Je télécharge les quatre dvd d’un coffret des films de Jean Rouch. C’est amusant par certains côtés.
Si l’importance de Rouch dans l’évolution du cinéma n’est pas niable, j’ai décidément beaucoup de mal avec sa fascination pour une société africaine qui n’éveille en moi à peu près aucun intérêt. Déjà avec La chasse au lion à l’arc : je suis du côté du lion. Pas du côté des noirs qui psalmodient leurs bêtises superstitieuses ou font bouillir leur poison en récitant depuis des siècles les mêmes formules sans se rendre compte, semble-t-il, que le poison serait aussi efficace sans leurs criailleries et leurs simagrées précautionneuses. Somme toute la lionne est digne, qui meurt du poison en vomissant et en se raidissant, sans chercher à donner le change sur l’horreur de sa mort, de toute mort. Et ce sont ces noirs qui me semblent profaner le lion mort en lui mettant des écorces dans l’anus et en tapant sur sa tête trois fois pour en libérer l’âme, en criant des formules magiques stridentes, en lui attachant la tête pour que l’animal sauvage mort devienne symboliquement un animal domestiqué. Le symbolique m’emmerde facilement, je crois, et cette vie soumise aux rites et aux symboles a pour moi quelque chose d’invinciblement méprisable en face de la simple mort de la lionne. Il y a un point, quand on cherche à se sauvegarder un peu de lucidité au milieu de cette humanité désespérante, où c’est le matérialisme le plus sec — ici celui de l’animal mourant — qui devient consolateur, qui permet de respirer un peu plus haut que les consternantes stupidités de ces noirs nourris d’une religiosité faite de terreurs infantiles, aliénantes et imbéciles. Jean Rouch, lui, y voit de l’humanité si j’ai bien compris…
Même impression au début du Jaguar : ils s’en vont avec une simplifié souriante couper le cou d’un vautour parce qu’un vieux devin avide et menteur, pour gagner la rémunération de ses prédictions funestes mais conjurables, leur a raconté qu’il fallait le faire afin de se rendre propice on ne sait quelle force occulte aussi obscure que vague. Est-ce censé me rendre sympathique quelqu’un d’autre que le pauvre animal assommé à coups de bâtons puis égorgé sans raison ?
Je n’y peux rien : je suis du côté du lion et du vautour.
La Pyramide humaine donne une clef supplémentaire pour comprendre comment s’exprime cet humanisme niais, tiers-mondiste et à consistance molle de Rouch. Au tout début, sorte de rapide prologue, il explique à ses jeunes acteurs qu’il veut montrer les rapports entre noirs et blancs. Il ajoute qu’il va falloir que certains jouent les méchants. « Les méchants » c’est évidemment « les racistes ». Évidence inquestionnable, simple, d’un manichéisme complet, qui s’avoue elle-même en préface avec une parfaite bonne conscience. Pire : c’est une évidence telle que ce cinéma qui se voulait révolutionnaire ou contestataire la laisse paisiblement passer, se constituer, se pavaner sous sa caméra sans même penser à la questionner du bout de l’objectif qu’il met à son service. Le raciste c’est le méchant. Et inversement. Ainsi le monde de Jean Rouch tourne bien et sa caméra aussi. Dans ce monde-là les racistes sont des racistes, les méchants y sont des méchants, les nazis y sont probablement des nazis aussi. Tant de simplicité soulignée à gros traits laisse rêveur.
Et l’on se dit que du meurtre rituel des lions et des vautours, il n’y a peut-être pas loin à celui des racistes et autres « méchants » rejetés avec les animaux sauvages hors de l’humanité dont l’Africain de Rouch semble être une figure originaire — et donc (faussement) originale — en vertu même de sa pensée primitive et si symbolique que les cheminements en sont indiscernables, constituant par là-même des traits réputés proprement et spécialement humains, qu’on admirera vaguement avec Jean Rouch. Ou qu’on trouvera avec moi complètement cons et vaguement inquiétants. Au choix.
Personne ne s’est-il avisé de l’importance de Rouch et de son cinéma, ou au moins de son caractère exemplaire, dans la formation de l’antiracisme idéologique qui nous fait crever aujourd’hui ? Je ne sais pas, il faudrait chercher. Ça me semble pourtant évident, à regarder sa production.
Il fait partie d’un vaste ensemble, Rouch, la dictature morale de la Gauche.
Voilà pourquoi des andouilles de son calibre peuvent filmer, écrire, parader
dans les journaux et dans les salons.
La bêtise c’est en quelque sorte l’autre nom de la Gauche.
Ces rites sont-ils méprisables en eux-mêmes ou parce qu’ils servent de fond idéologique de l’humanisme le plus méprisable ?
Moi j’ai du mal à préférer notre Occident où des gamines qui a plus mal au cœur en voyant crever un chien qu’un homme dans la rue, qui ne supporte plus de tuer ne serait-ce qu’un poisson rouge, que dans ces superstitions millénaires et débiles de quelques tribus connes mais vivantes encore. Il y a une célébration de la vie, dans cette mise en scène de la mort, dans cette auto-persuasion, il y a quelque chose de grec, là-dedans.
