L’art et la populace militante

L’art comme arme? me dit-il. Il mettait un tel mépris dans ce dernier mot qu’il en devenait effectivement une arme. « L’art qui prendrait les positions qu’il faut sur tous les sujets? L’art qui se ferait l’avocat du bien commun? Où êtes-vous allé chercher ça? Qui vous a dit que l’art est une affaire de slogans? L’art est au service de l’art, sinon il n’y en aurait pas qui mérite l’attention. Pourquoi écrirait-on de la littérature sérieuse, monsieur Zuckerman? Pour désarmer les ennemis du contrôle des prix? On écrit de la littérature sérieuse pour écrire de la littérature sérieuse. Vous voulez vous révolter contre la société? Je vais vous dire comment faire : écrivez bien. Vous voulez embrasser une cause perdue? Alors n’allez pas vous battre pour les classes laborieuses. Elles s’en tireront très bien toutes seules. Elles vont se donner une indigestion de Plymouth. Le travailleur viendra à bout de nous tous -de son absence de cervelle découlera la chienlit qui est le destin culturel de ce pays de béotiens. Nous aurons bientôt chez nous quelque chose de bien plus redoutable que la dictature des paysans et des ouvriers- nous aurons la culture des paysans et des ouvriers. Vous voulez une cause perdue à défendre? Battez-vous pour le mot. Pas le mot de haut vol, le mot exaltant, le mot pro ceci ou anti cela; pas le mot qui doit claironner aux gens respectables que vous êtes quelqu’un de formidable, d’admirable, de compatissant, qui prend le parti des exploités, des opprimés. Non, battez-vous pour le mot qui disent aux quelques rares personnes qui lisent encore et qui sont condamnées à vivre en Amérique, que vous prenez le parti du mot. Votre pièce, c’est de la crotte. Elle est effroyable. Elle est exaspérante. C’est de la crotte de propagande, c’est brut, primaire, simpliste. Ça noie le monde sous les mots. Et ça porte aux nues la puanteur de votre vertu. Rien n’est plus fatal à l’art que le désir de l’artiste de prouver qu’il est bon. Quelle tentation terrible, l’idéalisme! Il faut que vous parveniez à maîtriser votre idéalisme, et votre vertu tout autant que votre vice, il faut parvenir à la maîtrise esthétique de tout ce qui vous pousse à écrire au départ : votre indignation, votre haine, votre chagrin, votre amour! Dès que vous commencez à prêcher, à prendre position, à considérer que votre point de vue est supérieur, en tant qu’artiste vous êtes nul, nul et ridicule! Pourquoi écrire ces proclamations? Parce que quand vous regardez autour de vous vous êtes « choqué »? Parce que quand vous regardez autour de vous vous êtes « ému »? Les gens renoncent trop facilement, ils truquent leurs sentiments. Ils veulent éprouver des sentiments tout de suite, alors ils sont « choqués », ils sont « émus », c’est le plus facile. Et le plus bête. Sauf exception rarissime, monsieur Zuckerman, ce « choc » est toujours truqué. Des proclamations! L’art n’a que faire des proclamations! Enlevez votre aimable merde de mon bureau, je vous prie.

(J’ai épousé un communiste, Philip Roth)

Merci à la crevette.
 

 

79 réflexions sur « L’art et la populace militante »

  1. Prolo De La Lite

    Il n’y a pas d’Art populaire . Pas plus que d’Art Bourgeois .
    Ce qualificatif d’art populaire médiocre sert surtout aux individus communs issus des milieux les plus favorisés qui pensent sortir de la vulgarité en envelloppant leur oeuvre d’un vernis de culture , ceux qui ne se distinguent pas par leur originalité et pensent s’en sortir par le classicisme .
    Même s’il faut reconnaitre qu’en proportion , les esprits les plus brillants sont issus des milieux favorisés , le Génie pousse partout , l’hérédité est capricieuse , les plus belles fleurs poussent souvent dans le fumier .
    Un art destiné aux masses sera souvent médiocre , mais un art qui vient d’un individu au sein de la masse …
    Je me souvient de certaines pages de l’Almanach du Père Peinard , qui exigeait que les portes du Louvre soit ouvertes aux ouvriers , à mettre en relations avec le passage de L’Assomoir où Coupeau retient seulement du musée les toilettes des grandes Dames et ou Mona Lisa lui fait penser à sa grande-tante …

    1. XP Auteur de l’article

      Je crois que vous n’avez pas compris le texte.

      L’art Populaire, visé ici, ce n’est pas Lady Gaga (chanteuse tout à fait respectable) et la fête à neuneu, mais justement l’Art Bourgeois et le classissisme,  » le mot de haut vol, le mot exaltant ». Ce que j’appelle les belles lettres, qui sont l’exact contraire de la littérature.

      La culture « dites populaire », TF1 et Lady Gaga, c’est parfait. C’est le peuple qui reste à sa place, qui ne fait pas de l’Art un domaine « des paysans et des ouvriers ». La populace, c’est la plèbe qui lit des livres « qui servent à quelque chose ». C’est Naulleau, c’est Arte et c’est France-inter.
      On peut être socialement pauvre et faire partie de l’aristocratie, riche et faire partie de la populace. On ne discute pas sociologie, là. Parce que justement, c’est pour la populace.

        1. XP Auteur de l’article

          Des excuses? Pourquoi?

          En fait, les communistes et les gauchistes détestent la culture « dite-populaire », c’est à dire l’entertainement. Ils l’interdisent, quand ils sont au pouvoir, ils disent que c’est abrutissant. Ils veulent tenir les masses par la culture, ils veulent que les masses prennent la culture comme on prend les Tuileries.

