Céline, c’est Tocqueville en argot. La gauche culturelle ne retient que sa forme vaguement laxiste, le dynamitage de la forme classique. Les Belles Lettres volent en éclat sous ses coups de boutoir. Mais au-delà de la littérature, Céline c’est aussi le plus grand sociologue de son époque. Il aura perçu les aspirations profondes de tout un peuple, de tout un continent même. C’est la sociale-démocratie post seconde guerre mondiale qu’il nous peint sous ses saillies. Le communisme pour petits-bourgeois rêvant de fonctionnariat. C’est le programme De Gaulle, Mitterrand, Sarkozy qui s’étale sous les yeux dès 1941.
Pays femelle vénère raclée…
Céline, Les beaux draps ; p. 17
Tous les Français sont de gaulistes [sic] à de rares loustiques exceptions. De Gaulle ! ils se pâment. Y a six mois ils entraient en crise quand on leur parlait des Anglais. Ils voulaient tous les refoutre à l’eau. Y en avait plus que pour Ferdonnet. À présent c’est tout pour Albion, par Albion, sous Albion… Qu’est-ce qu’on risque ? Au fond c’est plus qu’une bande de singes, des velléitaires jacassiers, des revendicateurs gâteux. Ils savent plus ce qu’ils veulent sauf se plaindre. Gueuler ! Et c’est marre ! Ça finit par tomber du ciel ! Revendiquez ! Nom de Dieu ! C’est la loi ! Le plus grand condé du monde ! La bonne jérémiade hébraïque comment qu’ils l’ont adoptée ! Vous voulez plus des Anglais ? Râlez !…
Vous voulez plus des patrons ? Râlez !
Vous voulez refaire la Pologne ? Râlez !
La Palestine ? Le Kamtchatka ? Le Bois de Boulogne et la Perse ?
Râlez de plus en plus fort !
En voulez-vous des Pommes de Terre ? de la Lune et du Patchouli ? du triporteur ? de la langouste ? Vous cassez pas la tête… Râlez !
Pour finir la révolution faudrait qu’on leur offre le moulin, la petite crécelle à prières, et que c’est tout écrit dessus, les doléances en noir sur blanc, les espoirs, les exigences… comme au Congrès du Lama… Ils tourneraient ça tout en marchant, en processionnant pour que ça tombe… Chacun son petit moulin d’éternelle revendication… ça ferait un barouf effroyable, on pourrait plus penser qu’à eux…
« Je suis l’Homme conscient !… j’ai des droits !… j’ai des droits !… » Rrrrrrrr ! Rrrrrr ! Rrrrr !… « Je suis opprimé !… Je veux tout !… » Rrooouuuu !… RrOOOUUUU !… Ça serait définitif tel quel… On serait apaisé dans un sens. On pourrait plus placer un mot. Le Rroooouuuu… éteindrait tout.
