Jacques de Guillebon

La lumineuse mise au point de Guy Sorman sur l’imposture intellectuelle DSK m’a inspiré après coup deux ou trois dégagements collatéraux que je vous livre en vrac:

Guy Sorman, c’est un intellectuel avec lequel je me suis très souvent senti en désaccord, en particulier quand il parlait d’immigration, mais sans jamais que sa personne et sa gueule ne me donnent des haut-le-cœur. A l’inverse, lorsque j’aperçois Villepin ou Chevènement, il me suffit qu’ils bougent la lèvre inférieure pour savoir que chacun de leurs mots va nous séparer…. C’est fondamental, ce genre chose. La philosophie politique, comme toutes les autres, est d’abord une affaire de sensibilité, de jaillissement, d’éclaircies que l’on a ou pas le don de repérer…. C’est une discipline artistique, la philosophie.

Accessoirement, on constatera que le libéral peut être gentiment tête à claques, débiter des conneries, mais qu’à l’inverse des jacobins, il ne bave jamais en parlant, qu’il n’y a pas dans leurs rangs des Soral, ou des Mélenchon, des types qui font immanquablement songer aux chômeurs professionnels et communistes qui en 1945, attrapaient par les cheveux les filles qu’ils n’avaient pas pu sauter pour les emmener devant le comité d’épuration du village…. Des ivrognes communistes, il en existe de toutes sortes, on en trouve presque partout, chez les jacobins de droite et de gauche, chez les cédévacantistes, aussi, mais force est de constater que les libéraux sont les seuls qui échappent à la règle et qu’en brodant autour de cette vérité empirique, on pourrait écrire des tomes qui boulverseraient la science politique de fond en comble.

Cette vidéo nous apprend une chose fondamentale: Guy Sorman tient un discours très violent, ici. Il fout gentiment par terre une idée qui fait consensus auprès de 95% de la population, il le fait en souriant, tandis qu’en face, le tenant du consensus et d’une certaine manière de la paix des débats, Raphaël Enthoven, le regarde faire avec de la haine dans les yeux.
Qu’est-ce que ça veut dire? Qu’il existe une sorte de système de vases communicants entre la violence de la confrontation des points de vue ou des analyses et la violence de la confrontation des personnes.

Ceux qui se réfugient dans la violence contre les personnes le font parce qu’ils sont révulsés par l’idée que les points de vue puissent s’opposer violemment, que les hommes puissent radicalement ressentir les choses d’une manière différente.

Tout ceci est chrétien, fondamentalement chrétien, et si je puis dire, nous touchons l’os … Le christianisme est la religion de la violence, de la séparation, celle qui sépare le Père du Fils, Dieu de César, qui prend acte de la séparation définitive entre la chair faible et l’esprit prompt, le Ciel et la Terre, qui enjoint ses disciples de balancer jusqu’à leurs derniers souffles entre l’espérance ET l’incertitude, sans aucun espoir de trancher un jour…

Le christianisme est une religion de paix et d’amour dans la mesure où il enseigne qu’il n’y a pas d’autre choix que de vivre dans un état de conflit permanent, intérieur et extérieur, et qu’il n’y a rien d’autre à faire que de le codifier et le domestiquer.

Celui qui refuse le christianisme, il ne veut pas codifier ni domestiquer la violence, il veut l’abolir. De fait, il n’abolit rien, évidemment, mais il ne domestique et ne codifie rien non plus.

C’est pour ça que le libéralisme économique est la seule doctrine économique qui soit compatible avec le christianisme, et qu’in fine, celle-ci a permis de donner naissance aux sociétés les plus pacifiées que l’on puisse observer dans l’histoire: le libéralisme est fondé sur le principe de la lutte des classes, c’est à dire sur l’idée que les hommes et les communautés ont des intérêts divergents et qu’il en sera toujours ainsi. De même, le principe libéral repose sur la croyance que les hommes sont mus par des intérêts égoïstes, c’est à dire, pour le dire en langage chrétien, que leur chair est faible.

Moi, je ne suis ni libéral ni antilibéral dans la mesure où je ne m’intéresse que de très loin aux sciences politiques et économiques. En revanche, je suis fasciné par les antilibéraux. Je cherche inlassablement à cerner leurs motivations métaphysiques, et je les regarde comme Flaubert regardait Bouvard et Pécuchet.

