L’Allemagne paiera ?
Non. L’Allemagne ne paye jamais autant qu’on croit, si nos abrutis de politiciens et d’inspecteurs des finances qui nous amènent dans le mur depuis quarante ans en s’en mettant plein les fouilles savaient apprendre quoi que ce soit, c’est bien ça que le vingtième siècle aurait dû leur apprendre.
Savez-vous à quel taux a emprunté le Portugal ces jours derniers ? Non ? Allez… 14% rien de moins.
Mettez-vous à la place des prêteurs : les États sociaux-européens, toujours prêts à faire payer les autres pour leurs idioties démocratiques et sozial-démagogiques, sont en train d’obliger les banques à abandonner volontairement une partie de la dette grecque. Pourquoi volontairement ? pour que ne s’activent pas les CDS sur cette même dette. Ces CDS sont des produits financiers, des sortes d’assurances prises pour se garantir du défaut d’un État pour le dire simplement. En l’occurence la Grèce. Ils s’activent en cas de défaut. Or le défaut n’est pas déclaré si l’abandon de créances par le créancier est volontaire.
D’ailleurs qui paierait ces CDS ? ils font partie de produits obscurs, vendus et renvendus, mis dans des pots communs opaques, et au final personne ne sait très bien ni qui paierait ces sortes d’assurances en cas de défaut grec ni même sans doute qui les encaisserait, les détenteurs actuels n’étant peut-être pas exactement ceux qui ont prêté à la Grèce, du moins en termes de proportions il n’y aurait peut-être pas de rapport entre la perte et son assurance. Dette et CDS sur celle-ci forment une sorte de jeu de la patate chaude très amusant, d’autant que personne ne sait quand la patate explosera. Mais on sait qu’elle explosera d’une manière ou d’une autre. Et il y en a pour un paquet de milliards rien que pour la Grèce. Et autant pour le Portugal, et plus pour l’Espagne, et encore plus pour l’Italie. Pour la France je ne vous raconte même pas. Faire bouffer pendant des années des ronds de carotte bio et décroissante à tous les Français — et des petits ronds — en leur volant tout le produit de leur travail — au lieu de la moitié actuellement — cela suffirait à peine à payer ces CDS. Autant dire que si vous attendez que l’État renfloue les banques sur ce coup là, vous êtes marrons. Non par manque d’envie des Hommes de l’État, de leurs copains de promo banquiers et de leurs parasites sociaux de tout voler en vous mettant au régime ronds de carotte, notez-le bien, mais simplement parce qu’il y a un point au-delà duquel ils se feront pendre.
Qui donc prêtera à un État européen en demi-faillite s’il est ainsi démontré avec la Grèce qu’on peut simplement perdre des milliards par un jeu de passe passe et de pressions entre États et gangs de prêteurs, aboutissant à un défaut « volontaire ». Ironiquement, ce qui est censé sauver la zone Euro, l’absence de défaut grec, est donc aussi ce qui pourrait la tuer le plus sûrement. D’ailleurs qui va etre désigné volontaire sinon les banques européennes principalement ? Banques qu’il faudra faire renflouer par le contribuable, via l’impôt, l’emprunt forcé ou l’inflation la hausse des prix ? tout ça n’a aucun sens sinon essayer de tenir encore un peu, jusqu’aux élections et le temps de voler les fonds de tiroir qui restent pour nos amis X-Ena de Bercy et d’autres ministères.
En admettant même qu’il y en ait quelques-uns sincères dans le tas, les Daubresse, Robien, Arthuis et tous ceux qui servent habituellement d’exemples de probité aux débats télévisés pour couvrir les turpitudes et les vols de leurs petits camarades, on ne peut guère conclure qu’à leur incompétence. Ou à leur compétence dans un ordre — comptabilité publique, passe-passe euro-bruxellois, droit public, notes de synthèse diverses, magouilles avec la BCE pour imprimer des billets — qui ne sert à rien devant ce simple fait que nous sommes arrivés au point ou pour s’en sortir il ne faudrait ni parlotter, ni voter des lois, ni faire des débats obscurs devant le Conseil d’État, ni faire des sommets européens qui n’aboutissent jamais à rien, mais mettre du cash sur la table pour rassurer. Or du cash, ils n’en ont plus. Fini. Rasibus. Et n’ont à peu près aucun espoir d’en récupérer un peu où que ce soit, du moins du cash de bon aloi. (1)
Vous prêteriez à M. Pereira si vous aviez pris une assurance contre le non-remboursement du prêt que vous avez accordé auparavant à M. Patropoulos et si cette assurance se révélait finalement inopérante ?… Oui, vous lui prêteriez peut-être. Mais à 14, 24 ou 34%, manière de compenser par le gain espéré le risque devenu hors de contrôle. Et vous ne lui prêteriez sans doute pas beaucoup de l’argent que vous avez de disponible. Sauf bien entendu si vous êtes une pétromonarchie et que l’argent ne vous coûte rien mais que vous espérez qu’en échange on vous autorisera à construire plus de mosquées, ou encore si vous êtes une mafia et qu’il s’agit de blanchir votre argent, même en n’en récupérant que moins de la moitié, ce qui est toujours mieux que des billets inutilisables entassés à pourrir ou geler sur des palettes au fond de la Russie, de la Thaïlande, de la Chine ou de la Colombie.