Ibid, p. 22
Je connais le plus honnête homme de France. Il se donne un mal ! Il se dépense ! Il est maître d’école à Surcy, à Surcy-sur-Loing. Il est heureux qu’au sacrifice, inépuisable en charité. C’est un saint laïque on peut le dire, même pour sa famille il regarde, pourvu que l’étranger soit secouru, les victimes des oppressions, les persécutés politiques, les martyrs de la Lumière. Il se donne un mal ! Il se dépense ! Pour les paysans qui l’entourent c’est un modèle d’abnégation, d’effort sans cesse vers le bien, vers le mieux de la communauté. Secrétaire à la Mairie, il ne connaît ni dimanche ni fête. Toujours sur la brèche. Et un libre d’esprit s’il en fut, pas haineux pour le curé, respectueux des ferveurs sincères. Faut le voir à la tâche ! Finie l’école… à la Mairie !… en bicyclette et sous la pluie… été comme hiver !… vingt-cinq, trente lettres à répondre !… L’État civil à mettre à jour… Tenir encore trois gros registres… Les examens à faire passer… et les réponses aux Inspecteurs… C’est lui qui fait tout pour le Maire… toutes les réceptions… la paperasse… Et tout ça on peut dire à l’œil… C’est l’abnégation en personne… Excellent tout dévoué papa, pourtant il prive presque ses enfants pour jamais refuser aux collectes… Secours de ci… au Secours de là… que ça n’en finit vraiment pas… À chaque collecte [45] on le tape… Il est bonnard à tous les coups… Tout son petit argent de poche y passe… Il fume plus depuis quinze ans… Il attend pas que les autres se fendent… Ah ! pardon ! pas lui !… Au sacrifice toujours premier !… C’est pour les héros de la mer Jaune… pour les bridés du Kamtchatka… les bouleversés de la Louisiane… les encampés de la Calédonie… les mutins mormons d’Hanoï… les arménites radicaux de Smyrne… les empalés coptes de Boston… les Polichinels caves d’Ostende… n’importe où pourvu que ça souffre ! Y a toujours des persécutés qui se font sacrifier quelque part sur cette Boue ronde, il attend que ça pour saigner mon brave ami dans son cœur d’or… Il peut plus donner ? Il se démanche ! Il emmerde le Ciel et la Terre pour qu’on extraye son prisonnier, un coolie vert dynamiteur qu’est le bas martyr des nippons… Il peut plus dormir il décolle… Il est partout pour ce petit-là… Il saute à la Préfecture… Il va réveiller sa Loge… Il sort du lit son Vénérable… Il prive sa famille de 35 francs… on peut bien le dire du nécessaire… pour faire qu’un saut à Paris… le temps de relancer un autre preux… qu’est là-bas au fond des bureaux… qu’est tout aussi embrasé que lui question la tyrannie nippone… Ils vont entreprendre une action… Il faudra encore 500 balles… Il faut des tracts !… Il faut ce qu’il faut !… On prendra sur la nourriture… il compte plus ses kilos perdus… Il rentre au bercail… il repasse à l’action… prélude par une série de causeries… qui le font très mal voir des notables… Il va se faire révoquer un jour… Il court à la paille… En classe il souffre pour ne rien dire… Tout de même il est plein d’allusions surtout pendant l’Histoire de France… Il leur fait voir que c’est pas rose aux mômes de la ferme à Bouchut d’être comme ça là, d’ânonner sur les preuves de 4 et 4, 8… et les turpitudes de Louis XVI pendant que peut-être là-bas au Siam y a un innocent qui expire dans les culs de basses fosses à nippons !… que c’est la pitié de notre époque… la jemenfouterie du cœur humain… Il en pousse des sacrés soupirs, que toute la classe est malheureuse… Il se relance dans les démarches… Il demande audience au préfet… lui plutôt timide de nature… Il l’engueule presque à propos de son petit coolie… qu’est là-bas tout seul et qui souffre dessous 400 millions de chinois… Il sort tout en ébullition… excédé… hurlant aux couloirs… ça lui fait un drôle de scandale. Je l’ai rencontré, c’était en Mai, au coin de la rue de Lille et de Grenelle, il ressortait encore d’une démarche auprès de l’Ambassade des Soviets, toujours à propos de son nippon… Il avait tapé pour venir, pour faire les soixante pélos, deux commerçants de son village. Savoir comment ça finirait ! où l’emporterait sa passion !… On peut pas dire qu’il est juif, Bergougnot Jules il s’appelle, sa mère Marie Mercadier. Je les connais depuis toujours. Il est en confiance avec moi. Je peux en avoir avec lui. C’est un honnête homme.
— Dis donc, que je lui dis, un peu Jules… Tu veux pas me rendre un service ?…
— Ça dépend qu’il me fait… Je me méfie !… Avec les gens que tu fréquentes !… Enfin ça va, dis toujours…
— C’est pour Trémoussel qu’est mouillé… Tu sais ? “la Glotte” ? Il s’est fait faire… Il est pas bien avec les flics… Il a manifesté à Stains… Il a cassé un réverbère…
— Tant pis pour lui, c’est un salaud !…
— Pourquoi tu dis ça ?
