La France est une colonie américaine

Le vieillard est fier et dédaigneux et d’un commerce difficile s’il n’a pas beaucoup d’Esprit.
La Bruyère

Il y a plus de mots anglais sur les murs de nos villes ou à la une de nos journaux que de mots allemands pendant l’occupation(…)

Feuilletez maintenant l’histoire des guerres. Les vainqueurs imposent toujours leur langue aux vaincus, ce pourquoi il nous reste à peine trente mots gaulois. En Europe de l’Est, l’enseignement du russe était obligatoire. Quelle guerre nouvelle venons- nous de perdre? Qui sont donc les collabos?(…)

la langue française, la mienne, que j’aime, devient celle des pauvres, des assujettis, nous, petits chiens obéissant à la pub et au fric… Le français, je vous invite à l’écrire et à la parler, fièrement, comme langue de la Résistance.

Michel Serres

Je n’ai aucune envie de faire le vieux con rempli de certitudes, je n’ai d’ailleurs pas l’âge de ces pitreries, mais enfin, je vais tout de même me fendre d’un conseil à l’endroit de la jeunesse:

Mon jeune ami, fréquente les imbéciles, ils ont tout à t’apprendre…. Invite les à dîner, lis un crayon à la main chacune de leurs productions, débarque chez-eux à l’improviste sous le fallacieux prétexte d’entretenir l’amitié, fais les parler, au besoin fais les boire et tâche de tout retenir… Si tu fais tout cela, pour le dire comme Kipling, tu seras riche et précieux comme une bibliothèque ambulante, à l’image du vieux nègre dont nous parle le proverbe africain.

Quand je prononce le mot imbécile, j’évoque la figure du crétin de compétition, du champion du monde, de l’athlète complet de la connerie, pas celle de la demi-portion ni de l’homme de la foule qui fait timidement écho à la bêtise ambiante…. Le roi des cons, c’est celui qui ne profère en réalité pas une sottise de plus que l’imbécile ordinaire, qui déclame strictement le même texte, mais qui montre son jeu à ses voisins de table en faisant savoir d’où il parle et d’où ils parlent, lui et l’homme de la foule.

Cette dextérité dans la connerie, c’est elle qui sépare l’antisémite Alain Soral et le très respectable antisioniste Pascal Boniface… Ils pensent tous les deux rigoureusement la même chose, mais le crétin de compétition le pense plus fort, il est désinhibé et montre ses cartes à son voisin… Le crétin de série est empêché par des scrupules, il a des doutes, il lui faut se mentir pour arriver à se croire, et dans la foulée, il ment avec habileté à ses ennemis…. Il est bête, mais il sent bien que tout ça ne sent pas bon, qu’il lui faudrait mieux ne pas descendre jusqu’aux racines de ses convictions, et pour le coup il n’y va pas…. Le crétin numéroté, lui, il y va, aux racines, il fait sans le savoir de la métaphysique et vous livre le produit de ses plongées aux détours de toutes ses phrases, sans même s’en rendre compte, d’où l’intérêt de le faire boire.

Michel Serres, c’est un crétin de podium qui vient de nous apprendre quelque chose fondamental: la France est un pays occupé depuis 1945…. A partir de cette année, pour la première fois de son histoire, elle a eu en face d’elle un ennemi déterminé à l’écraser et la réduire en esclavage sans qu’elle soit en mesure de résister une semaine, parce que l’Armée Rouge pouvait vraiment nous vitrifier en claquant des doigts…. Même quand Gengis Kahn ou Attila menaçaient de se faire l’Europe, elle n’était pas aussi impuissante et guettée par un ogre aussi vorace, la France.

Ce que Michel Serre a bien compris, c’est qu’à partir de 1945 et pour la première fois depuis mille ans, la France a dû sa sécurité et sa survie à une armée étrangère et que naturellement, l’étranger nous a imposé sa langue et son modèle économique… Mais ce qu’il nous dit aussi, notre ami l’universitaire communiste, et c’est là qu’il devient passionnant, c’est que les siens détiennent formellement le pouvoir depuis cette date, qu’ils ont fait le CNR, Mai 68 et 1981, qu’ils ont les syndicats et les théâtres, qu’ils écrivent les livres scolaires et les pages des journaux, qu’ils font la loi dans les facultés, mais qu’ils ne sont pour autant pas à la tête d’un pays souverain.

Ce que n’arrive pas à s’empêcher de nous dire Michel Serres, c’est qu’au temps du CNR, en Mai 68 ou en 1981, si la France n’avait pas été une colonie américaine et s’ils avaient dirigé un pays souverain, lui et ses camarades, ils nous auraient fait passer l’envie de nous abrutir avec de la pub et du fric et que l’on n’aurait pas pu leur échapper comme on leur a bon an mal an échappé.

