesse des Marie-Thérèses Bouchard et cie, que l’on remplace l’egoïsme sacré par le charity business.

    Le désastre absolu de la décadence, c’est lorsqu’un homme dans la fleur de l’âge se met dans la tête d’aller soigner les pitis africains du Niger au lieu d’aller fumer des pétards et de s’éclater en boîte de nuit, de sacrifier son égoïsme personnel au bénéfice de celui des autres, en somme.

    Il faut s’abstenir de croire qu’après l’hyper-sexualisation et le narcissisme des générations connectées à Facebook, il y a forcément l’Apocalypse. Etant donné que le monde change à une vitesse folle, arrêter l’Histoire à ces détails risibles, c’est s’enfoncer dans le tertre d’un mégalo qui n’a plus les moyens de ses ambitions.

    Le réac se penche sur la micro-pétasse de 12 ans qui se fringue comme Kate Moss de la même façon que Nicolas Hulot se penche sur les déboires du nucléaire japonais: en prenant le ton grave et défintif de celui qui SAIT et qui croit commander. C’est à la fois über-pédant comme attitude et révélateur d’une obsession du contrôle chez celui qui ne contrôle plus rien justement.

    Mieux vaut ne rien contrôler du tout que contrôler mal. (tiens, ça ferait un bon slogan libertarien)

    Aujourd’hui, les barbares des nos Banlieues sont peut-être forts mais qui saît…demain il seront peut-être encore plus pédés que nous. Il ne faut déséspérer de rien. ^^

    1. Fascisme Fun

      C’est tout un pan de l’édifice soralien qui s’écroule avec votre message, vous savez ? ^^

      Nos immigrés n’aspirent qu’à s’occidentaliser de traviole et c’est très bien ainsi. Quand ils se cantonnent à s’abrutir de Rap et à faire des rallyes de moto-Cross sur le seuil du Trocadéro, il ne nous menace aucunement.

      http://www.youtube.com/watch?v=CgmSwjA4iO0 (CROSS BITUME dans Paris)

      Perversion républicaine oblige, les choses se compliquent à partir du moment où ces immigrés deviennent apatrides, ni véritablement français ni blédards, d’où une frustration grandissante qui leur fait considérer la terre où ils s’ébattent comme la dernière des ressource possible. Ils ne seront plus apatrides pour longtemps (situation intenable) mais républicains ou arabo-franchouillards.

      D’où la haine et les intimidations (en haut comme en bas de l’échelle – de Rokhaya Diallo à la petite frappe chawiesque), d’où les violences et la guerre continue des berçeaux. Ils savent qu’ils ne reviendront pas dans leur bled, ils savent également que leur présence en Europe est un rodéo constant, qu’ils devront dominer le Tigre où alors se brouter violemment au sol.

      Ainsi que le disait XP, si nos afro-maghrébins avaient comme les chinois des envies de « mondialisation », un échappatoire géo-économique où ramner leur fraise, ils n’auraient aucune raison de se comporter en soldats en quête d’enracinement.

