Mariage gay, l’apocalypse à venir

Sur ILYS nous avons une mission. Enfin. J’ai une mission. De la plus haute importance. Du genre type qui vous fait lever le matin et vous empêche de dormir le soir.

Celle de rassurer nos compatriotes inquiets face à l’affaissement ou le relativisme des valeurs.

Cette mission ne m’empêche pas de perdre mon temps à en rajouter sur le sujet. Oui, les propos du cardinal Barbarin ne sont pas choquants mais d’une banalité affligeante. On pourrait dire de même de bien des propos de Richard Millet. Et je pourrais aligner les petites phrases, plus ou moins sorties de leur contexte, cataloguées comme des dérapages et pour lesquelles on ne comprend guère ce qui a pu choquer le quidam. Enfin. J’écris quidam mais je pense journaliste.

Nos autoproclamées élites se révèlent généralement beaucoup plus choquées que ceux qu’ils cherchent à instruire et édifier.

Cela ne les empêche pas de parler en leur nom.

Et, surtout, de vouloir les protéger.

La multiplication des dérapages et autres points godwin étant d’ailleurs le signe le plus sûr qu’il faut, de nos jours, en faire de plus en plus des tonnes pour arriver à choquer le français. N’en doutez pas, faire appel presque chaque jour à la seconde guerre mondiale et ses heures les plus sombres révèle la grande faiblesse actuelle de nos maîtres à penser plus que leur force. L’atonie les guette quand bien même ils continuent d’occuper sans relâche le terrain médiatique par leurs chroniques, éditoriaux et autres bloc-notes.

Mais je veux en revenir à l’affaissement ou le relativisme des valeurs en évoquant le mariage homosexuel et le droit à l’adoption ou à la parentalité (ce mot barbare signifiant spontanément plus usurpation que parenté dans mon esprit étriqué, mais bon) qui y serait rattaché.

Eh bien le mariage gay, en soi, on s’en fout.

Parce que le mariage gay c’est le mariage civil. Et que le mariage civil c’est la récitation d’articles du code civil. Le mariage civil est une chambre d’enregistrement.

Attendez, je vois bien l’idée qui présidait à la base au mariage civil. Mais, aujourd’hui, il faut bien avouer que cela n’a plus aucun sens. Le cérémonial n’y réside plus. C’est à peine si les mariés convient tout le monde à la mairie de nos jours. Au point qu’un élu en charge d’officier un de ces mariages m’a, il y a quelques années, proposé de faire la lecture administrative à sa place. Ce qui laisse la place à quelques blagues. Tout le monde est content. L’histoire est torchée en quinze à vingt minutes et on passe ensuite aux choses sérieuses.

Et je n’évoque pas les cas où le mariage civil et le mariage religieux ne se déroulent pas le même jour ou le même week-end. Dans ce cas-là on se rend à la marie avec ses témoins, on est quatre ou six et la fête est remise lors du jour de la cérémonie religieuse.

Le mariage civil est une coquille vide de sens depuis longtemps. La multiplication des divorces, l’adultère comme raison insuffisante, le PACS, etc. Cela fait également longtemps que cette institution est désertée et n’est que le lieu où un agent administratif tamponne. Et ce manque de sens, tout le monde le ressent. Les homosexuels veulent d’une institution qui ennuie ou fait rire depuis longtemps chez les hétérosexuels.

Ainsi de ces cérémonies laïques, qu’on en dise le nom ou pas, qui pullulent de nos jours et qui surgissent quand aucun des deux époux n’est baptisé. Et dont vous observez qu’elles ne se déroulent pas à la mairie. En tout cas, je n’en ai jamais vu là-bas. Je n’ai jamais participé à un mariage sans cérémonie religieuse ou laïque. Et quand je dis laïque… Il faut voir que celles-ci apparaîtraient aux yeux des progressistes comme tout aussi réactionnaire que la cérémonie religieuse. Même si les participants n’en ont pas toujours pas conscience.

