Qu’est-ce qu’elle fabrique ?
Cela doit bien faire une demi-heure que cette nana, plutôt jolie, persiste à me parler.
J’ai pourtant réussi à caser que j’étais passablement pauvre.
Elle a bien du s’apercevoir au fur et à mesure que je n’étais pas très drôle.
Enfin, je lui ai démontré, le nez dans une réflexion éthylique sur la vie à base de cuba libre, solitaire face à la meute de mojito autour de moi dans cette paillote au bord de la plage, que je n’étais pas particulièrement brillant intellectuellement.
La nana n’aurait pas du tenir plus de cinq minutes de ce traitement.
A moins qu’elle soit retardée.
Mais je n’en ai pas l’impression.
A la limite, dans une allée sombre et sans objet d’autodéfense dans son sac, une fille peut finir par rester en ma présence un peu plus longtemps.
Le temps qu’elle s’aperçoive que c’est elle qui pourrait voler mon sac à main plutôt que l’inverse.
D’autant que je suis gros et mou.
Et laid.
Alors ce n’est pas après avoir grotesquement agité mon corps flasque sur la piste de danse et sué comme il faut dans ma chemise à manches courtes que je me suis subitement embelli.
Je dégouline mais je n’ai pas la sensation de sentir trop mauvais remarquez.
C’est déjà ça.
Bref.
Ce doit être une fille désespérée qui ne veut pas payer un psy pour l’écouter déblatérer et qui se montre sympa en apparence pour mieux, dans cinq minutes, commencer à se plaindre. Et qui sait qu’un mec plus mignon finira, lui, devant ce spectacle, par se casser rapidement.
Ou alors c’est une pute.
Ou un travesti.
Mais non, pas du tout, ça peut arriver, croyez moi, j’en sais quelque chose.
Faut essayer d’en profiter tout de suite et de foutre le camp le plus loin possible après parceque ce genre-là, je vous le garantis, c’est des dangers
publics.