Il y a quelques jours, j’ai croisé Michel Houellebecq dans Paris.
Il avait à son bras une petite noire de 20 ans très mignonne et fine comme une liane, mais dont les tâches sur le visage laissaient voir qu’elle deviendrait laide bientôt.
Avant trente ans.
Ce petit cul ferme et rebondi dont presque seule l’Afrique sait doter les filles deviendra vite un fessier gigantesque qu’on pourra croire jailli du pinceau de Jérôme Bosch, et ça fera tout drôle aux passants qui la verront de dos avec sa fille de dix ans qui en fera quinze… Comment les gazelles noires font-elles pour se forger en six mois des croupes d’éléphantes? Il doit y avoir une explication métaphysique au truc. J’y réfléchirai.
Leurs hommes aussi sont comme ça, notez. Il y a quelques années, Je suis tombé sur une manifestation de SOS racisme. Je l’ai suivi dans l’intention de parfaire ma connaissance de l’ennemi, et ce dont je me souviens, c’est de l’énormité du cul de Fodé Sylla. Même les ogres et les filles à le Pen n’ont jamais un tel fondement, en Occident Chrétien… Quand Fellini avait dirigé un gros dans E la nave va pour illustrer la décadence irrépressible de notre civilisation, il avait dû lui mettre plein de mousse dans son pantalon…
C’est Julietta Massina qui l’écrit dans ses mémoires. Je n’invente rien.
C’est à cause de ces fesses de Barbapapa et de ces vilaines tâches que des blancs de la campagne ou des bords de mer misanthropes et passablement racistes reviennent quelquefois des Caraïbes ou de Madagascar avec des filles qu’ils épousent. A l’âge où les blanches jouent aux bimbos plus qu’elles ne les faisaient à dix-sept ans, ces petites se mettent des bottes en caoutchouc, un tablier, une caisse d’huîtres ou de spécialités locales sur la tête, et malgré la couleur, on les confond très vite avec les ménopausées du village. De fait, ils ont le privilège d’avoir de la jeunesse dans leurs draps sans que les mâles alentours ne se montrent par trop cavaliers, et qu’un refus poli de la dame ne leur donne envie de foutre le feu à la ferme pour la plus grande joie des journalistes de Ouest France et d’ici Paris. D’un mot, ça évite les histoires. Je suis sûr que Baudelaire pensait à tout ça, quand il subissait les caprices de Jeanne Duval… Une vie simple et tranquille en province à la manière d’Alfred de Vigny, à peine troublée par les visites de quelques jeunes admirateurs venus voir l’ermite de près…Notre cher Baudelaire…
Donc, Houllebecq était avec une noire, un jogging grenat, des Nike et un cigarillo aux lèvres.
– Tes qui, toi, m’a t-il demandé, intrigué de ce que je le regarde avec insistance?
– XP, j’ai dit.
– XP d’Ilys?
-Oui
-J’aime bien ce que tu fais.
-Moi aussi, j’ai répondu… C’est vrai en plus. J’aime bien ce que je fais, dans l‘ensemble.
On est allé chez lui pour regarder un péplum de la Cinecitta. Un Maciste.
Il a toute la collection, Houellebecq. Pendant qu’on se rinçait l’œil, la fille s’est mise nue pour essayer les robes à fleurs que Michel venait de lui acheter. Elle voulait savoir si elles allaient, et pour qu’on se fasse une idée précise, elle se mettait devant l’écran plasma… C’était pénible… En fin d’après-midi, une petite chinoise furieuse a déboulé dans la maison pour dire à Michel qu’il était un salaud, un porc, un esclavagiste et un romancier à style plat. Elle lui a même prédit que les arabes lui feraient la peau, qu’elle tenait ça de l’ambassadeur de Chine à Paris qui l’avait appris d’un type qui connaissait très bien Jacques Chirac, et qu’elle n’allait jamais aux enterrements des mufles …
Ça fout la trouille, une Chinoise qui crie. La noire en phase de nudité s’est accroupie derrière une table en se tenant la tête dans les mains. C’était joli. On aurait dit une petite chatte. A sa vue, la jaune aussi s’est déshabillée pour mettre ses miches sous les yeux de Michel et lui demander ce qu’il lui fallait. Comme il ne répondait pas, elle a botté le cul de l’autre fille et suscité de petits miaulements de douleur qui donnaient à l’Acte une patine esthétique appréciée de toute évidence par l’Artiste ….C’est en pleurant comme une enfant et plus riche des billets qui sortaient de son corsage que l’asiatique est repartie pour nous laisser voir la fin du film. Un bon film, coloré à outrance pour appeler mieux la nostalgie, pareil à ce que les teintes platines des vieilles soulignent leurs âges et font venir la compassion. Ce que j’ai surtout aimé, c’est le passage où Sophia Loren se prélasse dans un bain de lait de chamelle… De ce génie dans le mauvais goût qui distingue les civilisations majeures des autres…
Ensuite, on s‘est passé la scène culte de loft story première saison, celle où Loana se fait prendre dans la piscine. Quand je pense que des rats de bibliothèque trouvent la Rome impériale fascinante et qu’ils voudraient priver la jeunesse de ces joyaux pour les initier aux imbécillités culturelles d’Arte… N’importe quoi. A la ville, Loana s’appelait Loana Petrucciani, et force est de reconnaître qu’elle était mieux gaulée que son cousin le pianiste. Quoi qu’on en dise.
Le soir, j’ai trop forcé sur la poudre et la Tequila. Je suis tombé dans les escaliers pour atterrir sur la porte de la bibliothèque du maître, à la cave.
Sur le seuil, j’ai vu le monstre. La bête qui hantait Lovecraft était là, comme si elle gardait la pièce. À l’intérieur, Fiedrich Nietzsche faisait lentement couiner un fauteuil, une couverture sur ses genoux, et sa lourde respiration cadençait les râlements apaisés de l‘animal. Les livres étaient couverts de suie, et sur le fil qui reliait le rayon S.F. à celui des poètes en vers, la bonne avait étendu les survêtements de Houellebecq et les culottes de la petite négresse… Quand je pense que des laïcards fous s’acharnent à faire lire les enfants du peuple pour les policer, me suis-je laisser dire en silence avant de m’effondrer. Au cœur d’un sommeil éthylique, je pensais aux seins de la Chinoise ainsi qu’à Victor Hugo l’imbécile et ses écoles qu’il fallait ouvrir pour mieux fermer des prisons. Dans sa cave de Guernesey, ce sont des philosophes très mineurs qui devaient se balancer sur les fauteuils depuis cent ans. Aujourd’hui, il est au Panthéon avec Giscard d’Estaing. C’est bien fait. Il ne méritait pas mieux.
Au petit matin, Michel était dans la cuisine et trempait des biscuits Lu dans sa Ricoré.
– Tu étais où, m’a-t-il demandé? Je croyais que tu étais parti. La bonne t’avait préparé une chambre.
– j’ai dormi dans la bibliothèque. Sur le fauteuil.
-Il grince, m’a-t-il dit. Il va falloir que je mette de l’huile.
Avant de partir, j’ai reçu un autographe. Je raconterais cette histoire un jour, mais plus tard. Beaucoup plus tard.
A mes petites filles.
Excellent, mon cher !