— Je le connais !… On a été grives ensemble… On a fait trois ans au 22… J’ai jamais pu l’encaisser… Il est pas parti à la guerre ?
— Non il est trépané de l’autre…
— Y en a des trépanés qui retournent…
— Oui mais pas lui, il se trouve mal, il a des crises…
— Il se trouve pas mal pour faire le con !…
— Mais c’est pour les juifs qu’il milite !… C’est pour eux qui s’est fait poirer, c’est pour l’assassin de l’ambassade…
— Ça fait rien c’est une vache quand même !…
— Pourquoi que tu lui en veux comme ça ?… C’est bien la première fois, dis, Jules que je te vois haineux pareillement… et quelqu’un qu’est dans tes idées… qui souffre aussi pour la cause…
— C’est vrai dis donc t’as raison… Je peux pas le blairer le Trémoussel !… On était camarades de lit… C’est pas un méchant garçon… mais il a quelque chose d’impossible…Jules il est foncièrement honnête et consciencieux et tout scrupules… ça le chiffonnait ma remarque… Il fit encore un effort.
— Eh bien tu vois au fond je vais te dire… Trémoussel je le connais bien !… ça doit être ça qui m’empêche… J’ai vécu trois ans côte à côte… les autres je les ai jamais regardés… je les connais pas pour ainsi dire… Et puis, tiens, je vais te dire toi grande gueule ! maintenant que je te regarde un petit peu… T’es pas beau ma saloperie ! T’es encore plus infect que l’autre… Ah ! Dis donc taille que je te revoie plus !… J’ai des relations moi tu sais !… Je te la ferai remuer, moi, ta sale fraise !…
Je voulais pas envenimer les choses… Je voulais pas d’esclandres dans la rue… surtout à ce moment-là… Je suis parti par la rue du Bac… Il a pris le faubourg Saint-Germain… Je l’ai jamais revu Jules… C’était un parfait honnête homme, il se dépensait sans compter. Il se donnait un mal, un souci ! Jamais vu pareil apôtre pour les choses qui le regardaient pas. C’était pas la gloire des honneurs, ça l’avait pas intoxiqué, même pas officier de la rosette.
Ibid, p. 33 – 34
L’ouvrier il s’en fout d’être aryen pur ! métis ou bistre ! de descendre de Goths ou d’Arthur ! pourvu que son ventre ne fasse pas de plis ! Et précisément ça se dessine… Il a d’autres chats à fouetter ! Qu’est-ce que ça peut bien lui faire d’être de sang pur ou de mélange ? Pourquoi pas marquis de Priola ? duchesse des Gonesses ? […]
Le Peuple autrefois il avait, pour patienter, la perspective du Paradis. Ça facilitait bien les choses. Il faisait des placements en prières. Le monde tout entier reposait sur la résignation des pauvres “dixit Lamennais”. Maintenant il se résigne plus le pauvre. La religion chrétienne est morte, avec l’espérance et la foi. « Tout en ce monde et tout de suite ! ». Paradis ou pas !… Comme le bourgeois, comme le juif. Allez gouverner un petit peu dans des conditions pareilles !… Ah ! C’est infernal ! Une horreur ! Je veux bien l’admettre. La preuve c’est que personne y arrive plus. […]
Les damnés de la Terre d’un côté, les bourgeois de l’autre, ils ont, au fond, qu’une seule idée, devenir riches et le demeurer, c’est pareil au même, l’envers vaut l’endroit, la même monnaie, la même pièce, dans les cœurs aucune différence. C’est tout tripe et compagnie. Tout pour le buffet. Seulement y en a des plus avides, des plus agiles, des plus coriaces, des plus fainéants, des plus sots, ceux qu’ont la veine, ceux qui l’ont pas. Question de hasard, de naissance. Mais c’est tout le même sentiment, la même maladie, même horreur. […]
Le peuple il a pas d’idéal, il a que des besoins. C’est quoi des besoins ? C’est que ses prisonniers reviennent, qui aye plus de chômage, qu’on trouve des boulots soisois, qu’on aye la sécurité, qu’on se trouve assuré contre tout, le froid, la faim, l’incendie, qu’on aye les vacances payées, la retraite, la considération, la belote et le pousse-café, plus le cinéma et le bois de rose, un vache smoking tempérament et la pétrolette d’occasion pour les virées en famille. C’est un programme tout en matière, en bonne boustiffe et moindre effort. C’est de la bourgeoisie embryonne qu’a pas encore trouvé son blot.
