Le ghetto piégé des « valeurs »

La victoire démocrate n’est pas celle d’Obama, icône pratique mais sans vertu autre que médiatique.

La gagnante c’est Hillary Clinton.

La stratégie qui a gagné est la sienne : obliger les candidats républicains à faire retour sur des « valeurs » sociétales conservatrices, retour qui les empêche de mettre en avant clairement les problèmes économiques et les condamne à rester minoritaires en dehors d’élections locales qu’ils gagnent parfois, cela seulement de loin en loin et de moins en moins fréquemment — car Todd Akin a été battu assez sèchement dans le Missouri douchant une nouvelle fois les enthousiasmes fallacieux des observateurs pro-vie français de la politique américaine.

Obliger les républicains à évoquer à chaque élection une remise en cause du droit à l’avortement est le cœur de cette stratégie Clinton. Et à chaque fois, mécaniquement, une partie des femmes et des républicains modérés se déplace vers le candidat démocrate, faisant l’appoint pour trouver une majorité. Stratégie qui s’étendra demain au mariage gay, à l’immigration latino, et d’autres sujets viendront : il s’agit de pousser des pions pour obliger les républicains à dire qu’ils remettront en cause par idéologie un certain nombre de mesures qui font la vie la plus quotidienne d’électeurs de plus en plus nombreux. La vraie politique démocratique se fait par le bas.

L’économie peut aller mieux un jour. Même avec Obama. Mais à quoi servira un mieux économique à un jeune couple dont la femme ne pourra plus avorter et sera chargée d’enfants à élever au delà de ce qu’elle désire et peut assumer ?

Caricature ? en partie sans doute. Mais cela ne fait que répondre à des caricatures symétriques. Et surtout ça marche : tout candidat républicain à la présidence qui évoque avec un peu de précision une remise en cause de l’avortement se fait battre, parce que trop d’électeurs médians susceptibles de tomber dans un camp ou dans l’autre ont à perdre à un éventuel retour de ces « valeurs ».

On peut d’ailleurs souligner que George W. Bush avait toujours été assez ambigu pour laisser entendre que malgré une opposition personnelle à l’avortement et quelques points de tension comme l’avortement par naissance partielle, il ne remettrait pas en cause l’arrêt Roe v. Wade de 1973, fondateur du droit à l’avortement aux États-Unis : la droite du parti républicain, celle qui vient de perdre face à un Obama affaibli en s’imposant à un Romney qui avait dû la flatter pour obtenir l’investiture, le lui a assez reproché à l’époque…

La droite française engagée dans le piège d’une ghettoïsation dans des « valeurs » comparables devrait y penser au delà d’une possible demi-victoire tactique sur « la dénaturation du mariage », précisément au moment où certains prétendent, pour conquérir l’UMP, qu’il faudra remettre en cause ce mariage « pour tous » s’il est adopté : une minorité autistiquement arc-boutée sur ses valeurs peut prendre un parti, mais elle ne peut pas faire une majorité dans le pays. Il n’y a pas de raison pour que les socialistes français ne cherchent pas à en profiter aussi bien que les socialistes américains, surtout aujourd’hui où ces socialistes français vont se trouver en quête d’une stratégie de rechange à la diabolisation d’un parti droitier numériquement important extérieur à la droite parlementaire. Certaines déclarations d’une Vallaud-Balkacem semblent prouver qu’ils ont bien compris combien un boulet ultra-conservateur interne à l’UMP serait une solution de rechange pratique, en éloignant durablement les électeurs modérés lors des choix cruciaux.

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À propos Nicolas

« Fabrice les entendait qui disaient que le diable était sur la toit, et qu'il faillait essayer de le tuer d'un coup de fusil. Quelques voix prétendaient que ce souhait était d'une grande impiété, d'autres disaient que si l'on tirait un coup de fusil sans tuer quelque chose, le gouverneur les mettrait tous en prison pour avoir alarmé la garnison inutilement. Toute cette belle discussion faisait que Fabrice se hâtait le plus possible en marchant sur le toit et qu'il faisait beaucoup plus de bruit. Le fait est qu'au moment où, pendu à sa corde, il passa devant les fenêtres, par bonheur à quatre ou cinq pieds de distance à cause de l'avance du toit, elles étaient hérissées de baïonnettes. Quelques-uns ont prétendu que Fabrice, toujours fou,  eut l'idée de jouer le rôle du diable, et qu'il jeta à ces soldats une poignée de sequins. Ce qui est sûr, c'est qu'il avait semé des sequins sur le plancher de sa chambre, et qu'il en sema aussi sur la plate-forme dans son trajet de la tour Farnèse au parapet, afin de se donner la chance de distraire les soldats qui auraient pu se mettre à le poursuivre. »

44 réflexions sur « Le ghetto piégé des « valeurs » »

  1. Il Sorpasso

    Dramatiquement vrai. Contre les avancées sociétales = réac = contre l’avortement. Le combo magique qui est en train d’être remis au goût du jour. Fonctionne parfaitement sur l’électeur et particulièrement l’électrice de droite. La façon dont le sarkozyste moyen a perçu Romney et se « prononce » pour Obama est fantastique, sur ce seul et unique sujet.

    1. j.ax

      Est-ce vraiment le conservatisme perçu de Romney, ou un malaise diffus face à un candidat bizarre? Et quand on regarde d’un peu plus près les origines des mormons et l’histoire du fondateur Joseph Smith, occultiste qui rencontre un ange, sans parler de l’ambition politico-mystique du mormonisme… bizarre bizarre.

