Les trois quarts de ceux qui l’ont approché racontent qu’il était puant, invivable, radin, egoïste, et tout et tout.
Les autres disent que c’est le garçon le plus gentil, le plus sensible et le plus attachant qu’il leur a été donné de croiser.
C’est la bonne proportion.
Un jour, il s’est fait arrêter par les flics alors qu’il était en train de pisser contre un mur. Il leur a dit, la bite à la main: « messieurs, je ne vous sers pas la main, mais le coeur y est ».
Non, je ne sais pas.
J’ai entendu à son propos des anecdotes toutes aussi croustillantes les unes que les autres, et j’ai une bonne mémoire des anecdotes. Le type n’était pas très sympathique, pas très gérable au jour le jour, egocentrique, très près de ses sous. C’était le fils d’un notaire de province, un fils de famille, dont les parents avaient divorcé, et la mère s’était remarié avec un peintre proche du troisième Reich. Pendant la guerre, il allait souvent voir le Maréchal pour lui faire la conversation, et le vieux était parait-il mort de rire. A la libération, il a préféré se faire oublier, et il est parti plusieurs années aux Etats-unis et en Amérique du sud. A son retour, il était tellement tricard qu’il faisait les levées de rideau.
Vers 1960, il a été chopé au bois de boulogne avec des petits jeunes de dix-huit ans (mineurs à l’époque) et il a fait quelques semaines de prison…. C’est en souvenir de ça que Monseigneur Di Falco a refusé que la messe de ses obsèques se déroule à Notre Dame de Paris, conformément à son souhait.
Il était immensément riche, grace à quatre ou cinq titres qui continuent à faire le tour du monde et qui sont joués partout .
Pour ses quatre-vingt ans, des producteurs de télé sont allés le voir pour qu’il accepte de participer à une emission. A l’apéritif, il n’a bu que des pastis sans eau, il s’est mis au piano, et leur a dit « avant qu’on passe à table, si vous le voulez bien, je vais vous chanter le menu (je vous laisse imaginer la scène… Poireau vinaigette/ Avocat au crabe/ poum poum/… » ) et il leur a donc chanté le menu pendant deux heures, avant de leur dire qu’il n’était pas intéressé par le projet.
Il buvait du Cointreau et roulait dans de vieilles voitures américaines de couleur blanche, exclusivement. Il avait trois villas hollywoodiennes qu’il faisait blanchir tous les cinq ans… le gardien de l’une d’elle était un arabe qui était l’un de ses amants, et qui a sa mort a fait valoir un testament… La justice lui a donné raison, il a touché une part, la famille a fait appel et a gagné, la justice a ordonné que l’arabe rende l’argent, mais entre temps, il s’était fait escroquer par Madoff…
Un jour, Léo Ferré a voulu le rencontrer, et il a fait savoir par le biais de son attaché de presse que le personnage ne l’intéressait pas.
… Ca fait très cliché, mais ce vieux PD a vécu avec sa mère jusqu’à presque soixante-dix ans et la mort de la vieille dame, une cocotte qui s’est fait entretenir toute sa vie.
Voilà en vrac ce qui me revient. Si je me souviens d’autres histoires, je les raconterais sur ce fil, rien que pour vous^^
Merci! Je me demandais comment vous saviez tous ces trucs sur Trénet, ces anecdotes sont extraordinaires… celle du gardien de villa arabe, on dirait des paroles d’une de ses chansons.
Coïncidence j’ai entendu ce matin à la radio suisse qu’il passaient une série sur Trénet tout l’été. Voilà le programme: http://www.rtsentreprise.ch/communique_de_presse/tout-l%E2%80%99ete-pour-trenet%C2%A0/.
C’est chapeauté par France Inter et Alain Souchon sera là, mais sait-on jamais… Ils ont passé un petit bout d’interview qui mettait dans l’ambiance: « Enfant, j’ai été très malheureux, alors pour me venger, j’ai décidé de rester un enfant toute ma vie ».
