12 auteurs à lire avant de visiter 12 villes en 2012

Rien de plus insupportable que de voyager. Les queues aux aéroports, n’être que  pour un seul instant à la merci d’un pauvre type préposé à la sécurité qui peut te faire enlever les chaussures, te palper le cul et autres parties…Et en plus de se retrouver dans un pays paumé où la moindre bouteille de pif potable te coûte un bras. Non vraiment, voyager est décidément pour les types sans imagination. Néanmoins, si vous avez la « bougeotte », si vous « voulez voir le monde », « aller à la découverte de l’autre » et autres joyeusetés, vous devez vous prémunir d’un bon guide de voyage. Et par pitié, évitez les pathétiques  » guide de routard », rien de plus pourri que d’acheter un guide du routard, d’aller dans un café indiqué dans le dit guide et de se retrouver avec un connard comme toi, qui a acheté son guide du routard et a filé au premier troquet de la rubrique Où boire un verre?. Pas mieux qu’un écrivain qui connait sa ville et l’écrit pour découvrir un bled. Alors voici 12 auteurs à lire avant de visiter 12 villes en 2012…

Comme je lis beaucoup de polars, on va surtout visiter les States et la Scandinavie…et puis quelques autres villes.

New York pose  problème. Après Céline, on a compris que la ville était debout, et puis bon faut être con pour se perdre dans  NY, un espace coupé de rues qui ont des numéros pour noms. Chinatown, Little Italy…Puis bon, c’est des bouquins pour jeunesse désabusée, cynique et qui veulent en finir façon Terby , ceux qui écrivent NY, Breat Easton Ellis, Jay McInerney. Faut encore aller chercher du côté du polar pour s’aventurer dans des coins intéressants de la ville, on peut prendre Jérôme Charyn, mais il y a fort à parier que le NY des années 80 n’a rien à voir avec celui de l’après Giuliani…aujourd’hui pour visiter NY, il faut partir avec les écrits de Nick Tosches sous le bras, et lire  Trinités (à mon sens le meilleur roman sur le crime organisé des 30-40 dernières années). Vous trouverez les meilleurs restaurants italiens et chinois de Big Apple.

On ira faire enfin faire un tour du côté de Philadelphie. Les seules images que j’en avais étaient les films de Rocky Balboa et Philadelphia avec Tom Hanks. J’aime bien les salles de boxe mais pour le reste, comprenez que je n’avais pas de guide pour aller visiter cette ville historique américaine. Alors j’ai lu deux polars de William Lashner qui ont pour cadre sa ville de Philadelphie. Son héros est un avocat mi-pourri, mi-véreux…et puis comme toujours on a les meilleures adresses en termes de bordels et de restaurants.

Si lors d’un périple outre-Atlantique, vous n’avez rien de mieux à foutre que de visiter Washington, sa Maison Blanche, son président noir…et bien prenez n’importe quel roman de Georges P. Pelecanos. Toute la ville est méticuleusement décortiquée, auscultée. Ghettos noirs, misère sociale, petites frappes, descendants d’immigrés grecs…superbe écrivain que Pelecanos, peut-être un poil trop professionnel, c’est à dire que tout y est parfaitement déroulé sans laisser place à aucune surprise.

Ensuite pour continuer sur votre périple East Coast, vous pouvez foncer vers le Sud avec Miami et tout la Floride: des romans déjantés, la dope, des politiques corrompus, des retraités, des gangsters latinos, des sudistes complètement allumés…c’est principalement avec Carl Hiassen..et son fameux jackpot…ou encore Tim Dorsey et son Florida Roadkill…ce sont des romans relevant plus de la grande bouffonnerie et de la farce que du polar…mais bon on s’accommode…et on découvre tous les bons coins de l’Etat le plus riche des Etats-Unis par habitant.

En filant vers l’Est, après la Floride vous filez droit sur la Louisiane, là on prend James Lee Burke avec soi. On ira du côté de Bâton Rouge et New Orleans, des blacks; des ghettos, de la bonne bouffe cajun…l’Amérique profonde comme on l’aime chez ILYS. En revanche pas encore de polars frappants sur la Nouvelle-Orléans de l’après Katrina.

La première fois que je me suis pointé à Los Angeles avec le quartet d’Ellroy  sous le bras et bien je me suis retrouvé dans  un ghetto pourri. Oui car à Los Angeles, à l’exception d’Hollywood et de Beverly Hills, tout bouge. Alors un auteur qui t’explique par le menu le L.A.des années 50 ne te sert à rien si tu visites la ville en 2012.  C’est un peu comme lire les mystères de Paris pour visiter le Paris de Delanoé, même pas le guide des Vélibs et Autolib chez Eugène Sue. Donc tu te dis, je vais acheter Eddie Bunker pour m’orienter, mais ce qui était vrai pour les années 50 l’est aussi pour les années 70…Alors tu vas vers le  rayon voyage et là miracle, tu tombes sur Michael Connolly…c’est pas le meilleur des écrivains de polars de LA, les deux précédemment cités le surpassent, mais c’est assurément celui qui vous sera le plus utile pour ne pas se perdre dans les méandres de la cité des anges en 2012.