Mitterrand, il voulait vraiment rompre avec le capitalisme, rendre sa souveraineté à la France, dessiner une troisième voie, mais fort heureusement, Washington lui a fait non du doigt…. L’armée des pédagogues de l’Éducation Nationale a bien tenté de faire de nous des citoyens, ils ont usé de leur magistère pour nous détourner de la société de consommation et des jeux vidéos, mais par la grâce de Dieu, il y avait au dehors la publicité, les séries américaines et les mangas, pour le dire comme Michel Serres les mots en franglais sur les murs de nos villes, et toutes ces babioles ont fait qu’ils ont piétiné de rage, nos instituteurs, mais qu’ils ont perdu.

Pareil à ce que les Pershing américains nous ont sauvés des chars russes garés à 500 kilomètres de Strasbourg, l’American way of life nous a protégés de la bande à Michel Serre, des mots francophones sur les murs et de la transformation de la France en bastion retranché de la Francité, en foyer de la résistance à la pub et au fric, comme dit l’autre.

Moi, j’étais à l’école primaire, quand Mitterand s’est fait élire par le peuple sur la promesse de rompre avec le capitalisme, et j’ai compris depuis que s’il n’avait pas été un président d’opérette, s’il s’était vraiment retrouvé à la tête d’un pays souverain, vous n’auriez pas le plaisir de me lire en ce moment…. Si les fonctionnaires qui nous faisaient la classe et voulaient nous priver de nos jeux vidéos avaient eu les moyens de nous les prendre, nous aurions présentement cette conversation ailleurs, on nous écouterait et nous parlerions à voix basse.

Ce que Michel Serres nous dit, c’est en substance ceci: je t’ai raté, moi qui aurais tellement voulu te faire la peau, qui ne s’est dans le fond jamais penché sur les Lettres et la Philosophie que pour te faire la peau… Je suis né en 1930, je suis presque mort, toi tu vas continuer à vivre et je te hais.

Addendum

Si vous doutez vraiment que ce mandarin d’une colonie américaine aurait voulu être le mandarin d’un pays souverain pour avoir les moyens de persécuter ses semblables, lisez ceci, pour voir:

« Sur France Info, le philosophe Michel Serres a accusé la bande dessinée Astérix de faire « un éloge du fascisme et du nazisme ». Il a expliqué notamment que « tous, absolument tous les problèmes se résolvent toujours à coups de poing » dans la bande dessinée d’Uderzo et Goscinny, « comme si la force physique était une solution à tous les problèmes et à tous les maux ». Michel Serres a affirmé que la potion magique du Gaulois était une forme d’ »éloge de la drogue » et que l’écrasement régulier du barde Assurancetourix représentait un « mépris de la culture » et, motif récurrent, une glorification de la « force pure ».

Maintenant, faites un effort, imaginez une France sans marché, sans la loi de l’offre et de la demande, sans le modèle économique imposé depuis 1945 par l’étranger, avec un commissaire à la jeunesse chargé de sélectionner ce que les enfants doivent lire où ne pas lire, et qui s’appellerait dans les Michel Serres…
Vous comprenez, maintenant, pourquoi ce Michel Serres regrette à voix haute que la France ait perdu sa souveraineté, au soir de sa vie, et pourquoi il nous dit toutes ces choses avec le regard rempli de haine?

Vous comprenez combien il nous aurait pourri l’existence, s’il avait pu, si les circonstances s’étaient présentées?

42 réflexions sur « La France est une colonie américaine »

  1. la crevette

    Zut! Je voulais être la première! Qu’est-ce que vous faites ici à cette heure-ci Didier? Moi c’est normal, je suis une fainéante, je bosse pas, mais vous??!!
    Très bon texte sinon, comme d’habitude. J’aime bien les passages sur le pouvoir des jeux vidéos et mangas, c’est très vrai.

  2. Dotchi9

    « sur France Info, le philosophe Michel Serres a accusé la bande dessinée Astérix de faire « un éloge du fascisme et du nazisme ».

    Oui, étrange comme l’intellectuel de gauche colle la même grille de lecture sur toutes les BD à succès : Tintin, les Schtroumpfs = éloges de la beaufitude raciste, fasciste et nazi.

    1. XP Auteur de l’article

      Bin oui, normal.

      Tous le cerveau disponible que les ch’tis enfants que nous étions ont consacré aux BD, c’est autant qu’ils n’ont pas eu. On peut dire la même chose pour les jeux vidéeos.

      Asterix, pour Michel Serres, ça représente 50 ans durant lesquels les cerveaux des petits lui ont échappé, et c’est pile la durée de sa carrière de bourreur de crâne… L’horreur absolu, pour lui.

      Dans un régime socialiste où l’Amérique n’aurait pas imposé son modéle économique et culturel, les épreuves d’Asterix seraient toutes passées entre ses mains avant d’être envoyées à l’imprimeur…. Il est vieux, il pense à tout le mal qu’il n’a pas eu les moyens de faire et qu’il ne fera pas, et il a les boules

      C’est ça, qui’il nous dit, Michel Serres. Absolument rien d’autre.