          A votre avis, que pense Mélenchon de Houellebecq? Que c’est plat, mal écrit, trop loin de la langue de Chateaubriand. Et bien voyez-vous, c’est aussi ça, la populace. Une attirance pour le classicisme, les ronds de langue…

          1. Prolo De La Lite

            Quand je parle du culture populaire , je parle de culture faite PAR le peuple , idem pour l’élite .
            Peu importe le public , l’Art ne doit pas s’occuper de ses « comsommateurs » , car même quand l’esprit le plus brillant lit un des auteurs les plus brillants , il ne fait que comssommer, rien de plus .
            Simplement , l’auteur était encore dans une vision très  » 19 ème  » des rapports de classes , l’accès à la culture commencait à réellement se démocratiser , car l’on peut désesperer des socialos qui avaient l’ambition d’abaisser la culture à la hauteur du peuple , n’oublions pas que jusqu’a récemment , la grande majorité de la population était Paysanne . On peut créer une frontière virtuelle Aristocratie/Prolétariat de l’esprit et sociologique , nous sommes toujours enracinés dans une vie concrète dans un environnement concrèt . Une grande érudition suppose du temps libre , un accès matériel à la Culture , voir une utilité concrète ( parader dans les salons , verser sa petite larme à l’Opéra … ) .
            Ces frontières se sont quasiment abattues , même une musulmane au fond de sa cité peu lire Nietzsche en écoutant Wagner , le D.R.H. d’une multinationale boit des Heinekens en fumant du mauvais Shit ( Pléonasme ? ) devant Fast and Furious , mais ces frontères était beaucoup moins perméables autrefois .
            Il est évident que beaucoup de gens pensent que quelque chose est profond quand ils ne le comprennent pas , voir les gros plans fixes d’ARTE , et beaucoup d’oeuvres accessibles à tous on souvent une double lecture , voir triple , c’était particulièrement vrai dans le cinéma avant l’arrivée de cette maudite nouvelle vague et du cinéma dit populaire .
            J’espère avoir été compris .

  2. la crevette

    De rien, XP.
    En fait, ce qui m’a intéressée dans ce passage, c’est que tu l’as déjà écrit dix mille fois, de dix mille façons différentes.Il rejoint ce concept de gardien de vaches diplômé, ce paysan qui n’est plus à sa place de paysan et qui se targue de faire de l’art.

    Et puis, cette leçon d’écriture : « …il faut parvenir à la maîtrise esthétique de tout ce qui vous pousse à écrire au départ… », c’est peut-être cela le « style ».

  3. Tiberius

    Je pense que vous nous ne sommes pas d’accord sur ce qu’est l’art populaire. Ceci tient au fait qu’a notre époque et dans notre société est pratiquement mort balayé par l’industrialisation (entertainement…) et le remplacement de la société traditionnelle par une société d’individus. L’art populaire a peut de rapport avec l’écrit, on peut lui attribuer, une partie de la mythologie, les contes, de la musique dont se sont servis les compositeurs (valse, gavotte…) et bien d’autres choses
    Et il me semble que le très bon texte de ce post met en garde contre le biais qui consiste à se préoccuper de classes sociales et de bons sentiments. Le problème n’est pas la plèbe, mais ceux qui la flattent

    1. nicolasbruno

      Je pense que ce texte dit exactement le contraire.
      Ce qui est critiqué ici, c’est en littérature les Tahar ben Jelloun, Philippe Labro, dans le cinéma les JJ Annaud, les Lellouch, qui ne cessent de se déclarer Artistes populaires avec un grand A, car ils feraient de l’art, compréhensibles par tous, visant à éduquer le peuple, avec de l' »intelligence du coeur »; ce genre de merde.
      Ou encore ceux qui vont voir dans les tags du street art, quand il ne s’agit que de comportements néanderthaliens.
      L’entertainment, c’est de l’entertainement et il faut le prendre comme cela. Son mérite c’est de ne pas être didactique mais simplement plaisant et il laisse souvent plus de trace dans l’histoire que ce que peut laisser l’art pour la masse.

      1. XP Auteur de l’article

        L’entertainmant revêt deux avantages terrifiants:

        – Il est fait pour vider les têtes (vendre du cerveau disponible à Coca-cola). On n’a jamais trouvé meilleur antidote contre ceux qui veulent faire le contraire, c’est à dire bourrer les cranes.

        – Il sert à faire du fric. Or, sur le long terme, il n’ y a pas eu mieux que la loi du fric pour limiter l’influence des petits commissaires politiques et des éducateurs du peuple gauchiasses, en rendant leurs réseaux moins efficaces.
        Concrètement, cela veut dire qu’Albert Jacquard, Thahar Ben Jelloun ou Plenel ont beau être des puissants et détenir un vrai pouvoir, ils ne passent pas sur TF1. Parce qu’ils font chuter l’audimat.

  4. XP Auteur de l’article

    Nous sommes au contraire en plein dans l’ère de la tradition, de la « valeur tradition ». Et jamais l’individu n’a autant fait figure de bouc-émmissaire.
    L’entertainmant? C’est ce qui nous sauve du désastre. Si Mélenchon gagne en 2012, vous n’êtes pas près de revoir Lady Gaga à la télévision.