Ibid, p. 38 à 47
Ça suffit pas la misère pour soulever le peuple, les exactions des tyrans, les grandes catastrophes militaires, le peuple il se soulève jamais, il supporte tout, même la faim, jamais de révolte spontanée, il faut qu’on le soulève, avec quoi ? Avec du pognon. Pas d’or pas de révolution. Les damnés pour devenir conscients de leur état abominable il leur faut une littérature, des grands apôtres, des hautes consciences, des pamphlétaires vitrioleux, des meneurs dodus francs hurleurs, des ténors versés dans la chose, une presse hystérique, une radio du tonnerre de Dieu, autrement ils se douteraient de rien, ils roupilleraient dans leur belote. Tout ça se paye, c’est pas gratuit, c’est des budgets hyperboliques, des tombereaux de pognon qui déversent sur le trèpe pour le faire fumer. Il faut étaler les factures, qui c’est qui dèche ? C’est à voir. Pas de pognon, pas de fifres, pas de grosses caisses, pas d’émeutes par conséquent. Pas d’or, pas de révolution ! […]
C’est hors de prix la Police qui prépare une Révolution, la pullulation d’émissaires, asticoteurs de griefs, des mille rancœurs à la traîne, retourneurs de fiels.
Ibid, p.48
C’est là le hic, le point sensible, le “ne-pas-se-mouiller” paysan, c’est là qu’il faut pousser au crime ! à plein orchestre ! que l’or entre en transe et comment ! La vieille Bastille et ses neuf tours, serait toujours au poste, altière, hautaine, formidable, et ne gênerait vraiment personne, pas plus que Fresnes ou l’île de Ré, si les Banques, les démons de Londres, n’avaient pas fait le nécessaire, enflammé la viande saoule à temps, déchaîné l’émeute, le carnage, soulevé l’ouragan des ragots, les torrents de bave conventionnels, l’ébullition de la frime du sang. L’arrière-petit-fils de Louis XIV serait encore à l’Élysée, Marie-Antoinette révérée par tous les enfants des écoles, patronne de l’élevage des agneaux, si Pitt avait pas insurgé les petits scribouilleux de l’époque, pourri la noblesse à gaga, versé les ronds à pleines hottes, soudoyé la cour et les champs, les mères abbesses et les bourreaux… Sans or les idées ne sont rien.
Ibid, p. 49
Pour le peuple le Communisme c’est le moyen, l’astuce d’accéder bourgeois illico, à la foire d’empoigne. Sauter dans les privilèges, tranquille, Baptiste une fois pour toutes. La Cité future pour Popu c’est son pavillon personnel avec 500 mètres de terrain, clos soigneusement sur quatre faces, canalisé si possible, et que personne vienne l’emmerder. Tout ça enregistré devant notaire. C’est un rêve de ménagère, un rêve de peuple décadent, un rêve de femme. Quand les femmes dominent à ce point, que tous les hommes rêvent comme elles, on peut dire que les jeux sont faits, que grandeur est morte, que ce pays tourné gonzesse, dans la guerre comme dans la paix, peut plus se défendre qu’en petites manières, que les mâles ont plus qu’à entrer faire leur office de casseurs, saillir toutes ces mièvreries, abolir toutes ces prévoyances. Ça sera-t-y des jaunes ? des blancs ? des noirs ? des purs ? des compliqués ? Est-ce qu’on périra dans la noce ? C’est bien possible, c’est même probable. Toujours est-il que ça sera des hommes et des butors, des dominants qu’iront pas demander aux grand’mères comment faut rêver dans la vie, qui seront disposés comme des ours.