  3. herakless

    « Mais ce qu’il nous dit aussi, notre ami l’universitaire communiste, et c’est là qu’il devient passionnant, c’est que les siens détiennent formellement le pouvoir depuis cette date, qu’ils ont fait le CNR, Mai 68 et 1981, qu’ils ont les syndicats et les théâtres, qu’ils écrivent les livres scolaires et les pages des journaux, qu’ils font la loi dans les facultés, mais qu’ils ne sont pour autant pas à la tête d’un pays souverain.  » écrit XP. et c’est vrai. Mais quand XP dit que Serres n’avait pas de pouvoir, il se contredit.
    Les Pershings nous ont protégés de l’union soviétique, mais pas de Michel Serres. Astérix ? il a été remplacé par Titeuf, à cause de Michel Serres et ses copains. Les Etats unis nous ont nullement protégés de l’esprit communiste. L’Europe n’a jamais été occupée par les US, mais a été partagé en une sorte de gros Berlin spirituel, l’émisphère droit occupé par la liberté américaine et ses Pershings, l’émisphère gauche par le communisme et Michel Serres.

    1. XP Auteur de l’article

      « L’Europe n’a jamais été occupée par les US, mais a été partagé en une sorte de gros Berlin spirituel, l’émisphère droit occupé par la liberté américaine et ses Pershings, l’émisphère gauche par le communisme et Michel Serres. »

      Ca se tient.

      Je ne dis pas qu’il n’a pas exercé le pouvoir, je dis qu’il ne l’a pas exercé à la tête d’un pays souverain, parce que nous avions la chance dans notre malheur d’être une colonie américaine.

      Il ne s’agit pas de dire que Michel Serres et ses copains auront été en fin de compte inoffensifs, mais de mettre en lumière deux choses:

      1/ Ce qu’ils ont vraiment eu l’ambition de nous imposer, c’est l’URSS, ou Cuba, rien d’autre.

      2/ Le seul contre-pouvoir efficace qui nous a évité le pire, c’est la colonisation cultrelle et économique de l’europe par les états-unis… Ce n’est pas très joli à l’énoncé, ce n’est pas très glorieux, ça peut mettre en colère, mais enfin c’est la vérité.

      Notons au passage que ça doit-être une première dans l’histoire du monde, une colonisation et un protectorat aussi peu violent et aussi peu contraignant….

      1. XP Auteur de l’article

        « Les Pershings nous ont protégés de l’union soviétique, mais pas de Michel Serres. »

        Bin si, justement. C’est ce que nous apprennent les grognements de Michel Serres à propos d’Asterix. Il aurait aimé donné des coups de ciseau, il n’a pas pu, il en a gros sur la patate et il tient à le faire savoir.

        Pourquoi il n’a pas pu? Parce qu’Asterix, ça se vend, et qu’on est dans un pays capitaliste.

        Pour les mêmss raisons, s’il n’y avait pas l’Audimat, on aurait Edwy Plenel et Albert Jacquard tous les soir sur France 2.

      2. j.ax

        « Notons au passage que ça doit-être une première dans l’histoire du monde, une colonisation et un protectorat aussi peu violent et aussi peu contraignant… »

        C’est bien le cas. A une charge d’un étudiant contre l’hégémonie américaine, un prof de relations internationales – c’était il y a 5 ans – avait répondu que jamais dans son histoire le monde n’avait eu d’hegemon aussi bienveillant, ajoutant sans le moindre air de blaguer que si ç’avait été son pays d’origine, la Grèce, membre encore incontesté en 2006 de notre pacifique Union européenne, la puissance hégémonique, plutôt que les Etats-Unis, le monde aurait vu ce qu’il aurait vu…

  4. j.ax

    Epique!
    Assurancetourix, rien que le nom déjà, pour un homme qui se voudrait poète – mais qui serait plus utile – et heureux – à vendre des assurances. C’est une vision géniale, Goscinny avait anticipé les intermittents du spectacle.

  5. Aquinus

    Je suis globalement d’accord. Au passage ça ne me plaît guère, de me retrouver dans cette position de soumission mais enfin les faits sont là, et il vaut mieux avoir les USA comme maîtres que n’importe quelle autre puissance dominante depuis un demi-siècle.

    Le problème c’est que l’Histoire continue et que nous sommes en train de changer de maître, à nouveau :

    http://www.atlantico.fr/decryptage/information-france-plus-proche-afrique-europe-medias-192199.html

    La France est une colonie africaine. Fantasme de raciste? plus maintenant…

    1. XP Auteur de l’article

      A un détail près, mon chez Aquinus: je ne considère pas tout à fait la colonisation américaine comme une authentique colonisation. L’aventure américaine fait partie de la geste chrétienne, c’est notre histoire.

      Quand Jean Gabin joue dans « touche pas au grisbi », c’est une adaptation de la série noire, c’est donc un emprunt à la culture américaicne, et c’est à 100% notre patrimoine.

      1. Aquinus

        Oui. Mais tout ceci aurait pu se passer de façon disons, bien plus naturelle. Les Américains sont tellement obsédés par la décadence européene qu’à l’instar des Romains envers les Grecs, j’ai souvent l’impression qu’ils jouissent de nos infortunes. J’ai suffisamment entendu là-bas de conservateurs, se réjouir des malheurs et de l’entrée en dormition de l’Europe, une Europe jugée (à juste titre) faible et lâche. J’ai souvent entendu les mêmes discours à Tel Aviv.

