De quelle tendance du journalisme êtes-vous ?

Quand vous étiez petit vous souhaitiez devenir :

1-journaliste, afin de d’élever vos petits camarades à la connaissance prométhéenne apportée par le journalisme et vous-même

2-policier, ou douanier, mais étant donné le niveau de prise avec le réel et ses dangers inhérents, vous vous êtes rabattu sur les conflits d’open space. Pour faire oublier ce manque de couilles, vous dénigrez sans honte les policiers et les douaniers dans vos articles-avant de pleurer sur la manque d’effectifs de ces catégories si le gouvernement est de droite

3-quelqu’un qui signe de son nom des articles, qu’ils soient nuls ou pas n’a jamais eu d’importance, ce qui compte c’est qu’on parle de vous. Vous n’aimez pas les gens célèbres, sauf lorsqu’ils vous payent des voyages en Tunisie ou qu’ils vous font des confidences en off sous les dorures du pouvoir.

4-de gauche, mais pas vous retrouver avec des pue-la-sueur, hein, faut pas déconner

Chez vous on trouve :

1-tous les journaux où vos confrères travaillent, dans lesquels vous vérifiez -avec soulagement-qu’ils n’ont pas plus de talents ni de courage que vous

2-les livres de politiques, écrits par vos confrères ou vous-même, du même tonneau que les articles précédents

3-une photo de vous dédicacée par vous et pour vous. Ou pour votre maman, mais finalement vous l’avez gardée.

4-les bouquins de Zemmour-en service de presse, hein-, cet enculé qui passe à la télé, vend des livres et gagne plein de fric, ce salaud. Vous vous retenez d’écrire un article dénonçant son populisme. Vous demandez à un collègue de s’en charger.

5-L’intégrale des éditos de Colombani-Plenel, histoire de vous rassurer sur le niveau de …etc, etc…mais en notant les erreurs à ne pas commettre.

Vous assistez au mariage de votre nièce. La cousine du marié arrive au bras d’une demoiselle :

1-vous vérifiez que cette demoiselle n’est pas votre fille. Avez vous eu des enfants, au fait ? Vous demandez à un collègue d’enquêter.

2-vous félicitez hystériquement les parents de cette cousine, qui ne vous ont rien demandé, et vous mettez tout le monde mal à l’aise

3-vous insultez ceux qui s’en fichent comme ceux qui ne s’en fichent pas. Vous seul devez avoir une opinion.

4-vous allez les féliciter, mais vous vous apercevez que la compagne est en fait un compagnon. Vous grimacez ostensiblement devant cette hétérocentrisme ennuyeux et stérile.

5-vous allez les félicitez, et avez du mal à cacher votre angoisse lorsque vous apprenez qu’elle sont journalistes, et qu’elles comptent bien mettre en application les quotas pour minorités sexuelles que vous avez soutenus

La délinquance routière :

1-vous habitez Paris, vous n’avez pas de voiture, vous êtes donc favorable à la répression. Vous avancez quantité d’arguments victimaires et archéo-totalitaires moraux dans de longs monologues.

2- vous la rebaptisez « violence routière » afin de ruiner tout débat. Vous organisez ou participez ensuite à tous les débats sur le sujet.

3-vous allez voir sur place, vous vous faites enlever par des automobilistes. Après de longs mois de négociation, le gouvernement -de droite- paye votre rançon. Libéré, vous soutenez le projet de Loi visant à augmenter les PV pour rembourser les frais de votre libération. Vous écrivez un livre à charge sur les automobilistes, les policiers, les contribuables aigris, le gouvernement de droite et Hitler.

4-seule forme de délinquance-avec évidement l’évasion fiscale – pour laquelle vous décrétez que les excuses marxo-rousseau-bourdieusistes sont nulles et non avenues

5-étant majoritairement le fait d’hommes, s’apparente à la violence faite aux femmes. Comme vous êtes une femme, ou un homme qui a reconnu sa part féminine, vous vous déclarez partie civile perpétuelle et exigez des dommages et intérêts.