  7. Restif

    Depuis le dix neuvièmee, le concept d’angoisse, comme dirait Kierkegaard, est arrivé dans le monde. Il ne s’agit pas de se couvrir la tête de cendre et de savonaroliser à grandes clameurs, mais de se rendre compte d’un fait : depuis le pré romantisme, on a plus cessé de trouver qu’il y avait quelque chose dans le monde qui rendait pénible l’existence en elle-même. « quelque chose de pourri » mais pas seulement au royaume du Danemark. Colin Wilson, dans ses romans, en est même arrivé a imaginer qu’une race extra terrestre s’était emparée, ç cette époque du 19ème, de l’âme humaine pour la mener au suicide .C’est évidemment une métaphore, mais il s’est sérieusement posé la question à partir de sa connaissance des poètes romantiques anglais, tous quasiment morts avant l’âge de 30 ans et peu joyeux de nature, quoi que capable d’admirables chants d’enthousiasmes. Mais le fond est à la mélancolie. Pour le dire bref, jamais au 18ème avant Rousseau on ne trouve d’expression de la conscience malheureuse. On est malheureux parce que telle ou telle chose vous arrive, deuil, ruine, échec, mais pas simplement du seul fait de vivre. Il faudrait remonter à Marc Aurel (temps de crise…) pour retrouver quelque chose de semblable, encore Marc Aurel a-t-il en vu la sagesse. Il a un but. Mais en tous cas du 12 au 18 ème inclus (sauf Rousseau, et c’est bien pourquoi il est la clef de notre modernité) on ne trouve qu’individus cherchant le bonheur. Et si vraiment on cherche autre chose on se fait moine. Le 17ème de Talleimand, de la Sévigné, de Retz, aurait été stupéfait des problèmes que se pose un Baudelaire, les tensions d’un Bloy et tant d’autres. Et plus tard les douleurs d’un Artaud, le journal de Kafka, Bataille, leurs auraient paru relever directe du cabanon. Mais à partir du 19ème, avec le Journal d’Amiel, ce monument méconnu si influent pourtant (« le paysage est un état d’âme », c’est de lui, on sait, on peut lire le succès de cette conception dans la littérature), avec Flaubert dont la Correspondance retentit de sa tristesse, de ses « la vie n’est pas gaie » (je résume ^^), c’est toute une littérature de la douleur de vivre qui nait. De Musset à Bloy. Comme contre courant , la théorie du progrès avec Hugo, Michelet, Zola. Tous des défenseurs de la Révolution française, comme par hasard. Les choses n’ont guère changé : il y a ceux qui chantent le progrès et ce qu’on a obtenu, ce qu’on va obtenir et clament qu’il serait stupide de s’angoisser quand la vie a de telles cadeaux à offrir, et il y a ceux qui se sentent mal dans un monde d’où « dieu s’est enfui » comme l’a écrit Heidegger. Voilà un nom qui s’impose : car pour Heidegger nous vivons bien dans cette époque où la technologie est – à ses yeux- une métaphysique ou plus exactement la traduction d’une métaphysique en acte, une métaphysique qui traduit le retrait de l’etre et une perte du sens par rapport aux pré-socratique. Le temps de l’anxiété. On est quand même en droit de se poser la question : pourquoi Kierkegaard, pourquoi après lui Heidegger, pourquoi Ionesco, Kafka, Becket et toute l’école de l’absurde? Oui, il me semble qu’on est en droit de se poser ces questions sans être taxé de vieux flanc avachi ou d’amants de la douleur de vivre. Et puis, il ne faut pas oublier que les caractères sont différents; certains jouissent d’un pétard et d’une bonne baise, d’autre recherchent bien autre chose, ce qui résonne (et raisonne^^)en eux est infiniment plus complexe, pour ne pas dire plus haut ce qui serait trancher dans leur sens. Mais j’avoue que je comprends fort bien les âmes pour qui le matériel n’est pas , ne peut pas être, la seule raison d’être présent sur cette planète. Et répondre à ce type d’âme et à tous ceux qui ressentent ce qu’on ressentit tant d’écrivains et de poètes depuis plus de 150 ans maintenant « cool man, tape le oinj, ne pense qu’à ta gueule ça ira beaucoup mieux », et bien ça peut sembler un brin dérisoire. Ennemi de toute grandeur.(Et ça ne leur dit rien). Il est en tous cas certains que ce n’est pas de ce type de comportement que sortiront les nouvelles cathédrales. Il doit bien exister un dépassement du débat dolorisme/jouissance.

    1. rudolf hoax

      Ce que vous dites est juste, mais ne contredit pas ce qui a été écrit plus haut, à mon sens. D’abord parce que le conflit d’aujourd’hui n’est pas entre la matière et l’esprit. Non pas qu’il ne soit pas présent, mais il l’a toujours été, depuis l’origine, avant même d’être identifié dans le Parménide de Platon. C’est une tension présente chez chaque individu jusqu’au plus fruste, dès l’apparition de la plus forme la plus primaire de l’idée. C’est un conflit qui se situera toujours hors du siècle, qui ne tend pas à être résolu.
      L’injonction à l’égoïsme et à la jouissance personnelle n’oppose pas le matériel au spirituel, car il existe en réalité une dimension très spirituelle à la défonce et à la lubricité: Baudelaire goûtait au haschich et aux filles de joie, ne répondait de ses péchés que devant Dieu, et l’a finalement rejoint terrassé par la syphilis. Il affirmait précisément par sa débauche son peu de considération pour la matière.
      Le matérialiste, c’est celui qui considère que la matière compte, qu’elle est autre chose que rien, qui ne lui oppose pas l’esprit. En d’autres termes, qui considère que le corps prime sur l’esprit individuel, et qu’en tant qu’il est matériellement dépendant du collectif, il en est la propriété. Que les tracasseries de la chair engagent le destin de la communauté, qu’elle y a droit de cité, que l’esprit responsable doit lui en rendre compte. Voilà pourquoi les millénaristes, à toutes les époques, s’occupent en premier lieu du trou de balle de leur prochain. Si nous devons aujourd’hui faire valoir notre égoïsme, c’est précisément pour maintenir l’ascendant de l’esprit, dont l’individu est le seul vecteur. Pour perpétuer la civilisation (du moins telle qu’on la conçoit en terre chrétienne).
      Et puis il faut garder à l’esprit, tout simplement, que les poètes font le génie d’une époque, pas sa vertu. Le bourgeois a été l’objet de toutes les haines et de tous les mépris, parce que dans sa dimension aristocratique l’art s’est fait le relai du ressentiment de la noblesse déchue, et personne ne remettra en cause ce que cette opposition a engendré de sublime. Mais il est tout aussi vrai que le bourgeois conspué était, à la même époque, la figure de la civilisation en marche, la forme renouvelée de ce qu’était l’aristocratie. Que la vertu individuelle était celle de l’entrepreneur, pas du poète maudit. Les écrivains d’alors ont couché sur papier la mélancolie et l’angoisse qui sont celles de l’individu qui avance vers l’inconnu, ils en ont fait de la littérature. Cette littérature est d’une grande valeur, mais elle appartient à son auteur et non à son objet.