        C’est dommage. Ca ne fait que creuser le fossé entre eux et nous, ça ne nous aide pas vraiment, et c’est un jeu dangereux pour eux que d’abadonner ainsi leur ancienne colonie à une civilisation rivale.

  6. Iago

    « Ils pensent tous les deux rigoureusement la même chose, mais le crétin de compétition le pense plus fort, il est désinhibé et montre ses cartes à son voisin… »

    Sans vouloir donner dans le lèchecultage (pas le genre de mon manoir) je trouve cette phrase très juste et sensible aussi, tout comme l’article en général.

    Mon petit doigt (celui de Danny dans Shining ou de Céline à Meudon) me dit que nous nous sommes déjà rencontré quelque part, dans une dead zone improbable…

    Bien à vous et à vos lecteurs.

  7. Gil

    Bon, l’article est excellent. Mais Serres mérite-t-il autant d’indignité pour ces deux citations stupides ? Il est d’ailleurs revenu sur la deuxième, ce qu’on imagine difficilement de la part d’un imbécile de compétition, genre Soral. Vu son vieil âge et sa position, je crois qu’il a fait des déclarations assez intéressantes sur les nouvelles technologies, les enfants et les ordinateurs etc, loin des complaintes habituelles de bien plus jeunes que lui, et finalement assez proches de certaines positions ixpéennes^^. Enfin, j’enjolive peut-être à partir de souvenirs de lectures fragmentaires de Serres et d’une jolie émission sur Arte (oui, Arte) à propos de Jules Verne commenté par Serres.

  8. NOURATIN

    En somme on nous sert Serres vices compris!
    Vous avez sans doute raison. Toutefois il n’a pas tort non plus sur un point:
    quand on s’exprime en français aujourd’hui, on a un peu l’impression de parler pâtois. Mais évidemment tous les combats d’arrière garde sont perdus
    d’avance.
    Amitiés.

    1. XP Auteur de l’article

      A ce propos, je vais vous raconter une histoire:

      Mélenchon a croisé Jean d’Ormesson sur un plateau de télévision, et il lui a dit qu’il avait beaucoup aimé son dernier livre.

      Ca vous étonne? Moi, pas du tout.

      L’ivrogne communiste n’aime pas la littérature, et comme tous ceux qui n’aiment pas la littérature, il aime les Belle Lettres.

      Sperme et vieilles dentelles…

  9. herakless

    En fait l’influence américaine nous a protégés à moitié : des missiles soviétiques et donc des camps et des kapos, oui. Mais cette protection qui n’est pas celle d’une colonie ou d’un protectorat, ne nous a pas protégés de l’invasion en esprit du communisme. Cette influence américaine est comparable dans sa prépondérance à l’influence bienveillante de la France sur l’Europe au XVI eme siècle. Une imprégnation partout dans la culture, la politique, l’armée, l’aura sur les peuples, comme l’air naturel que l’on respire. C’est une influence non pas de vainqueur ( comme le prétend Serres, et je pense qu’il ne faut pas le rejoindre sur son terrain ) mais de rayonnement naturel. Si on avait été vraiment colonisé par les Etats Unis, on aurait été complétement protégé. On serait en vie, et non pas à moitié mort. on serait américain …Mais bon on n’aurait pas non plus lu Astérix, mais surtout du Marvel…On n’aurait plus d’histoire…mais on serait à la pointe du Minitel Internet, science pharmacie, armement, TGV…avions, … on serait beaucoup plus riches, mais on ne parlerait plus français…on serait plus proches de la fameuse « fin de l’histoire »…enfin tant d’hypothèses excitantes de fictions…

    1. rudolf hoax

      Mais les États-unis eux-mêmes n’ont pas été protégés de l’invasion en esprit du communisme, comme vous dites. On trouve outre-Atlantique les mêmes tares idéologiques qu’en France, en moins marquées, sans doute, puisque la France jacobine a quelques dispositions que l’Amérique n’a pas, mais néanmoins à peu près identiques. Écologisme, morale d’esclave, culpabilité raciale, recours déraisonnable à l’État (fédéral, en l’occurrence), etc…
      Je pense que ça s’explique en partie par un tronc culturel commun à l’Europe, mais aussi par ses choix stratégiques (et donc métaphysiques) pendant la seconde guerre mondiale. Avoir pris le parti de Staline contre Hitler était peut-être nécessaire, mais pas sans conséquence. Pour combattre efficacement le fascisme, la propagande américaine a dû recourir à l’antifascisme, logiciel idéologique conçu par les marxistes, et exporté, notamment à Hollywood, par des réalisateurs européens de gauche. Et aussi, dans une plus large mesure, dans leur propre intelligentsia (jusqu’aux néo-conservateurs d’aujourd’hui, pour certains issus du trotskisme).
      Or l’antifascisme est un système particulièrement pernicieux, puisqu’il ne condamne pas le fascisme dans sa dimension criminelle (et donc socialiste), mais dans sa dimension culturelle, c’est à dire dans ses quelques emprunts maladroits et dénaturés aux principes de l’Occident : sens tragique, refus de la morale en politique, vitalisme et individualisme. Ce n’est pas un hasard si ces principes sont également fondateurs du capitalisme; par l’antifascisme, c’est celui-là même qui est visé, car il est selon les marxistes le principe fondamental dont le fascisme ne serait qu’une modalité violente. Ce qui est à la fois tout à fait faux et superficiellement vrai, dans la mesure où les principes énoncé plus haut sont également fondateurs du capitalisme, à la différence qu’il en est la conséquence naturelle et pas une déformation idéologique.
      Mais il n’en reste pas moins que l’antifascisme conçu et repris pendant la deuxième guerre porte en lui les germes d’une haine fondamentale de l’Occident. D’où une schizophrénie aussi violente aux États-unis qu’en Europe, qui explique peut-être qu’ils n’aient pas élégamment rayé Moscou de la carte, créé des protectorats un peu partout en Europe et colonisé le reste du monde comme les anglais un siècle plus tôt, avec flegme et une avidité décomplexée.
      Les États-unis ont échoué leur mission impériale, parce que des Michel Serres, ils en ont dans toutes les facs de la Ivy League.