Voilà pour les States. Maintenant Septentrion.

Plutôt que d’aller trois fois vers le Nord, allez-y une fois et faites Oslo,Stockholm et Reykjavik d’une traite. Pour les deux premières, prenez Henkell et Jo Nesbo. De ce que je connais de ces deux villes bien que je n’y ai jamais foutu les pieds, c’est joli, propre, mignon. En revanche on doit s’y faire chier, la distribution de l’alcool est monopole d’état, tout est consensus dans les relations sociales, peu de conflits et la vie est très chère, et désormais tous rouleront en Volvo, Saab venant de déposer le bilan ce qui est probablement la plus mauvaise nouvelle de l’année 2011. Pour Reykjavik, on lira Arnaldur Indridasson. Comment décrire cette ville?? Dans les romans de Indridasson, l’intrigue est complexe et il ne se passe pas grand chose. Ses livres sont exactement à l’image de ce que je me faisais de ce pays, froid, chiant, beau et puis un charme suranné qui vous emporte. Pas vraiment un guide de voyage les romans de Indridasson… apparemment ça a l’air compliquer de se perdre dans Reykjavik tellement c’est petit, et très facile de se paumer en revanche dans les landes du Nord. Donc si vous partez crapahuter en-dehors de Reykjavik, suivez les instructions des bouquins d’Indridasson.  Il va falloir attendre un peu avant de trouver dans les romans ce à quoi ressemble la Scandinavie de l’après Breivik.

La Belgique est aussi un pays, avec des villes, des belles mêmes. Il parait que Bruges fait partie des endroits à visiter. Donc si j’y vais à l’occasion d’une moule frites  et pour le trajet du train, je lirai un peu de Pieter Aspe, la quatrième forme de Satan par exemple. A ne lire vraiment que si vous avez l’occasion d’aller à Bruges, sinon c’est rigoureusement inutile. Je ne sais pourquoi mais j’ai l’impression que Bruges est une ville qui doit ressembler à Bourges. Voilà pour la Belgique.

Passons par la France.

Les villes portuaires ont toujours attiré délinquance, petite et grande, en premier lieu Naples et Marseille. Pour Naples, je ne peux que vous conseiller l’enquête très factuelle et fouillée de Saviano avec Gomorra.

Pour Marseille, il y a pléthore de romanciers à décrire leur ville. Mais le plus symbolique reste JC Izzo; un gauchiste désabusé mais encore un peu niais que Fabio Montale…La trilogie marseillaise vaut essentiellement par Chiourmo, éventuellement Total Kheops…et vous aurez les plus beaux coins de la région et comment y accéder pour aller pêcher la bonne poiscaille de la Méditerranée…et quelques bordels en prime. Izzo est mort il y a une quinzaine d’années, pas sûr qu’il reconnaisse sa ville aujourd’hui. En revanche les quartiers nord déjà chauds bouillants à l’époque et Izzo ne voit comme explication de cette délinquance que le racisme des Français envers les derniers venus.

Finissons par une autre ville portuaire, Barcelone. Leur catalanisme à la con,  on peut suivre les traces de Pepe Carvalho, c’est également un voyage gastronomique mais bon les spécialités catalanes ne sont pas non plus des plus fines…je ne suis pas fan, mais ça passe comme une bière fraîche en plein été…on boit, on passe un bon moment et on oublie…Andreu Martin aussi avec Barcelona connection…Prochaine évolution j’imagine dans le polar traitant de Barcelone, l’importance du club de football dans la ville. on a déjà commencé à le voir dans Des jumeaux presque parfaits de Teresa Solana.

Voilà pour quelques villes à visiter en 2012. 12 villes, 12 auteurs. Bien sûr vous pouvez faire l »impasse sur nombre d’entre elles. Certains suggéreront qu’il y avait d’autres auteurs avec d’autres coins, on pense à Cormac Mccarthy pour le Texas, à Jim Harrison pour le Montana, ses collines, ses cow-boys…et puis pas un écrivain à conseiller pour visiter Paris vont me dire certains. Aucun auteur de polar, pour ma part, n’a encore bien saisi le cauchemar actuel que représente Paris.

Bonnes fêtes.

 

5 réflexions sur « 12 auteurs à lire avant de visiter 12 villes en 2012 »

  1. NOURATIN

    Merci c’est sympa mais pour un type qui ne se déplace pratiquement qu’à
    vélo, y a pas grand chose à gratter, là dedans. A la rigueur Marseille
    ça pourrait le faire mais les gauchistes, avec ou sans talent, je m’en
    méfie toujours.
    Vous n’avez rien sur Pont-Saint-Esprit?

  2. stalagtilte

    Je vais me renseigner sur quelques un de ces auteurs. Jo Nesbo, très bon. Pour la sauvagerie de l’Iowa, du Texas et du Nouveau Mexique, je ne peux que conseiller Crumley, excellent et assez méconnu. Pour Paris, il y a toujours Léo Malet, mais c’est dépassé aujourd’hui. Pour Barcelone, l’Ombre du Vent de Zafon, la trilogie berlinoise de Philip Kerr pour Berlin et je me suis vu arpentant la perspective Nevski en lisant Crimes et châtiments.

Laisser un commentaire