      1. Nicolas Auteur de l’article

        Je ne crois pas. Les mormons n’ont rien d’effrayant pour les Américains, le mormon qui va de porte en porte est somme toute une figure bien connue, presque folklorique. Et je ne vois pas bien pourquoi un mormon ferait plus peur à un catho, à un athée, çà une femme ou à un protestant noir qu’à un protestant blanc.

        1. XP

          Et puis qu’il soit Mormon ou chrétien ou athée, qu’est-ce que ça peut faire? Il ne s’agit que d’élire le président des états-unis, pas un espèce de despote tout puissant capable de remodeler à sa guise le pays.

          On ne devrait plus employer les termes « President des Etats-Unis » ou « Président de la France » qui sont impropres. Ils ne dirigent jamais que les Etats de leurs pays, et encore avec une marge de manoeuvre assez faible.

          Marrant comme les libéraux accordent une telle importance à la sphère publique et a ses dirigeants.

        2. j.ax

          … ou même qu’un gentil témoin de Jéhovah, tout se vaut: parce que les gens n’ont plus aucune sensibilité spirituelle. Que le fondateur des mormons ait pratiqué assidûment les grimoires de sorcellerie, avant de rencontrer l’ange qui lui a dicté sa « bible », cela n’interroge personne.

      2. Il Sorpasso

        Le mormonisme de Romney, sa soi-disante « remise en question de l’avortement », etc, etc, tout ce que les médias ont rabâché pour le faire passer pour un rigoriste fondamentaliste chrétien, a été reçu et condamné à 200% par les droitards franchouilles tortillants du cul d’aise, fn compris, parce que -fantasme ultime pour eux – ça leur a permis de jouer 5mn dans le camp des gauchistes libertaires et open-minded.

        L’épouvantail US, Bible et fusil, est la dernière occasion pour eux de se faire passer à fond les ballons et sans risques pour des épicuriens gaudriolants, gouailleux et frondeurs, alors qu’ils ne sont plus que des curés de gauches menottés à leurs points de retraites et à leur sécu. Les mongaullos, quoi.

        1. Aquinus

          ^^ c’est très exactement ça. Vous venez de décrire ce qu’est la figure héroïque, le totem culturel de notre pays, le point qui déverse le max d’adrénaline et de bien-être dans les veines de ceux qui y touchent.

          On a tort de sous-estimer le pouvoir chimique de ce genre de manifestation. C’est comme une drogue, et c’est pour cela que la raison est constamment choqué devant « ceux qui n’ouvrent pas les yeux devant la force du réel ». Qui serait raisonnable quand le shoot est si bon? il n’y a rien d’anormal là-dedans.

  2. nicolasbruno

    Ce matin, un commentateur français pointait la défaite des « ultra-conservateurs » des Tea-Party, cantonnant ceux-ci à leur conservatisme moral supposé, et oblitérant l’approche économique libérale de ces groupes, qui pour beaucoup d’entre eux ne sont pas nécessairement moralement conservateurs.
    C’est effectivement une stratégie déjà en marche en France.

  3. Il Sorpasso

    J’ajouterai que le piège est particulièrement vicieux : plus l' »avancée sociétale » relève de la dinguerie la plus délirante, plus le « conservateur » doit réexpliquer des évidences depuis le début, voire refaire le débat nature-culture à lui tout seul, donc patauger, frôler les contradictions, s’exposer aux caricatures. Plus c’est gros plus c’est profitable.

  4. NOURATIN

    Vous mettez le doigt sur le vice majeur de la démocratie, laquelle aboutit
    dans tous les cas au compromis vaseux et à la décadence. Nous, en France,
    nous savons depuis pas mal de temps que nous sommes foutus mais les
    Amerloques, eux, ils vont commencer à s’en rendre compte. Finis les
    Etats-Unis anglo-saxons, essentiellement attachés à s’enrichir. Désormais
    ils auront une majorité diversifiée et des impôts de plus en plus lourds.
    Et, vu leur poids, ils entraîneront tout l’Occident dans leur chute.

  5. Gil

    Analyse limpide. Qui revient à dire qu’il n’y a plus de vrais réacs, finalement. Toutefois, puisque vous citez comme un autre sujet virtuellement profitable aux démocrates (et concrètement utilisé par nos socialistes), l’immigration (latino là-bas et africaine ici pour faire vite), le cas me semble différent. Si ce sujet concerne tout le monde, comme l’avortement, il me semble qu’il pourrait lui être utilisé par la droite contre la gauche de la même manière que la gauche utilise l’avortement ou les « avancées sociétales », mariage homo etc contre la droite.

    Parce que si quelqu’un de sensibilité droitarde va finalement voter à gauche à cause de l’avortement, il me semble que qulqu’un de sensibilité gauchiste pourrait finit (et en France, finit depuis longtemps par le faire, cf le FN) par voter à droite à cause des méfaits de l’immigration, qui devient un sujet aussi quotidien et concernant tout le monde que l’avortement.

    Bref, comme l’avortement, le sujet de l’immigration transcende depuis un moment la division droite/gauche, tout en redéfinissant cette division, comme on l’a vu aux dernières élections. Sauf que la droite (parlementaire) semble être bien timide sur ce sujet, contrairement à la gauche sur les machins sociétaux, alors qu’on voit mal ce qu’elle a à perdre, la fracture étant déjà là, droitards contres gauchistes+immigrés, et le temps jouant contre elle (l’accroissement du nombre d’immigrés).