  10. Vertumne

    La domination américaine nous a préservés du marxisme imposé par les armes et la force, que ce soit en interne ou par une puissance étrangère, elle a cependant été totalement impuissante à nous protéger du marxisme culturel, en grande partie parce qu’elle est à l’origine de nombreux courants délétères qui ont par la suite infectés le reste du monde: féminisme, homophilie, antiracisme, xénophilie, écologisme de gauche, etc. La dernière malédiction en date étant bien entendu l’élection d’un semi-congoïde crypto-musulman à la plus haute fonction, ce qu’aucun pays européen, même les plus décadents comme la France ou le R.U., n’aurait pu faire.

    Je suis retourné cet été Outre-Atlantique et deux choses importantes m’ont frappé:

    1-la distance culturelle croissante entre eux et nous. Les USA sont dorénavant une civilisation distincte de la nôtre. Même les Américains WASP, les plus proches de nous ethniquement et culturellement n’ont aucun espèce d’attrait pour l’Europe et ses valeurs, et cet isolement culturel ne semble absolument pas les préoccuper. Ils sont naïvement persuadés que leur système est le bon et leur société la meilleure qui existe. Quand aux Latinos et autres Af-Am, ils n’ont aucun espèce de socle commun avec les Européens, malgré le Catholicisme de beaucoup d’entre eux.

    2-La saignée tous-azimuts de leur « way of life ». Le paysage urbain américain est devenu totalement hideux, mélange grotesque de downtowns pourris et peuplés d’immigrés et de banlieues dortoirs tentaculaires où les maisons sont absolument toutes identiques et…peuplées d’immigrés. Une ville US, hormis certains petits joyaux du siècle dernier (San Francisco par exemple) n’a rien à envier aux villes soviétiques en termes de laideur. Assez intéressant de voir que l’extrême individualisme mène aux mêmes résultats esthétiques que l’extrême collectivisme. En parlant de laideur, il est frappant de constater à quel point les Américains, pour la plupart horriblement obèses et habillés des street-wear qui ont si bien inspiré nos racailles, font pâle figure par rapport aux populations européennes. Tout comme leurs villes font pâle figure par rapport à nos jolies bourgades.

    Franchement, il vaut mieux oublier ce pays et porter davantage d’intérêt à nos voisins européens.

  11. Jimmy Blevins

    Moi j’ai la rage parce que Didier Goux (qui manifestement n’a rien à branler de ses journées) m’a piqué mon jeu de mots : « l’effet de Serres »
    Moi, je trouve que la citation de Michel Cerf est vachement chouette et que XP n’est qu’un autre vieux con qui comme la fée de Serres veut aller roupiller peinard à l’académie au frais du contribuable (comme le Renifleur et l’Avorteuse TM)
    Moi je dis ce que pense.

  12. UnOurs

    …une Europe jugée (à juste titre) faible et lâche. J’ai souvent entendu les mêmes discours à Tel Aviv.
    +++++++++++++++++++++++

    « L’Europe peut faire beaucoup plus pour sa défense, à condition qu’elle n’acquière pas une autonomie telle qu’elle mette en danger ses liens avec l’Amérique. (Zbigniew Brezinski, L’Amérique face au Monde, Pearson, décembre 2008 ; cité dans Valeurs Actuelles, 2 avril 2009) »

    C’est quand même terrible, cette mentalité de colonisé, cette jouissance à faire le supplétif, comme un clebs qui se met sur le dos.

    D’un côté, les mouloudophiles.
    De l’autre, les atlantolâtres.

    Des visages bien différents, chez ces engeances-là, mais une semblable, molle, chaude, humide et dégoûtante jouissance à la sujétion. Heurk !

    P.S. quant aux « yop-yops » qui nous jugeraient « faibles et lâches », évidemment qu’un clébard qu’on bat et qu’on maintient entravé depuis 60 ans, hé bin, pas beaucoup de chance qu’il soit bien vaillant.
    Mais peut-être qu’un jour, il se souviendra qu’il a des dents, le vieux clebs, quand le maître viendra trop près vérifier la chaîne, sa gorge enfin accessible.