Votre petite dernière vous annonce que son petit ami est musulman et qu’il vient dîner ce soir :

1-vous vous demandez si l’image de la fille prise par l’étranger, même dans une métaphore à but antiraciste, n’est pas un cliché macho-xénophobe un peu gros, et n’aboutira pas à « dresser les français les uns contre les autres », mais comme vous êtes de gauche, personne ne vous ne fait la remarque

2-comme depuis qu’elle a 3 ans, vous lui dites qu’en tant que femme elle est libre de ses choix, et que c’est le seul domaine où vous n’avez pas d’opinion. Étrangement, vous faites une crise d’eczéma lorsque vous apprenez son suicide.

3-vous vous demandez pourquoi ça vous arrive à vous, alors que vous n’êtes pas catholique ni de droite et qu’il n’y a donc aucune raison de mettre votre tolérance à l’épreuve

4-dans l’incapacité de transiger entre l’oppression faite aux femme ou la liberté de choix offerte aux femmes, vous vous suicidez écrivez un article

5-vous la félicitez, appelez votre entourage pour qu’il remarque l’excellente éducation-si ce terme n’est pas trop connoté- que vous lui avez apportée, et lui demandez maintenant de sortir avec un noir, une gouine et son frère afin de lever les derniers soupçons d’intolérance résiduelle

Marine le Pen :

1-est plus dangereuse que son père, dont elle a d’ailleurs gardé le nom, soulignez-vous subtilement

2-plait beaucoup trop aux ouvriers pour être véritablement de gauche

3-vous ne l’attaquez pas frontalement, sait-on jamais

4-vous répétez à l’envie qu’elle propose les bonnes réponses aux mauvaises questions. Vous faites déposer ce trait d’esprit comme propriété intellectuelle. Vous attaquez Jacques Attali pour plagiat et faites un arrangement à l’amiable.

5-vous répétez que le FN au pouvoir ne changera rien, et qu’il faut donc continuer à voter PS. Vous vérifiez tout de même si votre maison de l’île de Ré est rapidement vendable et l’argent transférable dans un paradis fiscal

Additionniez les chiffres correspondants à vos réponses :

Vous avez entre 6 et 12 :
Vous êtes très professionnel et satisfait de vous-même. De fait, vous n’hésitez pas à copier-coller le même édito une semaine sur l’autre quelle que soit l’actualité. Vous avez fréquemment des hémorroïdes et vous frétillez sur votre chaise lors de débats dans des chaînes publiques. Votre modèle : Alain Duhamel.

 

Vous avez entre 12 et 18 :
Vous êtes un parangon d’humanisme. En recherche d’originalité, vous cultivez une image d’innocence blasée mais vigilante. Vous militez pour certaines guerres, et agitez régulièrement le risque de dérive droitière de ce pays. Votre modèle : Caroline Fourrest.

 

Vous avez entre 18 et 24 :

Vous êtes un ambitieux. Pour arriver au sommet, vous avez abandonné toute forme de talent, et ce avec une facilité déconcertante. Vous adorez le off des politiques et les débats sur la responsabilité des médias. En coulisse, votre vie est une douloureuse tragédie shakespearienne que seul votre ostéopathe arrive à soulager. Votre modèle : Laurent Joffrin.

Vous avez entre 24 et 30 :

Vous déchirez tellement votre race que vous vous demandez avec inquiétude si vous n’êtes pas un peu de droite. Serges Dassault a beau vous rassurer lors de ses dîners, vous ne l’écoutez pas et vous vous déclarez souverainiste. Vous découvrez le potentiel d’internet. Vous copiez-collez vos vieux « articles papier » sur le net et les trouvez encore plus beaux, cools & dérangeants. Reste à trouver un nom à votre site. Votre modèle : vous-même.


source d’inspiration


12 réflexions sur « De quelle tendance du journalisme êtes-vous ? »

  1. la crevette

    Cet article est génial!!
    Je suis morte de rire avec ça : « Vous déchirez tellement votre race que vous vous demandez avec inquiétude si vous n’êtes pas un peu de droite. »

    et celle-là aussi m’amuse beaucoup : « En coulisse, votre vie est une douloureuse tragédie shakespearienne, que seul votre ostéopathe arrive à soulager. » C’est tellement juste!

    1. Il Sorpasso Auteur de l’article

      Merci chère Crevette. J’ai hésité entre « tragédie grecque » et « tragédie shakespearienne » et j’ai choisi la difficulté orthographique. Quoique « grecque » est aussi piègeux.

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