En France, par la France

Le 16 juillet 1995, Jacques Chirac prononçait son fameux discours dit du Vel’ d’Hiv’. Il était alors question de la responsabilité de certains français et, plus novateur, de l’Etat français.

Un peu moins de trois ans après, Maurice Papon, la plus parfaite incarnation de cela encore en vie, était condamné après avoir subi un de ces procès hautement médiatiques et vindicatifs qu’on réserve généralement aux fusibles.

Le 22 juillet 2012, François Hollande voit lui, dans la rafle du Vel’ d’Hiv’, un crime commis en France, ce qui est tout à fait exact géographiquement parlant, mais aussi par la France -et non plus par l’Etat français.

Mais soyons plus précis, Hollande explique qu’il s’agit d’un crime par la France, certes, mais aussi contre celle-ci.

Fichtre.

Tout le monde suit ?

Cela ne peut signifier que deux choses.

Premièrement on peut y voir un simple penchant français pour le masochisme et l’autoflagellation. Hier par cette rafle commise par la France contre celle-ci et aujourd’hui par sa repentance qui va toujours plus loin dans l’expression.

Deuxièmement, on peut aussi y voir le retour, sous une autre forme, du débat sur l’identité nationale.

Hollande mettant alors bien plus ses pas dans ceux de Sarkozy que dans ceux de Chirac.

Quoiqu’il en soit, autant Maurice Papon était le parfait casting pour l’après discours de Chirac, la seule question qui vaille réellement aujourd’hui est de se demander sur qui l’addition va s’abattre cette fois-ci.

Dès le discours de Hollande achevé des français tels que Guaino se sont écriés que la France de Vichy n’était pas leur France, et, a minima en tout cas, pas la France qu’ils aiment. Dans le même temps Libération a titré, probablement dans un réflexe pavlovien issu de la défunte gauche plurielle, que le crime du Vel’ d’Hiv’ était un crime français. Ontologiquement français sans doute.

Un crime de la France des persiennes.

Vous savez, cette France-rance qui espionne ses voisins et se permet non seulement de les juger mais aussi, si les temps y sont favorables, de les dénoncer.

Par exemple -et de nos jours- sur internet.

Libération, agité par ces stimulis mais peut-être sans vraiment comprendre de quoi il retourne, nous donne le fin mot de ce qu’il faut saisir de ce discours de François Hollande.

Le devoir de mémoire ne se divise pas.

Mais le devoir de mémoire ne suffit pas. Il ne suffit pas que la France reconnaisse ce crime. Il ne suffit pas que les écoles de la République enseignent la déportation et les complicités françaises. La repentance ne doit pas faire oublier le temps présent.

Comme l’a montré en mars la tuerie de Toulouse dans une école juive, la guerre contre tous les racismes doit toujours être menée.

Moralité, les racistes (et les assimilés rétrogrades et autres réactionnaires ou que-sais-je encore), vont en prendre plein la gueule.

Florent Pagny va vraiment devoir réfléchir avant de parler.

Mais ce sera un peu de leur faute d’ailleurs, à ces racistes.

Pouvait-on affirmer d’un côté que l’histoire de France ne se divise pas, qu’il faut la prendre en entier comme certains racistes médiatiques l’ont fait et de l’autre côté expliquer qu’il faut intégrer les étrangers à cette France là, celle qui, ne pouvant être divisée, est aussi celle de Vichy ?

Libération vous donne la réponse à cette question.

Non.

Chirac avait lavé la collaboration avec Maurice Papon et cela avait alors suffit. L’année d’après, d’ailleurs, on avait France 98 et la France black-blanc-beur. Et tout allait bien.

Mais Sarkozy est passé par là. Le réel aussi pourrait-on ajouter. Et chacun a bien compris que cela ne suffirait plus pour le vivre ensemble.

Moralité, Hollande va laver la France des racistes.

La présence de Taubira au ministère de la justice prend alors tout son sens. De même peut-on sentir frémir le référendum sur le droit de vote des étrangers aux élections locales. Et je laisse à votre imagination ce qui pourrait encore ressortir de tout cela.

