Quand la mite graciait Harlem Désir

On a vu rappeler récemment la condamnation de M. Jean-Philippe Désir, dit Harlem Désir, le 17 décembre 1998, à 18 mois de prison avec sursis et 30000 francs d’amende pour recel d’abus de biens sociaux. Ce qui ne l’a pas empêché de devenir premier secrétaire du Parti Socialiste et, à ce titre, de dispenser tout autour de lui de pontifiantes leçons de morale citoyenne comme seule une certaine gauche sait encore en donner, le doigt en l’air et la sentence à la bouche.

En ces temps de répression routière où l’automobiliste qui ne bénéficie pas des passe-droits se voit traqué sans pitié jusque dans les places de stationnement, on peut rappeler qu’Harlem Désir a aussi bénéficié le 8 mai 1992 d’une grâce curieuse de la part de François Mitterrand :

Ainsi, ce que le talent du défenseur n’avait pu obtenir, le ministre l’avait emporté en quelques semaines d’un combat douteux : le garde des Sceaux avait fait libérer la cliente de l’avocat.

Le règne de la vertu et de la morale débutait sous de bien vilains auspices. Le doute s’était insinué dans quelques esprits pourtant peu suspects d’hostilité systématique à la « gauche cachemire ». Certains commençaient à se demander si les figures emblématiques de la génération morale étaient bien dignes d’accéder aux plus hautes responsabilités de l’État.

Une méchante tache de moisissure venait d’apparaître sous le marbre blanc de l’image que Badinter était opiniâtrement parvenu à donner de lui.

Le doute n’allait plus cesser de se développer au fur et à mesure de l’éclatement des scandales, parfois abominables, qui devaient émailler la décennie Mitterrand.

Aussi est-ce avec un amusement mêlé d’indulgence que les mêmes esprits, devenus fort sceptiques, accueillent en juin 1992 la nouvelle d’une des dernières largesses présidentielles. Le 8 mai précédent, François Mitterrand vient de gracier (une nouvelle fois) un de ses petits favoris. Harlem Désir, président de l’association SOS Racisme, doit au Trésor public la bagatelle de 80000 F pour quelques amendes de stationnement. Il n’y a certes pas là de quoi fouetter un chat.

Le président gracie donc, comme il avait gracié les années précédentes, quelques dizaines de milliers de détenus qu’une justice trop sévère avait ravis à la liberté ; comme il allait, le 14 juillet suivant, libérer d’autres prisonniers et les rendre prématurément à l’affection de leurs futures victimes.

(Didier Gallot, Les Grâces de Dieu, Albin-Michel, Paris, 1993, p. 32-33.)

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À propos Nicolas

« Fabrice les entendait qui disaient que le diable était sur la toit, et qu'il faillait essayer de le tuer d'un coup de fusil. Quelques voix prétendaient que ce souhait était d'une grande impiété, d'autres disaient que si l'on tirait un coup de fusil sans tuer quelque chose, le gouverneur les mettrait tous en prison pour avoir alarmé la garnison inutilement. Toute cette belle discussion faisait que Fabrice se hâtait le plus possible en marchant sur le toit et qu'il faisait beaucoup plus de bruit. Le fait est qu'au moment où, pendu à sa corde, il passa devant les fenêtres, par bonheur à quatre ou cinq pieds de distance à cause de l'avance du toit, elles étaient hérissées de baïonnettes. Quelques-uns ont prétendu que Fabrice, toujours fou,  eut l'idée de jouer le rôle du diable, et qu'il jeta à ces soldats une poignée de sequins. Ce qui est sûr, c'est qu'il avait semé des sequins sur le plancher de sa chambre, et qu'il en sema aussi sur la plate-forme dans son trajet de la tour Farnèse au parapet, afin de se donner la chance de distraire les soldats qui auraient pu se mettre à le poursuivre. »

10 réflexions sur « Quand la mite graciait Harlem Désir »

  1. nicolasbruno

    LE POINT: Le Point est un magazine hebdomadaire français d’information générale… Le magazine ouvre ses pages à toutes les opinions politiques (interviews, analyses, etc), bien que sa ligne éditoriale soit communément admise comme conservatrice et libérale (Wikipedia)
    BFMTV: Chaîne TV généraliste plutôt classée à droite.