    2. Il Sorpasso

      On peut même dire que la littérature pré-dépressive est consubstantielle du progrès ou, plus précisément de l’éloge du progrès, c’est à dire de l’éloge de ce monde ici-bas. Jamais avant (disons avant le XIXeme voire le XVIIIeme finissant), il me semble, on n’a trouvé des forces politique pour vanter l’avenir radieux, le social, la communauté, le collectivisme (pour eux-mêmes). Je pense que l’angoisse justement vient de là. C’est l’optimisme béat qui est déprimant-pour les gens fins, car il nie l’individu. On ne rit pas de l’optimisme, monsieur, le progrès c’est du sérieux, pensez aux masses !

      D’ailleurs, depuis que M Toulemonde a accès à la consommation, les chantres du zozial voient la technique (ou la pub) d’un oeil mauvais, les voilà reconvertis dans les croisades pour l’écologie, l’aide aux pvd, la santé pour tous, les services publics, la décroissance, l’antilibéralisme. Interdit de jouir pour soi !

      1. Fascisme Fun

        @Restif, Rudolf Hoax et Il Sorpasso

        Commentaires géniaux !

        Il y a effectivement une singulière tristesse qui sied aux temps modernes mais est-on bien sûr des origines du malaise ?

        N’est-ce pas la simple hausse du niveau de vie qui rend possible l’art de chouiner ? La dépression entendue comme luxe des ventres bien remplis. ^^

        http://www.youtube.com/watch?v=FLD5ac_D-NQ (Houellebecq de A à Z : D comme Dépression)

  8. Restif

    C’est intéressant ce que vous dites Rudolf Hoax . Un point cependant: vous dites que ce que j’écris ne remets pas en question ce qui a été dit plus haut. Mais ce n’était pas mon but. Je ne fais que me poser des questions. Donc c’est fort intéressant ce que vous dites, vraiment, mais ça ne me convainc pas entièrement : car POURQUOI l’émergence du complexe d’angoisse? Ça vous n’y répondez pas. Il sorpasso me semble mettre en partie le doigt dessus. Mais il est tard et les mots m’échappent. Essayons un pur et simple brouillon que j’envoie (tant pis), car si je remets à demain je n’écrirais peut être rien.
    C’est très complexe.
    Car l’atomisation d’une société en une myriade de petites entités ne cherchant que leur jouissance peut déboucher sur la tyrannie de la jouissance et sur le nivellement pas le bas de cette société, sur l’arasement des plus hautes qualités, sur l’effacement d’un art digne de ce nom. Tocqueville dans sa Deuxième démocratie a bien vue les dangers d’une mauvaise pente de la démocratie : la tyrannie de la bassesse. Ce qu’il y avait avant et qui s’est perdue, c’est un équilibre; équilibre entre d’un côté le désir de réussir, de se dilater le moi, et de l’autre côté le sentiment spirituel d’appartenance à une place, à un rang,(même petit) à une sphère, à une société qui sait qui elle est et ou elle va et in fine à un ordre relié à Dieu. Le bourgeois ne me semble pas tant que cela le relais des valeurs aristocrates, loin de là même: celles-ci ne mettaient pas l’argent tout en haut, loin de là. Le nom, l’honneur de caste jouaient un rôle énorme, le sens de « servir » aussi, même si ce pouvait être assez abstrait, c’était quand même profondément ancré. Ces valeurs l’emportaient. Lisez le discours du père de Dom Juan dans Molière, c’est un résumé de ces valeurs. Le bourgeois lui n’a plus qu’une valeur : la réussite de sa boutique, même au prix de la ruine de tout ordre -voir 89, réussite bourgeoise. Le bourgeois n’a qu’un seul pôle. Mais il traduit son époque,il en est le pur produit, ce n’est pas le diable. Si les poètes et littérateurs l’ont uniment maudits c’est qu’ils ont ressenti en lui le symbole d’un mal être, d’un défaut dans la nouvelle société qui se construit et qui est mère directe de la notre. Et ça il faudrait quand même l’expliquer, car c’est la première fois que le fine fleur de notre littérature se trouve ainsi un ennemie,; il ne s’agit pas de quelques individus, mais de toutes les grandes plumes quasiment.Encore une fois : pourquoi? Je ne dis pas qu’il est le mal ce bourgeois avec sa boutique pour seul horizon. J’observe simplement que cela n’a pas l’air de suffire à l’Homme et qu’un monde sans autre idéal dépérit de l’âme –voir nos arts, notre sculpture, notre musique. Le sentiment de servir une caste , d’avoir le roi au dessus (qui lui même avait dieu)était un ciment puissant pour le moi (mais c’est brisé pour de bon hein, comprenez-moi, je ne recommande pas un impossible retour. je ne fais que problématiser). Bref : il me semble que quelque chose s’est cassée avec la Révolution française. Je ne sais comment m’exprimer et le temps me manque cruellement : il ne s’agit nullement de condamner l’argent ni un sain égoïsme. Mais de remarquer que la conscience malheureuse a bien une raison, qu’on ne saurait faire porter le blâme sur les poètes et écrivains qui n’ont jamais fait autre chose qu’exprimer le moi secret d’une époque, son essence. Or pourquoi se sont-ils mis à se sentir si mal? ! pourquoi est-on passé de Ronsard chantant la chair, Maherbe bon vivant à Musset, Vigny, les romantiques anglais et les romantiques allemands peut être encore plus éthérée et haïsseur de la matière voir amants de la mort ? C’est ça qui n’est pas expliqué. Et je ne puis m’empêcher de me demander si Il sorpasso ne nous mets pas sur la voix. C’est lié, d’époque, à l’apparition des doctrines collectivistes (elles existaient mais sous la forme d’utopies purement individuelles) doctrines qui finalement se proposent de remédier à ce mal, mais d’une manière extraordinairement matérialiste, en ne misant que sur le partage d’objets. Ça rate parce que l’homme n’aime pas partager de force, qu’il ne nait pas partageur, et je répète que la solution est en elle-même matérialiste en diable. Il m’apparaît que le mal être – qui existe hein, je n’invente pas l’angoisse moderne – est lié à l’émergence d’un monde où on ne connaît plus sa place. Avant il ne s’agissait pas de rester dans celle-ci, mais du moins avait-on une idée du tableau du monde. Aujourd’hui nous avons perdu tout sentiment d’appartenance à un idéal commun transcendant l’individu mais le laissant libre de s’accomplir. Car encore une fois, il ne s’agit pas chez moi de condamner, mais d’observer. Le concept d’angoisse existe massivement .Et si la littérature l’a traduit ce n’est pas parce qu’elle l’a inventé, mais parce qu’il était là. Pourquoi est-il apparu? Tout est là. Il me semble que notre époque passe par une crise des valeurs qui fondent l’humain assez analogue à celle qui a secoué le monde au troisième siècle. Mais le christianisme est venu remettre de l’ordre, un ordre. Aujourd’hui, le christianisme est exsangue en tant que ciment commun. Il n’y a plus de religion au sens étymologique du mot –religere, ce qui relie. Qu’est ce qui va venir ? Y-a-il un courant nouveau au bout de la mondialisation? Qu’elle st cette chose qu’entrevoyait Heidegger pour après le « temps de la dévastation » ? questions, questions questions…