    1. nicolasbruno

      La droite parlementaire patauge dans la semoule.
      Finalement l’argumentaire de Dassault est finalement (malheureuseemnt) le seul argumentaire étayé des anti mariages gay, relayé par les médias.
      Je n’ai pas entendu un seul argumentaire valable sur les raisons qui feraient que le mariage gay serait un problème.
      On nous parle de refonte du code civil (so what?) de conséquences redoutables mais indescriptibles (très convaincant), des communautés religieuses qui ne sont pas d’accord (so what again?).
      Alors qu’il suffirait de donner qqs exemples simples. Une fois le mariage gay entériné, ne doutons pas qu’il faudra que 50% des enfants adoptés devront l’être par des couples homos par souci d’égalité et de justice sociale. Déjà qu’il est presqu’impossible pour un coupe hétéro d’adopter un enfant occidental… Les fonctionnaires inspecteurs de l’ADASS seront fortement motivés à adopter une attitude particulièrement ouverte à l’accès des homos à l’adoption.
      On pourrait aussi évoquer l’ambiance chaude et humide des bars gays et l’hypersexualité de la Love Parade, très rassurante pour ce qui concerne la garantie qu’un couple gay, c’est kif kif pour l’éducation des enfants.
      Cependant, à l’UMP, on a aussi le lobby Gaylib qui met probablement l’UMP dans l’embarras.

      http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-ump-parasite-ou-nourricier-du-20868

    1. XP

      Cela dit, on nous répète en boucle sur toutes les chaines d’info que Serge Dassault a « dérapé », et ca, c’est vraiment intéressant.

      C’est l’un des indusriel les plus riches de France,, qui plus est le propriétaire du journal le plus important du pays… Un homme extrêmement influent, donc, sur le papier l’un des plus influent du pays…. Il se laçhe, il dit se qu’il pense, et tout puissant qu’i est, il se fait lyncher comme un manant…

      Ou est le vrai pouvoir? Vous avez deux heures, je ramasse les copies à a fin.

  6. Nicolas Auteur de l’article

    On peut pour compléter souligner que les électeurs catholiques n’ont pas du tout voté comme les pro-vie français le délirent à chaque élection américaine, et les latinos dans lesquels ces même pro-vie voient souvent avec émerveillement l’avenir catholique des États-Unis ont encore plus voté Obama dans un réflexe ethnique – pour ne pas dire raciste – et « sans-papiériste », loin de toute considération religieuse et spécialement loin de toute considération « pro-vie ».

  7. Aquinus

    J’ai très bien connu et même vécu aux USA il y a une grosse décennie, je ne connais plus ce pays que de loin. Cependant il me semble que le tableau qui est peint est trop sombre. Les républicains ont réussi à faire basculer l’ensemble des débats, des tabous et des marqueurs de cette société vers « la droite », alors que le dynamisme et le souffle étaient très clairement à gauche dans les années 1960. Ca se voit tout de suite en regardant la production cinémtographique par exemple. D’un strist point de vue idéologique et « militant », c’est un succès, un succès qu’aucune force politique conservatrice n’a réussi à tutoyer dans le reste du monde occidental, sauf peut-être en Australie et en Italie.

    On le sent bien aussi au lendemain de cette élection. Il n’y a aucun souffle, aucun espoir qui porte Obama mais un « soulagement », tout en sachant qu’il va devoir se coltiner ses adversaires et leur faire des concessions dans tous les domaines, adopter leur vocabulaire et se plier devant un certain nombre de leur tabou.

    Et tout cela a été réalisé, alors même que le clivage racial et la mise graduelle en minorité des blancs, était en marche et assez inéluctable au fond. Ca n’est pas si mal. Sans l’immense élan républicain et chrétien de ce pays, en 40 ans les USA auraient pu avoir la gueule du Royaume-Uni et les mêmes marqueurs politiques et culturels, si les Démocrates avaient eu le champ libre, ils l’auraient fait.

  8. Brz

    En vous lisant à partir des États-Unis, je suis paradoxalement soulagé que la secte libertarienne, dont vous faîtes partie, n’ait pas plus d’influence en France.

    Cette élection était imperdable pour les républicains, vu le bilan d’Obama, n’importe quel candidat républicain plutôt correct aurait forcement gagné. Mais ils ont quand même réussi à perdre, par excès de pur dogmatisme libertarien.

    Les républicains ont renoncé à se positionner clairement par rapport à tout un tas de sujets, la question identitaire, les « valeurs », l’immigration pour pouvoir se concentrer sur des positions libertariennes complètement caricaturales qui les ont fait perdre parce que cette élection n’était pas une élection entre les socialistes et les libéraux mais entre les minorités et le « White establishment », les républicains ont préféré se passer des blancs qui font partie des 47% de victimes comme disait Romney pour ne pas faire de concession au socialisme alors que les latinos, les noirs et les asiatiques, même s’ils peuvent être sensibles à des arguments libertariens préféreront toujours voter pour un membre d’un minorité plutôt qu’un blanc.

    Et alors que les minorités fêtent, certainement, leur ultime victoire contre les blancs, je pense qu’on verra bientôt les républicains réfléchir, comme vous le faîtes, à comment ils arriveront à lâcher les rednecks américains trop moisis pour pouvoir se refaire une image, pour ne pas se « ghettoïser », en abandonnant des positions trop conservatrices sur l’avortement et les armes à feu pour aller essayer de conquérir les latinos aux vertus du libertarianisme dans 4 ans. Et les républicains de perdre encore en faisant semblant de ne pas comprendre que les non-blancs, même libéraux jusqu’à la moelle, ne voteront JAMAIS pour eux.

    La droite française, elle, n’est pas prête à lâcher les « valeurs » moisies pour aller courtiser les musulmans friedmaniens.
    Et franchement c’est tant mieux.

