Il faut changer de convictions comme de chemise, c’est une affaire de propreté.
Si je devais jeter presque toutes les miennes et n’en garder qu’une, c’est au concept de la lutte des classes, que je continuerais à croire, tandis que le sacro-saint débat d’idées passerait illico à la poubelle…. J’ai cessé de discuter avec des communistes après avoir compris que nous pensons rigoureusement la même chose, eux et moi, qu’ils m’horripilent car je les tiens sans exception pour des gardiens de mirador avec ou sans emploi, tandis qu’eux n’arrêtent jamais d’y songer, aux miradors, qu’ils les escaladent en pensée avec une paire de jumelles autour du cou, quand ils me parlent, même quand ils me disent les choses poliment,… Pour le dire autrement, nous avons les mêmes idées, pas la même sensibilité, et donc pas le même intérêt à vivre dans tel ou tel monde … Un mirador, moi, je trouve ça dégueulasse et ça leur plait, les goûts et les couleurs ne se discutent pas.
Je m’en vais vous raconter un truc incroyable qu’un million de gens ont dû entendre, mais que j’ai sans doute écouté tout seul : un jour, sur une station de radio, on a demandé au jacobin Chevènement combien il payait d’impôts dans l’année, et c’est alors qu’il s’est fâché tout rouge avant de lâcher dans un râle beaucoup trop, monsieur!…
Dans un premier temps, comme l’aurait fait tout le monde, je me suis dit de ce type qu’il est un inconséquent, lui qui fait partie de l’ultra-minorité riche de son pays tout en ne jurant que par l’impôt confiscatoire, qu’il s’agit d’ un tartuffe … A la réflexion, j’ai compris qu’il était en phase avec ses convictions les plus intimes, en se plaignant de payer trop d’impôts, lui le serviteur de l’Etat, que c’est moi qui l’était, inconséquent, en m’étonnant qu’un collectiviste ne soit pas complexé par son fric…
Un communiste, ce n’est pas un garçon persuadé que si vous avez beaucoup d’argent, vous devez le partager avec ceux qui n’en ont pas, que vous devez faire comme ça pour une question d’éthique… Chevènement s’en fout totalement, de la tique, il ne comprend même pas ce que ça veut dire, … Ce que pensent les communistes, c’est que chacun doit être payé selon ses mérites et son utilité, mais que dans le cadre de l’activité économique d’une cité, les mérites et l’utilité sont équitablement partagés, qu’on a tout au plus trois fois plus de mérite que son collègue d’entreprise le plus feignasse ou le moins imaginatif et qu’on le vole si l’on a quatre fois plus que lui sur son compte en banque… Pour le reste, Chevènement ne pense pas qu’il est impossible dans l’absolu de mériter cent fois plus que son prochain, et moins encore que celui qui pourrait toucher un tel paquet devrait le partager…. Ce qu’ils croient, Chevènement et les communistes, c’est que le surhomme cent fois plus méritant que son frère, c’est le serviteur de l’Etat, ou celui dont les talents sont détectés par les radars de l’Etat.
Maintenant, il nous reste à comprendre pourquoi Chevènement et ses copains de cellule sont convaincus d’un truc pareil, et pour se faire, nous allons lire une seconde histoire :
Au même micro, vingt minutes après, on a demandé à la communiste française Nathalie Marteau ce qu’elle pensait de Mark Elliot Zuckerberg, le fondateur de Facebook, ce à quoi elle a répondu qu’il était talentueux et méritant… Quand on a pressé Marteau d’aller plus loin, elle a carrément lâché qu’il était sans doute le meilleur élément de l’entreprise Facebook, qu’il devait être sommes toutes le Stakhanov de la maison, l’employé du mois par excellence, mais qu’en dépit de son talent, 99,99% de la réussite de sa start-up devait être attribuer à ses employés, même si elle était sortie de son crâne et pas des leurs.
Marteau, Chevènement et les communistes en général, ils ne sont pas bêtes, ils ont fait des études, et comme vous et moi, ils savent que Facebook est le bébé de Marc Zuckerberg… Ils savent, ils comprennent, mais ils ne conçoivent pas, ils font partie de la race des gens qui ne pourront jamais concevoir un truc aussi irrationnel… Marteau, Chevènement et les autres, si vous leur mettez une lampe sur la tête pour leur faire avouer que le mérite et l’effort, c’est d’abord des nuits de solitude dans une chambre d’Harvard à penser contre le reste du campus, ils comprendront, mais ils ne concevront pas, je le dis et je le répète… Après quelques baffes, ils vous lâcheront en fin d’interrogatoire que le type qui crée des richesses de cette façon, ce n’est pas quelqu’un comme eux, qu’ils sont du même sang que les millions de petites gens qui ont paresseusement donné leurs bras à celui qui a gambergé leurs emplois dans sa chambre et qu’entre eux et lui, il y a un gouffre que la nature a placé, des divergences qui ne pourront se résoudre que dans les sangs, si les uns s’approchent trop de l’autre…. Une banale histoire de lutte des classes.
C’est Marc Elliot Zuckerberg, qui a travaillé pour faire sortir Facebook de terre, je subodore que ça s’est passé dans sa chambre, et même dans son lit…C’est lui le travailleur, et les paresseux, ce sont ceux qui se lèvent tôt pour aller sucer son jus de crâne, parce qu’il y a des choses qui se voient et d’autres qui ne se voient pas.
Quel rapport avec les miradors? Je vais vous le dire: l’homme de la foule sait depuis sa naissance qu’il y a Marc Elliot Zuckerberg et lui.. Celui qui travaille chaque seconde du berceau jusqu’à la naissance et celui qui se lève pour aller paresseusement au travail… l’aristocrate et le serf, le geek et l’indigné…. Il sait qu’ils ne sont pas compatibles, que leurs mots ne collent pas, qu’ils ne rêvent pas des mêmes choses, qu’il serait pour le moins jouissif de coller le geek contre un mur et que c’est d’autant plus tentant qu’il rôde tout seul dans la cour depuis la maternelle…
Pourquoi, d’après vous, Nathalie Marteau la communiste a les lèvres qui se retournent, quant elle parle, et pourquoi bave-elle en parlant, alors qu’on ne fait plus ça avant ses 85 ans, de nos jours, et qu’il y a des médicaments contre ça? Parce qu’elle sait que les bac S font du fric, que les bac L doivent se contenter d’en parler, mais qu’il suffirait d’une purge d’un million de personnes par pays de 63 millions d’habitants (c’est une moyenne) pour réparer cette injustice…