    1. Il Sorpasso

      On pourrait dire pour rester cohérent que la religion matérialiste a remplacé la religion chrétienne. Et dans religion matérialiste c’est le religieux qui est important, car il ne s’agit pas de remettre en cause les bienfaits strictes du capitalisme technique, mais le fait -religieux- qu’ils soient sans cesse accompagnés d’une morale, c’est à dire inclus constamment dans un discours ayant pour but non l’individu, mais la masse, la société. Il n’y donc pas absence de valeurs, mais trop-plein de valeurs (de bonimenteurs, de Homais, de Roselyne Bachelot ). Enfin, je le répète, le matérialisme comme religion qui s’ignore ne mène pas à l’individualisme justement (et les bonimenteurs sont les premiers à faire cette erreur qui les arrangent) mais au narcissisme, ce qui est différent : une demande d’attention constante qui dégénère en obsession de sécurité, puis à la tyrannie (lois, groupes de pressions, associations, haine de la liberté des autres dans l’incapacité de l’étreindre). Et tout ceci tourne ainsi en cercle vicieux : les collectivistes déplorent l’avènement du narcissisme en le nommant faussement, alors qu’ils l’entretiennent par leur zèle à faire disparaitre toute frontière (dans tous les sens du terme*).

      Il n’y plus de religion dans le sens de religere car il n’y plus rien qui sépare.

      *d’où la vision géniale de Muray d’occulto-socialisme, les archéo-socialistes étant tout autant préoccupés de progrès sozial que de communication avec l’au-delà; la mort, cette ultime frontière, leur était obsédante, d’où in fine la haine, d’instinct, envers le catholicisme.

