« La Vranze aux Vranzais ! » — Dernières paroles prononcées par Efa Choly (Dolores Afflelou selon son nom dans la résistance) devant le peloton d’exécution allemand, mai 1943.
Il y a une éternité que je n’ai pas lu un numéro du Point. Même pas pour feuilleter paresseusement leur livraison annuelle sur les réseaux franc-maçons ou un autre marronnier racoleur. Oh racoleur à leur manière : bien propre, bien respectable, impeccablement républicaine, très dans le ton de la profession — non pas pute, journaliste, quand ils disent « la profession » c’est d’eux qu’ils parlent, d’ailleurs ils adorent ça.
Qu’on puisse lire ce genre de magazines est pour moi un mystère. Qui lit ça ? la demi-bourgeoisie de province, peut-être ? des fonctionnaires inutiles de classe B, genre inspecteurs du travail ou permanents syndicaux ? ou alors il y a tant de salles d’attente, de dentistes en orthophonistes et de pédiatres en ophtalmos, que ça suffit à soutenir la vente des magazines comme Le Point ? Mais dans ces salles, on n’y trouve jamais, pour le peu que je les fréquente, que de vieux numéros. Parfois vieux de cinq ans. Alors où sont les numéros récents ? Qui les achète ? et qui les lit ? C’est un mystère. Ce genre de journal est en fait le bruit de fond de notre belle démocratie d’opinion, la quintessence de la pensée éditorialisée, dans les clous. Ce qu’est réputé lire le même peuple de cons désespérants qui regarde Drucker le dimanche.
Alors quand Besson sort des clous en se moquant de l’accent d’Éfa Choly d’Éva Joly, ça passe mal. Ses petits camarades crient à l’intolérance, au racisme, au nazisme, à la déportation d’Éva à Ravensbrück. Voire à la norvégiophobie.
On se moquerait de l’accent du Béarn ou du Berry, ça passerait très bien. Mais un accent étranger, pas touche. N’importe quel Zambèze, même improbablement nordique et scandinave, plutôt que la Corrèze.
Ils sont dans leur rôle. Le pire c’est le nombre incroyable de petit épigones qu’ils trouvent chez les vaillants commentateurs qui commentent. Cette sale race, toujours prête à se vautrer dans le conformisme contestataire, dans la pré-pensé approuvé, reproduit maintenant spontanément et automatiquement les tics journalistiques. Il n’y a même plus besoin de leur faire la leçon, ils n’ont même plus besoin de l’apprendre. C’est une génération spontanée de petits BHL, de mini-Colombani, de nains hallucinés assis sur des champignons et qui ressemblent à David Pujadas. Surtout, au-delà des références automatiques aux HLPSDNH™, ils ont même des réflexes de journalistes, en particulier le minable appel au consensus professionnel réprobateur : « je ne comprends pas comment certains autres chroniqueurs peuvent supporter une telle publication »… « Un article qui n’honore pas la profession »… Les chiens de garde d’Halimi ont trouvé leurs petits chiots de Pavlov sur l’internet. C’est fascisant fascinant.
En revanche, très curieusement, on ne les entend pas désapprouver quand l’affligeant pantin qu’est Ruquier fait l’arbre généalogique de Marine Le Pen en forme de croix gammée. C’est bien curieux.
Mais je n’aurais pas fait le moindre article sur cette micro-épilepsie s’il n’y avait eu que cela, même s’il est bon de le répéter de temps à autre. Seulement, ça fait un moment que l’accent d’Éfa Choly d’Éva Joly m’intrigue. Il me semble bien qu’au moment où elle avait sorti Notre affaire à tous et quand on l’entendait à propos d’Elf, elle avait moins d’accent. En jouerait-elle, de son accent, le perdant pour vendre son livre et le reprenant pour incarner le parti politique le plus immigrationniste et anti-français que nous ayons à supporter ?
Essayons de nous rendre compte, par exemple avec cet extrait vidéo que je trouve à l’INA ; c’était au moment de la sortie du livre d’Éva Joly, en 2000. Ou encore celui-ci :
Comparons avec cet autre extrait, qui date de 2011 :
Chacun se fera son idée. Il me paraît quand même que l’accent d’Éva Joly était moindre voilà onze ans. Peut-être est-ce l’âge. Mais tout de même, les j et les r en particulier passent beaucoup moins bien dans les vidéos récentes d’Éva Joly.
Étonnant phénomène linguistique : plus elle devient française, jusqu’à prétendre aux plus hautes fonctions, plus elle parle dans les medias français, plus elle s’exprime en français, plus Eva Joly retrouve son accent scandinave. Les mauvaises langues diront que le phénomène avait déjà été remarqué auprès de quelques parlementaires radicaux-socialistes du midi rouge sous la troisième République : sans accent à Paris, ils le retrouvaient pour faire campagne dans leur circonscription du Tarn-et-Garonne ou de l’Aveyron…
Je suis prêt à prendre les paris si quelqu’un a le courage de se livrer à une fastidieuse enquête dans les archives vidéo : Éva Joly a moins fait attention à son accent dans les quelques mois qui ont suivi son engagement politique, et sans doute en a-t-elle discrètement rajouté quand elle est devenue candidate à la candidature écologiste.
