Le dîner de putaing’ cong’

Ça y est, elle a claqué la vieille ganache chevrotante ! Elle en pouvait plus de faire la tournée des plateaux télé comme une rombière à bijoux les salons de coiffure ! Les dérapages, ça conserve, surtout quand ça vient de gauche, et il faut constater qu’il les produisait en quantités industrielles ces derniers temps. Dire qu’il y en a qui croient encore que ça vous grille un politique ! Il récoltait l’effet escompté : les cris d’orfraie des journalistes, du PS, des antiracistes, bref, de tous ce que la France compte de zombies en stade terminal, pour leur plus grand plaisir de se trouver encore une raison d’exister, mais Georges, cette fine coquette, a su revendiquer l’étiquette actuellement la plus en vue de ses cons d’électeurs comme de ses cons de contempteurs : l’anti-parisianisme; ou comment sortir tout ce beau monde du profond coma dans lequel il végète en flattant sa susceptible nullité. On avait beau le rabrouer sans cesse, il en devenait encore plus hâbleur, comme ces créatures de l’espace qui grossissent lorsqu’on utilise contre elles les armes conventionnelles.

Si on avait voulu l’abattre Frèche, et tout le problème réside bien là, personne ne le voulait, surtout ceux qu’il soi-disant ulcérait, alors c’était toute l’enflure mégalomaniaque d’une France acéphale dont le nom est Régions qu’il fallait dégonfler au préalable. J’aime autant vous dire qu’il fallait se lever tôt. Ce sont les mêmes qui lui trouvaient des circonstances atténuantes dans sa grande érudition historique antique, dont il su magnifiquement tirer l’essence en édifiant le quartier de l’Antigone et son Conseil Régional- celui-là même où il a eu l’élégance de calancher – tout en transparence surgelée, toute l’horreur sous vide du nihilisme à front de Languedoc, ringarde dès la première statue copie de la Victoire de Samothrace titubant parmi les flots de fonctionnaires à baskets. Trente-trois ans à péter dans le décorum gréco-stalinien devant lequel Koonz devient le roi des classiques, trente-trois ans à plonger sa région dans le désastre économique, avec son Conseil et ses métastases bourrés à craquer d’emplois fictifs (quoi d’autre dans un décor pareil ?), dans la corruption, seule industrie locale digne de ce nom, et dans la cooptation franc-mac à faire passer facebook pour un club privé.

Cette destruction irréversible de Montpellier à travers ses quartiers d’affaires vides, ses lignes de trams vides, et surtout son intercommunalité, n’aura servit qu’à agglomérer, au sens propre et de manière intransitive, sans que cela n’ait le moindre intérêt autre que de grossir le nombre des cons, pour leur plus grand bonheur; signant au passage l’obligation pour les dernières entreprises réelles, entendez autre chose que le BTP-travaux publics et ses enveloppes, à foutre la clé sous la porte lorsqu’elles virent arriver les impôts délirants..

Montpellier à son image, un gros truc flasque, fort en gueule, mais sans projet autre que d’enfler encore plus et plus vite, quitte à ne plus pourvoir marcher sans cannes, en attendant de s’effondrer. Ce qui ne manquera pas d’arriver, mais on trouvera encore des cons pour dire et penser que c’était mieux du temps de Frêche. Il ne sont pourtant pas prêt de le quitter, le temps de Frêche, parce qu’à moins de passer les trois-quarts de la ville au Napalm, ils y sont pétrifiés ad vitam aeternam, même et surtout s’ils poursuivent cette manie publicitaire qui consistait à redonner des noms grotesques à tout et rien pour exporter deux tomates et trois barils de vinasse, bien qu’ils préférèrent tout de même garder Languedoc-Roussillon comme nom officiel, on se demande bien pourquoi, d’ailleurs. Eux si prompts à se rouler dans le gigantisme infantile en plastique.

Peut-être le signe que, malgré tout ce désastre parfaitement consenti et encouragé depuis la capitale, ravie de se trouver de la fausse–concurrence et de décentraliser, c’est à dire faire enfler ses membres à sa mesure, histoire qu’on ne remarque pas que ça commence à se voir, le signe donc, qu’on est en Languedoc-Roussillon et pas en Septimanie et encore moins encore en Sud de France, parce qu’il faut bien, là aussi comme partout ailleurs, faire gober que ça ne ressemble à rien d’autre lorsqu’on arrive même plus à savoir dans quel délire de bande-dessinée de science-fiction rétro-futuriste pour ravi de la crèche on patauge.