Et puis madame Lagarde nous le dit du haut de son FMI (qui entre parenthèses doit lui aussi être sauvé financièrement, sauver le sauveur, la bonne blague) : un défaut grec est « inenvisageable ». Et ça ça ne manque jamais avec Lagarde : ce qu’elle déclare inenvisageable ou impossible ou inacceptable, ça arrive dans les deux semaines ou dans le mois qui suit. Ça ne rate presque jamais. Je ne me souviens pas que ça ait raté en tout cas quand elle était ministre de l’Économie et des Finances à Paris, comme le Père Ubu.
Un autre clown c’est Bayrou, dont je viens de lire qu’il a déclaré qu’il fallait « faire comme en 1958 ». Il a sans doute voulu faire une formule, c’est tout, mais faisons un instant semblant que M. Bayrou pense et dise des choses qui ont un sens. Alors, s’il pense au plan Rueff, il est un peu tard pour ça. Et ça demanderait d’ailleurs de sortir de l’Euro, ce que Bayrou refuse. Et on connaît d’ailleurs assez nos politiques pour savoir qu’ils ne s’arrêteraient pas à une seule dévaluation : on y aurait droit tous les deux ans, ruinant toute épargne et donc toute richesse au profit de leur petite réélection dans cinq ans au plus. Eh oui, n’oubliez pas, République, démocratie, opinion, barrage au populisme, conscience universelle, toutes ces conneries désespérantes que répètent en boucle Sarkozy et Hollande chez les journalistes…
S’il pense à autre chose, notre inénarrable patron du Modem, il faut peut-être qu’il s’avise d’une chose, le candidat à l’élection présidentielle dont-j’ai-perdu-le-quantième de la 5e république : 1958, ça a été d’abord un changement de régime, pas un changement de clown sur la piste… On n’a pas seulement remplacé Pflimlin par De Gaulle en 1958.
Je le redis : quand ce qui est nécessaire est impossible et quand ce qui est possible est inutile, tout ira jusqu’à son terme naturel. Accrochez-vous à vos gencives.
(1) Quant à la variante qui consisterait à mettre ses couilles sur la table au lieu du cash, on peut rêver. Car les couilles politiques, c’est-à-dire quelques avions et quelques chars et aller casser la gueule aux arabes pour leur piquer leur pétrole et leurs réserves de pétro-dollars immoralement entassées, nous n’en avons ni les moyens financiers, ni les moyens moraux, embourbés que nous sommes à la fois dans la pensée de l’assistanat qui coûte cher et dans l’antiracisme collant qui paralyse. (Retour au texte.)
Vous êtes sûr que vous ne faite pas un peu de désinformation avec le coup des banques qui renoncent à une partie de la dette grecque? Il m’a toujours semblé avoir compris que celles-ci acceptaient juste d’échanger des dettes de court terme pour des dettes de moyen terme. Mais bon, vous êtes tellement calé sur le sujet que je vous fais confiance, mais si vous avez des précisions à apporter n’hésitez pas.
Très grand pays l’Allemagne, qui arrive en cinquième position de mes pays préférés, ce qui est une excellentissime place.
Parce que si je vous donne deux barils de dette grecque à long terme que la Grèce ne remboursera jamais contre un baril de dette grecque à moins long terme que
la Grècel’Allemagne remboursera peut-être partiellement finalement en disant que c’est la dernière fois qu’elle fait ça, vous êtes preneur ?De plus, la restructuration c’est considéré comme un défaut partiel aussi. Sauf si elle est volontairement acceptée par la créancier, évidemment.
