Je n’ai jamais pu supporter Amy Whinehouse. Je ne sais pas par où commencer tellement la liste des griefs et des fautes de gouts est longue. Sa coiffure grotesque, son maquillage outrancier, ses tatouages dégoutants, sa dégaine de racoleuse éméchée, ses moues de fille à papa capricieuse, ses prestations scéniques au foirage parfaitement entretenue- au point que c’est bien pour la voire s’effondrer que les gens achetaient les billets, sa « vie affective » collection morbide et convenue d’amants crados, petits arrivistes machiavels de press people (what else) avec lesquels elle se battait pour mimer l’antique conflit de la différence des sexe mais qui n’illustrait que sa pathétique absence, bref toute la panoplie du toc vintage repackagé, une salade des clichés de la dépravation des anciennes idoles du Rock, l’autodestruction savamment mise en scène-afin de cibler à la fois les jeunes crétins sans culture musicale pop et les vieux abrutis bourgeois enthousiastes, ceux qui croient encore que ce n’est pas eux la middle-class toute-puissante. Et le point d’orgue, évidemment : sa musique, de la soul d’ascenseur pour pisseuse abrutie, de la bouillie Rythm’n Blues au beat cardiaque de junky sous injection en pleine régression placentaire, des cuivres indignes d’une fanfare d’équipe locale de football US, des miaulements pompés à Ella Fitzgerald et Aretha Franklin et recrachés avec la conviction d’un Jacques Chirac prononçant un discours de droite.
Amy Whinehouse ou la junky de la ménagère, bouche-trous des tabloïds, des radios tintamarresques et de la discothèque de vieux pédocs, de la soul sous vide pour une époque bruyante qui remaquille le cadavre à la bouche ouverte de ce qu’a pu être le rock pris dans ses grandes largeurs. Baudruche pour baudruches dont les variations de poids était au fond le seul point d’intérêt inconscient pour ses fans adeptes de junk-music, qui guettaient sa mort tels des vautours afin de valider a posteriori le fait qu’ils écoutaient bien du rock, et que eux sont bien vivants et en bonne santé et espèrent malheureusement le rester longtemps, en s’offrant quelques frissons -musicaux ou alcoolisés-entre deux footings. Comme s’il n’y avait plus que la danse de dépouille anémique et le spectacle de l’excès vacillant comme indicatif de leur propre prospérité hygiénique. Mais le réel poussera délicieusement l’ironie jusqu’à faire en sorte que son autopsie ne révèle absolument rien sur les causes de son décès. Immaculée disparition. A moins que cela ne vienne justement pas contredire le fait qu’on vient bien d’inventer l’icône jetable, dont la mort n’est que le prolongement aseptisé et fictif d’une existence aussi expiatoire qu’artificielle.
Tout ceci est trop sévère.
Sur la coiffure :
http://1.bp.blogspot.com/_KRnfUFHNcdw/SK9EMQA-JAI/AAAAAAAABSU/1iafvwa49pw/s1600-h/Marie-Antoinette%2Bpar%2BGautier-Dagoty%2B(d%25C3%25A9tail).jpg
Elle mérita de vivre pour cela. Et si elle lançait cette mode post mortem, ce ne serait pas pour me déplaire.
Je vous conseille un biopic sur Léautaud, si vous ne l’avez déjà vu, intitulé « Comédie d’amour », où une scène, que je tairai afin de ne pas spoiler, met en images une célèbre dialectique opposant les derniers restes de l’aristocratie féodale à l’ascension, déjà rondement atteinte, de la bourgeoisie capitaliste. Dans cette scène, disais-je, la coiffure est l’élément qui, premier, saute aux yeux, démarque deux mondes, distingue le déclin de la décadence, et il n’y aurait pas jusqu’aux esprits robespierristes de gens hostiles pour sauver ceux qui partent.
Les chanteuses des B-52’s portaient de semblables il y a 20 ans, sans parler des chanteuses R’n B des 60’s..Mais il y a avait de l’innovation musicale dans ces deux catégories.
Vous avez raison, j’ai vérifié et ai trouvé vos B-52. Apparemment elles n’en ont pas fait la règle.
C’est pour mieux marquer votre détestation que vous avez ajouté une “h” à son nom – déjà bien assez ridicule comme ça, pourtant ?
Ah en effet, je ne sais pas pourquoi j’ai écorché son nom. Et puis, comme les personnages de l’époque, ils ne sont pas détestables ensoi-quoique-mais plutôt l’époque qui les a fait.
je peut me vanter de n’avoir jamais rien écouté de cette dame et de tout ignorer de son existence
c’est pourquoi , je suis stupéfait que vous en causiez
je suis déçu , très déçu
Pourquoi ? C’est un personnage de notre époque. Ne transformons pas ILYS en club snobinard.
c’est pas parceque je prétend ignorer une braillarde tatouée que je suis un snobinard
c’est pas parce qu’elle est de notre époque qu’il faut Habsolument en causer
en musique , comme dans beaucoup d’autres matières , je m’en remet à l’avis de mes gosses ( 25 , 24 , 21 )
goût sûr , avis éclairé , critique constructive
et pour cause !
c’est moi qui les ait élevés !
ceci dit , je peut concevoir qu’on aime la maison du vin
mais la maison du vin a fermé , précisément
et on a cassé les oeufs pour faire une omelette
bon , je sors
J’aimais assez ce qu’elle faisait. Soit jamais qu’un album ou plutôt deux chansons. C’est maigre.