  13. UnOurs

    Une ville US, hormis certains petits joyaux du siècle dernier (San Francisco par exemple) n’a rien à envier aux villes soviétiques en termes de laideur.
    ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

    Ce qui est dramatique, étant donné que l’architecture américaine des années 20-40 a probablement été un des sommets de l’art occidental.

    http://www.shorpy.com/image/tid/13

    P.S. évidemment, je n’ai rien contre l’AMERIQUE, cette autre Europe, mais elle souffre elle-aussi de ce qui a infecté tout l’Occident européen depuis la réforme des lois d’immigration de 1965 et le déploiement du libéral-gauchisme.

  14. UnOurs

    Exemple.

    De ces deux extraits issus de la même époque …

    http://youtu.be/X5kA31rV6sA

    … lequel contient et diffuse le plus de « marxisme culturel », de venin systémiquement dangereux, de mauvaises ondes pouvant ébranler profond des fondations ?

    Et de toute façon, les « isme » ne sont jamais que des règlements d’exploitation divers qui ne touchent que les strates de surface d’un bloc identitaire. Evidemment, je préfère vivre dans un système où l’état me laisse le plus tranquille possible, mais, sur les longues échéances, peu importe que le système soit libéral, socialiste, communiste ou Dieu sait quoi encore, pourvu qu’il soit national. Car un peuple peut survivre à une période communiste (ok, c’est pas génial), en revanche il peut disparaître sous les assauts du libéralisme sociétal (si l’Europe se fait arabo-négriser, c’est d’abord au nom du modèle intégré de société étasunien, lui-même dérivé du concept du « meltin-pot », qui lui….).

    Quant au « libéralisme » des USA qui fait tant tressauter les pom-pom boys « d’élite », il me fait bien marrer. Lorsque il s’agit de protéger par exemple ses importations d’acier ou garder la mainmise sur ses ports, l’Amérique oublie bien vite sa vulgate libérale. Et puis est-ce vraiment du « libéralisme » quand le patron d’une grande entreprise gagne plus de bonus que son entreprise paie d’impôts. Non, ça, c’est juste de la prédation, de l’oligarchie déguisée, de la ploutocratie transnationale. Et ne parlons même pas de la Réserve fédérale, des banques et des entreprises renflouées avec de l’argent public… non, tout ça c’est juste du pipeau pour les bullots qui se croient une ou deux classes plus haut qu’ils ne sont réellement.

    En fait, l’économie, c’est très simple, il y a un seul principe et peu importe comment on l’appelle : « prendre le plus, donner le moins ».

    1. Gil

      « Et puis est-ce vraiment du « libéralisme » quand le patron d’une grande entreprise gagne plus de bonus que son entreprise paie d’impôts. Non, ça, c’est juste de la prédation, de l’oligarchie déguisée, de la ploutocratie transnationale. »

      En effet, ça n’est pas du libéralisme. Mais je crois qu’ici personne ne l’ignore. Mais vu d’ici, on a l’impression qu’il y a encore un fort état d’esprit anti-étatiste parmi le peuple US. Que l’hypertrophie gouvernementale américaine va contre cet esprit, et, plus encore, qu’elle n’a pas réussi à l’étouffer. Alors qu’ici…

      « les « isme » ne sont jamais que des règlements d’exploitation divers qui ne touchent que les strates de surface d’un bloc identitaire »

      OK. Encore faudrait-il savoir s’il y a encore un « bloc identitaire ». Si par exemple il ne se définit pas de manière plus large (Europe, Occident etc pour ce qui nous concerne). Si l’identité française en est arrivé à signifier si peu pour la majorité qu’il faut organiser un soi-disant débat sur l’identité, c’est peut-être qu’il est tant de passer à un cadre plus large, qui n’est d’ailleurs pas incompatible avec un cadre plus régional.

      Ce qui n’empêche qu’en effet, « (l’Amérique) souffre elle-aussi de ce qui a infecté tout l’Occident européen ».

      Mais justement, la solution sera globalement occidentale ou ne sera pas.

    2. nicolasbruno

      « sur les longues échéances, peu importe que le système soit libéral, socialiste, communiste ou Dieu sait quoi encore, pourvu qu’il soit national. Car un peuple peut survivre à une période communiste (ok, c’est pas génial), en revanche il peut disparaître sous les assauts du libéralisme sociétal »

      Euh. Vous êtes soralien? Vous appréciez Leroy? L’échelle entre une société libérale et une société communiste, c’est juste quelques millions de morts.
      Quant à ce qui vous fait peur, soit l’immigration massive, on vous a déjà expliqué que la meilleure façon de ne pas voir rappliquer des millions de pauvres du tiers monde, c’est de ne pas les subventionner. Et il s’agit bien ici de libéralisme. C’est ce qui fait la différence avec le socialisme. La fermeture des frontières n’a jamais empéché l’immigration illégale.
      Mais à vous lire, vous êtes déjà zombifié. Vous utilisez déjà toute le vocabulaire jacobin/souverainiste. Les méchants, c’est les riches et les capitalistes, seul l’Etat peut nous sauver, etc…