(Bon, je simplifie, mais il faut bien, sinon le lecteur moyen, même d’élite n’y comprend rien. Vous pouvez aussi accepter les deux barils en espérant les refiler contre un paquet de lingettes anti-décoloration à quelqu’un de naïf ou qui doit rapidement pourvoir mentir à sa femme en lui racontant qu’elle ne manquera jamais de lessive puisqu’ils ont deux barils de lessive Leucostravos sur le papier. Mais ça ne change pas grand chose in fine, puisque tout ça a lieu entre banques qui devront être renflouées – ou pas – toujours par les mêmes.)
Il faudra bien deux barils de lessive pour enlever l’odeur de mes baskets après que je sois allé faire un footing.
Non, plus sérieusement, j’avais donc bien mal compris, et donc en fait il s’agit pour les banques créancières de récupérer du cash rapidement en contrepartie d’une grande renonciation.
Merci de la précision, mais il y a quand même un détail important que vous oubliez, c’est qu’en matière de dettes étatiques, les histoires d’embrouilles de juifs du Sentier, ce n’est pas vraiment un bon exemple. Les histoires de dettes individuelles ne sont pas du tout comparables dans la mesure où personne ne pourra jamais mettre dehors Monsieur Grèce et Madame Portugal et saisir tous leurs biens. Dans ce contexte, il n’est pas du tout étonnant que des créanciers puissent s’arranger en sorte d’obtenir les plus d’argent possible. Mieux vaut 20 euros que 0, même si on est en droit d’en exiger 50.
Admettons votre raisonnement, mais il faut bien comprendre que précisément, d’un point de vue philosophique et pas comptable, nous en sommes au point où dans un système de monnaie fiduciaire il n’y a plus de cash, de vraie richesse qu’on peut mobiliser immédiatement et simplement à l’aide de l’instrument qui s’appelle la monnaie et qui est là pour réduire les coûts d’échange, mais seulement son… disons son fantôme au cash ou son simulacre de plus en plus évanescent, puisque la monnaie fiduciaire, ce n’est que de la dette sur des États eux-mêmes de moins en moins solvables ou en monnaie qui se déprécie s’ils se mettent à en imprimer en quantité pour faire semblant de rembourser leur dette. Mieux vaut un peu de fantôme de cash même évanescent mais qui permet encore d’acheter des vrais trucs que pas de cash du tout. Certes. Mais ça ne dure généralement pas très longtemps, et les vrais trucs, vous pouvez en acheter de moins en moins au fil du temps avec la même quantité de monnaie. Or vous êtes dans une société à chômage élevé – en raison d’une protection sociale aberrante et destructrice de richesse – et dans une société soumise à la pression migratoire de pays pauvres ; ces deux raisons suffisent à assurer que vous n’aurez donc pas de hausse des salaires avant la saint-glinglin : hausse des prix, pas inflation, rappelez-vous. Ou beaucoup de hausse des prix et peu de hausse des salaires en proportion, soit la même chose : l’appauvrissement, ça s’appelle.
Répétons la maxime de Hayek : « L’État est la seule institution capable de prendre une matière première importante comme le papier, de mettre dessus un peu d’encre et de rendre le tout absolument sans valeur. » Et avec une banque centrale et une monnaie fiduciaire, il peut le faire très vite et de manière dramatique. Ou plus lentement et de manière subreptice et relativement indolore, ce qui est peut-être pire à certains égards.
Mais admettons.
Prêtez-vous ces 20 euros finalement remboursés à vous par la Grèce (ou l’Allemagne)… les prêtez-vous mettons au Portugal au risque probable que le même scénario se répète et qu’ils deviennent 2 euros ?
Et êtes-vous content que somme toute une magouille, même sanctionnée par le droit qui est comme toujours là pour habiller les faits, vous ait obligé à ne pas vous faire rembourser vos 50 euros comme vous pouviez y prétendre car vous vous étiez assuré contre le risque qui s’est réalisé ?
Enfin, si vous avez encore 50 euros dans la poche, vous les prêtez au Brésil, à la Chine, à l’Australie ou à l’Italie ?
Si on voudrait vraiment comparer avec ma vie réelle, je dirais que je ne fréquente que de très loin les gens à qui on prête 50 euros et qui au final ne vous en rendent que deux. Mais est-ce que les bonnes manières ne m’ordonnent pas de faire en sorte d’appliquer les méthodes les plus douces de manières décroissantes avant de le jeter les deux pieds dans le béton à la mer?
Je veux dire, ce que vous trouvez hallucinant, ce n’est pas tout simplement ce que l’on appelle le protocole, les contraintes étatiques en plus?
