Fun Fun Fun

L’image tourne depuis quelques temps sur facebook.

Voire émerger sur une telle plateforme une telle image est déjà en soi une réjouissance.

Le profil de ceux qui taggent cette image en représente une seconde.

Au-delà, je trouve que le message, ou plutôt le fait que ce message connaisse un succès certain, se révèle diablement instructif. Tout comme on déniche encore régulièrement de prétendus fascistes pour se faire peur, aujourd’hui on s’invente aussi une sorte de pression sociale conservatrice étouffante et omniprésente pour se sentir à la marge

Toutes les injonctions dénoncées dans cette image n’en sont plus depuis longtemps. A peine pourra-t-on trouver une sorte de réprobation largement partagée à l’encontre de ceux qui ne travaillent pas par choix. Et éventuellement pour les inconséquents qui ont un emploi mais qui n’y vont pas.

Pour le reste, mon dieu…

A la limite, s’il devait y avoir des prescriptions ayant tendance à devenir pesantes pour les individus, ce seraient plutôt celles vous encourageant à ne pas marcher dans les clous, à agir de manière « folle » et etc.

Toujours cette difficulté à imaginer que ce qui devait vous libérer hier puisse vous enfermer aujourd’hui. Le résistant devient collaborateur. Le collaborateur se retrouve résistant. Ce n’est pas un gros problème en soi d’ailleurs. Si ce n’est que certains ne peuvent manifestement s’imaginer que comme des résistants mythifiés. Mais jamais dans le pouvoir. Jamais dans la vie. Jamais dans les choix poisseux et dans le froissement de susceptibilités.

A se demander si cette farouche volonté d’être libre n’est pas une lâcheté.

44 réflexions sur « Fun Fun Fun »

  1. Gil

    Les gens qui ressassent ce genre de trucs ne comprennent pas qu' »aller au boulot », « se marier » etc sont des formules qui ne veulent rien dire. Il y a autant de boulots et de mariages qu’il y a d’individus. Même un boulot identique ne sera pas le même, pratiqué par deux types différents.

    Ils croient dénoncer la massification, alors que ce sont leurs cervelles qui sont massifiées grave. Et/ou : ils voient les individus comme identiques, comme une masse informe de fourmis. Pourquoi pas ? Mais leur problème est alors métaphysique, pas politique. Ils devraient se retirer dans le désert ou se suicider (ou devenir Staline pour rapprocher la politique de leur vision métaphysique).

    1. vlad tepes

      Et cette attitude de type, il faut bien le dire, marxiste, se reflète dans la vision de l’histoire de Marx.
      L’histoire, ce sont des milliards de faits divers distincts les uns des autres, chacun ayant sa propre histoire et sa propre personnalité, et qui finissent par créer des faits divers encore plus importants, puis d’encore plus importants, pour aboutir à ce que l’on appelle les bouleversements historiques. Ce sont les contextes et les hommes qui créent l’Histoire qui crée les classes sociales, pas l’inverse.
      Des données, il y en a des milliards, qui ont toutes tendances à converger vers des points différents, mais qui au final forment une seule et même Odyssée. C’est complexe et donné à peu de monde, mais life is life.

      Moi le Capitalisme, j’adore ça, m’imaginer moi misérable petit individu participer constamment d’une façon ou d’une autre à la création de Valeur Ajoutée, à la productivité, de m’imaginer d’être un petit grain dans une machine si belle, je trouve ça merveilleux. Et pourtant, en toute modestie, je suis probablement l’un des types les plus original, les plus fantasque et les plus insaisissables que l’on puisse trouver en notre époque, tout simplement parce que j’ai conscience que c’est tellement génial d’être une fourmi.
      Les antilibéraux pensent qu’il faut nécessairement briller pour marquer son temps, moi je sais que par mon existence même, et quoi que je fasse, je participe directement à l’Histoire, parce que j’influencerai forcément quelqu’un, qui influencera quelqu’un, qui influencera quelqu’un etc…qui aboutira à un génie ou à un démolisseur historique.
      Question de vision, question de langage, nous sommes tous des enfants du Seigneur.