Pour vous dire la vérité, c’est Jacques de Guillebon, qui m’a inspiré ces réflexions, ou plus exactement le contraste saisissant entre le ton de Guy Sorman et le sien… J’ai cherché à comprendre pourquoi ce défenseur autoprolamé du christianisme a ressenti ces derniers jours le besoin irrépressible de faire l’ivrogne communiste dans ces parages, balancer des grossiéretés, insulter les intervenants du site les uns après les autres, psychologiser ses contradicteurs, leur adresser des menaces voilées à l’occasion et tenter de leur assener des arguments d’autorité…..

Ce qui s’est passé, d’abord, c’est que j’ai fait connaître mon opposition radicale et violente à l’ensemble des idées défendues par Guillebon, et s’il avait la structure mentale d’un chrétien; il s’en serait réjoui et serait entré en jubilant dans la guerre des idées, plutôt que de se comporter en musulman fâché que l’on ait remis en cause des sourates. .

Mais Jacques de Guillebon a préféré intervenir ici pour couvrir d’injures tout le monde, montrer son vrai visage et surtout la vraie nature de sa relation avec le catholicisme…. En vérité, c’est une religion totalement étrangère aux individus de ce genre, et ces gens-là ne se convertissent pas à l’Église, mais l’’investissent et la prennent d’assaut. Les écrits des théologiens du catholicisme, ils s’y intéressent comme les musulmans lorgnaient sur les cloches en or, quand ils faisaient des razzias en terre chrétienne, pas plus et pas moins…. Guillebon connaît Bernanos et sans doute Saint-Thomas d’Aquin, mais on sent qu’il les connaît sur le bout des ongles, qu’il ne sait pas les oublier, qu’il a transformé toutes leurs phrases en sourates, en arguments d’autorité.

Pour vous dire vraiment les choses, ça me fait froid dans le dos, qu’il y ait ce genre d’usurpateur devant la porte de mon Église…. Accessoirement, ça me fait tout drôle de savoir qu’en marchant dans la rue, on peut croiser sans le savoir des Jacques de Guillebon, c’est à dire des gus capables de balancer des adresses personnelles sur la toile quand on n’est pas d’accord avec eux.

J’ai pris acte depuis bien longtemps que les hommes sont ainsi faits, mais je n’ai toujours pas réussi à m’y faire.

21 réflexions sur « Jacques de Guillebon »

    1. la crevette

      Didier, ces enfants sont insupportables : il y a un Asinus qui est parti en vacances et qui a cru reconnaître sur une plage son meilleur ami Bernanos. En fait c’était Muray. Ce dernier a énoncé devant lui par inadvertance quelques réflexions : il a accepté de jouer avec Asinus qui s’ennuyait qui estime maintenant que c’est SON ami et pas une simple connaissance… Je crois qu’ Asinus veut continuer ses vacances avec XP qui ne lui demande rien. On a beau leur dire les vacances sont terminées (Il Sorpasso a même écrit le mot de « rentrée », il est d’une brutalité ce garçon!), certains ne comprennent pas bien et ne veulent pas se remettre à bosser.

  1. bienheureux

    Messieurs, Joyeux Dimanche,
    quelques mots en réaction au cyber-linchage en court. Je parcours ILYS depuis quelques années, non sans un certain plaisir car le décryptage et les arguments soignés au coupe-coupe et à l’emporte-pièce m’amusent, préférant à toute les discussions stériles une bonne bastonnade gauloise et comme réponse aux dilemmes la bonne devise de Monfort « Tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens ».
    Simon de Monfort, un catholique, peut-être ?
    Donc passant du coq à l’âne, voici une simple observation quant à la définition ultra-personnelle que donne de la Belle Religion Mr. XP (définition qui pour moi est une profession de foi manichéenne ou cathare, au choix) :

    « Tout ceci est chrétien, fondamentalement chrétien, et si je puis dire, nous touchons l’os … Le christianisme est la religion de la violence, de la séparation, celle qui sépare le Père du Fils, Dieu de César, qui prend acte de la séparation définitive entre la chair faible et l’esprit prompt, le Ciel et la Terre, qui enjoint ses disciples de balancer jusqu’à leurs derniers souffles entre l’espérance ET l’incertitude, sans aucun espoir de trancher un jour…
    Le christianisme est une religion de paix et d’amour dans la mesure où il enseigne qu’il n’y a pas d’autre choix que de vivre dans un état de conflit permanent, intérieur et extérieur, et qu’il n’y a rien d’autre à faire que de le codifier et le domestiquer. »