Le discours de Hollande ne serait-il que des mots ? Après tout, sur le reste du discours, le fond a très peu changé entre Chirac et Hollande. Ce dernier n’a même pas fait allusion au Front National il me semble.

Allez, attendons un peu.

Normalement nous devrions vite nous en rendre compte.

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À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

22 réflexions sur « En France, par la France »

  1. Aquinus

    La gauche au fond, c’est l’épuration. C’est sa raison d’être. Or ça fait un moment qu’ils n’ont pas pu en faire une vraie et alors ça les démange, on voit leurs vampires comme Mélenchon sortir du bois et commencer à se pourlécher les babines. Entendons-nous, ils pratiquent l’épuration médiatique depuis 40 ans, mais une fois les vilains zemmours virés de leurs jobs en général ça s’arrête là, l’Etat n’embraye pas et les racistes sont muets mais peuvent continuer à fumer des cigares au bord de leur piscine, ce qui est insupportable. Ils n’ont que très rarement les menottes au poignets.

    Y’a eu 1905, 1944… ça fait long, j’ai aussi l’idée qu’ils vont tenter quelque-chose de massif. Avec tous les pouvoirs et en temps de crise , faudrait être con pour se priver…

  2. Gil

    http://ruminanc.blogspot.fr/2012/07/le-vel-dhiv-rafle-la-mise.html

    Si Hollande a vraiment dit dans le même discours :

    « Ce crime a été commis en France par la France », et :

    « La vérité c’est que le crime du Vel’ d’hiv’ fut aussi commis contre la France, contre son honneur, contre ses valeurs, contre son idéal »,

    c’est vraiment le double bind ultime.

    D’un côté « la France » est une salope, de l’autre « la France » c’est les valeurs républicaines, et que ça. Ou alors celles-ci volent à des kilomètre au-dessus de « la France », tout en étant absolument « la France ». Ou les Français sont des salauds, mais à l’insu de leur plein gré pour ainsi dire, puisque c’est quand même eux « la France », ils incarnent les valeurs républicaine du Bien, donc de l’anti-saloperie.

    Evidemment, la morale de ces deux propositions contradictoires est la même : réformez-vous, salauds de Français blancs ! Réformez-vous, pisque vous êtes des salauds. Réformez-vous, pisque vous incarnez les valeurs de la nation républicaine entre toutes.

    Je sais que la gauche ne peut pas s’empêcher d’utiliser tout et son contraire pour renforcer son « message », mais là ça devient vraiment n’importe quoi.

    1. Aquinus

      Je pense qu’intuitivement tout le monde comprend et personne ne relève la contradiction. Il y a la France de gauche, celle dés-incarnée et qui à terme pourra être à peu près tout – sauf blanche, chrétienne et libérale, les tares originelles. Et puis les 1500 ans d’Histoire avant cela, qui furent la France. La première doit anéantir jusqu’au nom et au souvenir de la seconde, seulement ça prend du temps et bien des commémorations, c’est douloureux. Mais le processus est limpide, et particulirèement spectaculaire. Je regrette toujours qu’il n’y ait pas plus de curieux en dehors de l’Europe, genre un brillant esprit américain ou indien, pour se pencher sur ce phénomène et instruire son procès en chaire universitaire. Il y aurait une sacrée matière.

      1. Anne Onyme

        « Je regrette toujours qu’il n’y ait pas plus de curieux en dehors de l’Europe, genre un brillant esprit américain ou indien, pour se pencher sur ce phénomène et instruire son procès en chaire universitaire. Il y aurait une sacrée matière. »

        Inutile. Le linge sale se lave en famille.

  3. Blueberry Auteur de l’article

    Aquinus > Je viens seulement de voir les tweets de SOS-Racisme concernant la « fachosphère »…

    Gil > J’ai envie de prétendre qu’à mesure que le « vivre ensemble » est de plus en plus évoqué, c’est à dire qu’à mesure qu’il se pète joyeusement la gueule, plus le Vel’ d’Hiv’ devient une oeuvre collective.