  9. Restif

    @ Rudold Hoax, en réponse à votredernier com. Juste deux mots (hum^^), parce j’estime ne pas vous avoir répondu (ou mal, ou de manière trop brumeuse) alors que ce que vous avez écrit m’a vivement frappé. Encore une fois, c’est vraiment intéressant, et il y là des vérités bonnes à lire. Je me permettrai simplement de vous faire part des points de votre réflexion qui ne réussissent pas à combler mes interrogations.
    « . D’abord parce que le conflit d’aujourd’hui n’est pas entre la matière et l’esprit. Non pas qu’il ne soit pas présent, mais il l’a toujours été, depuis l’origine, avant même d’être identifié dans le Parménide de Platon. C’est une tension présente chez chaque individu jusqu’au plus fruste, dès l’apparition de la plus forme la plus primaire de l’idée. C’est un conflit qui se situera toujours hors du siècle, qui ne tend pas à être résolu. »
    Rien n’est plus vrai. Mais ce conflit jusqu’à présent se résolvait (en partie,disons trouvait sa place dans une vie et une conscience architecturée) qui, donc, se gérait dans un équilibre qui valait ce qu’il valait mais ne débouchait pas sur toute une littérature et une lignée de penseur de l’évidement du sens et de la réification de l’homme a cessé d’être gérable, il a envahi tout le champ des arts -ce qu’il en reste- et de la pensée. Voir ce qu’écrivent des penseurs – d’ailleurs de « gauche » comme de « droite »- : Bernanos et sa « France contre les robots », Gunther Anders et son « L’obsolescence de l’homme », Hanna Arendt et sa « condition de l’homme moderne » , voire un Ellul que je ne connais pas mais que je cite parce qu’on m’a dit qu’il prenait place dans ce débat (?). Et Heidegger bien sûr, le principal avec son prédécesseur Kierkegaard dont la critique de la pensée hégélienne débouche sur le rejet des pensées du système et donne toute sa place à l’absurde jusque dans la religion même, surtout dans la religion, tout en prenant en compte l’existence et l’absence de rationalité qui est au coeur de celle-ci comme jamais on ne l’avait fait.. Donc pourquoi ce conflit que vous dites à juste raison traditionnel, humain, en est-il venu à dépasser de beaucoup la classique dichotomie platonicienne entre science et sensation (celle-ci ne pouvant aboutir à la science selon Platon). Jamais ce conflit « cette tension qui existe chez le plus fruste » comme vous dites, n’avait débouché au cours des siècles sur une pensée de l’angoisse, sur un existentialisme où l’être se cogne et se blesse à la vie. On en revient à la question du pourquoi, pourquoi l’apparition d’un être-au-monde-dans-la-douleur et d’une littérature essentiellement témoins de cela dans ses plus grands poètes et auteurs ? Jusqu’à la musique finissant dans le chaos et sa propre dérision ? Ce n’est plus la tension dont vous parliez, – mettons tension entre les haute aspirations et le réel, le dieu et l’animal ou le désir de l’impossible et le principe du réel, c’est tout autre chose. Ce qui émerge à partir du pré-romantisme et continue avec l’absurde du XXème et encore aujourd’hui va s’élargissant avec un « art » qui va jusqu’à la mutilation, le dépeçage et la torture d’animaux, la chirurgie sur son propre corps à des fins « artistiques », toutes choses qui me semblent trahir un malaise immense, voire une maladie de l’espèce tout autant que l’autre pôle de notre abaissement, la quête soi disant désacralisatrice de l’art d’un Jeff Kuntz & co, l’autre pôle de la perte du sens de la beauté, de la quête de la grandeur et qui trahit à mes yeux un malaise par l’exhibition même d’une fausse joie qui se prétend hédoniste. Et le fait que l’artiste contemporain le plus côté (avec Damien Hirst) ait lié sa vie à une actrice de porno est hautement révélateur à mes yeux d’un désir der rabaisser l’art qu’on incarne aux yeux des foules. A propos de Hirst il incarne bien le macabre en tant que destruction de l’art, rappelons nous quand même l’œuvre qui le fit vraiment connaître : Mother and Child Divided, une vache et son veau découpés en tranches et immergés en fil indienne dans une suite d’aquariums. Une société qui produit ça et met son auteur à 100 millions de dollar ne va pas très bien me semble-t-il. Donc si le problème peut paraître ancien 1) jamais on n’y avait apporté une telle réponse ou plutôt une telle absence de réponse, absence douloureuse. Ce qui m’amène à mon 2) Vous le dites vous-même, « le conflit d’aujourd’hui n’est pas entre la matière et l’esprit »: précisément, on n’est plus dans la problématique de la bonne vieille tension entre matière et esprit. Alors dans QUOI? Moi je vois plutôt une tension de l’esprit d’avec lui-même, une tension qui tend à l’insupportable. C’est ça qui me semble nouveau, la schizophrénie; (faisons remarquer que c’est en 1911 seulement que le terme apparaît…l’esprit de retournant contre lui-même -le clivage, l’aliénation de l’esprit par lui-même. (on pourrait citer des »modernes » –à partir de 1800 si on ôte Rousseau –qui écrivent sur le clivage de leur esprit des choses jamais écrites auparavant. C’est ainsi dans le 1er Faust qu’on trouve à ma connaissance pour la première fois l’expression directe de la coupure en deux « deux âmes habitent mon cœur »).
    Vous me faites une autre remarque à laquelle je n’ai pas répondu :  » Les écrivains d’alors ont couché sur papier la mélancolie et l’angoisse qui sont celles de l’individu qui avance vers l’inconnu ». Mais au 16ème on s’avance encore bien plus vers l’inconnu! C’est même une crise épistémologique de première grandeur. Avec la découverte de l’Amérique non seulement le monde s’agrandit mais on commence à se demander comment il se fait que des hommes aient pu être oubliés par la Bonne nouvelle (c’est le sens du mot « Evangile ») par la parole du Christ. Puis c’est Galilée, Luther…Si une époque a été frappé par l’inconnu c’est bien la fin du 15ème et le 16ème. Or il n’en est pas résulté l’angoisse, mais bien au contraire son inverse : l’enthousiasme. Il n’est que de lire Rabelais pour découvrir la joie de vivre de l’époque, cet enthousiasme qui s’empare des humanistes à la redécouverte de l’antiquité et de sa civilisation qui ne maudissait pas la chair, ces grecs et latins philosophes -quel continent disparu s’ouvre, quelle merveille! (et nous qui voyons s’ouvrir tant d’horizon -sciences, informatiques etc, pourquoi l’angoisse? pourquoi ce non art?). Montaigne ne s’angoisse pas, et si Nietzsche l’aime tant c’est bien parce qu’au contraire le bonhomme respire l’amour de la vie. Ronsard aussi. Rien n’explique ce qui arrive à l’Homme depuis maintenant près de 200 ans. Si ce n’est, peut-être, l’avènement de l’ère démocratique .Souvenons nous de ce que nous dit Tocqueville : « La tyrannie croîtra forcément avec l’égalité » » Et ceci, capital à mes yeux : « Les sentiments et les idées ne se renouvellent, le cœur ne s’agrandit et l’esprit humain ne se développe que par l’action réciproque des hommes les uns sur les autres. J’ai fait voir que cette action est presque nulle dans les pays démocratiques ». Enfin cela : » Plus les conditions deviennent égales, moins les hommes sont individuellement forts ». Je crois précisément que les raisons (ou du moins certaines des raisons les plus fortes) de la naissance de l’esprit d’angoisse est la mise en danger de l’individualité, et que c’est précisément cette mise en danger qui a tant effrayé, d’instinct, ces individualistes par essence que sont les créateurs.