  5. Restif

    Il est bien évident que ce texte de Roth, résolument excellent,et qui invite à l’achat ceux qu’avaient pu comme moi lasser les « Théâtre de Sabbath » et autre « Opérations Shylock » possède un sens, et lumineux même (ce que le cher XP sait bien) et que le sens de cette prose redoutable d’efficacité est de s’en prendre à ceux qui écrivent le stylo sur le cœur d’une encre distillée dans le lacrymal compassionnel- lisons : « pas le mot qui doit claironner aux gens respectables que vous êtes quelqu’un de formidable, d’admirable, de compatissant, qui prend le parti des exploités, des opprimés. ». Voilà une langue robuste, sans tortillage du sens et de la plus parfaite netteté. J’en prends occasion pour déclarer ici que je ne saurai me soumettre à l’exquis terrorisme xpéen : « on s’en fout de ce qu’a « voulu dire » Philip Roth. Il écrit des textes, pas des sourates. ».
    Avoir un sens net n’est pas, mais là pas du tout, être souraté du style. Parce qu’il y a une différence de la taille du gouffre de Padirac entre une prose limpide,précise, orfévrée de la syllabe et qui exprime soigneusement ce qu’elle a voulu et su dire et une sourate,ce bloc graphique inamovible, d’essence religieuse et qui a vocation à guider les vies au plus prêt du cœur, marquant chaque pensée,chaque mouvement,chaque battement de l’organe cordicol,enfermant l’Homme dans une musique mécanique qui l’automatise jusqu’au bout de l’esprit. Entre la sourate et le texte surréaliste onirico intello lacano-déridien qui est soupçonnable de toutes les interprétations ,il existe encore, le scribe suprême en soit loué, l’honnête morceau de prose qui vise soigneusement sa cible et la prend aux lacs d’une écriture sans rémission pour le relativisme de la comprenette -tel Roth. Si on refuse à l’auteur le droit au sens de son texte, c’est la porte ouverte à toutes les récupérations et la gauche pourra nous dire que Balzac « écrivant aux deux flambeaux du trône et de la religion » exprime en réalité l’idée d’une lumière qui ne peut naître que de la très nécessaire combustion de ces deux vieilleries et donc,vive 89 et ses remake de 48 en 68, la Commune faisant relais. Si tout texte n’est plus qu’un support à interprétations, susceptibles de changer avec chaque lecteur alors il n’a, stricto-sensu, plus aucun sens. Si ce n’est celui, mouvant et interchangeable, que lui confère chaque nouveau tourne page. Un sens aléatoire, très vague et continuellement variable sur lequel ne se bâtissent que châteaux de sable. A ce prix là, le relatif est le maître suprême, et toutes les usurpations de la gauche (et de chacun) sur la littérature finissent justifiées. J’ose m’y refuser. Si le mot « sourate » doit servir de contre exemple et de ferme-clapet à quiconque ose dire qu’un texte a un sens –contre l’avis définitif par exemple des « déconstructeurs » de Tel Quel et de ses rédacteurs maoïstes qui eux aussi soutenaient, avec quelle force dogmatique ! l’interprétabilité infini du texte et le dédain forcené de ce que l’auteur voulait dire – alors dans ce cas sinistre le mot sourate devient un simple outil à points goodwin. On ne vous traite plus de nazi, on dit que vous lisez l’écrit comme une sourate –déclaration en elle-même souratique en diable !

    Maintenant, que tout texte puisse servir à faire rebondir le dé de la conversation et alimenter le moteur à hypothèses, certes. Mais souffrez qu’on ne se « foute » pas de l’auteur, parce que là, c’est retomber dans ce qui a bien failli détruire –Georges Steiner l’a assez dit – toute étude littéraire sérieuse en prônant la « mort de l’auteur » et l’ouverture de son texte à toutes les élucubrations possibles.
    Admettons que quelqu’un n’aime pas une certaine conception de la littérature qu’il appellera « Belles lettres » (où vais-je chercher tout ça^^),il est en droit de dire « voyez ce texte de Roth sur les compassionnels professionnels, les belles âmes de l’écritoire, il irait comme un gant aux beaux-lettreux, » à ceux qui dans Chateaubriand n’aiment que la caricature de Chateaubriand, la Pléiade, le nom sur la tranche en doré, le côté « cheveux au vent »,toutes choses parfaitement dérisoires, et qui n’ont pas la plus mince idée de la splendeur de cet écrivain à qui « nous devons presque tout » comme l’a écrit Julien Gracq dans sa prodigieuse préface à ce chef d’œuvre des Mémoires( édition du centenaire,Garnier). Mais ce qu’il ne peut pas dire sauf à avaliser toutes les falsifications opérées par les détrousseurs accapareurs de la littérature, sans insulter cruellement à la vérité (qui est Dieu) c’est que Roth a visé ses ennemis et non les tapineurs bruyants de l’apitoiement humaniste.

    (Sans doute pense-il qu’il y a des choses qui vont de soi, pas à préciser. Voyons! Ou serait le plaisir?)

    1. rudolf hoax

      Je ne pense pas que le propos d’XP soit de dénier au texte et à l’auteur son sens (il s’en expliquera probablement mieux que moi de toute façon).
      Seulement que le sens ne doit pas être nécessairement éclairci par l’intention, « ce qu’a voulu dire » son auteur (comme justement une sourate où, ayant le texte sous les yeux, les savants se doivent d’extrapoler et de broder alentours pour éclaircir la volonté divine). Il est probable que le sens et l’intention se recoupent, mais seul le premier nous intéresse, et peu importe si occasionnellement les deux paraissent se contredire. C’est justement la porte ouverte à tous les contresens que de vouloir projeter l’idée qu’on se fait d’un auteur ou d’un esprit au détriment du texte que l’on a sous les yeux. Le meilleur moyen de dénaturer Balzac, puisque vous le citez, c’est de s’éloigner de ses textes dans leur évidence et leur pureté. La stratégie des récupérateurs de gauche est précisément le retournement du verbe au profit de l’idée, en réduisant le mot à sa polysémie et lui faisant prendre ainsi le tour qu’ils veulent, au lieu d’en suivre le chemin sensible tel qu’il apparaît dans la phrase où il a été placé. Pour peu qu’un texte soit, comme vous dites, parfaitement orfèvré, il suffit, pour en comprendre le sens, de le suivre, simplement, et de se passer de projections.