      1. Blueberry Auteur de l’article

        Des tweets genre « on vous trouvera jusque dans les chiottes » et destinés à la « fachosphère ». C’est à dire à fdesouche. Des tweets auxquels on ne croit qu’à moitié à cause de leur caractère comique, mais le truc vraiment intéressant c’est qu’ils ont été publiés après le discours de Hollande au Vel’ d’Hiv’.

        1. Aquinus

          Leur rage épuratrice ne cessera jamais, c’est une des premières choses que l’on devrait apprendre à nos enfants et expliquer tranquillement à nos amis. Ca s’appelle un ennemi atavique. On vit très bien en le sachant, on vit très mal en faisant semblant de l’ignorer par contre…

    1. Gil

      Ah oui, tout le fil de tweets de SS-racisme est très bon. D’un côté l’auto-satisfaction, les rires de racailles devant la victime impuissante de qui se sait du bon côté de la barrière; de l’autre une certaine panique propagandistique et de la méthode coué de qui veut se convaincre que les « racistes » sont une minorité (alors qu’en les écoutant le danger fasciste est à nos portes -leur slogan « devenez antiraciste » qui sonne comme « entrez dans la résistance », tout et son contraire comme toujours).

  4. NOURATIN

    Tout cela est bel et bien mais ce ne sont que paroles verbales.
    Maintenant que c’est le changement, peut être faudrait il songer
    à passer aux actes.
    Par exemple, on pourrait crucifier Hollande pour qu’il rachète
    tout nos pêchés. Ca c’est déja fait et ça a très bien marché.
    Un truc comme ça, ça pourrait drôlement relancer la socialisme,
    comme religion, non?

    1. Aquinus

      C’est marrant mais figurez-vous que ça m’a traversé l’esprit (non pas de crucifier Hollande, je vous rassure). Sa « normalitude » n’est rien d’autre qu’une sainteté en gestation. Il est presque parfait: rond, jovial, bonhomme, habile, totalement dédié au fanatisme de sa cause (on se trompe en le brocardant comme un mou, il est entièrement converti à ce qu’il fait) mais patient et adroit, c’est par lui que la secte a repris le pouvoir, et tous les pouvoirs. Il porte en lui un potentiel religieux très fort je trouve, cet homme.

      Cette absence d’aspérité, son manque de défauts, sa quasi-perfection font que lorsqu’il se plantera dans les grandes largeurs et que la masse commencera à entrer en furie (par exemple lorsque les taxes doubleront alors que la monnaie sera dévaluée trois fois), alors je ne vois pas bien quels défauts le sauveront. Il sera l’innocent parfait, donc il risque de déchaîner les passions bien plus fortement que Sarkozy – que l’on pouvait éjecter et donc « sauver » en parlant de son goût pour l’argent, de son épouse top-model, du bling-bling… à la fin il faut bien comprendre que c’est paradoxalement le bling-bling qui sauve Sarkozy.

    2. Nicolas

      Crucifier sans lui faire de mal avec des clous en coton, évidemment, comme tout ce qui va sans dire…

      Mais ça intéresse qui ses discours à Flamby au Vel d’Hiv, à part des journalistes parisiens et des fafs sensibles parce que surinformés ? Chez les gens normaux, tout le monde s’en fout hein de la dernière histoire juive de monsieur Petite Blague. Rassurons-nous.

        1. Nicolas

          Moui. Je ne sais pas. J’ai de plus en plus de mal à prendre au sérieux cette république d’opérette qui aligne ses gardes républicains scintillant comme des playmobils en plastique pour qu’un monsieur vaguement rosâtre avec un pins rouge à la boutonnière aille faire, exactement comme prévu, du bruit avec sa bouche, lequel bruit est pieusement recueilli par les journalistes français auxquels il s’adresse à peu près exclusivement, le tout dans l’indifférence morne de tout le reste de l’univers.