      Cela dit, siento mucho para mi postura la ultima vez amigo mio 😉

      1. Artefact

        « moi je sais que par mon existence même, et quoi que je fasse, je participe directement à l’Histoire, parce que j’influencerai forcément quelqu’un, qui influencera quelqu’un, qui influencera quelqu’un etc…qui aboutira à un génie ou à un démolisseur historique. »

        Bien dis 😉

        Enfin ce qui fait la force des antilibéraux c’est justement qu’ils préparent constamment une révolution. Une révolution qui ne se fera pas, mais on n’atteint pas les gens par des faits, seulement par de l’espoir. On est tous excités à l’idée de faire quelque chose de grandiose, d’original. Mais dès que c’est fait, quand c’est réalisé, on s’ennuie.

  2. Julius

    Internet = terrain de jeu pour adolescents de 18 à 30 ans.

    Dans le même esprit mais en plus con : les Anonymous qui s’amusent à pirater le service de jeu en ligne de la Playstation au motif que Sony a verrouillé le système d’exploitation de la console.

  3. Artefact

    Ce que l’histoire ne sait pas c’est que la première fois que cette image a émergé, c’est sur 4chan, et non Facebook.

    Facebook, la fausse illusion de liberté et d’ouverture d’esprit.
    Il y aurait tant de choses à dire sur un réseau social qui prétend relier les gens quand 95% des gens ferment leurs profils.
    Il en est d’autant plus navrant quand on voit cette image parcourir ce site alors que ce dernier se permet de revendre des informations personnelles aux entreprises capitalistes du monde entier. Et même de vendre la clé des profils aux chasseurs de tête.

    La vraie liberté appartient à ceux qui ne perdent pas leur temps à vivre par procuration d’un site de merchandising.

  4. John Terby Jr

    J’en parlais avec un ami (oui, même les ordures comme moi ont des amis – pas dans la vraie vie einh, par mail je veux dire), on peut rapprocher ce tract des succès de films comme Fight club ou Trainspotting (il y a mille autres exemples) où le héros prend conscience qu’avoir simplement la même existence que les autres – dans la société de consommation trop vide de sens voyez – n’est pas digne de lui. Les moutons, étrangement, qui détestent les marginaux adorent et vénèrent ce genre de conneries… l’âge ingrat je crois que ça s’appelle.

    1. Gil

      Ahaha, oui. Il y a aussi American beauty, même s’il n’est pas trash comme Fight club et destiné en apparence à des gens plus mûrs. Le mec qui se met à cracher sur les canapés massifs de son salon (= matérialisme, consommation, moutonnerie), mais qui jouit parce qu’il s’est enfin acheté la bagnole dont il rêvait enfant, un bolide merveilleux…

        1. Il Sorpasso

          Pas du tout, si on le regarde bien, on voit un film subtilement conservateur. Et la BO est -chose rare- sublime.

          Je vous conseille également de regarder du même Sam Mendes (dans cet ordre) « Revolutionnary Road » où là on voit la tragédie de deux faux-rebelles bien conformistes et « Away we go » où un couple en apparence gourd et immature comprend, à travers un voyage initiatique, qu’il n’y que la famille tradi qui vaille. Mendes est un britannique de pure formation classique (théâtre shakespearien).

          1. Gil

            Ah, peut-être. J’avoue ne pas aimer ce Sam Mendes, sur les deux seuls films que je crois avoir vu de lui : AB et Road to perdition. Même syndrome : on prend un genre (le « film indépendant », le film de gangsters) et on le plastifie, on le lisse, on le rigidifie, bref on le « baudrillardise ». L’aspect « film indépendant en plastoc » est bien sûr lié à l’aspect rebellocrate que j’y avais perçu. Vous semblez dire que Mendes retourne in fine ce genre contre lui-même… j’ouvrirai l’oeil la prochaine fois que je le verrai.

    2. Gil

      Tiens, c’est marrant, la seule fois que j’ai ouvert un livre de Slavek Zizes, enfin Slavok Zizoj, ou Slovas Zizik, enfin ce célèbre philosophe marxiste slovène (estonien ? moldave ?), je suis tombé sur une apologie de… Fight club ! Il concluait tout de même en disant que le film n’allait pas assez loin, qu’il restait prisonnier de la logique capitaliste…

      1. Il Sorpasso

        Zizek est un très gros malin bien arriviste. Conceptuellement c’est du Debord décongelé beignant dans le ketchup. Je crois que personne n’a compris à quel point ce type était un nihiliste, il pue la mort. Le cadavre parkinsonien de Marx échappé d’un film de Roméro qui fait du stand-up anticapitaliste devant des indignés en short. Fait aussi mariages, bar-mitzvah et enterrements de vie de khâgneuse.

