Il était pas loin d’une heure ou deux du matin. Je rentrais chez moi, cahin-caha, suivant une trajectoire oblique, due à la bouteille de Ribera del Duero qui allait chercher dans les 14.5º. Je commençais à me sentir mal. Je n’étais plus très loin; quelques putes essayaient de michetonner. La porte du bas de mon immeuble déconnait; il n’y avait même plus besoin d’y foutre sa clé pour entrer. Je montais les quatre étages à pieds; l’ascenseur était en panne. Enfin j’étais devant ma porte, j’y introduisis la clé, fis trois fois le tour pour ouvrir. Enfin la chaleur du domicile.
Je sentis un objet froid et contondant heurter ma nuque.
Un type avec une cagoule m’aspergea d’eau gelée. Je retrouvai un peu mes esprits. Il était accompagné d’un type au corps mal musclé, au menton fuyant de fouine avec un l’oeil torve d’un pédophile de l’Yonne.
– Mets-lui une claque CSP, dit le cagoulé.
Une beigne du revers de la main vint s’écraser sur ma joue gauche.
– Putain, qu’est-ce que vous voulez? fis-je. J’ai 200 euros dans mon portefeuille, prenez-les et barrez vous.
– Oui, on va les prendre mais on veut autre chose.
– Accouche, qu’est-ce que tu veux?
– C’est bien toi, Cherea du site d’extrême droite I like your style…
– Oui, fis.je, assez perturbé. Comment connaissait-il ma véritable identité? Je m’étais pourtant trouvé une bonne planque. J’habitais dans l’équivalent madrilène du Marais, pas vraiment un repère d’affreux réacs. J’avais mis les bouts depuis ce qui était tombé sur Terby.
– Tu n’as pas honte de ce que tu écris?
– Non, c’est surtout des trucs sans importance, deux ou trois trucs littéraires, très peu d’opinions politiques, répliquai-je.
– Peu importe, en fait, fit le cagoulé, ton appartenance à ce site te désigne déjà comme coupable aux yeux du CPPP, commando pour la paix entre les peuples. Le CPPP. Ca te dit quelque chose?
– Non rien.
– Bon on veut l’adresse de XP, nom, prénom, adresse, ddn…tout ce que tu sais de lui…
– Mais je ne sais rien, moi. Je ne les connais pas. C’est très cloisonné comme organisation, il y a des pseudos, des mots de passe, ça change tout le temps… je ne connais personne. J’ai juste reçu un mail une fois, sans adresse d’expéditeur, des codes et une démarche à suivre…Comment vous m’avez trouvé?
– Dis-nous quelque chose, n’importe quoi sur XP, on le veut…et pour ta question, on a des relais dans la justice, on peut savoir beaucoup de choses…mais crache-nous un nom…sinon…laissa-t-il tomber sur le ton de la menace.
– Putain, mais je ne sais rien.
– Donne-nous au moins Il Sorpasso alors, on va lui faire sa fête, qu’est-ce que tu peux nous dire sur lui?
– Pas grand-chose, je ne sais rien moi…
Il me remit une claque…vas-y accouche…
– Ok, ok, ok… il habite Rome, il s’appelle Vittorio, c’est un fanfaron…je ne sais rien de plus.
– Tu as noté CSP, beugla la cagoule.
– Oui, oui.
– Bon, ça devrait nous suffire pour le retrouver.
Avant de partir, CSP déféqua sur mon tapis. La cagoule m’infligea une nouvelle gifle et tout redevint normal.
J’allais devoir me trouver une nouvelle planque…et vite.
Je me sens moins seul… merci.
Quelle idée de les envoyer à Rome ! Il fallait dire que j’habite.. je ne sais pas moi, Bergues ou Mogadiscio.
association d’idées, ilsorpasso…le fnfaron..italie…Rome…Vittorio Gassmann et puis sous la torture, tu dis ce qui te vient à l’esprit sans trop en raconter et sans faire dans le raffinement…bien à toi, tu devrais ètre en sécurité un moment
CSP ? Il serait pas capable de concevoir un simple cocktail Molotov convenablement.