« On sait depuis hier (mardi, NDLR) par des passagères du bateau entre Marseille et Propriano (Corse-du-Sud, NDLR) qu’il était avec ses petites filles », a déclaré le procureur lors d’un point de presse au palais de justice de Marseille. « L’hypothèse sombre, malheureusement, est très envisageable même si tout est toujours possible et nous n’avons pas retrouvé de corps d’enfants au moment où je vous parle ». Ici.
Le cimetière marin
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencee
O récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux!
Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d’imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l’abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d’une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir.
Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous une voile de flamme,
O mon silence! . . . Édifice dans l’ame,
Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit!
Temple du Temps, qu’un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m’accoutume,
Tout entouré de mon regard marin;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l’altitude un dédain souverain.
Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l’âme consumée
Le changement des rives en rumeur.
Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change!
Après tant d’orgueil, après tant d’étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m’abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m’apprivoise à son frêle mouvoir.
L’âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié!
Je te tends pure à ta place première,
Regarde-toi! . . . Mais rendre la lumière
Suppose d’ombre une morne moitié.
O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d’un coeur, aux sources du poème,
Entre le vide et l’événement pur,
J’attends l’écho de ma grandeur interne,
Amère, sombre, et sonore citerne,
Sonnant dans l’âme un creux toujours futur!
Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l’attire à cette terre osseuse?
Une étincelle y pense à mes absents.
Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d’or, de pierre et d’arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux!
Chienne splendide, écarte l’idolâtre!
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes,
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux!
Ici venu, l’avenir est paresse.
L’insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l’air
A je ne sais quelle sévère essence . . .
La vie est vaste, étant ivre d’absence,
Et l’amertume est douce, et l’esprit clair.
Les morts cachés sont bien dans cette terre
Qui les réchauffe et sèche leur mystère.
Midi là-haut, Midi sans mouvement
En soi se pense et convient à soi-même
Tête complète et parfait diadème,
Je suis en toi le secret changement.
Tu n’as que moi pour contenir tes craintes!
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes
Sont le défaut de ton grand diamant! . . .
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres,
Un peuple vague aux racines des arbres
A pris déjà ton parti lentement.
Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L’argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs!
Où sont des morts les phrases familières,
L’art personnel, les âmes singulières?
La larve file où se formaient les pleurs.
Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu!
Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n’aura plus ces couleurs de mensonge
Qu’aux yeux de chair l’onde et l’or font ici?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse?
Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi!
Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse!
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel!
Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées,
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N’est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas!
Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu’importe! Il voit, il veut, il songe, il touche!
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d’appartenir!
Zénon! Cruel Zénon! Zénon d’Êlée!
M’as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
Le son m’enfante et la flèche me tue!
Ah! le soleil . . . Quelle ombre de tortue
Pour l’âme, Achille immobile à grands pas!
Non, non! . . . Debout! Dans l’ère successive!
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance salée!
Courons à l’onde en rejaillir vivant.
Oui! grande mer de delires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l’étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d’eaux rejouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!
Paul Valéry.
Oceano Nox
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfoui ?
Combien de patrons morts avec leurs équipages ?
L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée,
Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ;
L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots !
Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus
Oh ! que de vieux parents qui n’avaient plus qu’un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !
On demande » Où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont’ ils délaissés pour un bord plus fertile ? »
Puis, votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire.
Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli
On s’entretient de vous parfois dans les veillées,
Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées,
Mêle encore quelque temps vos noms d’ombre couverts,
Aux rires, aux refrains, aux récits d’aventures,
Aux baisers qu’on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !
Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L’un n’a-t-il pas sa barque et l’autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l’orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encore de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !
Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l’étroit cimetière où l’écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s’effeuille à l’automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l’angle d’un vieux pont !
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous…
Victor Hugo.
« Au nom du Père qui a séparé les eaux d’avec le ciel et la terre
et du Fils qui foule et apaise la tempête
et de l’Esprit qui plane au-dessus des océans.
Vierge Marie, Reine des flots,
à qui les marins, même mécréants, ont toujours été dévots,
vois à tes pieds tes fils qui voudraient se hausser jusqu’à toi.
Obtiens-leur une âme pure comme brise de mer.
Un coeur fort comme les flots qui les portent,
une volonté tendue comme voile sous le vent,
une attention qui veille sans mollir comme gabier dans la hune
un corps bien armé pour les luttes contre les tempêtes de la vie.
Mais surtout, ô Notre-Dame,
ne les laisse pas seuls à la barre,
fais-leur relever les écueils où ils s’échoueraient
avant d’ancrer, près de toi, au port de l’Eternité. »
Attendez, je n’ose comprendre, il aurait balancé ses deux gamines par dessus bord????