    3. Talbot

      Ce que les ados attardés n’ont surtout pas vu dans Fight Club, c’est, manifestement, toute la seconde partie, où la révolte initiale du personnage se retourne contre lui-même, avec ce « projet chaos » encore plus con, autoritaire et aliénant que sa vie d’avant – et que son nihilisme initial ne pouvait mener qu’à ça. C’est pas dans la revue « Cancer » que ce film avait été décrit comme l’expérience intérieure du fascisme ? J’avais trouvé ça pas si con…

      1. Gil

        Ah bien sûr, il faut séparer ces films (même American Beauty, selon le Sorpasso) de l’interprétation qu’en fait le rebelle lambda. Fincher, dans au moins 3 ou 4 films, a été un cinéaste d’une inventivité prodigieuse.

  5. Vae Victis

    Moi je l’aime bien cette image, mais à vrai dire j’aime aussi Fight club et Trainspotting.

    Trouver du travail est ennuyeux et humiliant. Travailler conduit à réaliser quantité d’actions non-sensiques et à mimer l’enthousiasme pour paraître corporate. La famille traditionnelle peut être très chiante. Je ne regarde plus la télé depuis des années. Et la loi est l’institutionnalisation de la domination d’une élite sur une masse.

    Mais je suis aussi convaincu depuis tout petit que le plus beau métier au monde est rentier. Pour s’extraire du sort commun et faire quelque chose d’intéressant de sa vie, cette vie de loisir dont parlaient les Grecs, il ne faut plus passer sa vie à la gagner, mais faire en sorte que notre argent travaille dur pour nous.

    1. XP

      C’est non seulement le plus beau métier du monde (pour celui qui l’exerce), mais c’est aussi le plus utile.

      On me dira que les milliardaires du pétrole saoudiens sont des rentiers qui ne font rien d’utile de leur temps libre… C’est qu’il en va du métier de rentier comme de tous les autres, il faut qu’il soit exercé par des gens doués pour ça, qui ont des compétences naturelles.

      1. Fascisme Fun

        Un rentier qui ne passe pas son temps à boire le champagne entre Saint Tropez et Courchevel finit toujours par devenir socialiste.

        Parce qu’un rentier qui ne jouit pas de la vie et du farniente, ça donne le plus souvent un militant complexé par sa condition de parasite qui aura des visées révolutionnaires pour se donner bonne conscience.

        A cet égard, Stephane Hessel aura vécu comme un gigolo de la Politique française pendant la moitié de sa vie. Aujourd’hui, notre « attention whore » fait office de parrain d’écervalage dans tous les ateliers de lobotomisation citoyen.

        On l’a vu en train de violer le cerveau de jeunes enfants dans le Sud-Est.

        http://www.nicematin.com/article/derniere-minute/stephane-hessel-superstar-a-mouans-sartoux

        Moins médiatique et infiniment moins nuisible, Alain Soral aka « Robespierre en Ducati » aura vécu la totalité de son existence en dilettante et aux crochets de femmes plus riches que lui (c’est d’ailleurs toujours le cas), ce qui l’obligera à rentrer dans le lard du Féminisme puis à promouvoir un modèle de société patriarcal à l’ancienne (gauche du travail, droite des valeurs etc…).

        Il ne s’agit pas de psychologiser ni de dénigrer mais de remarquer les évidences qui tuent.