    1. Gil

      Mais vos deux extraits mis côte à côte, c’est parfaitement cohérent de la part des Soviétiques ! Vous oubliez quels étaient les publics de ces oeuvres… le marxisme culturel, c’était pour les « autres », les Occidentaux, les capitalistes… ça n’aurait eu aucun sens en URSS, où il s’agissait de former une armée impitoyable destinée à conquérir le monde. Il n’empêche qu’un grande partie du mal vient de là-bas (on sait depuis l’ouverture des dossiers du KGB le grand intérêt que prenait Moscou à la cause des Noirs aux USA et ailleurs, cf. Angela Davis et tout l’toutim).

  15. UnOurs

    ça, c’était pour le national-communisme, ici du national-sudisme…

    http://www.youtube.com/watch?v=a-3WAhbulFs&feature=related

    +++++++++++++++++
    We are a band of brothers,
    Native to the soil
    Fighting for the property (1)
    We gained by honest toil.
    And when our rights were threatened,
    The cry rose near and far;
    Hurrah for the Bonnie Blue Flag
    That bears a single star!
    +++++++++++++++++

    Donc, peu importe le « isme », ça c’est la surface des choses, pourvu qu’il y ait « national » devant.

    (1) amusant comme le « property » de la version originale…

    http://youtu.be/PS7Y4XszJyg

    … a été remplacé dans la version hollywoodienne par « liberty », concept centripète indifférencié, donc une « valeur », cher au systémisme libéral post-américain.

  16. UnOurs

    L’échelle entre une société libérale et une société communiste, c’est juste quelques millions de morts.
    ++++++++++++++++++++++++++++++++++

    Vous voyez la chose en termes moraux, genre dame tartine, ce qu’il ne faut pas faire en politique (évidemment, c’est dramatique, ces millions de morts, mais les déplorer, « bouh, c’est mal » ne les fera pas revivre et n’empêchera en rien les massacres du futur).
    Le truc, c’est qu’une société « libérale » (je met le mot entre guillemets, parce que je suis pour la libre-entreprise, la propriété largement répandue et le moins d’état possible et que le « libéralisme » qu’on nous sert aujourd’hui n’a globalement rien de libéral, au sens premier du terme) est infiniment plus forte et habile qu’un système communiste, en ce sens que son oligarchie n’a pas besoin d’opprimer et de tuer pour contrôler, ce qu’une oligarchie communiste est obligée de faire.

    « …que la meilleure façon de ne pas voir rappliquer des millions de pauvres du tiers monde, c’est de ne pas les subventionner… »

    Aux USA, c’est tout le gratin du « libéralisme », toutes les grosses entreprises et banques associées, qui soutient les politiques libérales en matière d’immigration. Vieille histoire, c’est d’ailleurs ce bon Ronnie qui a procédé aux premières régularisations massives de Latrinos, tandis que quelques années plus tôt, c’était le démocrate Eisenhower qui les renvoyait de l’autre côté de la frontière à coups de pompe dans le fondement (Opération Wetback).

     » Il n’empêche qu’un grande partie du mal vient de là-bas… »

    Oui, le libéralisme sociétal, le libéral-marxisme si chère à la grande entreprise, « cay le mal », mais il est parfaitement rationnel pour un bloc cohérent de l’utiliser contre ses ennemis, afin de saper ses fondations. Pourquoi croyez-vous que l’administration américaine soutient notre « diversité » dans les banlieues ?

    « …le grand intérêt que prenait Moscou à la cause des Noirs aux USA et ailleurs, cf. Angela Davis et tout l’toutim… »

    et ils avaient raison d’agir ainsi. Si j’avais été un national-communiste russe à la tête d’un service de subversion, j’aurais agi de la même façon. Un boulot assez facile d’ailleurs, étant donné qu’il ne fallait pas beaucoup pousser les « planétaristes » locaux pour rajouter de la sauce dans la marmite. Rappelons que le concept du « melting pot » ….

    http://en.wikipedia.org/wiki/The_Melting_Pot_(play)

  17. Gil

    « Vous voyez la chose en termes moraux, genre dame tartine, ce qu’il ne faut pas faire en politique »

    Ah, parce que vous non ? Soyons sérieux, il y a toujours un moment, chez ceux qui discutent politique sans être des hommes politiques directement intéressés à la chose, où arrivent des arguments de type moraux; vous, par exemple, c’est le dégoût que vous inspirent la « jouissance à la sujétion », la « mentalité de colonisé » que vous voyez chez nous… c’est pas un peu le genre dame tartine, ça ?

    1. Gil

      Quant aux « quelques » millions de morts, ça n’est pas qu’une question de morale : c’est quelque chose qui démontre à quel point le communisme est un échec pour les nations qui le pratiquent. Vous semblez séparer la nation (que détruirait le « libéralisme » mais pas le communisme in fine) et les gens qui la compose (que détruit le communisme nettement plus que le libéralisme). Votre « realpolitik » serait donc de passer sur les morts, pourvu que la nation demeure, ou même pourvu qu’elle demeure libre de toute « sujétion »; cette « realpolitik » me paraît peu réaliste.