Ibid, p.59
Faut pas du grand communisme, ils comprendraient rien, il faut du communisme Labiche, du communisme petit bourgeois, avec le pavillon permis, héréditaire et bien de famille, insaisissable dans tous les cas, et le jardin de cinq cents mètres, et l’assurance contre tout. Tout le monde petit propriétaire. […] Votons mesquin, voyons médiocre, nous serons sûrs de pas nous tromper. Voyons le malade tel qu’il se trouve, point comme les apôtres l’imaginent, avide de grandes transformations. Il est avide de petit confort.
Ibid, p.66
Quel est l’autre grand rêve du Français ? 99 Français sur 100 ? C’est d’être et de mourir fonctionnaire, avec une retraite assurée, quelque chose de modeste mais de certain, la dignité dans la vie. Et pourquoi pas leur faire plaisir ? Moi j’y vois pas d’inconvénient. C’est un idéal communiste, l’indépendance assurée par la dépendance de tout le monde.
Ibid, p.67
Martine Aubry, lectrice assidue de Céline, la preuve :
Bien sûr on peut pas supprimer, l’usine dès lors étant admise, combien d’heures faut-il y passer dans votre baratin tourbillant pour que le boulot soye accompli ? toutes les goupilles dans leurs trous, que vous emmerdiez plus personne ? et que le tâcheron pourtant crève pas, que ça tourne pas à sa torture, au broye-homme, au vide-moelle ?… Ah ! C’est la question si ardue… toute délicate au possible. S’il m’est permis de risquer un mot d’expérience, sur le tas, et puis comme médecin, des années, un peu partout sous les latitudes, il me semble à tout bien peser que 35 heures c’est maximum par bonhomme et par semaine au tarabustage des usines, sans tourner complètement bourrique.
Ibid, p.70
La plupart de ces passages sont une découverte: excellent.
Cela dit il est mal placé pour critiquer De Gaulle. Sans doute que le mongaullisme est vite sorti du bois et que ça énervait Céline à juste titre, et qu’il était aussi un peu amer de ses choix et de la mise au ban qu’ils lui ont valu, mais le « bourgeois » dans l’affaire, au moment de la débâcle ce n’était pas De Gaulle. Autre chose, un détail, De Gaulle et Mitterrand côte à côte dans une phrase, j’ai du mal avec ça.
« un rêve de femme »
Il a définitivement résumé le socialisme. Un substrat d’idéologie femelle, un fantasme d’accoupleuse, le refus métaphysique de l’individuation transformé en sacerdoce. Dont Alain Soral, obsédé par le pénis (comme une jeune fille en fleur), et les racailles inféodées à leur maman obèse sont l’incarnation présente.
@j.ax
De Gaulle était un genre de héros, et n’a pas grand chose à voir avec ses successeurs, mais c’est tout de même lui qui a ouvert la boîte de Pandore. En préférant faire l’union nationale avec les communistes plutôt que d’accepter quelques bases de l’OTAN sur son territoire (pour préserver un poids diplomatique mineur, qui s’est éteint avec lui), il a posé les bases de ce qui fait aujourd’hui de la France le dernier pays à faire vivre le rêve brejnevien. Il y a de quoi lui tailler quelques costards pour la peine.
« il a posé les bases de ce qui fait aujourd’hui de la France le dernier pays à faire vivre le rêve brejnevien ».
