Le jeune arabe en quête d’emploi qui a quitté son village natal sera rarement heureux en ville. Immanquablement, son peu d’expérience professionnelle et les préjugés de ses concitoyens juifs le prédestinent aux travaux les plus durs et les moins rémunérateurs. Trouvant difficilement à se loger, déraciné et souvent amer, le voici mécontent permanent et opposant en puissance. Certes, la Histadrouth* a fait beaucoup pour l’intégration de ces travailleurs, pour l’égalisation des condition de travail et des salaires, pour la sécurité de l’emploi – mais il reste beaucoup à faire.
Si c’est un intellectuel notre homme sera doublement frustré : pris entre le village traditionnel dont il s’est coupé et la société israélienne qui l’accepte mal, il aura tendance à faire dans la surenchère politique – seul exutoire lui semble-t-il, à son mal de vivre. Or, l’intelligentsia arabe, réduite à peu de chose après l’exode de 1948, refait rapidement ses rangs dans les établissements d’enseignement supérieur israélien – près de deux milles étudiants inscrits dans les universités du pays – et étrangers. Israël vérifie ainsi à ses dépens cette vieille règle, plus une minorité se développe, élève son niveau de vie, et plus elle prend conscience du fossé qui la sépare de la majorité, s’impatiente et se radicalise. Pour les arabes israéliens, le système de référence n’est pas la société arabe d’outre-frontières ni, encore moins, la vie de leurs pères du temps du Mandat britannique, mais bien la société juive, ici et maintenant.
Elie Barnavi – Une histoire moderne d’Israël ; Flammarion, p. 103-104
* Histadrouth, syndicat très puissant et omniprésent dans les institutions israéliennes, il est affilié depuis l’origine aux travaillistes.
Intéressant, mais une fois de plus manque la question essentielle que devrait se poser le membre de la minorité « entrante », fut-il un jeune arabe en Israël ou un clandestin Ivoirien en France. La question, c’est : la majorité de ce pays dans lequel j’ai le désir de m’installer veut-elle de moi ?
Car après tout, pourquoi vouloir vivre chez des gens qui ne veulent pas de vous et ne vous aiment pas si ce n’est pour les parasiter et ultimement prendre leur place ?
L’argument en faveur du brave « migrant », c’est toujours : il ne fait rien de mal (pas si sûr que ça…), il veut juste une vie meilleure (comme tout le monde, d’ailleurs). Mais pourquoi certaines majorités devraient-elles assumer la réalisation du désir d’autrui ?
Ok, on pourra répondre que le cas d’Israël est assez particulier. Mais ultimement, je trouve que la position d’un terroriste palestinien est plus honnête que celle d’un Arabe qui va travailler et étudier en Israël. Faut vraiment être con pour vouloir vivre au milieu de gens qui vous considèrent comme intrinsèquement inférieur et bon à rien, alors que ça fait sens de vouloir leur faire la peau.
Ca pourrait être vrai aussi chez nous, s’il n’y avait des différences
énormes entre les deux situations. D’abord, il faut bien rappeler que les arabes se sont fait virer de chez eux naguère et l’ont mal digéré. Pour
nous, c’est l’inverse, nous sommes en train de nous faire virer par les intéressés sans même nous en rendre compte.
D’autre part, la société juive (au passage on parle bien d’une société
fondée sur la religion, vaste programme) se défend avec l’âpreté de celui
qui tient le manche et n’a pas l’intentin de le lâcher. Nous, en revanche,
nous ne nous défendons pas, considérant l’ennemi potentiel comme une chance
pour notre avenir.
Reste à pronostiquer qui durera le plus longtemps…on parie?
« Pour nous, c’est l’inverse, nous sommes en train de nous faire virer par les intéressés sans même nous en rendre compte. »
Ah bon, les Français sont aveugles ? Je les pensais lâches et hypocrites.
Petit détail, la société juive n’est pas fondée sur la religion, mais sur la judéité. Il y a des juifs athées, qui n’ont jamais mis les pieds dans une synagogue, ils n’en sont pas moins juifs pour autant. Un juif, c’est quelqu’un qui a une mère juive. Les conversions sont possibles, mais marginales. Qu’on se le dise.
Ce point étant clarifié, je pense que la société juive israëlienne est menacée pour les mêmes raisons que la notre : le déficit démographique. En Israël, si on met à part les frange dites « ultra-orthodoxes » de la population, la natalité juive est comparable à celle des pays européens alors que celle des arabes reste très dynamique. A terme, Israël est donc condamné comme État juif, car les arabes finiront par y être majoritaires.
Ceci étant, cela ne change rien au problème de fond : celui d’une société développée qui héberge en son sein une minorité issue d’une société sous-développée, minorité qui pense valoir au moins autant sinon mieux que la majorité – tout en sachant qu’elle ne pourra jamais rien proposer de mieux.
« En Israël, si on met à part les frange dites « ultra-orthodoxes » de la population, la natalité juive est comparable à celle des pays européens alors que celle des arabes reste très dynamique. A terme, Israël est donc condamné comme État juif, car les arabes finiront par y être majoritaires. »
La solution, c’est de copuler comme des lapins comme le premier africain venu ? « Trop d’arabes », ça ne compte pas quand on a les moyens de transformer le Moyen-Orient en parking de Beyrout à Abu-Dhabi.
Entre 1000 gazaouïs de 15 ans avec des pierres et un soldat de Tsahal, je mets une pièce sur le soldat de Tsahal.
« ça ne compte pas quand on a les moyens de transformer le Moyen-Orient en parking de Beyrout à Abu-Dhabi »
Ce n’est pas un problème de moyens, c’est une question de volonté.
Pour résumer ma pensée, je dirais que tout ceux qui souhaitent, en France comme ailleurs, que des membres de la « diversité » ou des « minorités visibles » accèdent aux strates supérieures de la société s’imaginent à tort que c’est la société qui changera les hommes. Le résultat, ce sera un pays qui ressemblera comme deux gouttes d’eau au pays d’origine des divers, dans lesquels des divers sont aux commandes.
Si il nous a fallu 3000 ans pour en arriver là où nous en sommes, en bien comme en mal, ce n’est pas en 2 générations que les divers prendront le moule.