      1. Cherea

        ah Restif, on avait déjà évoqué le cas du singe de Portnoy qui avait plus qu’emoustillé mon adolescence…et la votre…Je trouve qu’Opération Shylock est une des plus formidables mises en abyme de la littérature…quant au théâtre de Shabbat, je dirai que c’est le roman le moins fluide de Roth mais également celui où il développe le plus le thème rapport Homme/femme/sexualité…et toutes les petites lâchetés de tout à chacun. La maîtresse qu’il perd et dont il fait le deuil, a tout du singe, 10-15 ans après…et avec elle ce n’est pas une sexualité subie forcée pour faire plaisir à l’homme mais bien la sexualité débridée de celle qui sait, Roth avec ce personnage (dont j’ai oublié le nom, un prénom croate) a inventé la MILF avant l’heure. Il y a des moments remarquables. Le mari de sa maitresse, immigré qui ne manie pas très bien la langue anglaise, doit donner un discours au rotary du coin. Il demande à sa femme de le corriger qui elle le passe à Sabbath, et lui explique que le texte est très court, qu’il doit faire une bonne heure, il tartine le discours de tournures lourdes et s’assoit au bar lorsque le mari donne son discours…Il prend sa bière, se repait de l’échec de celui qui baise sa maitresse. Il y a une inversion formidable là-dedans. Il vole aussi les petites culottes des filles de ses amis…Sabbath est la quintessence du type qui a construit toute sa vie autour du sexe féminin. C’est un peu le narrateur du Septentrion de Calaferte version juive américaine. Mais je comprends que l’on soit un peu rebuté par cet épais roman, il se déguste à petite dose…

        Bonnes fêtes à vous,

        1. Restif

          Bah,je crois effectivement être un peu injuste avec Roth sur ces deux coups là. Il y gagne,car je le relirai en prenant plus mon temps,gros glouton que je suis, j’avais gobé ça comme un Mac thriller.
          Excellentes fêtes à vous. (de la part aussi d’une certaine mienne épouse).

          1. Restif

            Ps Cherea : Mes saluts à la señora et meilleurs voeux de bonheur.
            Remember Rambouillet!
            (Cris du souvenir que je partage aussi ici avec XP,vrai poète qui se cache des cons, un Fanfaron résolument charmant et charmeur, un jeune chevreuil et un Goux assagi et malicieux. Passe une crevette bienveillante en dame du temps jadis…D. n’est pas loin.)

            1. la crevette

              (Merci Restif de vos bons vœux. Je vous présente de même les nôtres, à vous et à Madame.Et à Cherea bien sûr, en lui souhaitant un peu de repos pendant les fêtes.)

              Philip Roth, j’ai commencé à le lire l’année dernière et j’aime beaucoup, beaucoup. Je lui trouve certains aspects communs avec XP et cela m’amuse. Cette capacité à utiliser les évènements personnels et à les transformer en actes littéraires, en fictions… et puis sa vision de l’art aussi. Voilà.
              Et c’est un écrivain qui me fait rire.
              J’ai eu un faux départ, il y a quelques années avec Roth : j’étais tombée par hasard sur un de ses ouvrages dans une bibliothèque municipale, j’ouvre le livre, je tombe sur une scène torride et tout à fait perverse! Horrifiée, je referme le livre précipitamment et crie au scandale auprès de la pauvre préposée.
              Le dernier « Indignation » est bon, pas confus comme « Exit le fantôme ».

            2. Cherea

              Bonsoir à Restif et votre épouse, à mon homonyme LaCrevette et à XP et à tous les autres,
              la señora est en forme surtout depuis que je lui ai demandé sa main…reste à convaincre le dab…normalement je serai un homme marié avant fin 2011, je vous tiendrai tous au courant en privé…

              Joyeuses fêtes,

    1. Restif

      Allons,il n’y a pas d’amour sans mots doux. Et puis je compte sur ta légendaire tolérance. Et d’abord, je ne titille pas n’importe qui. Loin,très loin de là…
      Joyeux Noël à toi. Une certaine A*** se joint à moi,et j’en connais un qui t’inviterait volontiers à jouer sur le tapis en sa compagnie.
      Que milles cloches carillonnent!Prosit!

  6. Restif

    Mais je ne dis pas autre chose. Et je ne me préoccupe aucunement de l’intention. Ici, comme cela doit être, le texte se suffit à lui-même. Hors -voir ma citation de Roth- ce que celui-ci attaque c’est l’écrivain belle âme qui se sert de sa prose pour s’autoreprésenter en humaniste compassionnel. Ce n’est pas une »intention », c’est ce qui est écrit. Et ça n’a pas grand chose à voir avec une attaque contre le concept de belle lettre (même si il est légitime de la part d’XP de vouloir se servir de ce texte comme illustration de cette détestation qui est en lui). Si vous voulez, pour être clair,disons « qu’on ne se fout pas de ce que l’auteur A DIT ». Voilà,c’est plus net ainsi? (je demande ça parce que comme je ne trouve pas une once de différence entre ce que vous dites et ce que j’ai voulu écrire, je pense que c’est cette question d' »intention » qui n’est nullement mienne et qui s’est introduit via le « vouloir dire » qui a tout brouillé.donc pas « voulu » mais « a dit »^^).
    J’ajoute en passant que derrière le jeu amical je ne vise pas tant XP qui sait bien de quoi il en retourne que cette conception qui dénie à l’auteur le droit au sens de son texte. L’herméneutique est une discipline magnifique,j’y consacre beaucoup de temps, je suis fan de Jauss,Spitzer ect et en pleine relecture de Ricoeur -« Le conflit des interprétations »(!), j’aime à découvrir dans des textes des choses qu’on avait pas vu et qui détonnent quant à l’image habituelle de l’auteur, ce en le prouvant par le texte même, et ça peut aller très loin, mais je me méfie précisément d’une polysémie devenue folle qui tend la connotation à un point tel que le sens se distend à se rompre, le dénotatif lui-même s’effondre et le signifié se retourne contre son signifiant. J’ai ainsi entendu en colloque un ponte allemand sur Baudelaire (Dolf Oelher pour ne pas le nommer) lire une célébration de la révolution de 48 dans « Mon enfant ma soeur/ songe à la douceur/etc. La « soeur’ est ici l’image de la Révolution! et l’homme est d’une érudition sans bornes sur Baudelaire (voir son livre Le spleen contre l’oubli qui vaut malgré tout le coup car il a écumé la Nationale a la grande époque de celle-ci), c’est de plus un convive charmant -je l’ai eu à dîner- il n’en est pas moins fou. Sa lecture relève de la clé des songes. Je continuerai donc à dire -ce avec quoi vous êtes d’accord – qu’un texte tel que celui de Roth à un sens précis, et qu’en l’espèce ici il s’attaque au écrivains qui montre leur coeur ce qui est plus obscène que de montrer son cul, qu’il s’attaque aux lacrymaux de l’humanisme et non à la conception xpéenne de l’amateur de belle lettres.

