C’est un plaisir fade et nuisible que d’avoir affaire à des gens qui nous admirent, nous suivent et nous cèdent la place. Je me sens bien plus fier de la victoire que je remporte sur moi, quand dans l’ardeur du combat, je m’oblige à plier sous la force du raisonnement de mon adversaire que je me sens grès de la victoire que je remporte grâce à sa faiblesse.
Montaigne ne vivait pas dans une démocratie, mais il avait pourtant démontré en trois lignes que la démocratie, c’est la loi du plus fort, du plus éloquent… Comme on imagine pas en démocratie un débatteur déclarer à son adversaire « je suis fier de la victoire que je remporte sur moi-même en me pliant à vos arguments, et j’aurais détesté avoir le dernier mot grâce à votre faiblesse », On peut en conclure qu’il ne peut pas y avoir de débats, de vrais discussions, dans une démocratie.
Pourquoi se mettre en recherche de la vérité en discutant avec un homme qui n’a ni pas ni allure qui vaille? (…) Quand deux imbéciles discutent ensemble, l’un part à l’Est, l’autre à l’Ouest, ils perdent le principal, et l’égarent dans la foule des questions accessoires qui surviennent… »
Que dire de mieux sur la fameuse conversation à la française et cet Art de s’interrompre si cher à Madame de Staël?
J’aimerais mieux que mon fils apprenne à parler dans les tavernes que dans les écoles de la parlerie ou l’on forme des éloquents.
Je n’aime pas le corps enseignant, mais je n’ai jamais osé dire quelque chose d’aussi violent à l’endroit de ces gens-là.
Je m’en veux quand je me surprend à supporter si mal la bêtise.
Moi aussi… Et j’ai bien conscience que si je la supporte si mal, c’est que je suis moi-même encore un peu con, pas tout à fait guéri de l’envie de partir à l’Est en compagnie d’un type qui part à l’Ouest… Il me reste à gagner en sagesse et en Mépris.
La Renaissance n’a jamais réellement existé, elle est en réalité le résultat d’une faille spatio-temporelle: sinon comment expliquer que l’on trouve bien plus de fraicheur et de modernité chez Montaigne, La Boetie, Shakespear, Pétrarque, Rabelet que chez tous les artistes et intellectuels français réunis de l’après 45?
C’est désespérant de voir tous ses débats à la télévision où personne ne change d’avis. Moi j’ai 20 ans passés, j’ai vu des dizaines de débat télé, et je n’ai jamais entendu quelqu’un me dire: « j’ai été bluffé par le débat d’hier entre sarko et royal sur France 2, j’ai complètement revu mes idées »… On arrive au débat xshshhs ? On en repart xshshhs à tous les coups !
In My Opinion tout ça est un simulacre de démocratie, les vrais démocrates sont des individus d’élite, suffisamment humbles et forts pour changer d’avis en public et reconnaître qu’ils se sont trompés.