L’important dans la com interne corporate, ce n’est pas de dire la vérité, ni même d’avoir quelque chose à dire. L’important c’est la psychologie des gens à qui on le dit.
Ainsi AXA. Oui, ne me demandez pas comment, mais je reçois régulièrement ce que reçoivent en interne les employés.
En interne donc, on cite La Tribune et Les Échos en expliquant que tout va bien, que le résultat a bondi de 50%.
Un assureur qui gagnerait de l’argent en ce moment, je vous entends grincer. Quel tour de cochon nous jouent-ils pour nous faire croire ça ?
C’est très simple, extrait de l’article de la Tribune envoyé à toute la laborieuse fourmilière :
Le résultat net fait quant à lui un bond de 4,3 milliards d’euros contre 2,7 milliards l’année précédente, soit près de 50% de hausse. Pourtant, il est inférieur aux prévisions des analystes qui misaient sur un résultat net d’environ 5,8 milliards. Mais les dépréciations d’actifs principalement sur les obligations souveraines grecques (d’un montant de 387 millions d’euros pour l’ensemble de l’année) ont pesé sur le résultat. De même, la réduction de 943 millions d’euros du « good will » relatif au portefeuille américain de produits « variable annuities » de la génération Accumulator, a aussi réduit le résultat.
Ces effets négatifs ont cependant été compensés par les plus-values réalisées grâce à la vente des activités en Australie, en Nouvelle Zélande, et au Canada ainsi que la vente de la participation dans la compagnie Taikang Life.
Autrement dit, Axa a perdu de l’argent, ce qu’elle a compensé à la hâte en vendant des activités dans les pays les plus prometteurs : Australie, Nouvelle-Zélande, Canada et Chine (Taïkang Life est un des fleurons de l’assurance vie chinoise).
Autrement dit encore, et pour préciser la chose dans les esprits : Axa ne réalise de profits cette année que parce qu’elle a vendu des activités dans les pays riches de demain, ce qui a pour effet de la recentrer mécaniquement un peu plus sur les pays européens en voie d’appauvrissement.
Stratégie génialissime qu’il fallait bien célébrer en interne. Le pire étant que ça marche, l’employé moyen d’Axa ne voit que le titre et va en bas : il lui sera accordé 0,69€ de bénéfice par action. C’est toujours ça de pris.
imaginez ce qu’auraient dit les syndicats maison ( ou pas maison , là n’est pas la question) si on leur avait dit « cette année , mes bougres, pas de petite gratte habituelle qui fait que vous vous sentez un peu ( si peu , hein , bande de feignasses , prolos toujours prèts à chougner , pue la sueur analphabètes incapables de voir au delà de votre feuille de paye mensuelle ou dans le meilleur des cas , annuelle) au dessus des mecs des autres sociétés , pas de bonne main , pas de 13ème mois ….on attend des jours meilleurs, et on bosse , comme on est payé pour le faire »
imaginez….
c’est fait ?
il y a 12ans , mes associés et moi, avons décidé de la prime au mérite…ho putain !
t’aurais entendu ça !
à en pisser dans ses pampers !
résultat , 12ans après , on en est toujours à la prime annuelle , incompressible et obligatoire , et les grandes gueules en foutent de moins en moins….il est temps que je me tire de là et que j’aille voir si l’herbe est plus verte ailleurs
Nicolas, je vous trouve bien acerbe !
Faire 4 Mrds (je dis bien 4300 MM€ !) de profits pour une assurance dont le but (oui, je suis naïf) est d’équilibrer cotisations et sinistres, ce n’est pas si catastrophique.
Je comprends que les analystes (gens sérieux, s’il en est) n’avaient rien vu et prédisaient pas loin de 6 Mrds. Plus rien n’est clair.
Kobus, exécrable patron !
@ rg de severac
« éxécrable patron! »
et je m’en flatte , môssieur !
parfaitement !
@ Nicolas, je cite : « Axa ne réalise de profits cette année que parce qu’elle a vendu des activités dans les pays riches de demain » Oui et non : ces pays sont « riches » aujourd’hui, demain on verra. Et les lendemains qui déchantent vite, ça arrive tous les jours et surtout, de plus en plus vite de nos jours hein ? Comme disait l’autre Latin (un poète disparu — sans assurance-vie) : « carpe diem »
Ce serait marrant comme tout ça comme devise pour un assureur : « carpe diem ».
c’est un peu la devise de l’état providence , non ?
sinon dans les mots (largements dévoyés , il est vrai ) de libertude/égalitude/fraternitude , au moins dans les faits