>> en écho: « L’aménagement technocratique du territoire par la contrainte impérieuse du Commissariat gaulliste au Plan a saupoudré la campagne d’usines perdues pour briser la ceinture rouge de Paris, anéantissant l’un des coeurs battant de l’industrie française. », de l’excellent blog
http://royalartillerie.blogspot.com/2012/01/la-minute-n-de-mondialisation.html
De Gaulle et les cocos… j’ai tendance à oublier cet aspect-là. A ma décharge je peux vous assurer que les « gaullistes historiques » que j’ai connus enfant, c’est-à-dire grands-parents et oncles et tantes, dont aucun n’a fait ensuite carrière dans l’Etat, et dont la plupart avaient connu personnellement les chefs de la France libre, il n’y avait pas plus éloigné dans l’esprit de l’étatisme qu’eux. Catholiques, conservateurs, capitalistes, avec un mélange d’esprit français ancien très pur de chevalerie et de valeurs et de mode de vie modernes qu’on dirait aujourd’hui, de façon mensongère, « américaines », mais qui sont en fait tout aussi bien françaises. C’est une espèce de gens très rare, en fait, dans ce pays, ou éteinte, j’ai mis longtemps à m’en rendre compte. Evidemment ils ont vécu 1981 comme un véritable drame, pas seulement à cause du socialisme, mais par qu’ils savaient exactement qui était Mitterrand, bien avant la publication assez récente des soi-disant révélations sur son passé: l’homme décoré par Pétain en automne 1943, quand eux-mêmes risquaient leur vie, celle de leurs proches et tout ce qu’ils avaient chaque jour depuis 4 ans…
Ne pas oublier que CdG était un militaire et qu’il n’a malheureusement pas pu échapper à la politique…
Ou bien, il y a la thèse des économistes Thesmard et Landier dans leur bouquin Le Grand Méchant Marché, concernant la prise de pouvoir par les énarques, passé la période de planisme d’après-guerre que beaucoup d’autres pays ont connu, Frankenstein finissant par échapper à son créateur.
Pardon pour l’ignorance, ça veut dire quoi « des boulots soisois » ?
Vient de l’argot, je pense, « soi-soi » = mignon, joli (petit objet modeste confectionné avec soin)
Nein, c’est de l’argot des tranchées. Soi-soi = tranquille, pépère.
A propos de la « sociologie » de Céline, voici un passage fascinant, dont je ne saurais dire s’il a déjà été utilisé ou non pas René Girard, mais qui en tout en cas résume très bien la théorie du monarque-bouc émissaire :
« J’ai des idées, moi, d’ailleurs sur la monarchie absolue, je les tiens d’un anarchiste, que j’ai connu autrefois, à Londres, un anarchiste authentique – un Bulgare – un pachyderme pour le poids […] J’aurais fait, moi leur monarque, l’accord de toutes les haines de mon Royaume, je les aurais centralisées, magnétisées, fanatisées sur ma propre royale personne. Voici le seul moyen royal, Ferdinand, de véritablement régner ! »
Le plus étonnant, il me semble, c’est que ce passage, extrait des Bagatelles, intervient innocemment, comme un cheveu sur la soupe, entre deux charges antisémites.
Ouais, tout le monde, femelle, ok.
Mais c’est quand même comique cet atavisme,
de vouloir se faire fourrer par Onc’Sam,
tout en dénonçant les enculades d’en face.
Non, soit on aime se faire mettre, soit on aime pas.
Moi j’aime pas, quelle que soit la queue qui approche,
étoilée, rouge ou baptisée au sécateur.
Vous ratez quelque chose l’ami : la bite Yankee a très bon goût. Ca n’vaut pas la saucisse de Frankfort (la meilleure, date de péremption : 8 mai 1945), mais je puis vous affirmer qu’elle tient bien en bouche. Et pour peu que le Yankee soit métis, vous aurez la longueur et le bon fluide.
Qui a dit : France, peuple femelle ?
Excellente idée d’exhumer « Les Beaux Draps » l’abomination absolue pour
la
(suite)
bien-pensance.
De toute façon, la Gauche intello est trop bornée pour comprendre quoi que ce soit à Céline. Trop clairvoyant, Céline, trop précis, trop vrai.