    Réduire le Christianime et à fortiori le Catholicisme à la violence et la séparation, à l’inquiétude, est un tour de passe-passe réducteur, en effet, les productions esthétiques et intellectuelles des disciples du Christ font plutôt preuve de maîtrise de soi, de sens de l’ordre, d’équilibre et de mesure, de discernement (bref des fruits des sept dons).
    C’est une pente bien glissante qu’ont prise ceux que l’on nomme Identitaires, toutes les bases s’écroulant sous nos pieds, ils se sont raccrochés à la sainte barque (l’Eglise) comme dernier asile du conservatisme ou plus simplement, de dernier asile pour une pensée du réel. Malheureusement, une fois dans la barque ils pestent contre les rameurs, « ce n’est pas le bon rythme, la bonne direction… » . En bons disciples de Maurras, ils font de la politique, ils remettent à leur sauce ce qu’est la religion, « ne parlons pas trop du bon Dieu, nous sommes des gens sérieux », la religion comme organisation sociale saine, c’est regarder le monde avec une longue vue mais en tenant l’instrument à l’envers, tout est réduit, même la pensée.
    Revenons à ce que j’ai pu lire ici, sur les JMJ entre autres, effectivement les jeunes de Madrid n’avait pas le dress-code de ce site, faute de goût ? c’est certain. Mais qui plus est : « ce qui rend tous (sic) cela d’autant plus scandaleux, c’est que le Pape prend en otage des millions de chétiens (sic) qui ne pensent pas ça du tout », évidement l’auteur de ces lignes sait justement ce que pensent les millions de chrétiens à travers le monde, bravo il doit être vraiment super-fort, ou alors super-mytho, ou alors, il n’a simplement pas tourné sept fois sa langue dans sa bouche. On retrouve là un peu l’outrance d’un Luther.
    Car pour finir, et faire le raccord avec la profession de foi citée plus haut, le catharisme, fils du manichéisme, a engendré le protestantisme (vous n’avez qu’a comparer les terres d’élections de ceux-ci et de la réforme), celui-ci proliférant sur un anti-papisme primaire, ou tout du moins sur des jugements à l’emporte-pièce ou au coupe-coupe.
    Finalement que les parpayots attaquent les catholiques c’est un classique, mais ici, dans une terre qui se veut élégante (dans Ilys il y a Lys), c’est une faute de goût.

    « Quand le soleil de la culture est bas sur l’horizon, même les nains projettent de grandes ombres »  Karl Kraus

    1. la crevette

      Pas évident la maîtrise du Christ et de ses disciples : j’ai l’image d’un Christ chassant à grands coups de fouet les marchands du temple, j’ai l’image du Christ apostrophant assez vertement Marie sa mère aux noces de Cana (« « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue ».) et aussi défiant si je puis dire l’autorité parentale en diparaissant trois jours (trois jours!!) pour aller converser avec les savants, j’ai l’image d’un saint Pierre sacrément allumé en train de marcher sur les eaux, et se faisant remonter les bretelles par le Christ lui-même (« arrière Satan »), puis coupant avec une épée l’oreille d’un soldat, j’ai l’image d’un saint Paul ivre de haine envers les chrétiens puis choquant les philosophes sans complexe, bref la « maîtrise », à commencer par celle du Seigneur, elle n’est pas si évidente…

  2. XP Auteur de l’article

    « quelques mots en réaction au cyber-linchage en court »

    Pardon? Vous plaisantez? Ce garçon débarque ici l’insulte à la bouche et la bave aux lèvres comme s’il était sur Oumma.Comm ou à la Nef, et il serait l’objet d’un « cyber-lynchage »?

    Et puis, il devrair arrêter de traîter ses inrlocuteurs « d’ignorants », on va finir par le confondre avec Tarik Ramadan ou Malek Chebel. Il a grosso modo leur structure mentale, mais ça va vraiment finir pas se voir.

    Remarquez, pas sûr qu’il puisse s’en empêcher:

    http://www.atlantico.fr/decryptage/anders-breivik-fondamentalisme-liberal-ou-chretien-polemique-mots-156621.html

    Quant à vous, vous débarquez ici pour noter nos copies… Vous pensez exactement ce que vous voulez, mais comment vous le dire gentiment… On en à rien à foutre. Un peu de modestie vous permettra de le comprendre, qu’on en a rien à foutre.