    1. Nicolas Auteur de l’article

      Ben oui, si vous avez bien lu c’est exactement ce que je viens d’écrire. Expliquons néanmoins pour les rednecks à la nuque raide…

      Parler de valeurs morales, du moins comme ils le font, ça empêche des gens de voter pour eux, comme vous le soulignez. Et c’est le cœur inchangé depuis maintenant plusieurs années de la stratégie Clinton : plus les républicains gagnent à droite, plus ils perdent au centre et inversement, mettant en avant les thèmes les plus clivants pour leurs électeurs potentiels. Mais cet inversement n’est que théorique, puisque de toute façon ils n’en feront jamais assez pour rallier tous les abstentionnistes fous furieux qui voudraient l’interdiction pure et simple de l’avortement ou des mesures du même ordre, susceptibles de jouer le même rôle de repoussoir. Notez cependant que le fait que ce soit théorique n’empêche pas le piège de fonctionner : une mâchoire fixe et une mâchoire mobile, ça pince aussi. En revanche c’est bien ce qui les empêche d’être majoritaires durablement dans les urnes alors qu’ils sont sans doute les plus nombreux. Et donc d’avoir la moindre chance de reprendre la main pour renverser culturellement l’évolution de la société américaine, ce qui a son tour permettrait peut-être de retrouver des conditions où la majorité du pays serait la majorité dans les urnes et marginaliserait de fait les socialistes américains qui ont un âne pour emblème.

      D’ailleurs même quand ils arrivent au pouvoir malgré tout, les républicains ne le font pas ce renversement, ne le tentent même pas.

      Les cons de droite US sont comme les cons de droite chez nous : ils croient ou à une diffusion de soi du bien qui devrait s’imposer de lui-même – mais la réalité dit le contraire – ou, variante populiste tea partyesque ou redneckienne, ils croient à une sorte de bonté primitive du peuple qui penserait spontanément droit si on le laisse à lui-même et si on ne le désinforme ou ne le manipule pas. L’idée de dissimuler pour être majoritaires politiquement et faire de l’ingénierie sociale inverse de celle des socialistes leur semble inutile (à quoi bon, ils ont déjà raison), leur semble moralement suspecte (ils veulent être moraux, croyant que ça entraîne ispo facto une victoire) et leur semble même contraire à leur vision du monde (où l’ordre naturel voulu par Dieu devrait être spontanément reconnu par tous, restant intransgressé). Ce défaut est d’ailleurs partagé par certains libertariens qui voient avant tout une morale dans la liberté : si ce genre de chose avait une vertu pour gagner les élections, ça se saurait.

      Au total, c’est simplement stupide, parce que ça ne fonctionne pas. Et ils perdent. Et quand par hasard ils gagnent, ces mêmes défauts les empêchent de travailler à ce qu’ils gagnent plus souvent. Si bien qu’ils gagneront en prime de moins en moins souvent.

      Nous sommes donc d’accord sur le constat : parler de valeurs, ça empêche des gens de voter pour vous. Et donc d’être majoritaire. Dans un système démocratique, c’est ennuyeux.

      Ce qui nous sépare c’est que vous vous demandez si c’est bien ou mal, pire ou meilleur. Ce n’est ni bien ni mal, ni pire ni meilleur, parce que votre interrogation n’a pas de sens. Il faut vouloir, comme disait Bainville les causes et les conséquences de ce que l’on veut. Si vous lâchez une pierre elle tombe. Qu’elle tombe sur le pied d’une ordure ou sur le pied d’une personne très gentille et bourrée de valeurs chrétiennes, ce n’est ni moral dans le premier cas ni immoral dans le second, car la moralité n’a rien à voir avec la chute des corps. La causalité se fout de la morale, et en politique plus qu’ailleurs peut-être. Ce n’est que secondairement, et avec des précautions pour éviter des maux plus grands produits par ce bien même que l’on veut introduire, que l’on peut amener de la morale dans la politique, où aucune valeur ou supériorité de cet ordre n’a jamais fait gagner quiconque.

      Allons plus loin :

      Vous croyez qu’il y a un bien et un mal politiques bien séparés, et qu’un jour la cité terrestre sera le paradis sur terre, le bien l’ayant emporté sur le mal – du moins la possibilité doit-elle exister pour vous, puisque vous voudriez que des options claires et morales l’emportent en politique, et l’emportent par leur vertu propre. Cela fait de vous un néo-thomiste qui attend je ne sais quel règne social du Christ. Je préfère saint Augustin : les deux cités sont inextricablement mêlées, on ne progresse vers l’une que par les détours des chemins de l’autre, encore n’arrivera-t-on jamais, tout restera précaire, le paradis ne sera jamais sur terre par la grâce d’un ordre social parfait (autrement dit : un optimum économique atteint par la régulation, optimum par définition anti-libéral), ni les deux cités n’y seront jamais confondues.

      Et fort logiquement le néo-thomiste que vous êtes sans le savoir traite d’incroyant et d’immoral sans valeurs quiconque n’entre pas dans sa vision, qui est fausse. C’est un défaut commun des néo-thomistes, ou de ceux qui en ont la structure intellectuelle quant aux idées politiques.

      (Jolies vos babouches. Made in America j’espère ?)

  9. Vae Victis

    Brz > Votre analyse politique en est touchante par sa naïveté.