    L’explication de Fascisme fun (heureux que nous vous intéressions et merci) peut paraître simple, elle est pourtant très efficace. Le confort, le fait de n’avoir plus autant à se battre pour la survie. Mais elle laisse de côté le fait matériel que le concept d’angoisse a commencé à une époque ou le confort n’avait pas encore droit de cité : pas d’électricité, encore des famines (comme en 1784 -je crois hein, rien de sur sur la date, mais famine il y eut dans ces eaux) en France, les pots de chambre etc, rien du confort moderne. Ce que vous dites mon cher Fasciste fun vaut pour une période qui débute en gros vers 1920, mettons 190à (?) (j’ignore tout des débuts de la fée électricité mais comme Léautaud ne l’avait pas encore en 1930 je pense qu’en 1880 elle n’est pas là). Bref, l’expression de la douleur mentale débute bien avant le temps du confort. Et son premier penseur, Kierkegaard est d’avant.

    Bon, il y aurait encore beaucoup à dire mais j’ai déjà tant bavassé que mieux vaut y mettre un terme. Et pourtant, il y aurait sacrément à rebondir sur ce qu’écrit Il Sorpasso qui avec la dichotomie individualisme/narcissisme me semble vraiment mettre le doigt sur quelque chose de capital. Ce qu’il nous dit de la pression du groupe voulant imposer sa moraline, ses valeurs qui n’en sont pas mais voudraient en être et pour cela s’imposent par la loi et l’idéologie médiatique avec toute sa puissance, tout cela me semble extrêmement bien vu et ressortit à mon sens à tout ce que Tocqueville a dit, aux avertissements qu’il a donné sur les dangers d’un mésusage de la démocratie. Reprenons Il sorpasso :
    « On pourrait dire pour rester cohérent que la religion matérialiste a remplacé la religion chrétienne. Et dans religion matérialiste c’est le religieux qui est important, car il ne s’agit pas de remettre en cause les bienfaits strictes du capitalisme technique, mais le fait -religieux- qu’ils soient sans cesse accompagnés d’une morale, c’est à dire inclus constamment dans un discours ayant pour but non l’individu, mais la masse, la société. »
    Absolument! Un religieux falsifié qui dissimule une oppression qui prend le visage du bien. Tocqueville : « dans les siècles démocratiques les hommes se dévouent rarement les uns pour les autres, mais ils montrent une compassion gé »nérale pour les membres de l’espèce humaine ». Qui ne voit qu’on en est arrivé à une perversion extrême de cette inclination? cela rejoins en plein Il sorpasso. Une dernière citation , plus longue, qui ouvre peut-être une explication sur l’arrivé du concept d’angoisse et la raison du fait qu’il soit si contemporain de la Révolution :
    « Lorsque c’est la naissance seule, indépendamment de la richesse, qui classe les hommes, chacun sait précisément le point qu’il occupe dans l’échelle sociale; il ne cherche pas à monter, et ne craint pas de descendre. Dans une société ainsi organisée, les hommes des différentes castes communiquent peu les uns avec les autres; mais, lorsque le hasard les met en conta&, ils s’abordent volontiers, sans espérer ni redouter de se confondre. Leurs rapports ne sont pas basés sur l’égalité; mais ils ne sont pas contraints.

    Quand à l’aristocratie de naissance succède l’aristocratie d’argent, il n’en est plus de même.

    Les privilèges de quelques-uns sont encore très grands, mais la possibilité de les acquérir est ouverte à tous; d’où il suit que ceux qui les possèdent sont préoccupés sans cesse par la crainte de les perdre ou de les voir partager, et ceux qui ne les ont pas encore veulent à tout prix les posséder, ou, s’ils ne peuvent y réussir, le paraître: ce qui n’est point impossible. Comme la valeur sociale des hommes n’est plus fixée d’une manière ostensible et permanente par le sang, et qu’elle varie à l’infini suivant la richesse, les rangs existent toujours, mais on ne voit plus clairement et du premier coup d’œil ceux qui les occupent.