    1. rudolf hoax

      Oui je ne m’inscrivais pas du tout en contradiction avec votre propos, nous sommes d’accord, je suggérais seulement au passage qu’XP non plus, justement. Mais j’ai bien saisi qu’il ne s’agissait pas tant de le reprendre que de faire avancer la discussion. ^^

  7. Laurent

    Petit passage éclair, bonnes fêtes et meilleur souvenir à Restif, XP, la Crevette, etc.

    Je vous lis toujours, et mon copain, qui n’est pourtant pas vraiment du même bord, a placé ILYS dans ses marque-pages… bon, il déteste les billets sur l’immigration, mais que voulez-vous, à 22 ans, on est encore idéaliste !

    1. Restif

      Ach Excellentes fêtes Laurent. Et je vous dis ça en pleine pratique festive(rien qu’un coup d’œil ilysien en passant ce soir ^^), donc nulle théorie là dedans. Pour votre ami, nicht problem. L’amour et la politique ne sont pas forcément compagnons de siège à la grande tablée de la vie! En votre honneur,souhaitons lui bon accueil.
      Allez , une part de gâteau, peut-être une fine et enfin il n’est pas impossible que je me laisse tenter dès ce soir par mon Bollano (666), un cadeau qui me promet de belles heures (pensez, 1000 pages!).

      La Crevette : j’ai privatisé mes voeux, mais il n’y en a jamais trop en ce domaine : je les triple donc ici même, à unquart d’heure de LA naissance. Ma tendrette de même.

        1. Restif

          J’avoue que j’ avais penser que certains mauvais esprits pourraient se laisser tenter mais finalement, jene voyais personne. C’était vous publier trop tôt ! (erreur souvent fatal en histoire et en politique, pour autant que les deux se dissocient). il n’y avait que vous pour oser la faire !(C’est un compliment. Dans « Les poissons rouges » Anouih exprime via son personnage de dramaturge ce constant qu’il ne sera jamais placé par la critique au rand de Becket ou De Ionesco parce que (de mémoire ) :
           » En pleine action tendre ou tragique, arrive un moment où je ne peux m’empêcher de glisser un jeu de mots douteux ou une plaisanterie de garçon de bain. C’est ma pudeur à moi »
          Je ne sais pas si c’est exactement pudeur chez vous, où plutôt disons que je crois que s’en est la variante qui consiste à souffler un air de légèreté là où d’autres pénibles mettent systématiquement du sérieux.

          Je profite de ce com modeste pour vous offrir mes vœux Ilysiens de meilleure année 2011. J’en dois qql autres,de vœux sincères, puissants(selon la volonté du grand Dab), efficaces, et je ne sais si vais pouvoir tous les honorer, un abcès dentaire ayant guetté avec une patience de sioux juif (ils mènent le monde! d’ailleurs la kippa est là pour ne jamais oublier le « Grand Scalp »,6 millions de toisons tombées. ) le moment de l’année où me sauter dessus.

    2. Lödni

      @ Laurent : Meilleurs voeux à vous aussi. De prospérité bien sûr, la maison est libérale. De bonheur aussi, même si selon les statistiques le vôtre ne va guère durer^^. Mais surtout, surtout, surtout de santé, parce que les tri- et quadri-thérapies ça coûte bonbon 🙁

      Alors, sortez couvert, laissez entrer couvert, comme vous voudrez pourvu que ce soit couvert.

      Une grosse bise puisque virtuelle.

      (et donnez-moi donc de vos nouvelles sur le plan confessionnel)

  8. Vertumne

    Super texte XP!! (moi aussi je sais faire mon Rodion ^^)

    Plus sérieusement, la théorie d’XP peut s’appliquer aussi au domaine du cinéma ou de l’animation. C’est pour les mêmes raisons que celles évoquées dans l’article que durant mes jeunes années les JFK, Guignols de l’Info ou les intellectuels rive gauche autoproclamés détestaient tant les dessins animés japonais du Club Dorothée: c’était « abrutissant », « mal animé » (alors que Kirikou et la Sorcière croulait sous les éloges parce qu’il était « somptueux graphiquement »), « violent », cela « n’enseignait pas de bonnes valeurs [de gauche] à nos enfants », etc.

  9. Lödni

    @ XP, Vertumne, & autres ami(e)s : Le problème avec la culture pour les masses, telle qu’elle est aujourd’hui, c’est qu’elle véhicule souvent les pires valeurs, et de façon redoutablement efficace (bien plus que les invités permanents d’Arte ou France Cul) :
    – banalisation du métissage ethnique, musical, etc. ;
    – martèlement de clichés (mâle / riche / blanc / blond = mal, notamment) ;
    – banalisation de l’homosexualité ;
    – sexualisation précoce des enfants (même si pour les adolescentes, XP verra probablement les choses différemment) ;
    – etc.