    Anna Cabana, vous connaissez? Elle écrit pour Le Point (Grand reporter) et BFMTV. Une de nos plus belles plumes des médias neutres (de gauche). Sur l’article d’Atlantico « Le mur de Cons », elle écrit:
    « Cet article est conçu comme une démonstration implacable. Une démonstration sous-tendue par deux objectifs. Primo, établir que les principales victimes de la haine des juges sont Nicolas Sarkozy et les sarkozystes, montrer que ce sont eux qui sont les premiers à être « punaisés » sur le « mur des cons ». Second objectif : délégitimer les magistrats. Comment s’en remettre à des juges – le Syndicat de la magistrature, classé à gauche, représente 30 % de la profession – qui épinglent et étiquettent leurs cons et qui ont, par exemple, écrit sous la tête de Brice Hortefeux « l’homme de Vichy » ? Le Syndicat de la magistrature, le SM – les sigles ont leur poésie, n’est-ce pas ? -, le SM, donc, martyrise ses cons sur un mur. Et la révélation de ce « mur des cons » permet fort opportunément à la sarkozie de se victimiser ».

    Le problème ne serait donc pas l’absence totale d’éthique de nos juges franchouillards (écrits politiques plus qu’ostentatoires), la violence et la vulgarité du ton (qu’on retrouverait à peine dans un local CGT de l’usine d’Aulnay), la démonstration de l’abscence d’indépendance de ce corps, le gauchisme généralisé de la Justice française. Le problème serait la récupération par la Droite et la stigmatisation des juges.
    Cela ne peut pas être que de la malhonnèteté intellectuelle,mais une incapacité à penser, l’énoncé de lieux communs de journaux gauchos engagés,une impossibilité d’aller au-delà de la dissert de collégien.

    On a quand même droit pour finir à: « Mais est-ce que ça ne risque pas de braquer plus encore les magistrats contre lui, au-delà même du fameux SM ? Vous savez ce que dit la maxime ? On est toujours le con de quelqu’un… »

    Sarkozty mérite donc bien le jugment partial des juges. CQFD. On croit réver. Atlantico, un des rares médias résistant encore en France.

    1. Gil

      Ah oui, extraordinaire (enfin, si on peut encore qualifier d »extraordinaire » une manière de faire devenue aussi habituelle). Toute cette affaire serait un montage ou presque pour faire passer les juges pour partiaux, ce qu’ils ne sont pas, et pourtant si, puisque ça va les rendre encore plus partiaux (« les braquer encore plus »). Putain, qu’est-ce que c’est naze, pays de merde etc.

      En fait les journalistes, je voudrais pas les pendre, j’ai juste fait un rêve: que l’État cesse de subventionner les journaux, qu’ils fassent faillite, que leurs journaleux perdent tout leur argent et se retrouvent à la rue, clochards. Je leur donnerais même une tite pièce de temps en temps. C’est tout. Ça restera un rêve, je sais.

      1. XP

        Bon, ça reste à confirmer.

        Mais n’oublie pas une chose: si vraiment c’était un ancien SS, s’il est toujours resté fidèle, au fond de son cœur, aux valeurs cardinales véhiculées par le nazisme, on lui doit notre respect t notre admiration.

    1. nicolasbruno

      Non l’info importante, c’est le mec à la kalashnikov qui flingue 3 personnes à Ystres, une ville américaine, je crois. Ptain, il fout quoi Obama pour interdire les armes de guerre. Tarés de Ricains.

      1. nicolasbruno

        En ce moment, tous les jours, 4 ou 5 faits divers qui discréditent un peu plus l’intelligence à la française, ce qui fait la spécifité de la France, son éminent rôle de lumière morale dans le monde. Les temps sont durs…

        1. XP

          Non! l’information de la semaine, c’est que l’inspecteur Derrick était un SS.

          D’ailleurs, je me souviens, dans un épisode diffusé en 1998, il a croisé le commissaire Navarro, alias Roger Hanin, alias Roger Lévy… Au milieu de ‘épisode, il a dit à son adjoint Klein « tu vois, Harry, je ne fais pas confiance à ce gros huis huileux »…

          Et à la fin, il le découpait à la scie sauteuse, à l’ancienne.

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