C’est dingue qu’on puisse arriver à faire une chose pareil, le cerveau humain comprend des arcanes inaccessibles à la raison et à la science…c’est évident, mais encore faut-il parvenir à le comprendre.
Et il y a un truc que je me demande très fortement. Est-ce que ce genres de choses arrivent tout autant régulièrement dans les pays musulmans?
Moi je parierai bien ma chemise que non, ce genres de drames de la folie et du désespoir arrivent quasiment tout le temps à des occidentaux, jamais à des CPF.
C’est probablement une faiblesse de notre force, et une force de notre faiblesse.
Drame de la folie et du desespoir?
Moi je n’y vois que de la lâcheté. L’incapacité de mourir seul. Une mort socialiste somme toute.
Quant aux musulmans, c’est au contraire presque une habitude chez eux: se faire sauter à plusieurs en hurlant Allah Akhbar!
Bah, dans les pays musulmans on défigure sa propre soeur juste parce qu’elle a parlé, à un étranger. Dans les pays musulmans ou dans celui géré par le KANUN. ^^
Décidément, Valéry se connaissait quand il déclarait qu’il était « versificateur », non poète (et Dieu sait si j’aime sa prose). 4 vers de Verlaine et on entend tout ce qui sépare l’abstraction, l’intellectualisme d’avec le pur lyrisme, le don naturel. « Le premier rossignol de la France » disait Brassens de Verlaine avant de réfléchir et d’ajouter Villon.
Je ne connaissais pas, ou j’avais oublié, La prière du marin. C’est très beau. Du Claudel mais aéré, limpide, sans décorum, sans sa pompe fatigante. On sent les siècles d’agenouillement; la simplicité est là, le coeur et l’âme. Ça me touche infiniment plus que Valéry.
Dites moi Restif, sans vouloir faire le lèche-botte car ce n’est pas du tout mon truc, ça vous a pris longtemps d’avoir une telle culture littéraire ou c’est que vous aviez déjà la bosse?
Moi j’ai toujours accroché l’Histoire, la science, la théologie ou la philosophie, mais j’avoue que la poésie ou la belle-littérature à l’ancienne, je n’ai jamais vraiment accroché. Non pas que je n’aime pas, mais je pense que maintenant l’art doit s’exprimer autrement, par d’autres voies et d’autres façons puisque contrairement à avant quasiment tout est esthétique et beau, de l’urbanisme aux filles.
Je ne vous soupçonne pas un seul instant de léchage de bottes à mon égard Rodion, d’autant plus que vous le dites vous-même, la littérature dite « classique » (à partir de quel moment le devient telle ? Calaferte est mort en 1994 et un ami prof n’a pas réussi à la mettre au programme de ses séances de comparé, il n’empêche qu’il est pour beaucoup, déjà, un classique. Par contre, malgré son prix Nobel Le Clézio ne m’apparaît pas comme destiné à devenir le moins du monde un classique, et Gracq est sévèrement remis en cause aujourd’hui, lui qu’on avait bombardé classique depuis quasiment 3 décades, une chevelure toute crépitant d’années qui tombent peu à peu. Finira-t-il chauve ? cependant quand il parle littérature, il est sublime.
Pour répondre à votre question, oui, ça m’a pris longtemps, je me suis déclenché brusquement à 12 ans. Jusque là, je ne gobais que la Sf et la BD. Et puis le « hasard » (auquel je ne crois pas, la providence prend le masque du hasard,) a voulu qu’un vieux Lagarde et Michard oublié dans un petit meuble ou trônait une dizaine de bouquins me fasse découvrir Rimbaud. Je suis tombé sur Le bateau ivre, le début de La saison , de trop rares Illuminations et un admirable résumé de sa quête et voilà…les choses n’ont plus jamais été les mêmes, un voile m’était tombé des yeux, j’avais reconnu un monde que j’ignorais chercher. Je crois qu’en lisant je n’ai jamais fait, au fond, qu’essayer de retrouver cet éblouissement, cette arrachement à la terre, cette assomption que ne lestait nulle vanité, où la galerie ne comptait pour rien. Le reste fut une cavalcade parmi les pages et il n’y a rien d’autre à en dire. Vous pouvez fort légitimement aimer une autre forme de la littérature (car c’est Protée la littérature, la déesse au mille masques, rétive à toute tentative de délimitation). Mais que me parlez –vous de « la belle-littérature à l’ancienne » ? J’admire Hubert Selby, Kerouac, les deux John Fante que j’ai lus et bon nombres de choses écrites depuis les années 60 vous savez^^ . Quant à la philosophie, j’ai des rapports contrastés avec elle. Heidegger me fut une révélation, Hegel me parait détenir quelques une des clés principales pour comprendre le monde et ce qui s’y passe, Plotin a droit à toute mon admiration…Et bien d’autres. Là encore, où s’arrête la philosophie ? Je tiens Novalis pour un grand philosophe. Pour la théologie c’est pareil. J’ai lu Saint Augustin (confession, cité de dieu -à finir-, ses réponses sur l’origine de l’âme , j’ai oublié le titre mais c’est admirable car il avoue qu’il ne sait pas), j’ai