    2. Gil

      Quel drôle de conservateur vous faites parfois, VV^^

      Bref, vous trouvez la vie chiante. Comme tout le monde. Sauf si on la passe en rentier. Comme tout le monde^^

      Récemment, j’ai l’impression qu’ilys devient un subtil laboratoire de subversion gauchiste par le paradoxe : XP nous fait l’éloge des bobos, VV des gamins 4chaniens et de Hollande, Sorpasso d’American beauty 😀

        1. Emil

          Non. Kant disait que, pour tout être raisonnable, la liberté se réalise dans l’obéissance à la loi morale. La loi morale est le principe formel de toute action morale, que la volonté s’impose à elle-même. Il ne s’agit, en aucun cas, d’obéir à la loi en tant que contrainte extérieure. Kant est au contraire en lutte constante contre cette conception, qui est la source de toutes les doctrines morales de l’hétéronomie. Pour plus de renseignements, voir la Critique de la raison pratique. C’est rapide, clair et, à mon sens, extrêmement difficile à prendre en défaut.

          Rien n’oblige à parler de Kant mais si on choisit de le faire, le minimum d’honnêteté intellectuelle c’est de le lire avant. Le thème des aigles de la pensée qui comprennent tout en un clin d’œil et qui se dispensent de lire les textes qui comptent parce que, en réalité, ils n’ont ni appétence ni capacité pour le raisonnement atteint vite ses limites. Et si je me permet de le dire c’est que c’est très loin d’être la première fois ici qu’on nage dans le n’importe quoi sur un pan fondamental de la culture européenne.

          Pérorer sur les primaires socialistes : oui. Pour le reste, par pitié, un peu de prudence et de tenue.

            1. Artefact

              Il me semblait pourtant bien avoir lu ça dans Critique de la faculté de juger.
              Mais si vous le dites, je vous crois.

  6. NOURATIN

    « Homme libre, toujours tu chérieras la mer » c’est ben vrai ça, parcequ’en
    dehors de la mer et du Sahara, pour être libre de nos jours, faut s’accrocher. Comment peut on encore croire à de telles calembredaines?
    Personne n’est libre. Foutaises et illusions. Vous ne pouvez même plus
    pisser contre le mur, tiens, c’est pour dire…

  7. Vladimir Vladimirovich

    Travail obligatoire sous peine de prison, mariage quasiment obligé puis surveillé, mode hégémonique, bon comportement exigé, bourrage de crâne à la télé, loi omniprésente.

    C’est l’URSS, en un mot

  8. Patrick Bateman

    Cette manière de voir la réalité est lassante et débile.

    On peut aussi considérer que la vie est déjà une privation de liberté puisqu’elle ne résulte pas d’un choix libre et éclairé.

    Ou encore que que la mort est une libération puisqu’on est libéré de la vie, et libre dans une certaine mesure de se donner la mort.

    En fait on peut dire toutes les conneries pseudo-philo du monde jusqu’au jour où on se retrouve à Cuba sans rien à bouffer sinon l’idéologie proposée par la télé fabriquée dans les années 70.

    Comment expliquer à ces néo-hippies qui ne savent plus ce qui est vrai ou faux que la vraie libération consiste à voir les choses telles qu’elles sont concrètement, et à travailler pour construire (- ce qu’on veut. à la limite).

    Là on sait ce qui est vrai ou faux, ce qui résulte de son travail et ce qui ne l’est pas, ce qu’est la liberté et le frein à cette dernière.

    Si on se trouve privé de liberté comme dans l’image de l’article, alors qu’ils disent ce qu’ils veulent à la place. Et parlons concrètement avec un peu de considération pour le monde réel :

    Ils ne veulent plus de travail ?

    qui va payer les joint, leur cul poilu à Boulogne ?

    Ils ne veulent plus de sécu ?

    tu cotises pas, tu dégages, de toute façon je suis OK pour privatiser

    Ils ne veulent pas se marier et faire des gosses ?

    franchement tant mieux

    Ils ne veulent plus de télé ?

    Et les redif de X Files ? Et d’abord qui t’as demandé d’une acheter une ? Toi même

    Ils ne veulent plus de loi, donc une justice privé ?

    je veux bien, c’est pas moi que ça va gêner même si je reste un libéra; old-school favorable à une justice étatique avec de l’arbitrage privé dans les affaires

    CHICHE LES BRANLEURS !

      1. John Terby Jr

        Merci XP. Je lui ai déjà expliqué, mais ce bougre ne veut rien entendre. C’est comme Bret Easton Ellis, je lui ai envoyé un mail le sommant d’ôter tout de suite mon pseudo de son livre atroce et débile « American psycho », eh bien, croyez-le ou pas, il n’a pas encore daigné y répondre…

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