    « voici une simple observation quant à la définition ultra-personnelle que donne de la Belle Religion Mr. XP  »

    Vous vous rendez compte à quel point cette phrase vous disqualifie? Il m’arrive comme tout le monde d’ avoir des opinions qui ne sont pas « ultra-personnelles », mais je fais is alors ce que tout le monde devrait faire: je les garde pour moi.

    « Quand le soleil de la culture est bas sur l’horizon, même les nains projettent de grandes ombres » Karl Kraus »

    Ah, vous aussi vous aussi alors?

  3. Yogourth

    « Ce qui s’est passé, d’abord, c’est que j’ai fait connaître mon opposition radicale et violente à l’ensemble des idées défendues par Guillebon, et s’il avait la structure mentale d’un chrétien; il s’en serait réjoui et serait entré en jubilant dans la guerre des idées, plutôt que de se comporter en musulman fâché que l’on ait remis en cause des sourates. »

    La guerre des idées, si peu de monde en est capable, y compris dans les populations occidentales.
    Que vaut le débat d’idée face à un contradicteur qui ment, qui fait constamment dans la mauvaise foi, et qui sans l’ombre d’une honte réutilise les mêmes arguments que vous avez consciencesement démonté auparavant?
    Que vaut le débat d’idée lorsque ce même contradicteur assène des affirmations qui vous atteignent personnellement? (J’ai le souvenir que vous aviez « pété un sky » lorsqu’un tradi était venu sous-entendre que vos amis d’enfances devenus ouvriers n’étaient que des limaces sous anti dépresseurs se paluchant devant du X…)

    La nature humaine est faite de telle sorte que le commun des mortels a une forte tendance à n’entendre que ce qu’il veut entendre, et à prendre en compte que ce qui l’arrange. L’individu lambda qui écoute Soral a de forte chance de ne pas le considérer pour ce qu’il est, à savoir la quintessence de la bêtise en personne. Et il y a de fortes chances que ses élucubrations soient entendues par tous très bientôt, puisque comme vous l’avez brillamment éclairé (^^), n’étant lui-même qu’un dhimmi tellement collabo qu’il a dévoilé la forme que prendrait la collaboration de demain.
    Quand le débat d’idée prendra exclusivement la forme du mensonge, de la délation, de l’accusation de collaboration avec l’axe « américano-sioniste », et que la seule forme d’affirmation résidera dans la volonté de tuer vous ou des gens qui vous sont chers, ne restera plus vous même que les armes et les insultes pour vous défendre.

    La seule chose qui sépare l’homme blanc des autres, c’est qu’il y a chez lui une infime minorité de gens capables d’échapper à ce cerlce vicieux. Fondamentalement, le problème ne réside pas en la personne de gens comme Guillebon, mais en la massification, car tout le monde a plus ou moins des façons de faire de musulman. Naturellement pour certains, au pied du mur ou quand règne un sentiment de danger pour les autres.

    1. XP Auteur de l’article

      Avant les armes et les insultes, il y a la séparation, le chacun chez soi. Mais à chaque fois (ca doit être la deuxième ou troisième) qu’il est évoqué ici, même très brièvement, Guillebon surgit en éructant comme il le fait partout. Ca me fait l’effet d’un chien enragé qui aurait réussi à passer sous un gillage à force de gratter.

      Il faut être très prudent avec ces choses-là, mais enfin, ce type me fait penser à un démon.

  4. Paul Hodell-Hallite

     » Jacques de Guillebon a le talent de nous faire croire qu’il a du talent.
    Ce n’est pas rien que ce talent-là, je vous prie de le noter. Si Guillebon avait eu la chance d’être un de ceux qui ont suivi, certes à bonne distance, à une distance plus que salutaire qui lui eût permis de n’être point démasqué, le Christ entouré des douze, il aurait, comme un amuseur vagabond en queue de troupe bidassière, exposé ses talents sur un petit tréteau de bois, avec des pois chiches colorés et un unique gobelet en guise de somme philosophique et théologique.  »

    http://stalker.hautetfort.com/archive/2011/09/28/philippe-muray-jacques-de-guillebon-cerf.html

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