Vers 1972, quand les Démocrates ont voulu flinguer le Président Richard Nixon, ils ont placardé dans les rues des États-Unis d’Amérique son portrait accompagné de cette question : Lui achèteriez-vous une voiture d’occasion?

Le test était simple, mais aussi terriblement efficace, à tel point qu’on peut le décliner à l’infini…..Imaginez que vous soyez profondément attaché à la valeur Famille, que vous adoriez votre mère en étant persuadé depuis vos cinq ans que c’est réciproque, que votre femme soit votre cadette de trente ans mais que vous soyez bercé tout de même par la conviction qu’elle va vous attendre et vous fermer les yeux…

Maintenant, fermez les yeux, justement, et testez votre mère, votre femme ou votre meilleur ami… imaginez que vous n’avez presque plus d’argent, que vous venez de perdre votre portefeuille dans le métro, qu’il y avait dedans vos quatre derniers billets de 50 euros, que vous en avez cruellement besoin, que dans cette vie parallèle vous n’ayez jamais rencontré votre mère, votre femme ou votre meilleur ami mais que l’un de ces trois enculés vient de récupérer votre trésor sur une banquette et qu’il est en train de scruter la gueule que vous faites sur vos cartes pour se persuader qu’il n’est pas tenu de vous rendre l’ argent.

Moi, je fais toujours ça… Quand je croise un nouveau venu, je le regarde des chaussures jusqu’aux lunettes, je me demande ce qu’il ferait si je tapais le vice, si je faisais semblant de perdre mon pognon sur une banquette et s’il rapporterait l’argent à pépère… S’il a une gueule à ne pas rendre, si je lui donne un rôle dans cette uchronie et qu’à la fin de l’histoire, il ne me rapporte pas l’argent, je décide de ne plus jamais lui parler, même si l’on doit encore se croiser pendant cinquante ans…,Je me montre alors puant et dégueulasse comme je sais le faire, je fais la gueule, je laisse l’éternité à ce con pour méditer ce qui s’est passé au premier regard et pourquoi je ne les aimerais quoi qu’il arrive jamais, lui et les gens de sa race, quitte à crever dans la solitude.
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Je vous ai infligé ce long dégagement pour mieux vous parler de la génération 68…. Qu’est-ce que c’et au juste, qu’un soixante-huitard? C’est un type qui avait l’âge d’être au lycée ou à l’université au cours de l’année scolaire 67/68, qui était effectivement lycéen ou bien étudiant à la fac cette année-là, et c’est peu dire qu’ils sont très peu nombreux, en 2011, les gens qui avaient dans les vingt-ans en 1968 et qui sont vraiment des soixante-huitards…. La plupart de ces vieux étaient en 1968 à l’usine ou à la ferme, ils détestaient la poignée de bourgeois qui faisaient brûler des barricades, et à l’heure où l’on parle, ils les détestent toujours.

Les gens qui avaient vingt ans en 1968 n’appartiennent pas, pour la presque totalité d’entre eux, à la génération 68 mais à celle d’avant, celle de 1945, la génération CNR….. La génération CNR, elle déteste tout ce qui de près ou de loin se rapporte à mai 68, elle est mongaullo-souverainiste, et c’est moralement la pire de toutes celles qui se sont succédées en France et dans tout l’Occident….

Pour reprendre la métaphore du portefeuille et du métro, le soixante-huitard est un connard qui malgré tous ses défauts, va tout de même se poser des questions, va vous rendre l’argent, ou bien le garder en se disant qu’il est cynique mais que c’est la vie, que c’est bien fait pour votre gueule et qu’il ne tenait qu’à vous de ne pas perdre vos affaires… le vieux issu de la génération CNR, au contraire, c’est un connard qui va garder votre argent sans se poser de questions, mais qui entamera une dépression nerveuse si en arrivant chez lui, il trouve une lettre recommandée…. si, dans le métro, avant la fin du voyage, vous vous avancez vers lui en lui demandant de vous rendre votre bien, il vous répondra mon Dieu, mais c’est à vous, je n’avais pas compris, excusez-moi, et le pire c’est qu’il sera profondément sincère… S’il est en verve, il ajoutera, moi, je l’ai trouvé, je ne me suis pas posé de questions.

Le type issu de la génération CNR, il ne se pose jamais de questions, c’est même à ça qu’on le reconnait… Si un vieux soixante-huitard aux cheveux longs ouvre une porte de sortie devant vous, il s’agit peut-être et même sans aucun doute d’un garçon con comme la lune, mais enfin, lui va se retourner avant de claquer la porte, pour ne pas vous la balancer dans le nez. Le vieux de la génération CNR, il va vous la foutre en pleine gueule, soyez-en sûr, parce que ce n’est pas indiqué sur la porte qu’il faut se soucier de son prochain, et ça ne l’empêchera pas de faire chier la bite à ses descendants en leur expliquant que de son temps, on respectait ses parents et ses professeurs…. Si d’aventure vous le retrouvez pour lui rappeler l’affaire de la porte et le poursuivre jusqu’à la mort avec cette histoire, il vous répétera en boucle et jusqu’à son dernier souffle je ne vous avais pas vu, et vous ne pourrez jamais rien en tirer ni le convainctre que dans le fond, c’est un salopard, un salopard de chez salopard qui ferait bien de se repentir avant de passer l’âme à gauche.

Le type de la génération CNR, il a pu tourner militant syndicaliste encarté à la CGT ou bien encore contribuable-électeur de la droite parlementaire, mais c’est quoiqu’il arrive un gugusse autocentré, qui s’imagine qu’il faut faire là où on lui dit de faire non seulement pour recevoir sa gamelle, mais pour être respectable… Ce sont les pires des ordures et c’est la pire des générations parce qu’ils n’exigent pas seulement la gamelle, mais les honneurs…. Il n’est pas rare que si un vieux vous balance une porte dans la gueule et que vous le lui fassiez remarquer, il vous réponde moi Monsieur, j’ai cotisé.

Ce n’est pas la société de consommation ni le relâchement des mœurs, qui font les porcs, les individus sans conscience et sans morale, mais la social-démocratie…. Et c’est la paresse intellectuelle qui nous incite à fustiger la génération 68 plutôt que la génération CNR.