A la manière d’Anouilh

– Mesdames et messieurs les jurés, qu’ajouter à l’excellente
plaidoirie
de mon confrère Maître Kid, avec lequel j’ai la charge de
défendre l’abruti congénital qui se fait quotidiennement le complice du
vivre-ensemble, de la disparition de l’homme blanc et du grand remplacement?

Peut-être ceci : l’homme libre, honnête et décidé à continuer d’appeler
un chat un chat, que propose-t-il implicitement à notre client, monsieur
l’abruti congénital?

(Il pointe son doigt en direction de son client l’abruti congénital.
Dans son box, celui-ci reste avachi, la tête baissée, mais son regard se
dirige vers son défenseur, Maître XP….)

– Implicitement, il lui propose de le rejoindre! Pire, il se livre à un
odieux chantage, en lui demandant de choisir : soit tu t’assumes en
lâche et en imbécile
, lui dit-il en substance, soit tu me suis, tu te
coupes de la communauté des hommes et tu renonces au patrimoine que toi
l’homme des foules, tu possèdes en indivision avec le reste de la foule…

Car en effet, quand l’homme de la masse annone les mots de la masse, il
ne s’agit peut-être pas de mots auxquels il croit dans les tréfonds de
son âme, mais en vérité, il est question de bien plus : il s’agit des
mots dans lesquels il habite… Ce ne sont pas  seulement de convictions, mais 
la seule chose qui est à lui, dont on le somme de se défaire…
Mieux, ces convictions vraies ou fausses qu’il défend en y croyant ou
en y croyant pas, ce sont elles qui lui donnent le droit de vivre paisiblement parmi
les siens, sa seule famille, ses compatriotes de la planète masse.

Si dans le fond, l’abruti congénital n’aime pas l’envahisseur qui finira
demain par lui prendre tout ou presque, dont les enfants vont
paisiblement  se substituer aux siens, s’il en a légitimement peur et si
sa présence suscite en lui de la colère, alors comment à fortiori
n’éprouverait-il pas du dégoût, de la peur et de la colère face à celui
qui le somme d’ouvrir les yeux et qui pour le coup, veut sur l’instant
tout lui prendre, le mettre à nu, le forcer à renoncer à sa quiétude, à
ses mots refuges, et à l’affection des siens? Pensez-vous qu’il peut continuer à vivre
sans tuer virtuellement le maître chanteur et sans se protéger de lui en
renforçant les digues que sont ses convictions, en cherchant  comme jamais des raisons d’y croire?

Plus l’homme de la foule sent qu’il a moralement tort de s’accrocher à
ses convictions, et plus il a de vraies raisons de les défendre….
Mieux encore, puisqu’alors il défend  sa vie et son bien, que
l’amoureux de la vérité se dresse devant lui en prédateur, plus il
mentira et plus ses mensonges auront des accents de vérité… Pour le
dire autrement, plus il mentira et moins il cessera de jouer…

C’est pourquoi, mesdames et messieurs je plaide moi aussi la pitié pour
l’abruti congénital adepte du vivre ensemble. Je propose qu’on le pende, mais par un seul pied, et qu’on le laisse faire ce qu’il veut avec l’autre.

(Il se retire et va s’asseoir auprès de Maitre Kid)

8 réflexions sur « A la manière d’Anouilh »

  1. Le Plouc-émissaire

    Superbe ! Plaidoirie d’autant plus magnifique face à une partie adverse nauséabonde. Voilà enfin un baveux qui défend son client déodorisé en n’argumentant qu’à coup de VERITES!
    Mais plaidoirie inutile cependant… L’acquittement pur et simple est couru d’avance. Car en prononçant ne serait-ce qu’un timide « rappel à la Loi », la Cour elle-même écornerait la digue de ses propres convictions que la protègent si confortablement…

  2. M. Goliadkine

    Quitter la communauté des hommes, devenir un paria, c’est une chose, mais c’en est une autre que celle que l’accusation exige du prévenu. Elle ne lui demande non pas seulement de risquer l’opprobre et l’exclusion, mais pire. Elle lui demande de devenir lucide, d’ouvrir les yeux complètement, elle lui propose de cette façon de se risquer à se laisser dévorer par la haine. La haine de voir l’aveuglement de tous les autres qui continuent de se mentir à eux mêmes alors que lui même a cessé. Elle l’invite à affronter, sans garantie de réussite, la peur de ne pas pouvoir être lucide sans devenir destructeur.

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