L’ascension du Montcalm

Pour atteindre le sommet du Montcalm, j’avais dans l’idée de faire une boucle en montant par l’ancienne voie normale, appelées « les Tables du Montcalm », puis de redescendre par l’actuelle voie normale. Au programme environ 2200 mètres de dénivelé positif.

Le parcours débute par des chemins forestiers à travers le bois de Fontana, puis nous débouchons sur les estives et sur une vallée où s’échelonnent les orris de Pujol le Haut et de Pla Subra. Les orris sont les pâturages où paissent les bêtes, mais tendent aujourd’hui à désigner les cabanes de pierres sèches, de forme arrondie, autrefois utilisées par les bergers.

Le chemin par les Tables n’était plus balisé, mais l’orientation fut bien menée jusqu’à un petit étang juste sous le Montcalm. Nous étions à 350 mètres de dénivelé positif du sommet. Nous avons décidé de déjeuner à l’étang sous le soleil, le paysage était très beau. Puis nous avons entamé l’ascension dans un couloir d’éboulis de plus en plus instable. Au début nous nous appuyions sur de gros blocs moyennement stables, puis sur des blocs de taille moyenne en équilibre précaire, puis en nous aidant des parois aux roches coupantes et en prenant appuis sur de la pierraille ne demandant qu’à dévaler la pente. Il s’agissait d’équilibrer les appuis puisque aucune prise ne permettait plus de supporter totalement notre poids. Ayant montés environs 150 mètres dans ces conditions, n’étant pas sûrs d’être dans le bon couloir, nous avons préférés faire demi tour ; la sagesse l’imposant. La descente fut assez longue et délicate. Ayant dû rebrousser chemin par le chemin de l’aller, il nous fallu nous orienter sur les cimes dans une purée de pois donnant une visibilité de 15 mètres. De grands moments. Effectivement le couloir n’était pas le bon. Le cadre et les conditions ont tout de même fait que ce fut une belle journée, malgré l’échec.

Seconde tentative le week-end suivant, cette fois par la voie normale. Le temps est maussade. En vérité nous ferons les 2/3 de l’ascension dans le brouillard, passant même tout près de deux étangs sans les voir, et en imaginant que la masse à peu plus sombre est bien le refuge de Pinet (ou un groupe d’arbres, des rochers, ou quelque chose d’avoisinant). Nous croisons successivement deux trailers, un homme et une femme très entrainés, qui font l’ascension en courant. Je verrai plus tard qu’il existe un marathon du Montcalm.

Le temps se découvre à l’approche de l’étang du Montcalm.

Les premiers névés font leur apparition. Les névés sont des accumulations de neige perdurant pendant tout ou partie de l’été en-deçà de la limite des neiges éternelles. A coté d’un lieu de bivouac, ils font d’excellents réfrigérateurs.

Nous avons la chance de traverser quelques champs de neige.

Le temps se dévoile à quelques centaines de mètres du sommet pour nous faire admirer une mer de nuage, le côté espagnol est plus dégagé.

Vue de la pique d’Estat (au milieu de la photo sur la gauche du chemin) et du Pic Verdaguer (juste à sa droite) prise à partir du Montcalm. Nous déjeunons à son sommet (3077 mètres d’altitude), puis nous redescendons un peu pour l’ascension de la pique d’Estats (3143 m), point culminant de la partie orientale des Pyrénées. La pique d’Estat se situe sur la frontière franco-espagnole, elle est aussi le point culminant de la Catalogne.

Le dernier raidillon avant le sommet de la pique est un peu embouteillé, il s’y accumule des groupes de Catalans d’un certain âge. Un refuge ne doit pas être loin puisqu’on voit surgir de nombreux Espagnols, pas toujours très affûtés, qui doivent faire la randonnée sur 2 ou 3 jours.

Vue du Montcalm prise à partir de la pique d’Estat.

Le chauvinisme catalan s’exprime en chargeant cette malheureuse croix de drapeaux de la Catalogne et du Barça.

Nous trottinons à la descente, sautant de pierres en pierres et de touffes d’herbe en touffes d’herbe. Le brouillard s’est un peu levé et nous permet de mieux voir le paysage sous la mer de nuages. Nous ferons une pause au refuge de Pinet, désormais visible, descendant deux bières allemandes à la frontière franco-espagnole, fêtant ainsi la mondialisation. Ces montagnes auront été mes deux premiers 3000 mètres.

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