Vous êtes magnanime. Dans la même situation j’en connais qui penseraient surtout à faire un exemple pour que les 50 autres types qui doivent aussi chacun 50 euros au moins par tête de pipe n’aient pas l’idée de ne pas rembourser entièrement et au jour dit et pas en billets de Monopoly édition BCE-Francfort.
C’est vrai, vous touchez juste.
Conclusion: le monde de la finance a donc une grande part de responsabilité en ce qu’elle a avant tout pensé à accumuler les revenus de créances sans mettre le hola. C’est ce que vous vouliez dire en toile de fond, non?
> « Les histoires de dettes individuelles ne sont pas du tout comparables dans la mesure où personne ne pourra jamais mettre dehors Monsieur Grèce et Madame Portugal et saisir tous leurs biens. »
Ça s’est déjà vu par le passé, cela a justifié quelques colonisations. ^^
Dans le cas présent, ça ne serait pas très désagréable.
Je veux dire, quitte à ce que les entrées de l’Acropole soient remplies de vendeurs ambulants, autant que ce soit des chinois vendeurs de nems que des putains de pakis.^^
plutôt que les actuels putains de pakis.
Et c’est lesquels les 4 premiers ?
Le premier est l’Espagne, le quatrième sont les États-Unis.
L’espagne ???
Vous n’êtes vraiment pas difficile..
Vous aimez tant que ça le tier-monde ?
Non mais dites donc, vous… voulez tâter de ma catapulte ??
L’Espagne le Tiers-Monde? Ben heureusement que j’ai eu la présence d’esprit de ne pas citer mes deuxièmes et troisièmes 😆
Gil, vous voulez que je demande à un de mes tontons de m’occuper de ce malotru?
Un de vos tontons du côté maternel ?? Bon, mais n’y allez pas trop fort hein. Laissez-lui ses organes à notre bon Skandal 😀
Sinon je monte un commando de gitans de Badalona pour aller le raisonner. Hum, notez qu’en voyant leurs gueules et leurs belles manières il pourra parler à juste titre de tiers-monde, cette fois 🙂
Je n’ai jamais compris ce que les gens trouvaient à l’Espagne…
Mais je ne parle que pour moi…
On est tous le tier-monde de quelqu’un…
Moi mon pays préféré est le Liechtenstein. Je rêve de devenir Liechtensteinois, ou que la France soi gérée comme le Liechtenstein : on remplacerait ce grandiloquent Liberté Égalité Fraternité par Prospérité, Discrétion et Douceur feutrée.
Parfaitement d’accord avec vous !
Vous avez déjà passé un samedi soir au Liechtenstein ? Moi si. Ben je me suis rarement fait aussi chier…
Vlad : « Conclusion: le monde de la finance a donc une grande part de responsabilité en ce qu’elle a avant tout pensé à accumuler les revenus de créances sans mettre le hola. C’est ce que vous vouliez dire en toile de fond, non? »
Si vous m’accordez de votre côté qu’ils n’ont pu le faire que parce qu’ils sont incestueux avec les Hommes de l’État et les banquiers centraux, et qu’in fine tout cela n’a été possible que parce que l’État s’est occupé d’autre chose que de police, de justice, de défense et peut-être de quelques grandes infrastructures je veux bien vous répondre oui.
Si vous ajoutez que l’idéal serait alors qu’il n’y eût plus d’État, ou sous une forme toute symbolique représentant une association vaste de propriétaires sur un territoire donné et qui partagent une même histoire en raison d ‘affinités qu’ils doivent avoir la capacité aussi bien de repousser que de chérir, je vous embrasse en plus.
Tout cela me fait fort penser à un commentaire que j’ai posté récemment sur un de vos fils. Était-ce volontaire de votre part?
Quand au bisou, ça aurait été avec plaisir, mais j’ai un gros rhume.
Enfin cela dit, bonne nuit et encore merci de vos brillantes explications économiques 😉
Notez également que Bruxelles a obliger les banques européennes à acheter de la dette souveraine, sois-disant sûre, pour rentrer dans les critères de Bâle III et Solvabilité II…
Et pour le coup c’est plutôt raté 😀
La preuve que les états et les gouvernements ne comprennent rien à rien et devraient avoir nettement moins de pouvoir.
Le vrai plaisir de la grande époque que nous vivons, c’est de pouvoir vous lire
@ Nicolas : qui détient les CDS sur la Grèce?
Des banques essentiellement mais aussis des fonds et des compagnies sd’assurances qui ont investit en titres d’états.