    Dans la collection « Contes & Légendes de… » qui a bercé l’enfance et l’adolescence de tout petit Français qui se respecte, il y avait plusieurs volumes qui reprenaient des contes & légendes de cultures extra-européennes au même titre que les autres, bien sûr plus nombreux, reprenaient ceux de provinces françaises ou d’autres cultures européennes. Ceci n’a jamais été un problème. On se braque beaucoup dans la réacosphère contre « Kirikou », dont j’avoue n’avoir vu que quelques images, mais dont il me semble qu’il ne porte pas trop de contre-valeurs, et que son « héros » est situé dans son environnement naturel, ce qui me paraît l’essentiel. J’y vois a priori (sous réserve que certains aspects toxiques m’aient échappé) moins de problèmes que dans une série policière moyenne de TF1/F2 (y compris si elle est américaine, avec des Congoïdes virtuoses en médecine légale, et a fortiori si elle est française), sans même aller jusqu’à « Plus belle la vie ».

    1. la crevette

      Lödni : « Le problème avec la culture pour les masses, telle qu’elle est aujourd’hui, c’est qu’elle véhicule souvent les pires valeurs, et de façon redoutablement efficace (bien plus que les invités permanents d’Arte ou France Cul) »

      C’est vrai, c’est un vrai argument Lödni contre cette culture populaire qu’a complètement intégré la « gauche ».

      A propos de la sexualisation précoce, mes ados qui regardent en ce moment avec passion une série américaine pour jeunes ont été frappés par le fait que toutes les lycéennes tombent enceintes dans la série. Mais Dieu merci, elles n’avortent pas (trop) : un vrai discours « pro-life » la plupart du temps. Mais tout de même… Évidemment on voit des jeunes au volant de cabriolets mirifiques, révoltés contre leurs « vieux » et jamais en train de bosser! (ça fait beaucoup rire mes enfants ça aussi)
      Bon un bémol, s’ils ne travaillent pas leurs études, ils ont cependant tous des jobs d’étudiant ce qui est déjà pas mal…

    2. Rodion

      Entièrement d’accord avec vous Lödni. Je préciserai juste que cette société ne prône pas le métissage, puisque celui-ci consiste à admettre les différences et à se contenter de l’échange. Quand on impose le fait que toutes les races, cultures, religions, civilisations se valent, et qu’in fine on provoque la disparition du monde blanc, c’est à peu près l’exact contraire du métissage. Une histoire d’amour entre un noir et une blanche dans le sud des USA des années 20, j’applaudis et je verse une petite larme. Mais la même histoire dans le Paris de 2010, ça ne me fait en général pas très plaisir.
      Mais quand même, mieux vaut que les gens se contentent des séries TV plutôt qu’ils s’engagent dans des concepts qui les dépassent, même si le message est pourri.

      1. XP Auteur de l’article

        Et puis n’oublions pas le point cardinal: la substitution ethnique, le grand remplacement, c’est rigoureusement le contraire de la mondialisation, et du nomadisme. Ca consiste à faire venir en Europe des populations qui ne sont pas faites pour bouger, dont la mentalité tribale les empêche de faire autre chose que de prendre une terre et s’intégrer, s’enraciner. Que font les cailleras du 93? Ils prennent un territoire, ils s’enracinent et ils s’intégrent, parce qu’ils ne savent rien faire d’autre. Après, qu’ils s’intégrent géographiquement ou socialement, la différence n’est pas fondamentale.

        1. Rodion

          Et il est important de préciser que si la mondialisation doit empêcher de bouger les gens qui n’en sont pas capables (90% des terriens), elle doit aussi permettre à ceux qui n’en ont pas envie de rester chez eux autant que c’est possible. Et surtout point essentiel il faut que tout le monde admette pour que cela puisse marcher, que les humains sont différents et que la beauté est là dedans. C’est pourquoi je ne partage pas vraiment votre mépris (exagéré par provocation?) du terroir, la mondialisation de demain devra cultiver les identités de notre belle France, et de partout dans le monde, sans pour autant en faire une religion.

            1. j.ax

              Tout à fait, la marchandisabilité c’est le test, le terroir a besoin de ça pour rester vrai. C’est ce qui se passe à la fin de la Carte et le Territoire, le phénomène a déjà un peu commencé, et mine de rien on a beaucoup de chance que les Chinois aiment le pinard. Evidemment on peut préférer les high tech et la belle mécanique.

            2. XP Auteur de l’article

               » de la charcuterie Corse à carrefour »

              Je ne vois pas trop où est le problème.

              les supermarchés ne vendent que des fromages à pates molles, et on dit « c’est de la merde ». Ils vendent des charcuterises corses, on crie à la marchandisation.
              Les éleveurs corses sont confinés dans leurs montagnes, à vendre deux saussicons par jour aux touristes, et « on laisse crever le terroir ». Ils sont distribués par Carrefour, ca va toujours pas.

              Mais c’est d’ailleurs aussi à ça que ça sert, la grande distribution: à faire faire des économies aux consommateurs pour qu’ils puissent dépenser le plus en produits de luxe, artisanaux.
              Par exemple, depuis que les grandes surfaces ont fait disparaitre les trois-quarts des boulangers, ceux qui restent offrent une qualité et une diversité de produits qu’on ne connaissait pas avant. Parce quand on a fait le plein de baguette à 35 centimes pour la semaine, on a les moyens d’acheter un pain artisanal d’excellente qualité pour le dimanche, qu’on achète le plus souvent dans la galerie marchande de Carrouf. Alors qu’avant, la boulangerie, c’était baquette/Gros pain.

              Il n’a y a jamais eu d’aussi bons artisans boulangers que depuis l’avènement du pain industriel. C’est compliqué à intégrer pour un socialiste à l’esprit binaire (je ne vise personne ici). Mais l’économie capitaliste, c’est complexe,paradoxal, et c’est c’est ça que les gauchiasses n’aiment pas, au fond.

