Autant le succès des réformes de Machault aurait facilité la voie à la royauté, autant leur insuccès lui a été fatal. Quand l’opinion publique a pu constater que la monarchie était impuissante à détruire les abus ; quand elle a vu qu’une résistance un peu énergique suffisait à lui faire abandonner les projets les mieux conçus, les plus hautement annoncés, les plus utiles au peuple et à elle-même, le prestige s’est évanoui (…) l’esprit de désobéissance est devenu général. (…) Il a suffi que la royauté se montrât déplorablement inférieure à sa tâche et qu’elle reculât devant le clergé et les Parlements pour changer en une nation de désobéissants et de révoltés ce peuple qui ne demandait qu’à obéir. (…) Le temps était passé où la France pouvait se contenter de demi-mesures et d’une politique d’atermoiements et de laisser-aller ; en 1750, la constitution viciée de l’État réclamait des modification autrement profondes.
Marcel Marion, Machault d’Arnouville, étude sur l’histoire du contrôle général des finances de 1749 à 1754, 1891. Conclusion.