De toute façon cette cérémonie laïque là, en dehors de la mairie, le PACS ne l’empêchait justement pas. Disons le même plus directement encore, la différence entre le PACS et le mariage civil ne m’a jamais sauté aux yeux. Le lieu d’enregistrement n’est pas le même. Pfffiou. La belle affaire.

Alors se battre pour que le mariage civil ne soit pas ouvert aux homosexuels est une chimère.

La seule chose qui différencie véritablement le mariage civil du PACS, me dit-on, c’est l’adoption.

Je comprends. Je ne vois d’ailleurs aucun intérêt pour un couple gay de se marier s’ils n’ont aucune envie d’avoir des enfants. Si ce n’est, peut-être, une forme de respectabilité supérieure du mariage dans le domaine social. Mariage ça fait plus solide que PACS pour votre boulangère. Et ne n’est pas entièrement du au fait qu’il est un peu plus simple de rompre un PACS qu’un mariage. Bien. Dont acte.

Chacun accordera à cela l’importance qu’il veut lui donner.

Quant à l’adoption, un couple pacsé ne peut en faire la demande en tant que tel, mais, que je sache, rien n’empêche l’un des partenaires de le faire à titre individuel. Certes, le conjoint du même sexe ne sera pas légalement le deuxième papa ou la deuxième maman. Mais je ne vois pas très bien quel est le problème. Si ce n’est lors du décès du père légal ou de la mère légale. Mais, là encore, à défaut de tutelle testamentaire, le conjoint pourra faire valoir en justice de l’intérêt de l’enfant à rester avec lui. Le cas d’une séparation douloureuse entre les conjoints ? Eh oui. Cela arrive aussi chez les couples hétérosexuels remarquez. Mais le conjoint homosexuel n’aura pas la « garantie » (parfois virtuelle pour les couples hétérosexuels également) d’un droit de visite ou de garde.

Certes.

Au-delà de ces situations juridiques, qui peuvent être douloureuses et qu’on pourrait aider à résoudre sans passer par le mariage homosexuel mais plus simplement par la prise en considération de l’intérêt de l’enfant, il faut donc constater que tout cela ressemble à la vraie vie où on a un papa et une maman. Et même que c’est de la rencontre des deux dans un lit (ou sur une table, etc. Je ne suis pas si réactionnaire que ça) qu’on est né. On apprend officiellement ça à l’école d’ailleurs. En SVT. En quatrième si mes souvenirs sont bons.

D’où le fait que les associations militantes gays promeuvent non seulement l’éducation sexuelle à l’école, certes, mais aussi, dans le même temps, l’étude du genre.

Les gros malins.

D’où aussi, sans doute, l’invention du terme de parentalité.

Qui sonne -chez moi- comme un état non seulement supérieur de la parenté (la parentalité comme l’état du parent investi dans son rôle de parent) mais aussi comme un état déconnecté de la parenté, c’est à dire du sang. On me dira qu’un couple d’hétérosexuels ayant adopté n’ont également pas ce lien du sang. Mais ils en ont au moins la fiction sociale, ils pourraient l’être. Là, avec la parentalité, me semble-t-il, on peut même se priver de cette fiction là.

Moi je l’aime bien cette fiction.

Elle évite de se faire traiter de bâtard et de le prendre réellement à coeur par exemple.

Dans un intéressant article intitulé « Homoparentalité : la pénible guerre des évidences« , Matthieu Grimpret me semble illustrer avec talent ce qui cloche dans l’homoparentalité. Parce que sinon, il y a des couples gays qui élèvent déjà des enfants, les circonstances de la vie ayant fait que, et, franchement, on s’en moque.

Le premier problème, à mon sens, c’est qu’on veut remplacer une semi-fiction par une autre qui est totalement fictive. La semi-fiction de la parenté -je dis semi simplement parce que parfois elle en est une- par celle de la parentalité -qui elle est une pure construction.

On revient là à la théorie du genre et à ce qu’elle implique.

Et, qui sait, aux propos sur l’inceste ou la polygamie.

Ce serait peut-être ça la rupture de société dont on parle…

Matthieu Grimpret distingue l’adoption de la conception (par mère porteuse ou que-sais-je encore).