    Vous nous dites que : « cette élection était imperdable pour les républicains », vu le bilan d’Obama, n’importe quel candidat républicain plutôt correct aurait forcement gagné. »

    Désolé de vous contredire mais ce n’est un bilan qui fait gagner une élection. Un bilan est une variable parmi d’autres, et ce n’est même pas la plus importante. On gagne une élection démocratique quand on obtient un plus grand nombre de voix que son adversaire.

    Mais me direz-vous les électeurs votent en fonction du bilan du candidat sortant. Oui en partie, mais encore une fois ce n’est pas le point le plus important. Sinon on serait incapable d’expliquer comment des maires peuvent se faire réélire des décennies durant en ayant des bilans calamiteux. On pourrait citer des dizaines d’exemples sans beaucoup se fatiguer.

    Que ce soit au niveau local comme au niveau national, ce qui fait gagner une élection ce sont des clientèles politiques. Si on analyse cet aspect, qui est de loin le plus important, l’élection était presque acquise pour Obama. Et pourtant Romney est parvenu à l’inquiéter.

    Pourquoi l’élection était presque acquise à Obama ?

    – Parce qu’il dispose de clientèles ethniques qui lui sont durablement attachées. Il pourrait se mettre à danser un french cancan en conférence de presse qu’il obtiendrait toujours les voix des « minorités ». Obama obtient 71% des votes Hispaniques, 93% des noirs, 73% des Asiatiques.

    – Parce qu’il a distribué pendant son mandat des milliers de milliards en prétextant de la crise. Soit la plus grosse dépense depuis la 2nd guerre mondiale Je suis sûr qu’une analyse montrerait que les Etats clés ont été les plus arrosés. Pour aller aux faits, Obama pendant 4 ans s’est massivement acheté des soutiens. Une grosse clientèle achetée à crédit.

    Romney a-t-il démérité ? Non. Obama obtient seulement 39% des voix chez les Blancs contre 43% en 2008. Il a perdu 4 points.
    Romney a-t-il servi de repoussoir à l’électorat féminin ? Non. Seulement 42% des femmes blanches ont voté Obama, elles étaient 46% en 2008 alors que McCain menait une campagne très molle. Soit ici aussi 4 points de plus pour Romney.

    Romney a effectivement perdu les élections sur la questions des valeurs, non pas des valeurs libertariennes, conservatrices, ou que sais-je, mais sur la question des valeurs américaines. Les WASP ont voté massivement pour lui. Seulement les USA ne sont plus américains. Ils se sont diversifiés, les « minorités » tendent à devenir des majorités, les démocrates importent leurs électeurs, ce mouvement va s’amplifier. Les Américains de souche européenne vont devenir une minorité dans les prochaines décennies, et déjà on ne peut plus gagner une élection nationale en faisant une campagne sur les valeurs américaines. C’est sans doute la dernière élection où les Républicains mènent une campagne sur les valeurs traditionnelles de l’Amérique, propres à séduire les blancs. Ils vont maintenant courir après les minorités.
    Les républicains peuvent gagner en 2016 si leur candidat est très centriste, sans saveur, s’il donne des gages forts aux minorités, et s’il mène une politique démocrate. Et encore ça ne l’empêchera pas d’être traité de nazi.

    1. Nicolas Auteur de l’article

      « Je suis sûr qu’une analyse montrerait que les Etats clés ont été les plus arrosés » : c’est de manière caricaturale le cas de l’Ohio, où les plans de sauvetage démocrates de l’industrie automobile ont sauvé des milliers d’emplois (en engloutissant des sommes qui en auraient crée des dizaines de milliers ailleurs mieux employés, mais l’électeur ne réfléchit pas à cela quand il risque de perdre son emploi : là aussi le passage à l’universel qui caractérise certains liberaux en chambre n’est qu’une vue de l’esprit fonctionnant comme un système de valeurs qui fait perdre l’élection sans jamais pouvoir trouver de traduction politique efficace).

      « Seulement 42% des femmes blanches ont voté Obama, elles étaient 46% en 2008 »
      Des femmes blanches. Justement, même là, Romney ne fait pas le plein, entre celles qui ne votent pas pour lui parce qu’il serait trop centriste et celles qui ne votent pas pour lui parce qu’il serait trop extrémiste. Alors qu’Obama réussit à faire le plein de son électorat féminin sur des bases raciales et à mordre sur l’autre par le centre via cette prise en tenaille sur « les valeurs » et en particulier l’avortement. Une femme hispanique serait l’idéal.

      Il est d’ailleurs significatif que le sursaut de la campagne de Romney ait été après le premier débat, sur l’économie. Et sans doute est-il peu innocent que ce premier débat ait été programmé le plus loin possible du vote : sur son bilan économique pris de manière froide et rationnelle, Obama perdait, il importait donc de faire porter le débat à l’approche du vote sur d’autres sujets.

      « Les républicains peuvent gagner en 2016 si leur candidat est très centriste » : ils peuvent surtout gagner si face à une Hillary Clinton qui se met de toute évidence en réserve du parti démocrate en vue de 2016 leur candidat(e) est hispanique et plutôt centriste, avec un co-listier bien rassurant pour les vieux blancs et l’establishment financier.

        1. Nicolas Auteur de l’article

          Il ne me semble en effet pas que le parti républicain, ni aucun processus démocratique, soit de nature à arranger les affaires des WASP. Sauf à leur supposer une conscience raciale qu’ils n’ont de toute évidence pas plus que le machiavélisme qui irait avec.

          Là aussi la morale universaliste chrétienne plus ou moins dégénérée en valeurs qui conduisent à des bisounourseries est un handicap sérieux.

          Ceci dit, ils s’en tireraient quand même mieux dans un régime moins redistributif.