(Merci à J.-F. et K. pour les liens.)
3 choses :
– excellent post.
– qui lit le Point ? Mon père. Misèèère.
– « C’est une génération spontanée de petits BHL, de mini-Colombani, de nains hallucinés assis sur des champignons et qui ressemblent à David Pujadas » : effrayant, oui. Science-fictionnel.
Mon père, encore, qui se croit de droite, et qui dans les années 80-90 l’était plutôt vraiment, mais ne lit depuis des années que le Point, Monde, Express etc, convaincu de pouvoir trier le bon et le mauvais, mais qui s’est imprégné de cette rhétorique à l’insu de son plein gré. J’en parle parce que c’est frappant d’assister concrètement, physiquement, à cette évolution lente mais sûre.
– « En réactivant le spectre du ‘boche’ au détriment d’une compatriote, M. Besson fait preuve d’une xénophobie insupportable » (le dirlo de campagne de Mélenchon)
Au-delà des habituelles HLPSetc, je me demande comment on peut ne pas éclater rire après avoir prononcé une telle phrase.
Ça fait 4 choses ? Bon, mais c’est comme les tiers de César. Ça dépend de la taille.
Vous êtes bien sévère avec le Point. Certes, à première vue, ce journal est tout ce qu’il y a de plus mollasson. Mais il ne faudrait quand même pas oublier que ce journal a compté Jean-François Revel parmi ses contributeurs, lequel est l’incarnation de l’énergie.
J’avais toujours eu une forte sympathie pour lui, mais la récente lecture d’un recueil de ses éditoriaux (La fin du siècle des ombres) m’a permis de redécouvrir le personnage sous un jour encore plus plaisant : il ne faut pas juger Revel que sur ses livres (bien que certains d’entre eux soient très bons).
J’avoue avoir quelques doutes quant à sa connaissances des lois de l’économie, mais, mon Dieu, quelles charges contre le socialisme et les intellectuels ! C’était quelqu’un ne rechignant pas du tout à cogner, à rentrer dans la mêlée, et, surtout, à insister, à rappeler régulièrement aux socialistes l’étendue de leurs crimes (au moins un édito sur quatre consacré à l’anticommuniste — presque comme XP). Par son énergie et son sens de l’offensive il était selon moi bien plus dévastateur que Raymond Aron (à l’égard duquel j’ai cru comprendre que votre enthousiasme n’était pas débordant).
Qui plus est, il était, dès le début des années 90 (et bien qu’il payât, comme tout le monde, son écot à l’anti-frontisme), extrêmement lucide et offensif sur question de l’immigration.
A propos de Revel, une anecdote racontée par sa veuve, Claude Sarraute:
Elle l’emmerdait depuis des mois pour qu’il accepte une invitation chez l’étiteur Olivier Orban, elle le menaçait de divorcer pour qu’il y aille, il a fini par accepter, et un jour, vers trois heure de l’AM, il a dit oui… Elle a commandé un taxi pour sept heure du soir, il l’a pris, mais il est arrivé saoul comme un cochon.
En le voyant arriver, tout le monde lui a donné du « cher Maître », la femme d’Orban lui a demandé ce qu’il pensait de l’évolution de la politique étrangère, ou un truc dans le genre, il a dit « je pense que »… Puis il s’est pis à dégueuler, avant de demander s’il y avait une chambre dans le coin pour qu’il puisse aller roupiller.
Le Point a compté Revel parmi ses contributeurs ? Oui ben l’Express (je crois bien – enfin un truc du genre) l’a eu comme directeur pendant plusieurs années, et il en a fait une machine de guerre libérale. Comparez avec maintenant…
(et ça a été aussi une guerre de tous les instants contre les propres journalistes de l’Express : on lui a reproché les 200 dernières pages de son autobiographie – Le voleur dans la maison vide – comme étant un règlement de compte avec ces journalistes : c’en est un en effet – et jouissif. Mais quand, épuisé, il a lâché, c’est redevenu un journal comme un autre)
Oui, dès 1982, si j’en crois Wikipédia (Revel est resté peu de temps à l’express).
Personnellement, j’ai regretté qu’il a jugé bon de raconter son passage à l’Express en 200 pages. C’était beaucoup trop, ça a déséquilibré le livre, me semble-t-il. J’aurais préféré que le flingage des journalistes de l’Express soit plus rapide ; une rafale de kalash m’aurait semblé plus esthétique qu’une pendaison. Par exemple, il aurait pu s’arrêter après avoir raconté la façon dont les collaborateurs lui apportaient une espèce de bouillie d’article, en lui expliquant que c’était à lui, Revel, de faire la mise en forme, le boulot du journaliste ne consistant qu’à fournir les idées générales…
Mais je vous l’accord, Le voleur de la maison vide est un très bon livre.