  18. UnOurs

    La politique, c’est d’abord le rapport de force.
    Si l’on veut éviter que les siens meurent, on veille, en amont, à ce que les rapports de force s’équilibrent ou que l’on soit plus fort que l’autre.
    Dire que les millions de morts, c’est le mal, oui, c’est vrai, c’est mal, mais ça n’a pas beaucoup plus de portée politiquement effective de le dire ainsi qu’une Miss Camping qui veut la paix dans le monde.

    Et s’il faut prendre en compte POLITIQUEMENT ces millions de morts, c’est cyniquement et pratiquement en voyant l’incapacitation morale et vitale qu’amène ultérieurement, chez les Européens, la conscience de telles fautes (même si certains ne se gênent pas pour exploiter le truc).

    1. Gil

      « Si l’on veut éviter que les siens meurent, on veille, en amont, à ce que les rapports de force s’équilibrent ou que l’on soit plus fort que l’autre »

      On en revient au point de départ : qui sont les nôtres ? Et puis, on ne crée pas de la « force » à partir de rien. Pour équilibrer les rapports de force, encore faut-il en avoir de son côté, de la force. La France seule n’est rien. On peut regretter d’en être arriver là, mais il faut faire avec la situation présente.

      Évidemment, si les USA s’éloignent de plus en plus de l’Occident, comme semblent le suggérer plusieurs ici, on est mal barré; mais n’est-ce pas le cas de la France aussi, et de l’Europe occidentale en général ?

      « Si l’on veut éviter que les siens meurent »

      On en revient au point de départ : qui sont les nôtres ? Je vais exagérer un peu, car je tiens quand même à la France, et pas seulement à son esprit : quand on voit le niveau de collectivisation et d’abrutissement des Français, et peu importe qu’on en attribue exclusivement la faute aux élites, à la propagande, à la culpabilisation etc, on se dit que le salut ne viendra pas de ce pays (est-ce encore un pays ?).

  19. UnOurs

    Sur le communisme, « échec », oui, évidemment, parce qu’il ne prend pas en compte un des moteurs premiers de la nature humaine, à savoir l’égoïsme, la volonté de prédation.
    Mais quant à savoir si les pays ex-communistes étaient « communistes », difficile à dire.
    Parce qu’au final, c’est toujours le même truc, des deux côtés du rideau : la masse et une oligarchie fournissant des prétextes politiques pour animer la pièce de théâtre.

  20. UnOurs

    Par exemple, ce que dit Pasolini très pertinemment du fascisme par rapport au libéralisme, pourrait-on peut-être le dire du communisme face au système décrit comme « libéral » ?
    Le communisme visible ayant fonctionné comme une sorte de grande cloche ayant étouffé certaines vertus, mais aussi conservé sans même le vouloir d’autres forces plus telluriques, tandis que l’infra-communisme sociétal tissait sa toile dans les très basses couches de stucture identitaire des peuples soumis au libéralisme de marché?
    Je ne sais pas, mais la question mérite d’être posée.

    ++++++++++++++++++++++++++++++
    Le centralisme fasciste n’a jamais réussi à faire ce qu’a fait le centralisme de la société de consommation. Le fascisme proposait un modèle, réactionnaire et monumental, qui est toutefois resté lettre morte. Les différentes cultures particulières (paysanne, prolétaire, ouvrière) ont continué à se conformer à leurs propres modèles antiques : la répression se limitait à obtenir des paysans, des prolétaires ou des ouvriers leur adhésion verbale. Aujourd’hui, en revanche, l’adhésion aux modèles imposés par le Centre est totale et sans conditions. Les modèles culturels réels sont reniés. L’abjuration est accomplie. On peut donc affirmer que la « tolérance » de l’idéologie hédoniste, défendue par le nouveau pouvoir, est la plus terrible des répressions de l’histoire humaine. Comment a-t-on pu exercer pareille répression ? A partir de deux révolutions, à l’intérieur de l’organisation bourgeoise : la révolution des infrastructures et la révolution du système des informations. Les routes, la motorisation, etc. ont désormais uni étroitement la périphérie au Centre en abolissant toute distance matérielle. Mais la révolution du système des informations a été plus radicale encore et décisive. Via la télévision, le Centre a assimilé, sur son modèle, le pays entier, ce pays qui était si contrasté et riche de cultures originales. Une œuvre d’homologation, destructrice de toute authenticité, a commencé. Le Centre a imposé – comme je disais – ses modèles : ces modèles sont ceux voulus par la nouvelle industrialisation, qui ne se contente plus de « l’homme-consommateur », mais qui prétend que les idéologies différentes de l’idéologie hédoniste de la consommation ne sont plus concevables. Un hédonisme néo-laïc, aveugle et oublieux de toutes les valeurs humanistes, aveugle et étranger aux sciences humaines. (Ecrits corsaires, 1973)
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