    Il s’établit aussitôt une guerre sourde entre tous les citoyens; les uns s’efforcent, par mille artifices, de pénétrer en réalité ou en apparence parmi ceux qui sont au-dessus d’eux; les autres combattent sans cesse pour repousser ces usurpateurs de leurs droits, ou plutôt le même homme fait les deux choses, et, tandis qu’il cherche à s’introduire dans la sphère supérieure, il lutte sans relâche contre l’effort qui vient d’en bas. »
    Deuxième démocratie, part III, chap 2

    1. rudolf hoax

      » Les écrivains d’alors ont couché sur papier la mélancolie et l’angoisse qui sont celles de l’individu qui avance vers l’inconnu » Sur ce point je vais me permettre de me répondre autant qu’à vous, parce que je me suis mal exprimé. ^^
      Je voulais dire par là qu’il est à la merci de l’inconnu en ce qu’il est à la merci de lui-même, pour la première fois. Là où deux siècles plus tôt l’inconnu n’était qu’une brume à dissiper, une perspective qu’il suffisait d’embrasser pour éclaircir, il réside désormais dans l’indétermination, l’imprévisibilité d’un monde fini, clôt, dont on se n’échappe pas. Coincé sur une boule avec une liberté dont il n’a pas le manuel. L’homme antique, et de manière plus encore plus significative l’homme d’ancien régime, évolue dans une monde délimité par toute sorte de barrières (géographique, religieuse, politique, morale, épistémologique). Des barrières dont il sait pertinemment qu’elles ne sont pas celles du monde, et il peut hisser sa tête au-delà et apercevoir l’infini, son imaginaire s’étend à perte de vue. Plus on a réduit les limitations des sociétés, plus les barrières se sont effritées, et ainsi ont progressivement disparu à la fois le confort d’une société balisée et la stimulation d’un imaginaire intarissable. L’homme moderne éprouve l’angoisse de l’indétermination: il peut tout faire et tout peut lui arriver. L’inconnu est désormais en lui, il ne réside pas dans les perspectives qui s’offrent à lui, qu’il a appris à connaître, mais dans le choix qu’il est capable d’arrêter, l’impression toute neuve d’avoir à porter les conséquences de ses actes, d’être acteur dans le mouvement du monde. L’irréversibilité du temps écoulé a toujours été sujet de curiosité, de fascination et d’inquiétude mêlée, mais on ne s’interrogeait pas, jusqu’à très récemment, sur ce qu’on y perdait, sinon la même chose que tout le monde (la vigueur, la beauté, l’esprit, puis la vie). Pour la première fois de son existence l’homme est libre, et cette liberté se caractérise, entre autre chose, par une nouvelle conception du rapport au temps: celui-ci n’est plus une fatalité, mais une ressource. Avec un minimum de contraintes pour l’occuper, l’homme a aujourd’hui la responsabilité de son temps, de son aménagement. Ce qui veut dire que pour la première fois de son existence, il s’expose à l’échec, réel, entier, définitif et absolument personnel. Perspective d’autant plus atroce que plus on y réfléchit, plus elle se resserre sur soi.

      Tout ce que les individus avaient en eux et qu’on leur dispensait d’accomplir, ils l’ont nommé Dieu, en même temps qu’ils ont nommé Dieu le dispositif qui séparait d’eux leur liberté. Lorsque tout cela s’est effondré, que les individus ont été enfin investis de leur individualité, ils ont décrété la mort de Dieu. Et plutôt que d’occuper l’espace qui leur était laissé, ils ont voulu singer le passé en remplaçant le culte de Dieu par le deuil de Dieu, le culte de la mort de Dieu.

      Beaucoup de choses s’expliquent par la réaction, par le simple fait que la première initiative qu’on prend face à l’irréversible, c’est d’essayer de revenir en arrière, précisément parce que c’est impossible, et que cette impossibilité, insupportable, doit être livrée au déni. Ce qui torture l’assassin occasionnel et fascine l’assassin pervers, ce n’est pas d’avoir ôté la vie, mais de ne pas pouvoir la rendre. Ce qui rend la mort de Dieu insupportable, en premier lieu à ses assassins, ça n’est pas l’absence de Dieu (Dieu a toujours été un éternel absent), mais son caractère définitif. Voilà pourquoi ils veulent le réinventer, lui chercher un remplaçant, reproduire toute l’horlogerie dont il était le premier rouage. Voilà pourquoi on ne nous a jamais autant empoisonné avec le religieux, le sacré, le spirituel, la foi, que depuis que ces mots ont perdu leur sens, leur référent. Ce qu’ils désignent n’est plus de ce monde, et on s’aveugle de leur non-sens pour l’oublier.

      Personnellement je pense que Dieu n’est pas vraiment mort, que tout ça est une blague, une partie de cache-cache, il fait semblant. Mais s’il réapparaît, ce sera sous de nouveaux habits. La misère de la modernité c’est de chercher Dieu dans les frusques qu’il a abandonnées. J’ai la naïveté de croire que tout cela n’est qu’une étape du développement humain, que ce mal-être n’est que l’adolescence de l’humanité, que la maturité suivra, avec elle la réconciliation avec le père et que notre espèce s’éteindra beaucoup plus tard, de sa belle mort, accomplie. Non que cela soit écrit, déterminé, mais de toutes les possibilités celle-ci me semble la plus cohérente. Notez bien qu’un tel pronostic ne m’engage pas à grand chose.