Il a raison.

Mais il conviendrait peut-être aussi de distinguer l’adoption de la parentalité.

Il me semble qu’on peut très bien éduquer un enfant sans être son père non seulement biologique, mais aussi son père légal. Cela arrive déjà d’ailleurs… Quant aux difficultés qui peuvent en découdre, il n’y a pas besoin du mariage pour les résoudre ou pour apporter une sécurité juridique.

Mais, aujourd’hui, tout le monde veut son petit statut.

Ou sa petite mission…

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À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

13 réflexions sur « Mariage gay, l’apocalypse à venir »

  1. Il Sorpasso

    L’argumentaire de Grimpret est caduque. Sa conclusion se base sur la différence symbolique entre état de fait ou choix. Ca dépasse l’adoption VS conception pour les ocuples homos. L’adoption d’un petit hétéro (80 ? 90 ? 99 % de chances ? qu’il le soit) par un couple homo, et quelle que soit « l’absence de données dans ce domaine » (la bonne blague !) relève de ce même principe.

    Le premier con venu rétorquera immanquablement : « vous préférez être élevé par un couple homo qui s’aime ou un couple hétéro qui se déchire »..Ça ne se pose pas. C’est du tirage au sort. La question est : vous préférez être élevé (préféreriez avoir été élevé, hein, c’est pour la mise en scène) par un couple hétéro tiré au hasard ou par un couple homo tiré au hasard ?

    No comment.

    Grimpret donne raison à ceux qu’il appelle avec mépris des képis blancs en croyant se poser en homme de raison bien au dessus de la mêlée. Je ne sais même pas s’il mérite le bonnet d’âne, même ceinture noire.

    1. Blueberry Auteur de l’article

      L’idée qui préside également, si on suit rapidement le militantisme gay le plus décomplexé sur la question de l’adoption, c’est de renverser à terme cette préférence (j’aurais préféré être adopté par un couple hétérosexuel) ou, tout du moins, la rendre caduque voire plus simplement indicible pour la majorité du peuple français.
      Voilà ce qu’on peut, par exemple, trouver en ce moment sur Twitter.

      Ne pas nous laisser nous marier/adopter = Nous empêcher de donner des alternatives au modèle hétérosexuel dominant.

      Entraver notre accès à l’adoption, c’est nous stériliser culturellement, c’est entraver la transmission de notre culture politique.

      La fameuse altérité du couple hétéro, bienfait théorique pour l’enfant, est en réalité la recherche d’un conditionnement genré.

      1. Il Sorpasso

        Comme quoi le premier gay hystérique venu exprime plus clairement et qui plus est en un tweet l’enjeu de la question et les arguments à mouvoir que ce Grompré (qui pourtant semble payé pour se servir de son cerveau ou au moins le faire croire..oh, wait).

      2. Nicolas

        Ce que racontent ces tweets est parfaitement exact. Et c’est pour cela que ce combat est déjà perdu. Ne vouloir ni pouvoir assumer qu’il s’agit effectivement de stériliser leur modèle sociétal alternatif possible depuis que la technique le permet, se cacher derrière des arguments de respect d’un ordre naturel ou divin, c’est déjà avoir perdu.

      3. Il Sorpasso

        Déclarer qu’il n’existe aucune donnée pour juger de la corrélation entre composition de la structure familiale et bien-être de l’enfant et oser dérouler ensuite pour un autre point les recommandations des psys – qui plus est réduits à la « stabilité familiale », ouf-, c’est du foutage de gueule intégral.

        Quels que soient les arguments qu’il avance, ce type se contredit 3 lignes plus loin, c’est fascinant. Pas étonnant qu’il n’ose pas attaquer le fond du problème (qui n’est pas, j’ose espérer, qu’il soit un semi-défroqué et gay, non, non, non, je refuse d’imaginer un tel déterminisme dans ce lumineux article).

  2. vlad tepes

    Excellent texte, pas grand chose à redire, tout y est je pense.