picoré Saint Thomas d’Aquin, mais je préfère, et de loin Maître Eckhart, Bonaventure –Itinéraire de l’esprit vers dieu-, Silésius, les homélies de Basiles de Césarée, et les gnostiques (Numénius, Basilide, enfin ce qu’on peut lire chez Festugière, Puech), ainsi que les magnifiques platoniciens de Perse dont traite Henri Corbin dans son « en Islam iranien ». Notamment Sohrawardi –assasiné sur ordfre des docteur de la loi islamique…. Il fait remonter sa tradition à Hermès Trismégiste et Zoroastre, et bien qu’aimé des soufis n’en est pas un. Je pourrais vous parler de Giordano Bruno et de l’école de l’Académie florentine, Ficin etc. Je ne mets pas trop de barrière en théologie. L’ésotérisme est trop indispensable pour décoder tout un pan de notre littérature. Ainsi Thomas Mann vous échappera par de certains côtés si vous ne connaissez pas les écrits touchant à ces sujets. Mais que cela n’empêche pas de le lire ! J’ai lu son Dr Faustus à 15 ou 16 ans, je n’avais pas ces références, et j’ai admiré à la folie. Après on relit et d’autres strates se dévoilent, mais chez les vrais grands, la substance est assez abondante pour emplir l’esprit même si on rate quelques angles. Pareil pour Rabelais.
L’histoire est un domaine que j’adore, mais je ne le sépare pas vraiment de la littérature. Michelet c’est de l’histoire ET de la littérature. Pareil pour Taine, Maccaulay. Kantorowicz aussi d’après ce qu’on m’en a dit car il me reste à le lire. Et le Marc Bloch des Rois Thaumaturges ? Je le place très haut, et il dépasse en qualité d’écriture, et ce de pas mal de coudées, des tas de choses qu’on place sous l’étiquette littérature. Le fascinant « Le lys et le globe » d’Alexandre Y .Haran est de l’histoire mais aussi de la philosophie et de la théologie puisqu’il touche à toutes ces matières ( le sous-titre en est « Messianisme dynastique et rêve impérial en France au XVIe et XVIIe siècle »). Et où placer « Le voile d’Isis, (sous titre Essai sur l’histoire de l’idée de Nature ») de Hadot, dans la philosophie ou l’histoire ? On dira « histoire des idées », mais c’est une côte mal taillée. Pareil pour « La nature et les prodiges » de Jean Céard ou le Fumaroli de « l’Age de l’éloquence » . C’est de l’histoire, et de la meilleure. C’est une représentation de ce qui a façonné toute la parole publique d’un siècle, et on ne peut vraiment comprendre celui-ci –donc l’histoire- sans connaître cette dimension primordiale. Mais c’est aussi un ouvrage qui touche à la poétique, aux rapports signes/société, à l’éducation de l’époque, à une dissection de publics et autres branches qui tiennent étroitement à l’arbre principale, ce grâce à une écriture d’une grande clarté et à la maîtrise du plan. Donc, voyez-vous, il m’est fort difficile de faire comme vous le faites une tripartition ou quadripartition des genres. Un immense roman brassera tout ça, théologie, philosophie, histoire, le Musil de l’Homme sans qualité par exemple (lequel est plus authentiquement moderne, dans sa narration, son découpage, ses représentations d’esprits ou de Zeitgest que 98% de tout ce qui est sorti depuis .Alors vous comprenez que l’expression « belle-littérature à l’ancienne, » m’amuse tant elle est hors sujet. Kafka est sans doute le plus moderne de tous). C’est d’ailleurs ce qui m’a intéressé dans votre question et motive cette longue réponse qui aurait pu être un post (je ne me sert guère de mes entrées de contributeur. Qu’on prenne ce com pour une note ! ), car votre question montre à mon sens une méconnaissance des pouvoirs de la littérature. Le Journal de Gombrowicz, comme d’ailleurs d’autres œuvres du même type, touche à tous les sujets que vous évoquez, même si c’est dans une autre langue que celle à laquelle nous habitue un traité de théologie classique ou les Méditations cartésiennes d’Husserl. Les pages 267 à 270 du journal de Gombowicz (T1 Folio) touche à l’idéalisme, aux différences de mentalité des nations, à la notion d’influence et de mimétique , à ce qui se révèle de l’appréhension par tel ou tel peuple de la figure de la femme. Mais comme il ne le fait pas dans un langage à la Merleau Ponty genre : «la constitution fondamentale d’une visée phénoménologie de l’être féminin en son en-soi se propose à la perception dans son mode à être dans la nation et son imaginaire particularisant. » etc, ad nauseam, on ne le prend pas avec le sérieux qu’on n’hésite pas à conférer au moindre philosophotocard qui gratouille en jargon. .Le grand roman est une totalité qui se nourrit de toutes les autres branches du savoir, le Journal est littérature et idées et notes sur l’époque etc. (Après, il des gens qui ne veulent que du non narratif, pas de personnages, rien que l’exposition brut des idées et des faits. Mais rien ne rend l’esprit d’une époque comme sa littérature).