Le problème c’est aussi que le droit des CDS est tellement compliqué, que leur activation est une usine à gaz sans nom. D’ailleurs les CDS que feux Lehmann Brother avait vendu n’ont toujours pas été totalement soldés.
Oui, ce qui accroît encore l’incertitude. En cas de défaut d’un pays irrenflouable car trop gros, les avocats se battront encore dans vingt ans pour savoir qui doit payer quoi à qui.
Si on le savait au juste ! Il serait logique que ce soient des détenteurs de la dette publique grecque. Mais ce sont des produits financier, ils ont été vendus, rachetés. D’autant qu’ils ne couvrent pas toute la dette (j’ai simplifié), et que l’on a donc imaginé des produits basés sur eux avec des effets de levier. Souvenez vous qu’il y a cinq ans personne ne croyait au défaut possible d’un pays européen. A quoi bon conserver des CDS qu’on pouvait revendre quand ils montaient, d’autant que des régulations faites par les copains politiques obligeaient parfois à en détenir ? Tout cela se passait dans le monde merveilleux des Banksters qui voyagent en avion privé – pas loué hein, celui de leur banque – où l’argent s’accumulait quoi qu’on fasse. Je te vends un truc que tu me revends plus cher, et je te le refile encore plus cher, etc. le tout payé en argent gratuit fourni par la banque centrale.
Or les banques et assureurs les ont accumulés hors-bilan, comme tout un tas d’autres saletés trop obscures et risquées pour apparaître décemment dans un bilan (oui si vous vous faites ça vous allez en prison, mais les banquiers ont le droit, eux). C’est pourquoi les banques ne se font plus confiance et ne se prêtent plus, chacune soupçonnant l’autre d’avoir autant de saletés planquées qu’elle et ayant peur de ne jamais revoir l’argent qu’elle prêterait à sa consœur. D’où crise de liquidité (qui en fait ne fait que masquer une crise de solvabilité bien plus grave, mais ce n’est pas le sujet).
Pour faire simple on peut dire que ces trucs censés diluer le risque l’ont en fait concentré au coeur du système financier. Peu importe qui les détient, c’est toujours une banque ou une assurance qu’il faudrait renflouer. Mais on ne peut pas à cause de la BCE en Europe. Aux US, ils peuvent, ce qui masque les choses et permet pour l’instant de détourner les regards du dollar et de leurs banques.
Parfaitement exact !
Et même si je suis moi même un ennemi de Hollande (et fière de l’être) car faisant parti du « monde de la finance » le principe même des CDS est une aberration morale. C’est comme si je prenais une assurance sur la voiture de mon voisin, j’ai tout intérêt à ce qu’il est un accident. C’est le même principe pour les CDS.
C’est une belle connerie tout ça.
Hallucinant. Non pas que des tarés échaffaudent de tels montages, mais qu’ils soient devenus complètement banalisés à un moment donné, acheté et revendu par les plus grandes institutions…
C’est bien l’inceste entre ces banksters et les Etats qui est au COEUR du problème. Si les banquiers avaient su dès le départ qu’en cas de mauvaise gestion, leurs sociétés seraient mises en banqueroute et leurs actions dilapidées sans ppuvoir appeler l’Etat-complice à leur aide, et bien nous n’aurions jamais eu la banalisation de ce bankstérisme hallucinant.
Et surtout, ça continue. L’impunité totale que leur procure (jusqu’à la faillite totale des pays) les impôts des citoyens impuissants leur donne des ailes.
Nous avons en germe le grand projet d’Attali: une immense social-démocratie mondiale, soft-totalitaire, non-démocratique, où les castes de haut-fonctionnaires nationaux auront enfin fusionné avec la caste des banquiers qui sont déjà leurs amis et complices. C’est cette grande fusion qui aujourd’hui n’est pas accoomplie et pose problème, parce que les hauts-fonctionnaires sont nombreux, qu’il y a à manger avec l’Etat-Nation, et que le business model qui leur donnerait encore à manger autant, voire plus, sous l’égide de la social-démocratie mondiale n’est pas encore très clair. C’est que les moutons à tondre se raréfient ces temps-ci…
Le véritable problème c’est que les banquiers ne sont plus responsables sur leurs biens propres de l’argent qu’on leur confie. S’ils font faillite, il ne leur arrive rien, ils vivront toujours aussi bien, leurs enfants iront toujours à l’université, et personne ne saisira leur maison de Propriano ou de Châtellaillon où ils sont voisins de ministres. Et effectivement cela n’a rien à voir avec le capitalisme. Quand Henri Germain fonde le Lyonnais, il sait que s’il fait faillite il est ruiné. Donc il garde 80 % de fonds propres pour ne jamais faire faillite. Aujourd’hui les banques qui doivent atteindre 8% sont rares et considérées comme extra-vertueuses.