          1. Nicomaque

            Ma conclusion est la suivante : il est devenu utopique de vouloir gagner une quelconque élection sur les valeurs et les principes d’une société libre. Cela vaut aussi pour la France. C’est pourquoi il faut désormais renoncer à la politique politicienne, aux élections et à la pseudo-démocratie. Il faut contester radicalement ce système et le délégitimer complètement. C’est là que Hans-Hermann Hoppe est le plus réaliste et le moins utopiste des penseurs contemporains. Je le cite : « L’idée est d’essayer de réformer et, en définitive, de révolutionner l’hégémonie croissante de l’État Providence et militaire de l’extérieur, en créant une contre-culture susceptible d’attirer un nombre croissant d’intellectuels, d’adultes cultivés et même « l’homme de la rue », et de les détourner de la culture dominante de l’État tout-puissant. » http://www.institutcoppet.org/2012/11/09/hoppe-raconte-la-societe-du-mont-pelerin/

            1. Nicomaque

              « Dans tous les cas, l’objectif ne peut être atteint que si l’État est ouvertement ignoré, évité et désavoué ; et si ses agents sont explicitement exclus des activités que l’on se propose d’organiser. Parler aux représentants de l’État et travailler avec ses fonctionnaires, c’est lui accorder de la légitimité et de l’importance. Ignorer, éviter et désavouer ostensiblement l’État et ses agents indésirables, au contraire, est une manière de retirer son consentement à l’État et donc d’affaiblir sa légitimité. » Hoppe

            2. Nicolas Auteur de l’article

              Donc il faut éviter la démocratie autant que possible dans sa forme naïve (certains libéraux ont du chemin à faire sur ce point…)

              Je suis d’ailleurs toujours étonné de la foi démocratique de gens dont les théories n’ont guère été réellement mises en application que dans le Chili du général Pinochet de regrettée mémoire.

              A défaut, l’affaiblissement de l’État, son démantèlement, tout ce qui peut faire reculer l’État-nation qui oblige à financer l’immigration via l’impôt est à approuver, pour s’organiser hors de lui.

              « Droite du travail, gauche des valeurs », comme dirait l’autre.

    1. Nicolas Auteur de l’article

      A mon avis ce n’est pas un facteur du tout. C’est une volonté. C’est de l’ingénierie sociale. Ce n’est pas une cause première, la cause première c’est la volonté d’une minorité socialiste (et paradoxalement, ou faussement paradoxalement, financière et bancaire branchée sur le système des banques centrales) de vivre très bien sur le dos des autres en se transformant en une élite très prospère. Ils auraient besoin pour cela de peindre tous les humains en bleu, ils peindraient tous les humains en bleu au lieu de faire entrer aux Etats-Unis des immigrés. Faites de la banque libre et privée, personne ne poussera plus à l’immigration pour se maintenir au pouvoir afin d’y créer de manière illimitée de la monnaie sans jamais rembourser la dette qu’elle représente, comme le fait la clique qui a pris Obama pour pantin.

  10. Gil

    Bon. Voilà. Stratégie Clinton ou pas, le problème est racial. Et donc immigrationnel.

    À partir de là, que peut faire le Parti républicain ? Ou bien devenir centriste, comme dit VV, ie une copie du parti démocrate, courtiser les minorités, laisser affluer encore plus d’immigrés, mettre la pédale douce sur les « questions sociétales », présenter des « candidats ethniques » etc.

    Ou alors, se radicaliser à droite sur la question immigrationnelle et identitaire blanche. Mais immédiatement (avant qu’il y ait trop d’étrangers) et radicalement (pour empêcher ce surcroît d’immigrés en matraquant les Blancs sur ce problème).

    Pour rester un vrai parti, de droite et bien différencié du Parti démo, il me semble que la deuxième solution est la seule valable. Mais elle paraît impossible, vu l’état des mentalités de l’électorat, même de droite. Bref, c’est plié. le parti rép’ peut continuer à exister, pas l’Amérique.

    D’ailleurs, cette stratégie de la radicalisation de la droite paraît même plus réaliste en France qu’aux US. Car si la question immigrationnelle en Californie n’a peut-être pas grand sens pour un gars de Nouvelle Angleterre, vu la taille des USA, et ne risque pas de le motiver, en France tout le monde subit de plein fouet le choc immigrationnel, et le plus souvent souvent sous sa forme africaine et musulmane, ie très éloignée de l’esprit européen (par rapport aux chicanos, je veux dire). Lq question immigrationnelle est devenu centrale en France, pour la droite et la gauche, d’où l’intérête pour la droite de se radicaliser, au moins là-dessus. je me demande si c’est le cas pour les US, malgré Obama et les minorités.

    1. Nicolas Auteur de l’article

      « Stratégie Clinton ou pas, le problème est racial. Et donc immigrationnel. »

      Nan, vous oubliez que les petits plans d’Hillary, ça ne marche précisément que dans une société où montent les minorités : d’abord parce qu’elles donnent un socle électoral solide sur lequel il s’agit de faire l’appoint majoritaire à presque tous les coups (le « prolétariat » ayant disparu), ensuite parce que cette stratégie s’appliquera beaucoup plus et mieux quand elle intégrera en elle-même, après les questions comme l’avortement ou l’homosexualité, celles des minorités ethniques sur le même modèle. On en a vu un premier exemple avec les lois anti-immigration en Arizona, leur traitement médiatique effarant, et leur neutralisation fédérale.