            3. Prolo De La Lite

              Exactement , c’est tout-à-fait la réaction que j’attendait de votre part . Et je ne me sent pas visé …
              C’est en cela que a loi du marché est redoutablement efficace , en dehors du potentiel d’achat , si 90 % des gens veulent acheter de la merde , le marché fournira de la merde , si d’autres veulent de la qualité , il fournira de la qualité , et elle sera grandement améliorée , le marché tout-puissant , contrairement à d’autres idéologies , ne cherche pas à tirer les envies des gens vers le haut où le bas , il donnent aux gens ce qu’ils veulent .
              Et c’est la que l’ont voit la déception énorme des gaucistes en tout genre . L’Opéra au XIX ème est réservé aux élites sociales . Très bien . Il est donc  » confisqué  » au  » peuple  » . Quand le savoir sera démocratisé , les pauvres iront à l’Opéra . A l’ère d’Internet , combien Lady Gaga a-t-elle de Fan sur deezer , et combien pour Bizet ?
              La loi du marché est la doctrine économique la plus saine qui soit , la seule qui permette l’apartheid .

            4. Lödni

              @ XP : Comm du 29/12 à 22h54 remarquable de drôlerie, comm du 30/12 à 13h48 remarquable de justesse.

              A un détail près : une fois qu’on a goûté au pain de qualité, finies les baguettes à 35 centimes.

    3. Vertumne

      Caru amicu Denis/Lödni 🙂

      Globalement d’accord avec votre analyse même s’il existe une différence qualitative gigantesque entre les séries américaines et françaises. Les premières étant de vraies oeuvres d’entertainment avec un soupçon de propagande alors que les secondes ne sont que de pâles copies noyées dans la mentalité bobo consensuelle. Pour le Noir expert scientifique à triple doctorat, c’est une vieille technique des Ju…euh des scénaristes pour « vaincre les clichés » (ces clichés étant en réalité l’illustration moyenne de faits observés), et puis c’est aussi ça le cinéma, nous offrir du rêve, du virtuel 🙂

      « On se braque beaucoup dans la réacosphère contre « Kirikou » »

      Le problème est que ce genre de programme nous vend l’Afrique, continent majestueux auquel nous avons maintenant accès directement au seuil de notre porte, dans le métro, dans la rue, et au KFC 🙂 L’imprégnation de ce genre d’images chez un enfant peut-être très forte et conduire à un tropisme exotique très peu salutaire génétiquement parlant. Et il me semble qu’il y a bien d’autres populations (européennes ou au moins asiatiques) qui seraient tout aussi susceptibles d’intéresser nos chères têtes (plus très) blondes sont tout bonnement laissées de côté par nos zartistes.

  10. Vertumne

    @ XP: « Mais l’économie capitaliste, c’est complexe,paradoxal, et c’est c’est ça que les gauchiasses n’aiment pas, au fond. »

    C’est un point fondamental. A mon avis, l’économie capitaliste ne fait que refléter l’hétérogénéité croissante de notre société, de telle sorte qu’il s’y est créé toutes sortes de « niches » de consommateur dans la plupart des domaines. Là où la société française d’après guerre était relativement homogène socialement, économiquement et culturellement, les produits étaient peu diversifiés. Maintenant que nous sommes divisés en sous-tribus, il existe une offre proportionnelle à cette complexité. Le touriste « vert » de Corse qui part en Castagniccia n’appartient pas à la même catégorie socio-culturelle que le plagiste qui se fait griller à Porto-Vecchio. Chacun trouve désormais des produits lui correspondant: l’un du saucisson (quasi-)AOC fait à partir de porcs locaux nourris à la châtaigne bio, l’autre le saucisson bon marché fait certes en Corse mais, avec du cochon d’Europe de l’Est nourri au maïs radioactif.

    De plus, la mise en circulation de produits bas de gamme provoque une volonté de différentiation des classes éduquées, l’achat de produits de qualité servant de marqueur social. Par exemple, depuis l’avènement du fast food il n’y a paradoxalement jamais eu autant de bons restaurants en France, proposant une cuisine toujours plus variée. Bizarrement c’est parce que les classes populaires ont quitté le petit restaurant de quartier et se sont dirigées vers le McDo/Quick que ce même petit restaurant de quartier offre désormais une carte magnifique avec des plats vendus deux fois plus chers que ce qu’il offrait avant aux prolos. Dans certaines villes, le nombrex de bons restaurants a été multiplié par 4 ou 5 en vingt ans grâce aux kebabs, camions à pizza et McDo.

    1. XP Auteur de l’article

      Je ne partage pas votre analyse, pour une fois. Il ne me semble pas qu’il y ait des mac-do pour les pauvres et les restos plus sophistiqués pour les riches. Ni que les restos un peu gastro soient une marque de distinction sociale. Les riches emmènnent leurs gosses aux macdo, on y voit plein de costards cravates, et le resto de qualité s’est incroyablement démocratisé.

      1. XP Auteur de l’article

        J’ajoute que la gastronomie intéresse les français, le peuple, depuis très récemment. Avant, les gens, en France, s’en foutaient presque tous, ils buvaient et mangeaient n’importe quoi. Ca n’a jamais été un marqueur civilisationnel très fort. Ils ont découvert leur gastronomie comme ils ont découvert l’indienne, la chinoise, etc. C

        Le français gastronome, c’est une légende au même titre que le français philosophe et littéraire qu’imaginent par exemple les américains.

        1. Coriolan

          C’est même tendance d’aller au McDo, chez les moins de 30 ans citadins branchés aux revenus corrects. De se « faire un McDo » plutôt. Alors qu’aller au kebab ou au Quick ça fait adolescent sans argent et/ou arabe.

          De toute façon, depuis « Un diner presque parfait », tout le monde s’est mis à mélanger n’importe quoi, à foutre ça dans des verrines et à vous expliquer en détail la recette tout en vous les servant.

          1. Il Sorpasso

            En effet, beaucoup de -30 friquets vont chez McDo, il faut noter l’effort en France de déco de beaucoup mcdo genre lounge depuis 2000.

