Je suis un détraqué sexuel.
Mon père fût ministre, sous Nicolas Sarkozy, pendant six mois, en 2007… Secrétaire d’état à la santé, pour être exact,… C’est le cardiologue que vous connaissez, le meilleur du monde, il travaille à cœur ouvert sur des nègres et des chinois venus de partout, de Londres, de Pékin ou de San Francisco… il fait payer cher ses vidéoconférences, cent mille dollars au minimum, qui tombent dans la fouille à pépère sitôt qu’il ouvre un torse…. il fait régler en liquide, naturellement, 10 KD pour les facs de médecine privées, 20 pour les familles et les amantes qui veulent un souvenir…
Le cousin de papa fait la même chose, remarquez… Vous le connaissez aussi, c’est l’auteur-compositeur-interprète de Micheline, le tube de l’été 1972… Comme tonton ressemble à rien, qu’il est petit, cadavérique et qu’il a des grosses lèvres, les arméniens l’ont pris pour un frère de race et les juifs ont dit partout que les arméniens sont des mythomanes, que c’est un feuj, en vérité, tonton Jacques… Du coup, en Amérique, il fait toutes les bar-mitsvas et les mariages youpins, avec son band, et c’est une distinction sociale, là-bas, que de s’offrir tonton Jacques pour les grandes circonstances…
Moi, mon truc, dans la vie, c’est le Bordel… Je bande mou, mais je regarde et je me branle, derrière les vitres sans tain… j’en ai fait installer quatre, dans Paris, dans des vieilles maisons, aux frais de mon père, et je le menace d’un scandale politico-financier quand il lui prend l’envie de m’envoyer à l’usine et me couper les vivres… Au début de cette aventure, je regardais, seulement, mais j’ai vite trouvé ça rengaine, comme on disait dans le temps…Un après-midi, J’ai vu le ministre de l’agriculture Gilbert Boulard entrer dans la chambre et se jeter sur une sénégalaise de seize ans, mais elle l’a dissuadé, ils se sont allongés sur le lit King Size, ils ont parlé de littérature et de la traite des noires en buvant, tout nus, des cafés crèmes qu’ils faisaient monter de la réception, puis ils ont regardé La Piscine, avec Alain Delon… Nul, trois heures de ma vie foutues en l’air.. On aurait dit un Godard dans ses mauvais jours, au voleur, attrapez-les…
Très vite, à 22 ans, j’ai décidé d’écrire les scénarios, pour ne pas attendre deux heures en vain que Tutulle encule Tata, pour le dire comme Céline… Dans mon premier film, une noire de cent kilos frappait un jeune promu du CNRS, Julien, 1,62, elle l’étranglait entre ses fesses en lui faisant crier je suis ton esclave, mon bébé… Bof, bof… Le spectacle était d’autant plus décevant que la négresse était une gentille fille, en vraie, une vache, une petite qui avait peur de son ombre et faisait ça pour payer sa piaule, à la résidence universitaire… Marie-Nicole N’barka, qu’elle s’appelait, la grosse noire, ça me revient…. J’ai honte, parfois.
Ensuite, j’ai engagé une vieille de cinquante ans qui en faisait soixante-cinq, qui fouettait un nègre de dix-neuf ans à la recherche d’un visa, mais qui se faisait déchirer à la fin du film par le gosse et ses trois frères… C’était mieux, déjà, mais pas de quoi se fabriquer des souvenirs indépassables, non plus… J’ai ensuite essayé les animaux, les rats, je les ai fait se battre dans une cage après les avoir privé de sexe et de nourriture pendant une semaine, ce qui à l’échelle d’une vie de rongeur est une éternité… Toujours, le petit se défendait, gagnait parfois le premier set, mais le gros finissait par l’avoir, l’attaquer à la carotide, lui arracher la moitié de ses poils et lui lécher le visage, pour le consoler de ses malheurs…
J’écris une œuvre, à part ça. Cinq feuillets par jour. … Je vais passer à la postérité, vos enfants entendront parler de moi… Je travaille couché, je ne quitte pas mon lit, je me fais servir par Andrée, une fille belle à tomber par terre que je ne vois pas, car je suis passé à autre chose.
Elle avait trente ans de moins que moi, elle doit me consacrer des livres, aujourd’hui, pour assurer ses vieux jours, et raconter que j’étais un vieux dégueulasse, que je la prenais dans tous les sens…
N’écoutez pas ce qu’on vous raconte, les enfants.