Le tout n’étant effectivement possible que parce que les banquiers savent que les politiques ne les lâcheront pas et renfloueront toujours avec l’argent du contribuable, en échange de quoi les banquiers payent les campagnes électorales des politiques et arrangent leurs problèmes d’argent public à coups de montages, voire de mensonges, pour permettre d’emprunter.
Et quand l’argent du contribuable manquera ? on imprimera des billets, ruinant l’épargnant (qui est le même que le contribuable).
Et si on ne peut plus le faire en imprimant des billets d’une monnaie où ça reviendrait à faire payer par l’Allemagne les dettes communes émises dans cette monnaie et que l’Allemagne traîne les pieds et s’apprête sans doute à dire nein ? C’est là que ça devient amusant, précisément.
Quant aux CDS, je ne comprends toujours pas pourquoi il n’est paspossible de savoir qui les détient. Leur commerce n’est-il pas public? N’y a-t-il pas des audits censés révéler en particulier aux actionnaires, ce genre de provision dans les bilans?
C’est possible de savoir qui les détient, mais c’est compliqué.
Ce sont des actifs hors bilan qui se traite sur des marchés OTC (Over the counter, de gré à gré) et non sur des marchés standardisés faisant appelle à une chambre de compensation.
Mais effectivement, un audit approfondis devrait suffire.
Aquinus, en gros : vous faites un papier qui dit « je promets de donner 70 euros au porteur si la Grèce ne rembourse pas cent euros de sa dette ». Vous le donnez à M. Werner qui a acheté cent euros de dette grecque. Mais M. Wener, comme c’est un papier au porteur, peut le vendre à M. Smith. Qui lui même peut s’en servir pour rassurer M. Tanaka sur sa capacité à lui rembourser autre chose. Et ce faisant, Werner qui croyait ne jamais avoir besoin de votre papier s’est imprudemment démuni. Mais la dette grecque, lui-même l’a peut-être revendue entre temps et n’a donc plus rien à voir avec quoi que ce soit de ces histoires. A qui rembourserez-vous in fine si la Grèce fait faillite ? à M. Werner s’il a conservé sa dette grecque ? à la personne inconnue de vous et qui n’a pas de papier à qui il a vendu sa dette grecque ? à M. Smith qui a racheté le papier que vous aviez fait à M. Werner ? ou encore à M. Tanaka si M. Smith qui s’est servi de votre papier au porteur comme garantie fait faillite ? Voudrez-vous seulement rembourser dans ces conditions ou ne préférerez vous pas envoyer vos avocats contester tout ça ? Et si vous refusez de rembourser, M. Tanaka est-il toujours garanti contre la faillite de M. Smith qui a utilisé votre papier pour rassurer ce même M. Tanaka sur sa propre solvabilité ?
Schématiquement et simplifié à l’extrême c’est ça. Mais ça se fait entre banques qui ne sont pas obligées de faire ces échanges sur un marché réglementé – ce qui en soi n’est ni bien ni mal. Elles le font entre elles, et ne sont même pas obligées de le faire apparaître dans leur bilan. En théorie on peut donc reconstituer toute la chaîne. En théorie. Mais ce n’est jamais fait. Et les banques elles mêmes ont intérêt à planquer ça quand ça commence à sentir le roussi, pour ne pas paraître vulnérables.
Je vous remercie de ces explications. C’est une usine à gaz qui servira à gaver les avocats. En attendant, les produits qui ont été vendus n’existent pas vraiment. Ils en sont très concrètement à vendre du pur vent, caché sous des montagnes de contrats que l’on transfère ou assigne à droite et à gauche.
A notez également que selon le droit international, si la la Grèce ne rembourse pas ses créanciers, ces derniers pourront se servir sur les avoirs grecques…
J’en connais déjà deux ou trois qui lorgnent sur certaines îles….
Sauf changement récent il y a une loi grecque qui interdit de posséder une île, avec quelques rares exceptions anciennes (le cas le plus célèbre étant Skorpios). Il arrive que des propriétés privées couvrent toute une île, mais ce ne sont pas des biens dont l’État grec pourrait disposer.
