Chroniques d’une fin de l’ histoire

Ici,  j’ai souvent   montré que Jérôme Leroy  est un écrivain nullissime qui  n’a  pas encore  écrit un texte qui ne mérite pas la poubelle, et j’ai même expliqué pourquoi, malgré ses efforts,   ça ne viendra  pas…

Partant, des lecteurs distraits pourraient s’imaginer que ça me plait,  de contempler de haut, de ne pas aimer, alors que ça m’emmerde… Même quand ce sont mes ennemis qui sont privés, l’absence de talent me rend fou de rage,  parce que je suis doué du don d’admiraration…

Ce que j’aime dans la vie, c’est d’apprécier et de le faire savoir, je vous le jure sur ma tête… J’ai découvert  un blog superbe, régalez-vous!

 

« Des millions d’êtres humains rêvent d’une vie éternelle et s’il pleut le dimanche après-midi, ils ne savent pas quoi faire. » Suzan Ertz

Au collège, Mme Lanougadère nous passionne. Quel âge elle peut bien avoir ? C’est qu’elle est allée tout au bout de la vieillesse, comme dit l’autre. Elle a sauté par dessus, presque, sauf qu’elle a tout pris dans la gueule, tout d’un coup. Comment un tel machin peut encore enseigner ? Comment ça se fait qu’elle soit pas morte ou enfermée ? On se demande… Moi, je pense que plusieurs vies se sont coagulées en elle, et que ça explique son lunatisme, lorsqu’elle me gronde ou me félicite pour mes dessins pornos ( je rendais parfois des copies avec Katsuni en toile de fond, puis après trois convocations, on m’a laissé faire, comme une bête pas responsable…c’est à partir de ce moment que j’ai compris que je devais être un peu fou…depuis tout va mieux ).

Lanou elle habite une maison vieille comme sa peau, un petit bout de maison pitoyable. Une tempête et c’en est fini de sa maison, capoute, comme une canicule peut la terrasser elle-même…avec l’âge, la météo devient une affaire sérieuse. Ca me fait penser, faudrait que j’aille voir la mienne, de vieille…

Juste à côté de sa maison on a notre skatepark. Notre nirvana. A vélo, bière à la main, on est les rois du monde, ça peut sembler peu de chose comme ça, mais riez pas…On enchaîne les roues arrières pour faire grimper l’audimat, et on pourrait continuer à l’infini…puis on fait pas de dégâts, non, rien, on glisse des mains aux filles parfois…elles rouspètent un peu, certes, mais jamais méchamment, on peut presque sentir de la tendresse dans leurs insultes…sauf quand certaines appellent leur frère. Celles là c’est des putes, des incongrues.  Dans le fond elles doivent être d’accord…c’est quoi une main au cul pour elles ? Une révérence. Un hommage. Et pour nous une promesse vivace.

C’est comme un accord tacite. Les grandes personnes pleines d’usages claquent des tunes, nous on glisse des mains, on n’a pas la tune et on est plus franc.

Dans la bande on compte deux indiens, un feuj, deux rebeux, un chinois, un noir, et trois blancs. Cherchez pas où le multiculturalisme se passe en douceur…avec ma bande, et pas ailleurs, toute l’autre jeunesse s’étripe, ou se fait étriper, clans, tribus, chantage ethnique, c’est la guerre, ailleurs…Nous, on est trop bons pour être des cailles; trop crasseux pour être de bonne famille; trop colorés pour se faire emmerder par les grands; ma bande est un démenti, et je sais bien, qu’elle ne changera rien à la haine des autres gamins, ceux qui refont la guerre d’Algérie en bolossant les blancs, riches qu’ils pensent…

Lanougadère elle nous a vus au skatepark, un soir. A la fin d’un cours elle nous a convoqués. Fallait plus qu’on y retourne, sinon elle préviendrait nos darons qu’on boit et chahute. Sur le coup on a quand même eu chaud. Dès lors les autres ont trouvé la parade, ils m’envoient chez elle. Je dois trouver une excuse à chaque fois, un exercice pas compris ou un drame perso. Et ça marche. Elle m’écoute et me sert du thé toute l’aprème, tandis que les potes sont tout tranquilles à faire du vélo et dragouiller.

Quand je m’extirpe de la galère ils ont tous barré. Et le lendemain ils s’empressent de me raconter des dingueries, des bagarres, des filles qui leur ont montré leur seins, bien comme y faut avec les putainnnn t’aurais dû être là !…comme si ils savaient pas mon sacrifice, mon geste chrétien. Ils ont même le toupet de me demander comment c’était chez la vieille. Tout ce que j’ai à leur dire c’est qu’ils vont prendre cher au conseil de classe. Je mens comme ils me mentent.

Voyez c’est quoi ma vie, maintenant.

Vivement qu’elle crève la vieille… je la rejoindrai à mon tour, mais d’ici là je dois encore jouer et me souvenir

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