Sans liberté de flatter…

Le Figaro, qui procède semble-t-il à une purge, m’écrit :

Bonjour,

Nous avons remarqué dans votre historique un certain nombre de commentaires refusés. Merci de bien vouloir cesser immédiatement tout propos hors charte, sans quoi nous nous verrons dans l’obligation de vous bannir de nos espaces de commentaires.

Cordialement,

L’équipe d’animation du Figaro.fr

Je lui réponds :

Cher Figaro,

Je me permets de vous faire valoir en retour que de nombreux commentaires refusés le sont sans aucun fondement dans votre charte, mais seulement parce qu’ils abordent des sujets que vos modérateurs, d’eux-mêmes ou par instruction, refusent de manière quasi-systématique. Permettez-moi de vous en donner trois exemples :

— Si je ne fais pas erreur votre charte permet l’humour ou l’ironie, mais de nombreux commentaires sur ce ton sont refusés, sans motif discernable. Peut-être devriez-vous former vos modérateurs à repérer humour, ironie, humour vache, voire humour noir ?

– Sont refusés l’immense majorité des commentaires qui mettent en cause l’immigration, qui la critiquent, qui trouvent qu’il y a trop d’étrangers ou d’immigrés clandestins en France, qui remarquent que les étrangers ou Français d’origine étrangère sont plus criminels ou délinquants que les Français de souche, toutes opinions parfaitement licites tant au regard de votre charte qu’au regard de la loi. Et conformes de plus à une réalité que chacun peut constater même s’il ne l’analyse pas forcément dans la culture de l’excuse.

– Toute mise en cause des personnes semble impossible. Ainsi je rappelle régulièrement les condamnations de MM. Juppé ou Harlem Désir – en rappelant aussi pour ce dernier que son véritable prénom pour l’état-civil est Jean-Philippe et non Harlem. Alors même que ces condamnations sont définitives et ne font aucun doute, alors même que le prénom de M. Désir est évoqué sur Wikipedia anglophone – dont vous m’accorderez que ce n’est pas un repaire de complotistes – mes commentaires sont régulièrement refusés. Concernant des articles où MM. Désir ou Juppé se posent en modèles de vertu et donneurs de leçons, cela ne me semble pourtant pas entièrement hors de propos.

De nombreux commentateurs se plaignent d’ailleurs très souvent de ces incohérences ou incompétences de la modération dans vos commentaires mêmes.

Permettez-moi d’ajouter que votre réponse habituelle, qui consiste à m’inviter à contester cette modération abusive en vous écrivant, est singulièrement hypocrite : d’abord en ce qu’elle est la même depuis plusieurs années, prouvant que rien n’est fait sérieusement pour corriger ces défauts. Ensuite en ce qu’elle aboutit généralement à rétablir les commentaires abusivement refusés, mais plusieurs jours après, ce qui pour un journal d’information soumis au rythme de l’actualité paraît quelque peu ridicule.

Enfin je remarque que vos modérateurs n’appliquent pas tous les mêmes critères, un message refusé à peine reformulé passant parfois la barrière de vigilance citoyenne que dressent vos prestataires contre l’hydre qu’ils croient probablement combattre courageusement. S’il fallait une preuve surabondante que ces critères de modération sont très flous et en fait « à la tête du client » elle me semble donnée par ce simple fait.

Je vous prie donc de bien vouloir garder pour vous vos petites leçons de faible morale, qui illustrent surtout la difficulté grandissante qu’il y a à faire un journal de droite avec des gens de gauche, surtout quand vos lecteurs font partie d’une opinion qui se radicalise à toute vitesse devant les événements politiques et sociaux que nous traversons.

Quand un tel journal a une devise comme la vôtre, le petit prêchi-prêcha bien pensant auquel revient in fine votre modération et ses pratiques devient offensant : il donne l’impression fâcheuse que vous prenez vos lecteurs pour des crétins. Il est vrai que nous en avons maintenant quelque habitude, mais il y a des limites, le but de cette réponse n’est que d’en témoigner.

Cordialement aussi.

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À propos Nicolas

« Fabrice les entendait qui disaient que le diable était sur la toit, et qu'il faillait essayer de le tuer d'un coup de fusil. Quelques voix prétendaient que ce souhait était d'une grande impiété, d'autres disaient que si l'on tirait un coup de fusil sans tuer quelque chose, le gouverneur les mettrait tous en prison pour avoir alarmé la garnison inutilement. Toute cette belle discussion faisait que Fabrice se hâtait le plus possible en marchant sur le toit et qu'il faisait beaucoup plus de bruit. Le fait est qu'au moment où, pendu à sa corde, il passa devant les fenêtres, par bonheur à quatre ou cinq pieds de distance à cause de l'avance du toit, elles étaient hérissées de baïonnettes. Quelques-uns ont prétendu que Fabrice, toujours fou,  eut l'idée de jouer le rôle du diable, et qu'il jeta à ces soldats une poignée de sequins. Ce qui est sûr, c'est qu'il avait semé des sequins sur le plancher de sa chambre, et qu'il en sema aussi sur la plate-forme dans son trajet de la tour Farnèse au parapet, afin de se donner la chance de distraire les soldats qui auraient pu se mettre à le poursuivre. »

4 réflexions sur « Sans liberté de flatter… »

  1. kobus van cleef

    Comme dit mon gamin (27 aux cerises). Lorsque sa grand mère lui reproche de s’abreuver aux sources journalistiques du Figaro. « Oui, cette presse de centre gauche est vraiment très orientée…. par moment, ça donne envie de lire minute »
    Ce qui ne fait pas rire la sainte femme….

  2. NeverMore

    Il n’est pas impoli de garnir le clou, à portée du siège, dans la cabane au fond du jardin. C’est même exagérément respecteux, et une promotion, au régard du prix du papier ordinairement destiné à cet usage.

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