En revanche je crois que beaucoup de plages grecques appartiennent à l’État grec qui les exploite. Et elles sont déjà pleines d’Allemands.
@ Nicolas,
Donc, si je vous comprends bien, l’abandon volontaire des créances est un moyen de ne pas actionner les CDS, ce qui in fine placera les banques en situation difficile, d’où la nécessité de les renflouer. Qui peut le faire si ce n’est l’Etat et donc au bout du compte le contribuable?
Ce que j’avais compris du truc, c’est qu’il y a un double plan d’analyse.
Au plan macroéconomique, il est nécessaire de procéder à une destruction monétaire pour juguler l’effet de contamination des créances toxiques. Il faut donc détruire de la monnaie sans rembourser la créance correspondante ou, en clair, détruire la monnaie émise par le jeu de l’endettement des Etats en limitant cet effet de destruction à la part de la dette qui ne correspond à aucune création de richesse (appelons ça par convention « monnaie synthétique »).
C’est à dire à la part de la dette qui n’a été financée que par création monétaire pure (l’adossement de la dette publique à la création monétaire bancaire) et pas par mobilisation de l’épargne.
Macroéconomiquement, c’est complètement indolore, les principaux problèmes étant de savoir quelle est la part de la dette qui est concernée et puis surtout quels sont les créanciers qui vont devoir abandonner leurs créances et les dévaloriser dans leur bilan.
Et c’est là que microéconomiquement les CDS ont une importance. Si on active les CDS qui correspondent à des créances de monnaie synthétiques, alors même qu’on force le créancier à abandonner la créance sous-jacente, on relance l’effet de contamination en ce sens que là, c’est bien de l’épargne ou du revenu qui seront mobilisés pour solder les CDS.
L’avantage de la chose au plan microéco est que le créancier sera finalement remboursé, même pour un prix moindre. Mais au plan macroéco on aura bien consommé de la monnaie pour rembourser une créance en monnaie synthétique, ce qui est justement ce qu’on veut éviter.
Il est donc tentant de ne pas faire jouer les CDS. Ou en tout cas d’étaler dans le temps leur activation, par le jeu du contentieux ou des accords négociés. Alors, je ne sais pas exactement comment se négocie le truc, mais j’ai cru comprendre que les porteurs de CDS n’affichaient pas toujours un sourire radieux et que c’était loin d’être dans la poche.
De fait la logique de la destruction monétaire sans remboursement conduit à détruire l’actif sous-jacent en tant que dette principale, mais également ses accessoires, donc les CDS.
Mais il y a deux limites: on ne parle que de l’endettement public et dans une limite max de 50% dans le cas grec. Au final, ça ne fait pas tant que ça.
Cela dit, je suis incapable de vous dire si la stratégique de destruction monétaire est bien celle qui est suivie. C’est un tel bordel qu’on peut analyser les signes aussi bien dans un sens que dans un autre.
Euh vous avez une idée de la situation des comptes publics grec *même* s’ils ne remboursent pas la moitié de leur dette ? Je n’ai plus l’article sous la main, mais je crois me souvenir que même sans rembourser la moitié de sa dette, la Grèce sera dans 10 ans endettée à environ 180% de son PIB par le jeu des intérêts et de ce qu’elle devra continuer à emprunter plus cher pour espérer rembourser un jour les 50 autres pour cents.
Il y a un moment où il faudrait payer et où on se rend compte qu’il n’y a plus d’argent pour le faire. Ni la Grèce ni le Portugal, ni probablement l’Espagne ne rembourseront leur dette. Et pour l’Italie et la France ce sera plus long (peut-être) à devenir clair, mais elles ne rembourseront pas non plus entièrement. Seule l’Allemagne remboursera peut-être un jour, car elle crée encore de la richesse. Au total c’est tragiquement simple : vous ne remboursez vos intérêt et un peu de votre capital tous les ans que si vous gagnez assez pour le faire et si à côté vos dépenses n’augmentent pas plus vite que vos revenus.
En plus, n’oubliez pas que la dette, elle n’est pas détenue dans leurs poches par des méchants banquiers. Supprimer 50% de la dette grecque, c’est faire s’évaporer 50% de ce qu’il y a de cette dette dans l’assurance-vie des français…
Verbatim:
« En plus, n’oubliez pas que la dette, elle n’est pas détenue dans leurs poches par des méchants banquiers. Supprimer 50% de la dette grecque, c’est faire s’évaporer 50% de ce qu’il y a de cette dette dans l’assurance-vie des français… »
C’est tout le problème effectivement (du moins, comme je l’ai compris)
Étouffer une dette émise en monnaie de singe est macroéconomiquement neutre. Le problème de la dette grecque c’est qu’elle n’est pas qu’émise en monnaie de singe.