            L’effet « Un diner presque parfait » est directement dû à la starification des chef cuisto présentés comme des artistes, avec les présentations de plats délirants, le côté « sortie tendance » chez tel chef. Tout ça, chez les étoilés, patissiers, a été pensé avec des marketeurs, attachés de presse, etc (et d’ailleurs avec masse de fric à la clé). Un plat = une oeuvre d’art, un chef = un peintre « star ». Et cela est venu se greffer parfaitement dans l’esprit « tous artistes » moderne (et, du même coup, tous « critiques gastro »), On n’a plus des plasticiens ou peintres du dimanche, mais des trois étoiles moléculaires du dimanche. Ça prendrait un chapitre entier dans le « Bouvard et Pécuchet » contemporain.

      2. Vertumne

        Et moi je ne suis pas d’accord avec le fait que vous ne soyez pas d’accord ^^. Que ce soit sur le continent ou en Amérique du Nord, l’essentiel de la clientèle que j’ai vue dans les McDo appartient globalement aux classes populaires, avec de temps à autre le cadre pressé ou la mère de famille débordée, quand ils ne peuvent pas faire autrement. Un pis aller en quelque sorte. Alors que pour de nombreuses personnes des classes populaires le fast food est une véritable institution, un lieu social. En revanche, le fast-food est de plus en plus fui et montré du doigt par les bobos (cf. Supersize me) et les gens éduqués.

        « le resto de qualité s’est incroyablement démocratisé. »

        Pas vu beaucoup de prolos dans des restos de qualité jusqu’à présent, même bons marchés. D’après moi, il y a des gens qui sont génétiquement attirés par une bouffe proposant un ratio calories/prix élevé, d’où l’obésité chez les classes populaires tandis que les riches sont minces (l’exact inverse des siècles précédents). Certains sont sortis de la physiologie du chasseur-cueilleur avant les autres.

        1. XP Auteur de l’article

          « d’où l’obésité chez les classes populaires tandis que les riches sont minces »

          Hum… Pas sur que les nobles sur leurs chevaux étaient plus rondouillards que les paysans…. Les Rois de France se distingainent souvent du peuple par leurs tailles élancées…

          1. Prolo De La Lite

            La masse de Gargantua ne l’a pas empêché de botter le cul de Pichrocole .
            Et en mangeant de la soupe aux choux et du poireau tous les jours , éventuellement un bout de lard le Dimanche , j’ai du mal à croire à un pays de gros-plein-de-soupe .

        2. Lödni

          « D’après moi, il y a des gens qui sont génétiquement attirés par une bouffe proposant un ratio calories/prix élevé »…

          … C’est bien possible, et il y a aussi des gens qui sont moins bien programmés génétiquement / dressés culturellement à résister aux tentations de la « satisfaction immédiate » du trop salé / trop gras / trop sucré. Ces gens sont surreprésentés parmi les pauvres.

          Quasi incapables de se projeter dans l’avenir, livrés plus que nous à leurs instincts, nos amis Congoïdes sont ici hors concours.

          1. Vertumne

            Tout à fait. Plusieurs études avaient démontré que lors du « test du bonbon » (on donne le choix à un enfant de recevoir en cadeau un bonbon tout de suite ou plusieurs bonbons plus tard) les enfants à faible QI avaient tendance à choisir le bonbon tout de suite plutôt que plusieurs bonbons plus tard. Ce que les Anglo-saxons appellent la delayed gratification est une clé fondamentale pour comprendre les différences de QI. Car cette delayed gratification trouve des terrains d’étude dans tous les domaines:
            -reproductif: le niveau de réussite scolaire est inversement corrélé avec l’âge du premier rapport sexuel
            -éducation: les études, qui ne sont qu’une sorte de placement de votre capacité de travail en vue de la faire fructifier à long terme sont considérées comme utiles par les personnes à QI élevé.
            -budgétaire: les personnes à faible QI ont tendance à tomber plus facilement dans l’endettement par surutilisation de crédits parce que dans leur esprit les bénéfices à court terme (recevoir une grosse somme d’argent d’un coup) occultent le risque à long terme (les taux d’intérêt faramineux).

            1. Lödni

              « le niveau de réussite scolaire est inversement corrélé avec l’âge du premier rapport sexuel »…

              … Heureusement il existe des exceptions individuelles. Heureusement 🙂

            2. Vae Victis

              Je prendrais aussi le bonbon, parce que je douterais fortement de la promesse faites d’une fructification du gain.

  11. Vertumne

    Sociologie du fast food:

    fast-food restaurant density in shopping areas with 1-mile buffers was independently correlated with median household income and percent of black residents in the census tract. Similar results were found for shopping areas with 0.5-mile buffers. Predominantly black neighborhoods have 2.4 fast-food restaurants per square mile compared to 1.5 restaurants in predominantly white neighborhoods.

    The link between fast food restaurants and black and low-income neighborhoods may contribute to the understanding of environmental causes of the obesity epidemic in these populations.

    Source: http://www.aahf.info/pdf/youth_articles/PIIS0749379704001394.pdf

    1. j.ax

      Vrai, le McDo aux USA est fréquenté surtout par les pauvres, souvent de couleur, c’est ce qu’il y a de moins cher en ville, il est aussi de moins bonne qualité. Mais il y a plein d’autres endroits où descendre un bon hamburger, et le concept de McDo ayant essaimé, on a un vaste choix de restaus fast food ce qui est parfois bien pratique.

      1. Lödni

        Il y a encore plus gras, bien plus gras que McDo, c’est le KFC. Du poulet industriel merdique trempé dans une solution pimentée et entourée d’une sorte de compromis entre la pâte à beignet et l’éponge à graisses. Hallucinant. Naturellement les Congoïdes accourent. Outre-Atlantique, mais aussi en France.

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