      Le problème racial des USA il est actuel, il n’est pas futur. Ce qui reste futur c’est son exploitation à plein rendement cynique par les dems comme ils exploitent l’avortement actuellement, le mariage gay demain, et cela de manière cumulative : quand vous mettez en avant des « valeurs » qui menacent de bouleverser la vie d’assez de monde, vous ne pouvez que perdre. Les républicains à valeurs vont se retrouver à menacer de la suppression de l’avortement et de la contraception les femmes, à menacer les gays de « démariage », à menacer les immigrés de reconduite à la frontière… ajoutez ce que vous voulez dans un avenir plus lointain : menacer les polygames de les réduire à un seul conjoint, les zoophiles de les priver de leur chien, les addicts à la réalité virtuelle de les priver de leur connexion, etc.

      L’immigration n’est qu’un cas particulier, certes très flagrant puisqu’il touche directement l’ajout physique d’une partie du corps électoral, mais elle s’inscrit dans une structure plus large, même les socialistes démocrates ne sont pas idiots au point de ne pas comprendre que ça leur posera à eux aussi un problème s’ils ne misent que là dessus.

      « Ou alors, se radicaliser à droite sur la question immigrationnelle et identitaire blanche. »

      Ben non, il peut pas. Y’en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes. C’est justement tout le vicieux de la chose : on ne peut pas s’en tirer en se radicalisant pendant qu’il est encore temps car justement il n’est plus temps, il n’est jamais temps, c’est interdit de se radicaliser sur ces questions, sinon vous sortez du jeu. Vous êtes un peu dans la position d’un de ces personnages de tragédie grecque qui attend le bon moment, le cairos, ou qui pense qu’il n’est pas encore passé, sans comprendre que le ressort de la tragédie c’est justement qu’il n’y a pas de cairos à attendre ou à saisir puisqu’il ne peut pas y en avoir, sinon ce ne serait pas une tragédie. La politique démocratique post-WWII c’est pareil : il n’y a pas de bon moment pour se radicaliser, il n’est jamais ni n’a jamais été encore temps de le faire. Exactement comme vous ne pouvez pas faire dame en jouant aux échecs ou attendre d’avoir un brelan en jouant à la bataille.

      « Lq question immigrationnelle est devenu centrale en France, pour la droite et la gauche, d’où l’intérêt pour la droite de se radicaliser, au moins là-dessus. »

      Les seuls à pouvoir se radicaliser là dessus c’est la gauche justement, pas la droite, qui serait ipso facto nazie si elle le faisait. Il faut juste qu’ils trouvent une autre manière de s’assurer une clientèle électorale suffisante, ce qui va être compliqué, d’autant qu’une bonne partie de ce qui reste de gens de gauche, au sens économique, vote FN.

      Autrement dit : il n’y a de solution envisageable ni chez eux ni chez nous. Les situations historiques où ce qui est nécessaire est impossible et ce qui est possible est inutile sont en général des situations qui se dénouent par des conflits d’une certaine importance, assez destructeurs pour dénouer les choses autrement que par des décisions démocratiques, ou en en gardant la forme mais en répondant à d’autres impulsions, qui ressortissent plus de la violence politique que du rapport de forces électoral.

      1. Vae Victis

        Pour les « socialistes » blancs cette stratégie va être gagnante pendant un moment relativement bref. Il n’est pas si loin le temps où ces minorités devenues majorité ne vont plus accepter d’être représentées par des patrons blancs. Déjà pendant la campagne les blancs sont largement devenus persona non grata aux meetings du parti démocrate.
        N’oublions pas que les divers sont aujourd’hui déjà majoritaires dans les maternités. Dans 30 ans ils devraient l’être dans les urnes.

      2. Gil

        Merci pour ce commentaire très riche. Je sais qu’il semble grotesque de parler d’une possible « radicalisation identitaire blanche sur la question de l’immigration » à propos du parti républicain et encore plus à propos d’un parti comme l’UMP (!). C’était un peu une manière d’exprimer l’impasse actuelle, puisque ça serait la seule vraie solution pour la droite, et de montrer que le problème est quand même in fine, l’immigration et la question raciale. Parce que si l’immigration n’est probablement qu’une conséquence, comme vous le dites plus haut à Nicomaque, d’une volonté clientéliste, de l »ingénierie sociale » etc, elle est devenue, ici-même maintenant, un phénomène qui menace de changer définitivement les pays occidentaux (pardon pour le truisme). Et que même si tout le monde en Europe se mettait à « faire de la banque privée » aujourd’hui même, le mal serait fait. Et que ce mal sera encore plus irréversible dans 5 ou 10 ans.

        Un espoir, tout de même (si on peut appeler ça comme ça), tiré de votre dernier paragraphe : ne sommes-nous pas déjà entré dans ce « conflit destructeur », en Europe du moins, et même s’il n’est encore qu’à basse intensité ?

  11. nathan

    Chers ilysiens, je trouve sur le coup votre démarche très « française », et à vrai dire bien peu philosophique.
    Vous parlez de la scène politique américaine en la comparant à la française, ce qui est intellectuellement une abération, car le seuil dans lequel la France reste enfoncée sans aucune possibilité de se redresser a été brisé aux USA depuis les années 80 avec Reagan. Il n’y a pour ainsi dire aucune comparaison possible entre les Etats-Unis et l’Europe, le premier étant le seul pays occidental à avoir un système démocratique entièrement construit sur le résultat d’un rapport de force, sans la moindre volonté nihiliste. Le socialisme économique et culturel aux USA, forme une force extrêmement puissante mais il ne forme pas le pays, contrairement à la France et dans une moindre mesure les autres pays européens. C’est pour cela que les USA ont été un adversaire redoutable du communisme, et pourquoi quoi qu’il arrive ils resteront toujours un adversaire redoutable de l’islamo-gauchisme, cela n’a aucun rapport avec le poids démographique des minorités, c’est beaucoup plus profond que ça.