          Moi-Président-Je découvrant peu à peu, avec Montebourg incrédule à ses côtés, que le monde s’en contre-fout de la rhétorique citoyo-républicaine d’Aquilono Morelle — encore plus vide et ridiculement pompeuse que celle de Guaino —, je suis sûr que ça va être un grand moment du rayonnement universel de la France. On va se marrer vous dis-je, surtout avec notre mauvais esprit de mauvais Français. Ca va faire un peu cher la rigolade, mais que diable, sachons vivre !

          Même en les imaginant en bourreaux, ils font plus rire que peur.

          1. Dotchi9

            Tout à fait ça, la politicaille clinquante sort les grands principes de la pompeuse rhétorique citoyenne pour nous, tout accommodant de petits arrangements entre eux. Pendant que Normal déclamait Moi, Président, ils étaient déjà, en coulisse, en train de se partager le gâteau avec les verts et autres mercenaires d’appoint. Le plus grandiose dans le culot républicain fut la baisse de la rémunération des ministres mais la multiplication des ministères et prébendes aux appellations fumeuses comme le redressement productif, sous l’encens des médias prosternés. Le coût de la plaisanterie a-t-il été chiffré ?

  5. vlad tepes

    Eh oui, petit à petit, jusqu’à ce qu’on en arrive aux milices métissées mélenchoniennes qui viendront corriger comme il se doit la mauvaise France, ses femmes et ses filles.

    Pour l’instant fdesouche est dans l’oeil du cyclone, mais viendra un moment où ses tenanciers et la très grande majorité de ses commentateurs rejoindront le rang des bourreaux.

    La France est définitivement un pays musulman, et si elle ne s’affiche pas comme tel, c’est uniquement par manque d’opportunité, pas par manque de volonté.

    Voir l’unique texte ilysien de l’excellent Hank.

  6. vlad tepes

    « Comme l’a montré en mars la tuerie de Toulouse dans une école juive, la guerre contre tous les racismes doit toujours être menée. »

    Tient, en parlant de ça, vous n’avez pas eu l’immense impression que l’ensemble du monde médiatique a espéré très fort en la thèse de l’innoncence de Mehra récemment?

    Moi oui, et je ne m’explique pas autrement la cabale anti-TF1 qui a suivi les enregistrements prouvant que tous les bruits de couloir venant d’Algérie étaient du bidon.
    Comme dit XP, la privatisation de la télé et la radio est un des derniers trucs qui protège la vrai France. Avec un PAF entièrement public tenu par Noël Mamère, m’est d’avis que les élucubrations de la femme à Carlos n’aurait pa paru si dénués de sens.

  7. kobus van cleef

    je rêve d’un homme politique à qui on dise « mais la france , môssieur , la france , votre france , ce fut vichy , hein avouez , ce fut , c’est vichy » et que le mec réponde en éclatant de rire « mais petit couillon, vichy , c’est dans l’allier , pas en france , vichy c’est le passé , l’avenir c’est le neuf cube, les racailles et les lascars , les fatma en bourquasses, les n’haîgres en casquettalenver , alors face à ça , vichy , hein qu’est ce que ça signifie, est ce que ça compte, qui s’en souvient , de vichy ? pose la question, couillon, aux lycéens, aux lascars , personne ne sait ce qu’est le vel d’hiv, dans le meilleur des cas , ils pensent à un légume « 

  8. j.ax

    « Un crime de la France des persiennes.

    Vous savez, cette France-rance qui espionne ses voisins et se permet non seulement de les juger mais aussi, si les temps y sont favorables, de les dénoncer. »

    Une telle description m’évoque tout de suite, à moi, les Mitterrand, Hollande, Taubira et autres éditorialistes de Libé… les collabos ont été ce genre de personnage en grande majorité. Les vrais patriotes n’ont pas attendu 42 pour percuter.

    Concernant Hollande mon parti pris est de considérer qu’il n’est pas là par hasard et que par conséquent, il est raisonnable de ne pas le considérer comme un pitre mais de lui prêter, a priori, les desseins les plus sinistres.

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