Un soir après ça, mais très tard.

Conformément à mes habitudes, après le boulot, je suis bourré.

Un mien ami maîtrise à merveille le concept jolies filles/bière médiocre, ce qui me permet de supporter dans de bonnes conditions ma misérable condition d’exilé au Borlistan.

J’avance donc sur ce trottoir jamais sec puisqu’on est dans le Nord et quand il ne pleut pas et qu’il ne neige pas, il reste encore du dégueulis. Les rues sont désertes comme d’habitude puisque les rares bars encore en activité dans cette zone sinistre ont baissé le rideau à cette heure là.

Mon taux d’alcoolémie me permet encore d’avancer d’un bon pas mais ma vision périphérique est en congé, ce qui ne me permet de remarquer une forme sombre dans une encoignure qu’un poil trop tard. Je suis ceinturé, une main grassouillette sur le visage, et dans mon dos je sens la pression de ce que j’identifie comme une paire de loches de calibre 110F, et de bourrelets plus bas de même circonférence. Ayant à l’esprit les mésaventures récentes de mes camarades d’ILYS, je me dis qu’ils se sont enfin trouvé des copines, au CPPP, mais qu’ils ont dû boxer dans leur catégorie et que le bandeau risque d’être un soulagement.

Une sensation soudaine de piqûre dans le cul m’annonce l’inconscience prochaine, qui ne tarde pas trop à venir, comme de juste.

FADE TO BLACK.

POWER ON

Je reviens à moi les mains liées dans le dos avec ce qui semble de la ficelle à ballots de paille. Je sens sur ma tête un sac en toile de jute, si j’en crois l’odeur. A vue de nez, je suis dans une grange quelconque. Je me risque à un « y’a quelqu’un ? » d’introduction.

Un verre d’eau en pleine tête confirme qu’il y a effectivement quelqu’un, et achève de me réveiller.

« – Merci pour la douche. S’il y a des toilettes, je suis preneur, j’ai la vessie comme un gant de boxe. »

« Ca va devoir attendre, ça, mon gros panda. » fait une voix majoritairement féminine soudain à mon oreille. Si j’en juge par l’air qu’elle déplace en passant près de moi pour aller s’installer en face, c’est ma ravisseuse d’avant ou alors le CPPP a confondu sauver et sauter les baleines.

« Ca va sûrement vous paraître banal, mais je ne connais pas l’adresse d’XP, donc on pourrait peut être sauter les préliminaires ?

– Ne me tente pas, gros, mais on n’est pas là pour ça. En tout cas pas pour l’instant.

– Ah parce que après y’aura moyen ?

– Tout dépendra de ce que tu peux m’apprendre. Pourquoi forcément se faire du mal quand on pourrait se faire du bien ? Il doit bien y en avoir un qui sait baiser autrement qu’en photo dans votre club de nazis de carnaval.

– Voilà qui est musique à mes oreilles, mais je crains que l’un d’entre nous au moins n’y trouve pas son compte : je ne peux strictement rien vous apprendre sur I like your style pour la simple raison que personne ne m’en a jamais rien dit. Je ne sais même pas pourquoi ils m’ont recruté, à part pour les photos de chinoises que je livre au compte-gouttes.

– Je n’en crois rien.

– Croyez ce que vous voulez, ça n’y change rien. Je ne peux rien vous apprendre pour la simple raison que je ne sais rien. Et de toutes façons ce serait de mauvais goût de balancer ses petits camarades. ».

Je l’entends se lever et s’approcher. Je sens une chevelure cascader sur ma tête tandis qu’un nichon de grande ampleur manque de me renverser de mon siège et qu’elle murmure : « Si tu te montrais plus raisonnable tu n’aurais pas à le regretter. » Je sens de gros doigts malhabiles descendre et constater la présence incontestable d’une érection en bonne et due forme.

« C’est une offre que je décline à regret, comme vous pouvez le constater, d’autant plus qu’à mon âge je dois saisir chaque occasion comme si c’était la dernière. Mais là, y’a vraiment pas moyen de moyenner.

– C’est ce qu’on va voir. »

Mon siège grince de douleur tandis qu’elle s’installe à califourchon sur moi, et qu’elle s’essaie maladroitement au lapdance pour me rendre plus malléable. A moitié assommé par les coups de nibards, je n’ai pas le temps de la prévenir alors que la chaise craque et que nous nous retrouvons tous deux au sol. Mes bras me font un mal de chien. « C’est bon, arrête, je ne sais vraiment rien ! »

Elle tente de défaire tant bien que mal ma ceinture quand retentit une sonnerie de portable et ça ne doit pas être pour moi. Elle décroche : « Je n’ai pas encore fini, tu peux rappeler plus tard ?

– …

– Non, je n’en ai encore rien tiré, mais j’ai pas l’intention de m’arrêter maintenant.

– ….

– Tu fais chier, tu crois que je suis du genre à me contenter de promesses encore longtemps ? Pour une fois que j’ai du tangible sous la main, je vais en profiter.

– ….

– Que de la gueule, comme d’habitude !

–  ….

– Merde, merde, merde !!!!

J’entends des pas furieux qui s’éloignent et une porte qui claque, puis le silence revient. J’attends un moment, puis roule précautionneusement sur le côté pour ménager ma vessie à l’agonie et mes bras écrasés par l’exercice précédent. J’arrive au passage à faire tomber le sac qui gêne ma vue, et mon intuition nasale est confirmée, il s’agit bien d’une grange, et il y a suffisamment de merdes en ferraille qui traînent pour que je puisse me défaire de mes liens sans devoir jouer les MacGyver. Après une pause urinaire en extrême urgence, je me glisse prudemment hors de la grange et ne vois personne. On est en pleine cambrousse et je crois qu’il va y avoir de la marche jusqu’au prochain bar. Tout ceci m’a prodigieusement agacé et je crois que la seule façon de m’apaiser sera de passer la prochaine soirée à flageller des prostituées de couleur habillées en employées de la Poste.

11 réflexions sur « Un soir après ça, mais très tard. »

        1. XP

          « En général les grosses dames chantent à la fin »

          Tiens, ce serait amusant, ça. Dans le tableau final, la grosse dame avec un casque sur la tête qui interprère l’air célèbre du « chant des cloches », avec Leroy, Mandon et Nadia dans les coeurs…

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