    Après pour les élections, de toute façon elles n’allaient pas changer grand chose, tout juste en cas de victoire de Romney aller un peu plus dans le bon sens, mais l’avenir ne se joue pas dans les urnes mais dans les esprits. Or qu’a-t-on à retenir de l’esprit de ces élections? Qu’environ 20 à 30% de la population américaine (une partie blanche qui plus est) est encore entièrement épargnée par le socialisme économique et sociétal, et qu’elle va se retrouver exclue très bientôt du jeu démocrate-républicain. Autrement dit 20 à 30% de personnes saines qui contrairement à vous ont parfaitement conscience que la partie ne se jouera pas à qui va occuper Washington pendant 4 ans. Quel pourcentage représente ces gens dans la population française? La vie publique américaine aura bientôt fort à faire avec un puissant courant libertarien, blanc et fier de l’être, de plus en plus hostile à l’état central et aux grands principes droits de l’hommistes. Et ça, ça aura très bientôt une importance cruciale dans la marche du monde.

    1. Nicolas Auteur de l’article

      « La vie publique américaine aura bientôt fort à faire avec un puissant courant libertarien, blanc et fier de l’être, de plus en plus hostile à l’état central et aux grands principes droits de l’hommistes. Et ça, ça aura très bientôt une importance cruciale dans la marche du monde. »

      Ah. Bon. Attendons donc de voir ce qu’on va voir.

  12. VonMises

    Je veux bien que tout expliquer par la démographie soit de la paresse il n’empêche que :
    -pour gagner les républicains devraient faire le grand chelem chez les fromage blanc , ce qui est quasiment impossible : hors chez les bwanas Romney écrase Obama plus que ses prédecesseurs et sortir du ghetto des valeurs
    aliénerait un électorat acquis pour un bénéfice aléatoire
    -en 1992 Romney aurait écrasé Obama : c’est une réalité pénible
    Après oui peut être que prendre un mormon âgé et caricature de grand Kapitaliste ce n’était peut être pas l’idée du siècle , du moins sans compenser par un colistier moins blanc et aristo.

  13. Nicolas Auteur de l’article

    « devraient faire le grand chelem chez les fromage blanc »

    Ben non, il suffirait qu’ils fassent raisonnablement le plein de leurs propres troupes, qui pour une part votent pour eux, qui pour une part votent démocrate, qui pour une part trouvent que le GOP est trop à droite, et qui pour une part le trouvent trop à gauche.

    Et la raison de cela, c’est la quasi obligation pour le GOP de se positionner sur des valeurs morales, ou plutôt l’obligation pour gagner la primaire de le faire, ce qui fait perdre l’élection dans la foulée. Sur le sujets économique par exemple, ou de politique étrangère ce serait beaucoup plus difficile de leur faire le coup. D’où l’importance pour les dems de les enfermer dans des questions morales de société et autres valeurs très clivantes. Et je le redis : ça a été théorisé, dit, présenté comme une stratégie par Clinton et son entourage, en particulier dans sa campagne de sénatrice de NY. Et c’est apparu comme une bonne tactique au plan national pour contrer le basculement du sud vers les républicains (même avoir pris Edward comme vice-candidat n’avait pas suffi à y regagner des voix).

    Ca n’a rien à voir avec cet autre phénomène, plus long, important, tout ce que vous voudrez mais qui n’explique pas l’élection qui vient d’avoir lieu qu’est l’influence démographique des minorités sur le vote, même si le fait que les dems fassent comme ça plus aisément le plein quant à eux les aide évidemment.

    Romney n’a pas perdu parce que les latino et les noirs gnagnagna, bullshit de commentateur français de droite paresseux et monomaniaque à la Zemmour. Il a perdu parce que c’est un centriste qui a dû se déporter sur sa droite et s’adjoindre un co-listier plus à droite pour gagner la primaire. Si bien qu’une partie de la droite du GOP l’a pris pour ce qu’il était à l’origine, un vague centre-droit, et est restée chez elle, tandis que les symétriques sur l’aile gauche lui reprochaient de trop se radicaliser à leur goût et sont restés chez eux aussi, voire ont voté démocrate pour certains.

    (D’ailleurs j’aimerais qu’on m’explique comment tant de représentants et d’Etats resteraient républicains si la démographie expliquait tout de manière automatique et apocalyptique.)

    Et l’UMP prend le même chemin : si c’est Fillon, il sera obligé de se droitiser sur les questions de valeurs (qui chez nous englobent l’immigration dès l’origine), et perdra à la fois sur sa droite les copéistes et sur sa gauche le soutien de Borloo et des « humanistes ». Si c’est Copé il devra se dé-droitiser sous peine de diabolisation par proximité trop grande avec le FN et perdra donc sur sa gauche les fillonnistes et sur sa droite ceux qui seront déçu par ce qu’ils appelleront ses reniements (et que pour une part ils attribueront à ses origines d’ailleurs). Donc cette histoire de mariage gay ce n’est pas seulement une réforme qui ne coûte rien, c’est aussi le jackpot électoral pour la gauche, puisqu’elle contraindra l’ump à rester minoritaire au plan national tant que le débat portera sur ces questions épileptiques ( et sans intérêt, on l’a dit ici : voir dans cette loi un changement de civilisation en nous faisant en même temps accueillir toute l’Afrique possible au nom de l’accueil de l’autre c’est se foutre du monde).

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