Maurice Dantec, l’origine de sa force me restait mystérieuse, et puis j’ai lu dans une interview qu’il avait des origines populaires. « Ah, me suis-je dit, c’est donc ça ». Il se trouve que je suis dans le même cas, ça m’aide à comprendre. Le premier bénéfice qu’on tire d’une origine populaire est de n’avoir aucun respect pour le peuple; le second de n’avoir aucune peur de la gauche; le troisième de n’avoir aucune fascination pour la racaille.
Michel Houellebecq
6 réflexions sur « De la populace »
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Il faut donc avoir des origines populaires pour avoir un comportement normal dans cette société des bisous.
Toujours de Houellebecq, et toujours à propos de Dantec:
« Nous vivons tous les deux sur notre énergie nerveuse. Elle est grande, mais elle n’est pas illimitée. Nous finirons par renoncer à traiter toute question politique ».
Il ne s’agit pas d’avoir un « comportement normal ». Au contraire. Cette énergie nerveuse qui est le produit d’une lucidité hors du commun met en danger celui qui la possède, et le met au bord de la marginalité. Il suffit de regarder les deux pour s’apercevoir qu’ils sont borderline.
Je crois que Houellebecq veut dire qu’ils ont compris un truc monstrueux, qu’il faudrait mieux ne jamais avoir appris, ou pour le moins qu’il vaut mieux garder pour soit: la populace est épouvantable. Ceux que nous décrivaient les romans populaires les plus noirs, qui étouffaient les vieux sous l’oreiller, vendaient leurs filles aux bourgeois et s’enculaient en famille, ils sont toujours là; ils sont mieux habillés, mieux contrôlés, moins tentés, mais dans le fond, ils n’ont absolument pas changés. C’est terrible de le savoir, et surtout, c’est très dangereux de partager une vie sociale avec ses gens-là en ayant appris cette mauvaise nouvelle.
C’est à mon avis ce qui rend « Le nouveau détective » ou « Faites entrer l’accusé » tellement fascinant.
Qu’est-ce qu’on y voit? Des serfs. Des manants, des sales types sans noblesses et sans honneurs qui trucident leurs femmes, leurs mères ou leurs enfants pour un peu de fric… Et l’on s’aperçoit qu’ils ressemblent à des tas de gens qu’on a croisé depuis sa naissance.
En même temps, aujourd’hui, je ne crois pas que ce soit ce premier argument qui soit le plus révolutionnaire, par contre les deux suivants conservent leur poids.
test
Que la populace soit le plus souvent épouvantable, oui.
Mais il ne faut jamais oublier que ce caractère épouvantable affecte toutes les classes sociales, des « petites-élites » aux grandes.
La médiocrité est universelle.
L’avantage, chez les pauvres, c’est qu’ils ne font pas semblant d’être ce qu’ils ne sont pas.
En fait, les pas-riches qui aimeraient bien l’être sont quand même, bien souvent, moins puants et moins pénibles à fréquenter que les vrais riches.
Personnellement, la vision de l’aisance héritée ou acquise trop facilement, avec les manières sociales suavement putrides qui accompagnent cet état, me donnent quelquefois des envies d’amok.