Il y a d’ailleurs à parier que cette horreur occidentale devant la souffrance sera un argument de poids pour convaincre les derniers gauchistes d’être hostiles à l’immigration, si c’est là le souhait de quelqu’un. Il suffit de montrer les abattages rituels, le sang du mouton dans la baignoire, et la pisseuse alter-mondialiste devient mariniste dans la minute parce qu’elle veut pas voir ça, même si ça l’empêche pas de se gaver au MacDo, l’important c’est d’évacuer toute forme de violence, surtout mise en scène, parce que c’est irrationnel ! La cruauté humaine est irrationnelle, voilà pourquoi l’occidental est fier de s’en être purifié. Parce que rien ne sert de faire mal au 21ème siècle, il suffit de faire comme si. Cette logique du plastique, de la cigarette à vapeur d’eau ou du pistolet à eau, du factice, ne m’est pas moins méprisable que les derniers vestiges d’une vieille humanité.
La mise en scène du meurtre ? Mais c’est précisément ce qui nous sépare de l’animal qui lui ne tue que pour se nourrir. Nous retournons donc à l’état d’animal, et d’animal qui ne tue même plus d’ailleurs, puisque élevé en batteries et bien nourri. Il faut peut-être passer par la connerie barbare pour pouvoir la sublimer, et la dépasser vraiment.
de fond idéologique à l’humanisme…*
notre Occident où des gamines ont plus mal…*
à ces superstitions millénaires…*
il suffit de retourner votre titre
« le fétichisme est l’humanisme des nègres »
voilà
tout est dit
J’ai vu ce documentaire il y a quelques mois, par pur hasard. J’en ai tiré quelques remarques pratiques sur les modes de chasse de ces populations :
A cette époque (1957 à 1964) les Songhay avaient plusieurs façons de chasser le lion. A la saison sèche, ils chassaient à l’affût près d’un point d’eau naturel. Ils se plaçaient hors d’atteinte des prédateurs si le site le permettait, ou alors ils aménageaient un affût creusé dans le sol près des rives du point d’eau, laissant une petite fenêtre pour le tir. L’attente pouvait durer plusieurs mois avant qu’une occasion se présente. Autrement ils utilisaient beaucoup de pièges à loup fabriqués au Ghana qui copiaient des modèles coloniaux. Ils plaçaient ces pièges dans des endroits fréquentés par des lions, traces et déjections en témoignant, et attendaient que des animaux se fassent prendre. Ces pièges étant peu sélectifs, toutes sortes de carnivores pouvaient être capturés.
Chez les Songhay comme chez les Bushmen l’arc n’est qu’accessoire, il sert à finaliser l’action de chasse. L’arc semble de peu de puissance, c’est une branche encordée et visiblement peu travaillée. Ils ont une curieuse façon de l’utiliser. Ils arment l’arc sur quelques pouces, et bien avant de l’amener au visage ou à quelques points d’armement qui permettent que le tir soit reproductible, ils lâchent la corde sans viser. Les tirs semblent assez aléatoires même à 10, 15 ou 20 mètres. En fait ce n’est pas la flèche qui tue, mais le poison extrait des graines d’un arbre poussant à 500 kilomètres de ce territoire. La pointe des flèches est munie d’aiguillons pour que la flèche reste dans la blessure et que le poison fasse effet, tandis que la douille est torsadée pour retenir le plus de poison entre ses plis. Celui-ci fonctionne bien, mais il n’empêche que pendant le documentaire un Peul est blessé par une lionne avant sa mort.
Globalement ces chasseurs sont peu efficaces, on comprend que nos ancêtres aient exterminés des tas d’espèces alors qu’elles ont survécus en Afrique. 😀 Avec de telles techniques de chasse, surtout avant l’arrivée des pièges à loup, ce sont surtout les capacités de traque qui sont mises à l’honneur. Il convenait de suivre la piste des animaux blessés le temps que le poison fasse effet. Comme on l’a dit le poison ne se trouve pas disponible sur place, il est entouré de tout un rituel magique solennel qui montre sa valeur. Soit qu’aucun bois, même assemblé à des cornes d’herbivores, ne permette de fabriquer de bons arcs, soit que ce peuple n’a pas l’industrie pour en user avec habilité, de toute les manières c’est le poison produit d’un commerce relativement lointain qui permet ce type de chasse.
On peut douter qu’il soit très sain de manger des animaux empoisonnés comme ces populations le faisaient.
»it is a diabolical way of affecting the human population by feeding the humans animals who are in fear and anxiety as they are killed. There is nothing wrong with eating animal flesh. The animals were designed here to be companions for you, and if necessary, part of your nurturing and your survival. To work with the animal, to ingest the animal, was actually an honor, to become one with it. It is the fact that you are so separated
from life, and from consciousness that you act as if the conscious life that is not treated well when it is killed, that you can ingest it and nothing will be lost. No! »
Traduction Reverso :
« C’est une façon diabolique d’affecter la population humaine en alimentant les animaux de gens qui sont dans la crainte et l’anxiété comme ils sont tués. Il n’y a rien mal avec la chair animale alimentaire. Les animaux ont été conçus ici pour être des compagnons pour vous et si nécessaire, la partie de votre élevants et votre survie. Travailler(marcher) avec l’animal, pour ingérer l’animal, était en réalité un honneur, devenir un avec cela. C’est le fait que vous êtes si séparés de la vie et de la conscience que vous agissez comme si la vie consciente qui n’est pas traitée bien quand il est tué, que vous peut l’ingérer et rien ne sera perdu. Non! »
Y a un traducteur dans l’avion ?
Ne vous fatiguez pas trop, ça ne veut rien dire.