En macroéco, il y a deux types d’emprunts. Les emprunts circulation, qui drainent l’épargne et les emprunts création, qui fonctionnent comme leur nom l’indique par création monétaire pure. En monnaie de singe, quoi.
A l’émission du titre de créance, on ignore comment se ventile la répartition entre monnaie de singe et épargne. C’est à l’arrivée, quand on regarde le porteur du titre qu’on peut voir la proportion.
Si c’est une banque qui achète les titres, elle ne va pas mobiliser l’épargne de ses déposants pour le payer, mais porter au crédit du compte de l’Etat débiteur le montant de l’emprunt et inscrire le titre de créance à son bilan. Si elle a besoin de cash, elle va voir sa banque centrale, elle lui refile les titres et perçoit du cash tout frais, mais créé selon le même mécanisme.
C’est de la monnaie de singe. Étouffer le titre et la dette correspondante ne pose pas de problème en macroéco, c’est même l’effet d’ajustement qui se produit automatiquement dans un krach. Seul problème: sauver la banque, mais ça on sait faire.
Mais si c’est une compagnie d’assurance ou un fonds, là c’est de l’épargne et là ça fait mal parce que ce n’est plus un jeu d’écritures.
Inversement, côté Etat débiteur, le remboursement d’une dette monnaie de singe fait mal au contribuable qui doit puiser dans son épargne ou prélever sur ses revenus pour payer la dette, alors que l’emprunt n’a permis la création d’aucune richesse (surtout les emprunts en cas de déficit public: ils correspondent à de la consommation). Et là ça fait mal aussi.
Ce que j’ai compris, c’est que la stratégie de destruction monétaire cherche à placer le curseur à un niveau qui permettra aux créanciers de préserver l’épargne de leurs déposants et aux Etats débiteur de ne pas arracher la peau du dos de ses contribuables.
Mais, je ne sais même pas si cette stratégie est réellement conduite. Et de fait, elle est très difficile à conduire: par quelle opération du saint esprit peut on dire que telle créance est composée à X % de monnaie de singe et à Y % d’épargne?
Il faut retracer tous les titres et voir comment ils ont été financés et par qui. Cela ne se voit que lorsque les créanciers se radinent autour d’une table avec leur paquet de créances et qu’on leur demande « bon, et vous, vous avez quoi et vous êtes dehors de combien? ». Et à ce moment là seulement on se rend compte qu’il y a des mecs qui sont glaireux parce qu’en plus de détenir un paquet de créance de la main droite, payé en monnaie de singe comme il se doit, ils tiennent de la main de gauche un paquet de CDS qu’ils cachent derrière leur dos.
Ca fait sérieux…
Il existe cependant une solution : l’annulation de toutes les dettes de tous les états et de tous leurs créanciers.
En gros, la remise à zéro de tous les compteurs.
Là pour le coup, on serait décroissants 😀
Mais quel panache !!
En même temps, n’oublions pas ce que disait Céline : « On s’est fait enfiler de 20 cm, on dit plus jamais ça, alors qu’en fait il reste encore un bon mètre » (je cite de mauvaise mémoire).
Autrement dit : combien de temps le système peut-il encore tenir ?
(personnellement, je me soucie assez peu du monde que je laisserai à mes enfants)
Personne n’en sait rien.
« Le problème que pose la monnaie de l’Occident est plus actuel que jamais. Depuis dix ans, le système monétaire international a été rapetassé par de nombreux expédients, destinés à en prolonger l’existence. Tel qu’il est aujourd’hui, il ne saurait durer.
Ce sont ses avatars qui sont décrits dans les pages qui suivent. Elles apportent un diagnostic et permettent un pronostic.
Mais cependant, quant au rythme des évolutions prévisibles, une réserve s’impose. L’art de l’expédient monétaire a été tellement perfectionné au cours de la dernière décennie que nul ne peut prévoir les artifices que produira l’esprit fécond des experts. Une chose cependant est sûre: c’est que de nouvelles innovations pourront, éventuellement, retarder la dégradation progressive du système, mais qu’elles n’en modifieront pas l’issue. » (Jacques Rueff, Le Péché monétaire de l’Occident, 1971)
Mais la Loi de Lagarde est imparable : ce qu’elle déclare impossible a lieu dans les semaines qui suivent, au pire dans le trimestre.