Ah ben, vous l’avez lu^^ Bon, ma lecture est lointaine et comme c’était le temps où je basculais à droite, je n’en avais jamais assez quand il s’agissait de taper sur les gauchos et les journaleux. Mais il est possible que la fin ait été un peu longue, oui(Je me souviens aussi que JFR avait répondu avec une parfaite mauvaise foi à ceux qui l’accusaient de régler ses comptes de n’avoir rien compris au livre^^).
Le voleur dans la maison vide, c’est d’une part l’un des plus beaux titres qu’on n’ait jamais trouvé, et c’est en plus un livre magnifique.
Quand j’étais tout jeune, « la connaissance inutile » a été pour moi un électrochoc.
J’ai beaucoup aimé le titre (il m’évoquait un peu Chers Jihadistes), mais je dois avouer que je n’ai strictement rien compris à l’explication que Revel en donne à la fin du livre.
Faut se méfier des électrochocs de jeunesse. « La connaissance inutile », ça va, mais moi ce fut un livre d’Yves-Marie Adeline, ce qui est autrement humiliant. Je suis tombé de haut quand, des années après, j’ai relu ce qui me paraissait jusqu’alors constituer un chef-d’oeuvre de philosophie politique.
« l’explication que Revel en donne à la fin du livre »
? – me souviens plus. Il me semblait que le titre venait d’un proverbe ou d’un apologue chinois ou bouddhiste.
En tout cas, il est sûr que Revel, sans être un penseur original ou un grand écrivain, en a réveillé plus d’un, dont moi. Gratitude éternelle. (Ou pas. C’était quand mème plus reposant d’être gaucho).
Oui, c’est ça, il y a avait lien avec un truc bouddhiste…
(Le voleur DANS la maison vide, pardon.)
efa choly ne cherche rien d’autre qu’à exploiter le coté « choa business » qui veut qu’il faille avoir l’air discriminé , exploité , victime , en bref le mythe de « l’under dog »
zigoulaine royale avait tenté la chose en son temps en faisant fuiter des termes du genre « me poseriez vous cette question si j’étais un homme ? »
avec le succès que l’on connait…
efa , elle , ne pourra pas jouer le trip « faible femme contre méchant macho » car de sarko et d’elle , le plus couillu n’est pas celui qu’on croit
même marine le pen aura du mal à ce jeu là , tant tellement notre jockey magyar , depuis bientôt 5ans ,donne l’impression de taper du cul sur la table ( spécial dédicasse pour stag , le taulier des enfants de la zone grise)dans tous les domaines
sauf pour ce qui est de la violence routière , ce qui est un autre alibi pour tondre le citoyen moyen
pour en revenir au mythe de l’under-dog , ou de la discriminance , ou de la victimisation , ce qui commence à nous faire chier , d’ailleurs , le plus beau en a été dit sur vronze cul , hier chez finkie , par notre sympathique démographe , michèle tribalat ( à qui tout le monde cherche à imposer silence, je pige pas pourquoi , mais bon) lorsqu’à propos d’un paragraphe du rapport de gilles keppel ou de son bouquin à elle (« les banlieues de la ripoublique ») intitulé « le gazage de la mosquée billal »
(je reprend de mémoire , hein)
« on a vu les musulmans dire « y en a que pour les chouifs, nous aussi on na tété gazés! »
et du coup , l’honneur bafoué de l’islam leur a fait foutre le feu partout
ce thème du gazage comme instrument ultime, décisif, majeur de la discriminance , on le retrouve dans une contribution d’un nistorien ( je n’ai pas dit un nestorien , on est encore trop loin des pouilleux du moyen orient , les nestoriens, les chaldéens, les soufis , les kazalbaches, les sunnites, les bahaïs , bref toute cette plèbe qui croit à la mouche qui pète comme tout bon médiéval bouffeur de miracle )qui déclarait , à propos de la conquète vronzaise de l’algérie « il y eut les enfumades de bugeaud (le rhénéral , avec sa casquette , mais il y a vilaine lurette qu’on n’apprend plus ça à l’école , ça et la prise de la smala d’abd-el-khader)et ce fut une sorte de génocide »
car les termes de « génocide » et « gazage » sont tellement ancrés dans la tronche des vronzais par l’éduc nat , qu’on ne peut penser autrement que par ça , parler autrement , écrire autrement
gageons que les « enfumades » étaient quelques fagots jettés dans l’entrée des grottes des aurès pour en faire sortir les péquenots qui s’étaient réfugiés dedans en voyant arriver les marsouins , et c’est l’explication la plus pessimiste (la plus optimiste , c’est celle de troupiers vronzais se chauffant et de la fumée refoulant vers le fond de la grotte , vers le yaouled qui s’y était planqué avec sa biquette favorite , pensant que les méchants fantabosses allaient en faire un méchoui )
mais on n’est jamais à l’abri de la réécriture de l’histoire et de sa surinterprétation , et des constructions , accusations et demandes d’indemnisation afférentes