Toutes des sa* sauf les pu*

Je crois que cela a commencé dès la primaire. Les filles ne voulaient pas jouer avec moi. Moi, pourtant, j’étais prêt à jouer avec elles. Même à des jeux de filles s’il l’avait fallu. De toute façon ça aurait été ça ou rester seul dans la cour. Je suis donc resté seul. Mais je n’étais pas une fille me disaient-elles. Pour celles qui me répondaient. Je n’ai même pas envie de parler de celles qui partaient en courant ou qui s’esclaffaient bruyamment. Pourtant, je me souviens très bien avoir vu des garçons jouer avec elles. Mais c’était différent.

J’ai cru qu’il s’agissait d’un manque de popularité.

Au collège, les filles n’aimaient pas se retrouver assises à côté de moi. Au point que cela n’a pas du arriver une seule fois au collège. Pourtant je me mettais au fond de la classe, je faisais le con et j’insultais les profs pour avoir l’air cool. J’étais d’ailleurs assez populaire parmi les garçons. Je leur ramenais des cigarettes, leur laisser emprunter, parfois pendant plusieurs semaines, mon scooter par exemple. Quand un mec de la bande se faisait prendre, je disais que c’était moi pour le couvrir. J’étais même parfois invité dans les soirées et je ramenais la sono, l’alcool et les jeux vidéos. Mais ça ne suffisait manifestement pas.

Trop timide pour demander, je n’ai jamais su pourquoi ça n’avait pas fonctionné au collège.

Au lycée, aucune fille n’a voulu sortir avec moi. Je n’étais pas assez vieux me disaient-elles, pas assez mature. Ce qui ne les empêchaient pas de sortir parfois avec des copains de classe dont la maturité ne m’avait jamais jusqu’ici sauté aux yeux.

J’ai donc attendu la maturité.

Jusqu’à ma deuxième année de fac en fait. Là, je suis retourné au lycée. Mais j’étais devenu trop vieux pour elles cette fois. Merde… Alors j’ai tenté avec les premières années de fac. Mais je n’étais pas assez cool disaient-elles. Je me trouvais pourtant cool. J’avais lâché mon sac à dos, adopté une sacoche. J’avais des pantalons en toile et des polos. Je participais à des assemblées générales. Donnais mon opinion sur la guerre en Irak et protestais contre la remise en cause rampante de l’avortement. J’ai acheté de l’herbe aussi, pour être cool. Bref, je ne comprenais pas ce qui clochait jusqu’au jour où une fille que j’avais essayé d’embrasser après lui avoir fourni mes notes de cours du semestre m’a suggéré de faire un traitement contre l’acné.

J’ai donc attendu d’avoir la peau lisse.

Arrivé en dernière année de master de sociologie je n’avais plus aucun bouton sur la gueule. A moi les jeunes étudiantes me suis-je dis ! Que dalle. Pas une n’a semblé intéressée alors que, pourtant, sûr de moi, je multipliais les avances. Elles étaient toutes en couple. Ou alors sortaient d’une relation de couple difficile. Elles avaient besoin de temps. J’ai bien essayé d’en démaquer certaines mais rien à faire, manque de bol, j’ai toujours visé celles qui étaient fidèles. Un jour que je m’en ouvrais à l’amie d’un ami, celle-ci m’a suggéré de m’inscrire sur meetic.

Je me suis inscrit sur meetic.

Mais les filles reçoivent mille sollicitations à la seconde sur ce genre de site. J’ai pourtant soigneusement rempli mon profil. Toutes les cases. Ajouté des photos et donc, statistiquement, selon le site, augmenté mes chances de rencontre mais je n’ai jamais eu la moindre réponse positive. Une seule fille m’a répondu, mais, manque de bol, elle était en train de déménager. Elle m’a dit qu’elle aimerait bien m’avoir comme ami avant de partir. C’était déjà ça. On s’est tout de suite formidablement entendu pourtant. Mais elle a préféré conserver notre belle amitié plutôt que de la ruiner avec une histoire de cul entre nous. Je n’étais pas forcément d’accord, mais je n’ai pas vraiment eu mon mot à dire. J’ai participé à son déménagement ensuite, loué une camionnette et transporté son barda jusque dans sa lointaine banlieue. Après, on s’est perdu de vue, elle a du changer d’adresse mail et je ne l’ai jamais revu. Avant de la quitter, après son déménagement, elle m’a donné de bons conseils pour attraper des filles. Elle m’a dit d’écrire sur internet. De me faire un pseudonyme. De ne pas divulguer quoique ce soit sur ma personne, pas un renseignement ni la moindre photo. De jouer le mystère.

J’ai joué le mystère.

C’était un bon conseil. Je me suis à écrire sur internet et j’ai rapidement eu un certain succès auprès de la gente féminine (comme on dit quand on écrit). Mes papiers sur l’avortement (souvenirs de fac), sur les meilleurs sex-toys (où je laissais libre cours à mon imagination) et autres sujets girly-friendly (pourquoi les hommes se moquent de l’épilation chez les filles, etc.) étaient commentés par de fidèles lectrices, qui, rapidement, ont souhaité me rencontrer dans le monde réel pour, disaient-elles, deviser de choses et d’autres. Patatras ! Une fois en face de moi aucune n’a jamais voulu aller plus loin qu’un verre et cinq minutes de discussion maximum sur ces choses et d’autres. C’est que, disaient-elles, elles s’étaient fait une image de moi qui ne correspondait pas à ce qu’elles avaient devant les yeux. Mais elles m’ont rassuré, cela leur arrivait aussi au cinéma lorsque elles allaient voir un film pour lequel elles avaient déjà lu le livre. Je ne devais donc absolument pas le prendre personnellement.

Je ne l’ai donc pas pris personnellement.

C’est là que Ginette est apparue dans ma vie.

Et qu’elle m’a révélé que j’ai une putain de sale gueule, que je suis moche, laid, repoussant. Je ne m’étais jamais pris pour un dieu grec, mais enfin, à ce point, ça fait un choc. Surtout que personne ne m’en avait jamais parlé avant.

Depuis Ginette m’a quitté. Dieu sait qu’elle est moche elle aussi pourtant.

Et je suis probablement condamné à vivre seul le restant de ma vie.

Depuis je vais aux putes aussi. Il y en a toujours une pour moi. Elle ne renâcle jamais. Elle me regarde. Elle me touche.

Elle me rend heureux.

3 réflexions sur « Toutes des sa* sauf les pu* »

Laisser un commentaire