Mais ce n’est sûrement pas de ce côté qu’on l’ « attaque » ou qu’on ose l’égratigner, même post-mortem, ne rêvons pas, on le surnomme même « le grand bâtisseur », c’est dire le niveau de liquéfaction des esprits, non : son problème à Frêche, selon les moineaux en manque d’épouvantail, c’était son absence de morale, voire de tenue. Mais je m’insurge ! Son dernier projet de statues n’en manquait nullement, il ne s’agissait rien de moins que de « dépolitiser la politique » , en plein dans le mille ! Sur la forme, ce gloubiboulga de statues des « grands hommes » qui ne veut strictement rien dire sinon faire couler le souvenir de chacun d’eux dans la vase du relativisme contemporain, donc interdire toute forme d’analyse et de réflexion à leur sujet à travers le barbouillage des dernières traces de la notion de contexte (ah ! ce grand amateur d’histoire, Frêche, comme il savait honorer ses passions !) que sur le fond : faire parler de lui en excitant les journaleux comme des pigeons avec des miettes de provocation moisie et de sa néo-ville-région en PVC pour attirer touristes, caméras, pestes et choléra. Un véritable happening total hype pour décatis du bulbe qui pensent que toute date inférieure à 1989 est un gros mot dangereux pour la santé. Un buzz dans la mare aux grenouilles déconstructionnistes qui coassent tout le bien que leur inspire le brouillage des cartes. Bref, Montpellier transformée en Mecque des pèlerins de l’absence de sens critique comme impératif catégorique. La classe, donc.

Anti-parisien, Frêche ? Lui qui avait incarné toute la déchetterie chromée kitsch monumentale de l’art contemporain appliquée à des territoires et des populations entiers ? Le fameux « franc-tireur » aura réalisé le grand projet majeur de ce début de millénaire : transformer tout en n’importe quoi. Soit exactement ce dont les « parisianistes » rêvaient sans jamais avoir osé le faire à cette échelle, et Dieu sait pourtant qu’ils se démènent. Tes électeurs n’étaient pas gentiment cons, Georges, ils étaient à fond les ballons parisiens, autrement dit : modernes, comme tout le monde, mais alors avec la force de l’innocence, l’enthousiasme du débutant et la débilité de la pose résistante, et cette dernière, il faut bien l’avouer, grâce à toi. Ils auront remporté haut la main le concours de la folle braderie des ruines de l’existence, battu le record des grands bonds exaltés dans le néant culturel, torché la révolution architecturale pour lemmings radieux , avec un plébiscite qui aurait laissé ton mentor Mao sur son petit cul de père.

Tu en as fait des orphelins ! Mais on s’active déjà, à ce qu’on dit, à te trouver un remplaçant, avant qu’on ne se rende compte que tout cela devait arriver quoiqu’il advienne, et qu’importe le zélé leader, du moment qu’ils croient, comme tu le disais si justement, qu’il est comme eux, c’est à dire comme plus rien du tout, et qu’il peut donc leur refourguer sans problème n’importe quelle boite à meuh en barbapapa fluo de douze mètres de haut avec patinoire non-fumeur, salles de visio-conférences 3D et colonnes romaines qui font distributeurs de préservatifs biodégradables parfumés aux herbes de Provence, le tout surplombant un bassin en forme de cœur au milieu duquel trônera ta statue en marbre inspirée de la Venus de Botticelli-à moins qu’il ne s’agisse de Michael Jackson- avec un panneau « Bienvenue chez les Mont’pelliérens » qui lâche un « Putaing’cong’ » sonore quand on passe devant en poussette pliable à trois roues. On parle même d’un mausolée en terrasse où reposera ta dépouille dorée à l’or fin sous cloche, avec spectacles sons et lumières, bornes wi-fi et application iPad qui permettra de faire déambuler ton avatar géant comme Godzilla dans ta ville re-re-pixelisée, le tout sponsorisé par une entreprise locale et subventionnée qui fabrique des tests de grossesse qui font clé USB. Quelques intermittentes du spectacle en contrat d’intérim pour jouer les pleureuses sur le parvis et on y sera.

On te laisse deviner le rôle que l’ironie de l’histoire t’aura finalement fait jouer, toi, l’insoumis du terroir, au milieu de tes légos pour gogos : celui d’une espèce d’über-Delanoë bouffi, mi-bœuf mi-latiniste et avec accent. En encore plus répugnant et servile, donc.

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