      Mais le péril le plus grave couru par l’homme d’aujourd’hui, c’est de vouloir, comme hier, partager la responsabilité de son individualité avec autrui. L’insérer de force dans la vie des autres au nom du partage, collectiviser les miasmes, voilà la pire des tentations. Aujourd’hui plus que jamais le collectif est invoqué pour rectifier l’échec individuel, échec dont la nécessité pourtant évidente est, justement dans son évidence, intolérable. L’opposition très finement relevée par Il sorpasso entre narcissisme et individualisme n’est rien d’autre que ça: le narcissisme est d’abord une préoccupation du corps social, de l’approbation extérieure. On se regarde en premier lieu parce qu’on se sait vu. La culture du moi n’est que l’expression d’une soumission sociale, de l’abandon de toute transcendance individuelle. L’individualisme est une volonté de sortir de soi par soi, de rejoindre l’infini, l’absolu et non le groupe, l’indifférencié. Le sodomite qui s’expose à la gay pride n’aspire qu’à la norme, l’inclusion dans la norme des hétéros d’une part, dont il ordonne qu’ils l’approuvent, et des autres gays, par lesquels il s’identifie comme gay, obsédé par le regard d’un autre indifférencié. Le narcissisme consiste à exposer son individualité pour mieux la nier, l’offrir à autrui, la lui imposer pour la faire sienne et donc un peu moins mienne, et par un mécanisme pervers, de s’absoudre respectivement de nos échecs potentiels.

      1. lordauch

        « L’homme moderne éprouve l’angoisse de l’indétermination:  »

         » L’inconnu est désormais en lui,  »

        « Lorsque tout cela s’est effondré, que les individus ont été enfin investis de leur individualité, ils ont décrété la mort de Dieu »…

        Tout ceci me rapelle furieusement l’ambiance de mes jeunes années de puceau zétudiant… Koyré, Jean-Sol Partre, Nitcheuh, voir le pied noir « philosophe pour terminal » Camus (pas le moustachu de la jaquette, l’autre)…

        GDV inside^^

  10. Restif

    En attendant que veuille bien sortir l’énorme tranche de mortadelle à commentaires que j’ai taillée (avec plus de temps pour présenter ça, j’eusse usé de mes prérogatives de contributeur es post ilysien…Mais il aurait fallu affiner, tailler…), tranche qui est en « validation de commentaire », ben j’ai eu envie de coller ça retrouvé dans mes notes alors que je quêtais autre chose. Si un jour on lit mon com au cube, on verra que cette citation de Léontiev, penseur religieux russe du temps de Blok, Byelli etc n’est pas sans rejoindre Tocqueville. Je cherche toujours ce qui a provoqué la naissance de cette avènement de l’anxiété, de ce que je résume sous le nom (il faut bien en trouver un ) de « concept d’angoisse » pris à Kierky le danois, et ce que dit notre russkof me semble pouvoir éclaircir ce phénomène mental immense (surtout si paraissent mes citations de Tocqueville.Grrr!). Ajoutons que la citation peut être aussi lue sous d’autres angles, comme réflexion pertinente sur l’égalité. Donc, Léontiev :
    « «La marche tranquille et graduelle du progrès égalitaire doit avoir vraisemblablement sur le futur immédiat des nations une action différente de celle des révolutions violentes qui se font au nom de ce même processus égalitaire. Mais je prétends que, dans un avenir plus éloigné, ces actions seront similaires. Tout d’abord un mélange paisible, l’effondrement de la discipline et le déchaînement par la suite. L’uniformité des droits et une plus grand similitude qu’auparavant de l’éducation et de la situation sociale ne détruisent pas les antagonismes d’intérêts, mais les renforcent sans doute, car les prétentions et les exigences sont semblables.  »

    J’ajoute que forcer les gens à vivre selon une moraline semblable quand celle-ci n’est qu’hypocrisie et n’a aucune transcendance ni racines, et bien cela peut contribuer à ce sentiment de mal être qui sourd de tous ces témoignages que sont les oeuvres (sans parler de la consommations d’anxiolytiques. Il y a plus de phrmacie que de bars à Neuilly!). Refuser l’évidence de l’inégalité aussi. Les gens ne se sentent plus le droit de souffler, de se dire « oui, je suis moins balaise que… », ils sont culturellement forcés de se sentir les égaux des meilleurs ou alors on les culpabilise. C’est atroce! Et comme on leur a retiré le christianisme et ses premiers qui seront les derniers (interprétables de maintes façons, mais ça suffisait à beaucoup au 1er degrés) et bien il ajoutent l’hypocrisie à la culpabilité en sachant fort bien qu’ils sont inférieurs à tel ou tel. il n’y a pourtant pas de honte à ça! On ne parle pas d’infériorité d’essence mais de capacité. Mo je me reconnais inférieur sur bien des points à bien des gens. Mais aujourd’hui veut produire l’égalité de force, non plus l’égalité des biens, ça a raté, mais celle des existences et de leurs valeurs. On part du relatif pour mettre un signe « = » entre tous et tout.
    Bon j’espère que ma tartine va finir par sortir…

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