Pour le reste elle me semble plus une pauvre fille paumée et ridicule, qu’une manipulatrice qui construirait patiemment un personnage bankable.
Oui, complètement paumée, morte elle m’inspire plus une forme de pitié que du dégoût, mais là encore, ce n’est pas elle qui m’inspire, car comme vous le dites plus bas- ou comme le relevait avec erreur Dartagnan plus haut- elle était plus suiveuse-ou recycleuse (inconsciente ?) de mode qu’inspiratrice. Elle concentrait tout le bric-à-brac des transformations physiques de son temps, version beauf et paumé, et j’ai cru comprendre qu’elle était en conflit familial, avec un père malsain et manipulateur typique boomer post-hippy qui se mettait lui aussi en scène dans le rôle du sauveur moral et hygiéniste. Tout le sitcom contemporain.
Concernant les tatouages, je trouve franchement étrange cette mode adoptée par les personnalités du show-biz, puis par le tout venant, de se couvrir de tatouages hétéroclites. Des tatouages de tous les styles, de toutes les tailles, mélangeant lettres gothiques, idéogrammes asiatiques, dessins figuratifs, formes simples (étoiles…), noms d’anciens amants, sur toutes les parties du corps. Des stigmates fort laides imprimées sans art.
Article vraiment excellent.
Qu’on puisse caser cette pathétique grognasse , qui est à Aretha Franklin ce que Johnny Halliday est à Elvis Presley , entre Janis Joplin et Brian Jones
me laisse interdit.
Mais non, VonMises. C’est une erreur de comparer la petite Whinehouse à ces gens-là.
Elle n’était pas une idole, elle était juste une amie. 🙂
La déchéance mise à la portée des caniches, voilà qui est susceptible de faire réfléchir à deux fois les gamines qui se droguent et couchent avec tout le monde pour avoir l’air intéressantes… Avec Amy, enfin, la ‘rock’n roll attitude’ malsaine a cessé d’être glamour. Il fallait au moins une fille avec aussi peu de talent, pour en convaincre les festivistes.
Pour ma part, je ne parlerais pas d’Amy Whinehouse comme d’une musicienne… mais plutôt comme d’une moraliste.
Surtout, elle était moche, cette conne. Elle a de la chance, parce qu’à 50 piges, elle aurait été vraiment pathétique, avec sa soul réchauffée et son alcoolisme chronique.
MOCHE = terme principalement utilisé par des c… pour qualifier des filles qui ne sont pas à leur goût.
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Comparez la mort de Amy machin chose, avec celle de Lucian Freud – ou plutôt leur retentissement dans la sphère médiatique. Toute l’époque se niche là.
Totalement faux. A aucune époque, le grand public ne se serait intéressé à la mort de Lucian Freud. Et encore heureux. Vous imaginez quel genre de peuple ça serait, composée uniquement d’institutrices en retraite qui écoutent France-Inter?
Il y a un seul type de pays dans lesquels la mort de la chanteuse aurait été tû, et celle du peintre surmédiatisé; les totalitaires, celles où l’on veut éduquer le peuple, et où l’entertainment est interdit.
Vous n’avez rien compris. La mort de Lucian Freud a eu un certain retentissement ; mais l’époque est en passe de transformer Amy Machin Chose en mythe, c’est la bêtise qui lui rend l’appareil, la fait reluire au côté d’artiste à milles lieux d’elle et de tout ce qu’elle a pu produire.
Mais bien sur, faire remarquer la drôle de dichotomie entre leurs deux morts, c’est vouloir éduquer le peuple – et donc être un méchant COMMUNISTE.
en gros, la culture ne fait même plus semblant de s’intéresser à l’art. C’est très frappant.
« Amy Machin Chose en mythe, c’est la bêtise qui lui rend l’appareil, la fait reluire au côté d’artiste à milles lieux d’elle et de tout ce qu’elle a pu produire. »
Absolument rien de nouveau sous le soleil. Mais vous avez décider d’avoir le denier mot, quoi qu’il arrive…
Il fallait que je vous réponde: parce que votre réflexion laissait sous entendre que célébrer Spielberg ou aller au Macdo c’est en être, du peuple. Bref, une réflexion bourgeoise.
Bof quand je lis ce truc, je me dis que c’est facile de taper sur une pauvre fille…