Rouge vert

Le 14 juillet les enfants des écoles sont en pleines vacances scolaires, les étudiants en plein job d’été et les vieux -pardon, les seniors– ont autre chose à foutre de leur retraite que de défiler en plein été puisqu’ils accueillent précisément leurs petits-enfants des écoles dans leur maison avec piscine.

Un défilé citoyen alors ?

Sérieux ?

Le bonheur d’être ensemble ça doit forcément passer par le fait de se regrouper avec des inconnus pour bouffer du pavé et de la merguez dans une odeur de graillon sur l’autoproclamée plus belle avenue du monde ? Et le tout sans que l’organisation assure la moindre animation ? Pas le moindre char ? Pas le moindre avion à réaction dans le ciel ? Pas le moindre béret ? Pas de garde nationale ?

Un défilé 2.0 en quelque sorte.

Ils devraient y songer à Disneyland Paris. Plus de parade de Mickey. On ferait défiler les visiteurs eux-mêmes. S’applaudissant eux-mêmes. On renommerait ça la parade du bonheur d’être ensemble. Qui est un bonheur largement suffisant en lui-même pour qu’on y ajoute en plus des étudiants costumés -qu’il faut bien payer de temps en temps.

Il s’agirait aussi de fêter les valeurs qui nous réunissent. Ces valeurs étant manifestement toutes entières contenues -le début du raisonnement faisant foi- dans le bonheur d’être ensemble. Ce qui aboutit donc, si je ne m’abuse, sur l’idée de fêter le bonheur d’être ensemble qui nous réunit.

Hmmm…

Ce doit être du norvégien.

Cela dit, moi, je veux bien qu’on défile tous ensemble. Enfin. Non. Ne comptez pas sur moi. Je suis un peu agoraphobe. Enfin. Je n’ai simplement pas envie de finir écrasé ou étouffé lors d’un mouvement de foule. Parce que je n’ai pas confiance dans la foule. Et il faut être singulièrement étrange pour faire confiance dans une foule. Elle a des réactions étranges. Il y a des choses qui peuvent la traverser et qui ne sont pas forcément jolies. Cela peut finir en tontes. Ou en lynchage.

Au moins, les militaires, eux, même s’ils marchent et fonctionnent également en groupe, ils sont entraînés à cela et responsabilisés. Ils ne vont, théoriquement, pas bouger le moindre orteil tant que la chaîne de commandement ne leur délivre l’ordre de le faire. Et cette chaîne peut remonter bien haut et bien loin du terrain. Ce qui est un garde-fou non négligeable.

Et puis les militaires, eux, ils marchent ensemble. C’est ordonné à défaut d’être véritablement chorégraphié. Il y a un vrai boulot derrière. Ce n’est pas juste une foule de connards en tongs et en shorts, les uns se grattant les couilles et les autres s’envoyant des sms.

Après, moi, je veux bien qu’on fasse défiler les vieux -oups, les seniors– de manière ordonnée, mais on n’a pas fini. Tentez seulement d’en coordonner une dizaine pour un son et lumière de village et on en reparle. Et je n’évoque même pas les enfants des écoles. Quant à faire défiler les éboueurs ou les représentants de telle ou telle corporation…

Quoique.

Un défilé d’infirmières, ça pourrait avoir de la gueule.

Faudrait juste les sélectionner d’abord. Ce serait moins raccord avec les valeurs d’égalité, mais ce pourrait alors être esthétique. Avec Découflé à la baguette tiens. Un côté Corée du Nord avec ses rassemblements populaires organisés par le pouvoir en place pour fêter les valeurs locales.

Un défilé Rouge-Vert.

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À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

8 réflexions sur « Rouge vert »

  1. Didier Goux

    Eh bien moi, je suis violemment contre le fait de faire défiler les vieux ! Et pourquoi pas les moustachus normands ou les écrivains en bâtiment, pendant qu’on y est ? Laissons les vieux cuver tranquilles chez eux. Et puis, moi, ça m’arrange.

  2. la crevette

    « les vieux -pardon, les seniors- ont autre chose à foutre de leur retraite que de défiler en plein été puisqu’ils accueillent dans le Sud de la France leurs petits-enfants des écoles dans leur maison avec piscine. »
    Encore une attaque manifeste contre les familles fraonçaiiises!Je m’insurge évidemment.

  3. j.ax

    Du norvégien? Dans l’absolu, plutôt du communiste, à la base ces gens sont des communistes, d’où l’idée de défilé populaire. Nicolas Hulot n’avait apparemment pas compris le truc, avant de se subir un procès de Pékin puis de se faire éjecter lors de leurs « primaires ». Suis sûr qu’ils n’auraient aucun mal à trouver des idées, en Chine pop c’était bien discipliné ce genre de célébrations.

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