C’est vraiment passionnant, vos commentaires-post. En revanche, pour ma part, je n’ai jamais réussi à enchainer 100 pages de Proust, pareil pour l’homme sans qualité et l’ésotérisme en littérature m’est quelque chose de tout à fait étranger, mais je compte suivre deux ou trois pistes que vous aviez données dans votre unique entrée contributeur…Vous donnez pas mal de références, je vais m’en prendre deux ou trois…Il y aurait quelque chose à faire sur le roman total. Qu’est-ce que c’est? quels en sont les quelques exemples…J’ai une théorie sur le roman total…qui est qu’il ne peut être que le produit d’un auteur dont l’aire géographique est à son apogée avant la chute, sur une durée plus ou moins longue d’un siècle…la France avec Proust et Balzac, la Russie au XiXème avec Tolstoi et Dostoievski avant le cataclysme de 1917…et maintenant quelques auteurs américains…Roth et Pastorale américaine ou encore Don Delillo et Outremonde, voire Musil ou Mann…avant le IIIème Reich…Ce n’est qu’une théorie mais elle me plait…du moins elle s’appliquait avant le phénomène de la mondialisation, aujourd’hui n’importe qui peut s’approprier les Etats-Unis et en faire la toile de fonds de son roman…par exemple
Il y aurait beaucoup à dire mais ce sont que quelques idées jetées…
Gracques m’emmerde, j’ai acheté le rivage de scythes, dans les éditions José Corti, avec cette insupportable entrée en matière qui consiste à déchirer soi-même les pages…C’est vraiment le summum des Belles-lettres qui emmerde tout le monde…
« C, mais je pense que maintenant l’art doit s’exprimer autrement, par d’autres voies et d’autres façons »
Comment pouvez-vous dire « Non pas que je n’aime pas », alors que vous « n’avez jamais accroché » et puis l’occident a ceci de particulier, c’est qu’il s’est toujours dépassé parce que quelques génies ont d’abord appris les règles, avant de les envoyer au diable et de « s’exprimer autrement, par d’autres voies et d’autres façons »
^^
Je ne vois rien d’incompréhensible.
C’est l’histoire de monsieur moyen. Il veut jouer le jeu : la femme, la maison, les enfants, les voitures. Il veut construire quelque chose donc il se fait chier au travail toute la journée. Quand il rentre chez lui, il passe à Leroy Merlin, pour passer sa soirée et ses week-ends à bricoler dans la maison pour laquelle il s’est endetter pour 30 ans.
Un jour sa gentille femme lui dit qu’elle a perdu son temps avec lui, qu’elle s’est trouvée un nouveau mec et un nouveau papa pour les gamins dont elle aura la garde, et qu’elle va lui faire cracher un paquet de thunes avec son avocat.
Monsieur moyen vient de perdre sa maison, sa femme, ses gamins. Tout ce qu’il avait construit vient de s’effondrer. La plupart du temps monsieur moyen qui est si bien éduqué continue de jouer le jeu. Il voit ses gamins un week-end sur deux, pait ses pensions, etc… Cocu et résigné.
Mais parfois monsieur moyen pète méchamment un plomb. Il sort le fusil et fait de gros trous dans la gentille femme. Ou alors il se suicide avec les gamins.
Les CPF y sont beaucoup moins confrontés du fait même qu’ils ne veulent surtout pas être monsieur moyen et jouer le jeu. La condition de monsieur moyen est parmi d’autres raisons ce qui leur montre l’occidentalisation comme un repoussoir.
Les affaires, peu nombreuses en fin de compte mais assez pour être bien connues dans ce milieu, de rupture d’avec un CPF qui se terminent en équarrissage en règle de la sale karba, servent de dissuasion fort efficace, comme il me le fut confirmé par certaines idiotes qui avaient choisi la diversité.
Et c’est une histoire tout ce qu’il y a de plus universel : Médée a tué les enfants qu’elle avait eu de Jason parceque celui-ci la cocufiait. On fait fausse route à y voir à tout prix une perversion moderne.