Ramasse-tout ou Ma repentance sur le Front d’après

Oui, la corde au cou comme un bourgeois de Calais ou d’ailleurs, je me repens d’avoir un instant douté de cette vérité : il faut voter Marine Le Pen, non Bruno Gollnisch.

Fou que j’étais. Quel égarement coupable ! quelle tragique méprise, quel manque de sens !

L’un de mes griefs malhabiles, fruits de ma méchanceté et de mon manque de sens national (on aura décidément tout dit ici), ce qui m’a égaré et m’a empêché de réagir en vrai national-lepéniste, c’est que j’avais vu quelque incohérence dans des propos vagues, qui pouvaient dire tout aussi bien que l’inverse.

Mais là où je ne voyais qu’incohérence et vague, les yeux bleus de Marine qui brillent d’une bonté nécessaire envers tout ce qu’elle peut accueillir de concours et de bonnes volontés voyaient plus loin que ma pauvre jugeotte. Comment en eût-il été autrement ?

Ainsi l’on voit aujourd’hui VoxNR et la LDJ se ranger ensemble — ensemble ! mesure-t-on bien le sens de ce mot et ce qu’il porte d’espoir ? — sous la bannière de la nouvelle sainte de la Patrie. Oh j’entends bien les quelques incrédules, les quelques mécréants, les quelques traitres, en un mot, qui soulignent que Marine n’aurait peut-être pas, réunies en sa personne, toutes les qualités pour prétendre être la nouvelle Jeanne d’Arc. Basse et vile attaque. Qui d’autre depuis la Pucelle a réussi ce tour de force d’enrôler sous sa bannière tout ce que le patriotisme compte, depuis les ligue communautaires jusqu’aux nationaux-révolutionnaires pro-palestiniens ?

Oh ironie ! c’est précisément là où, myope que je suis, je ne voyais que vague et brumes, c’est là que se révèle le génie clair de Marine et de ses partisans. Car ce n’est pas une simple rencontre qui fait voter Marine à la LDJ et à VoxNR — même si les premiers voteront dans les faits un peu moins, étant, j’imagine, moins fréquemment membres du Front national à jour de cotisation.

En effet : c’est avec des arguments semblables que la Ligue de Défense Juive et M. Bouchet invitent à voter pour la meilleure des candidates. Rencontre merveilleuse, que dis-je ? miraculeuse ! Quel Français, entre ces deux extrêmes, pourra rester insensible à une telle rencontre d’hommes et d’arguments ? Certes, on verra ça et là quelques différences de présentation, on croira même lire dans le texte publié par la LDJ un appel discret à Marine pour qu’elle épure M. Bouchet. Et dans la prose de VoxNR, il suffit de remplacer « compagnies transnationales » par finance juive ou « libéralisme » par banque israélite pour retrouver des accents qui pourraient légitimement inquiéter la LDJ. Vétilles… Dans un même mouvement montant des tréfonds du pays, dans un même appel à Marine comme dernier recours (M. Bouchet nous en presse assez, à la manière d’un vendeur d’immobilier qui vous explique qu’il faut vous dépêcher), dans ce mouvement d’espérances et de ferveurs marinistes, ce que j’aurais naïvement cru des incohérences comiques ou des symptômes de creux sont traités avec raison, avec raison nationale, avec raison patriotique, avec raison politique comme des points de détail qui ne doivent pas obscurcir l’espoir d’un Front rénové.

Et dans le texte même de M. Bouchet c’est M. de Benoist qui nous donne la formule finale de cette rénovation :

L’alternative à laquelle [le FN] se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la “ droite de la droite ” ou se radicaliser dans la défense des couches populaires pour représenter le peuple de France dans sa diversité.

Votez, oui, votez Marine. Votez pour l’entrée de la diversité au Front National. Elle est NR, voyez son keffier, elle est LDJ, voyez sa kippa.

Votez pour la candidate officielle et omnibus.

Marine candidate officielle

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À propos Nicolas

« Fabrice les entendait qui disaient que le diable était sur la toit, et qu'il faillait essayer de le tuer d'un coup de fusil. Quelques voix prétendaient que ce souhait était d'une grande impiété, d'autres disaient que si l'on tirait un coup de fusil sans tuer quelque chose, le gouverneur les mettrait tous en prison pour avoir alarmé la garnison inutilement. Toute cette belle discussion faisait que Fabrice se hâtait le plus possible en marchant sur le toit et qu'il faisait beaucoup plus de bruit. Le fait est qu'au moment où, pendu à sa corde, il passa devant les fenêtres, par bonheur à quatre ou cinq pieds de distance à cause de l'avance du toit, elles étaient hérissées de baïonnettes. Quelques-uns ont prétendu que Fabrice, toujours fou,  eut l'idée de jouer le rôle du diable, et qu'il jeta à ces soldats une poignée de sequins. Ce qui est sûr, c'est qu'il avait semé des sequins sur le plancher de sa chambre, et qu'il en sema aussi sur la plate-forme dans son trajet de la tour Farnèse au parapet, afin de se donner la chance de distraire les soldats qui auraient pu se mettre à le poursuivre. »

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