    Il y a un point sur lequel je voudrai rebondir, celui mis en relief par ce passage:
    « Cette mission ne m’empêche pas de perdre mon temps à en rajouter sur le sujet. Oui, les propos du cardinal Barbarin ne sont pas choquants mais d’une banalité affligeante. On pourrait dire de même de bien des propos de Richard Millet. Et je pourrais aligner les petites phrases, plus ou moins sorties de leur contexte, cataloguées comme des dérapages et pour lesquelles on ne comprend guère ce qui a pu choquer le quidam. Enfin. J’écris quidam mais je pense journaliste. »

    Je vais être honnête, le principe du mariage gay et de leur droit à l’adoption me dégoute à un point inimaginable. Certains se contentent de parler du besoin pour un enfant d’avoir un père et une mère (de sexe différent cela va sans dire), ce qui relève de l’évidence, moi j’évoque aussi sans honte le problème de la surreprésentation des homos dans les sidaïques et les pédophiles.
    Il Sorpasso pose la vrai question: un couple hétéro tiré au hasard (moins de 1% de chance de tomber sur un pédophile) ou un couple homo masculin tiré au hasard (plus de 10% de chance…).
    Qu’on puisse officialiser de telles horreurs tout en tirant à boulet rouge sur le FN ne peut que laisser pantoi, mais je sais parfaitement que dans une conversation lambda en dehors de boboland, je serai beaucoup plus subversif si je parle de démanteler entièrement le modèle social français.

    Ce que je reproche aux réacs, ce n’est certainement pas leurs positions en elles-mêmes, que je partage très souvent, mais l’idée qu’ils se font d’être antisystème et subversifs en les tenant, prenant ainsi de vulgaires postures de gauchistes se croyant résistants à maudire le grand Capital.
    Car c’est bien de cela qu’il s’agit, le processus égalitariste a finit par aller tellement loin que le système actuel ne repose plus que sur la persuasion d’être en dissidence avec la hiérarchie. Je n’exagère même pas quand je dis que dans les classes moyennes, il y a infiniment plus de subversion à voter UMP que Marine Le Pen.
    En France, systématiquement le réac reproche au libéralisme d’être à l’origine de la destruction de la famille, de l’avlissement des moeurs, du désamour de la Patrie. Ce qui signifie qu’il n’a foi ni dans la famille, ni dans le rigorisme sociétal, ni dans la Patrie. Car que se passerait-il si le modèle social venait à entièrement s’effondrer? Les gens ne pourraient plus se permettre de divorcer comme ils le veulent, ils ne pourraient plus se permettre de prendre les relations sentimentales à la légère, ils seraient contraints à faire des enfants et à bien les élever pour qu’il y ait des personnes sûres pour s’occuper d’eux dans leurs vieux jours, ils seraient forcés de défendre leur pays bec et ongle pour se protéger des autres et vivre dans un endroit stable et pacifié…
    La réalité, c’est que le tradi croit autant à ses valeurs que le gauchiste croit en la différence. Rentrer dans le lard du système actuel consiste en tout autre chose.

  3. RG de Severac

    « Oui, les propos du cardinal Barbarin ne sont pas choquants mais d’une banalité affligeante. » Que voulez-vous, il est plus « agréable » de tirer sur une soutane (surtout rouge) que sur un commentateur réputé (Eric Zemmour dit la même « banalité ») et de passer pour un esprit ouvert.
    Notez au passage cette information savoureuse lue sur le site de la BBC : au Brésil, l’officialisation par un notaire d’un « couple » de trois personnes, un homme et deux femmes, suscite la controverse. Groupes religieux et juristes, nous dit-on, estiment que cette « union civile » est dépourvue de fondement légal. Mais le notaire, Claudia Domingues, n’a pas besoin de beaucoup d’imagination pour trouver des arguments.
    Le monde me parait de plus en plus délicieux.

    1. Nicolas

      D’ailleurs je souligne pour ceux qui n’auraient pas lu les petits caractères que la plateforme sociétale du parti Doux a inscrit depuis deux ans dans ses objectifs la légalisation des unions zoophiles et le droit d’adopter des hamsters si l’un des deux partenaires est un berger allemand normalement affectueux.

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