Je crois que l’important, ce n’est pas de lire des livres, mais d’écouter sa boulangère ou son garagiste et de lire Paris-Match comme si on lisait un classique.
Exactement comme Doisneau photographiait les gens avec l’appareil de monsieur tous le monde.
Des histoires exraordinaires, Doisneau en voyait partout, en se promenant dans son quartier. Et moi je crois que n’importe quelle vie regorge d’histoires extraordinaires. Il suffit d’exercer sa sensibilité.D’ouvrir les yeux, pour le dire d’une manière moins pompeuse.
Ca rejoint ce que disait Céline à propos du style; »rien à foutre des histoires, il y en a partout, dans votre vie, dans la mienne… Ce qui compte, c’est le style »… En effet, ca ne sert à rien d’inventer des histoires, il y en a partout.
Je ne me faisais pas d’illusion, une bio française de Trénet risque d’être une coproduction Cabu, Souchon et France Inter. C’est juste que je lis actuellement une bio extraordinairement documentée de Sinatra.
Cette esthétique me rappelle celle du romancier argentin Roberto Arlt pour qui la presse populaire et les tabloïds de son époque étaient une source principale (voir notamment les Sept Fous et les Lance-flammes, considérés comme des chefs-d’oeuvre, même si Arlt est peu connu en France; traductions exceptionnelles en français d’Antoine Berman).
Un morceau qui sent bon le Terroir , la Tradition , le gratin , les fromages au lait cru et la piquette qui fait des centenaires , magnifique !!!
Non, ça n’a rien à voir.
Quel grand bonhomme, Trénet.
Oui, c’est un fait.
Les trois quarts de ceux qui l’ont approché racontent qu’il était puant, invivable, radin, egoïste, et tout et tout.
Les autres disent que c’est le garçon le plus gentil, le plus sensible et le plus attachant qu’il leur a été donné de croiser.
C’est la bonne proportion.
Un jour, il s’est fait arrêter par les flics alors qu’il était en train de pisser contre un mur. Il leur a dit, la bite à la main: « messieurs, je ne vous sers pas la main, mais le coeur y est ».
Savez-vous s’il existe un bon bouquin sur lui, biographie ou autre?
Non, je ne sais pas.
J’ai entendu à son propos des anecdotes toutes aussi croustillantes les unes que les autres, et j’ai une bonne mémoire des anecdotes. Le type n’était pas très sympathique, pas très gérable au jour le jour, egocentrique, très près de ses sous. C’était le fils d’un notaire de province, un fils de famille, dont les parents avaient divorcé, et la mère s’était remarié avec un peintre proche du troisième Reich. Pendant la guerre, il allait souvent voir le Maréchal pour lui faire la conversation, et le vieux était parait-il mort de rire. A la libération, il a préféré se faire oublier, et il est parti plusieurs années aux Etats-unis et en Amérique du sud. A son retour, il était tellement tricard qu’il faisait les levées de rideau.
Vers 1960, il a été chopé au bois de boulogne avec des petits jeunes de dix-huit ans (mineurs à l’époque) et il a fait quelques semaines de prison…. C’est en souvenir de ça que Monseigneur Di Falco a refusé que la messe de ses obsèques se déroule à Notre Dame de Paris, conformément à son souhait.
Il était immensément riche, grace à quatre ou cinq titres qui continuent à faire le tour du monde et qui sont joués partout .
Pour ses quatre-vingt ans, des producteurs de télé sont allés le voir pour qu’il accepte de participer à une emission. A l’apéritif, il n’a bu que des pastis sans eau, il s’est mis au piano, et leur a dit « avant qu’on passe à table, si vous le voulez bien, je vais vous chanter le menu (je vous laisse imaginer la scène… Poireau vinaigette/ Avocat au crabe/ poum poum/… » ) et il leur a donc chanté le menu pendant deux heures, avant de leur dire qu’il n’était pas intéressé par le projet.
Il buvait du Cointreau et roulait dans de vieilles voitures américaines de couleur blanche, exclusivement. Il avait trois villas hollywoodiennes qu’il faisait blanchir tous les cinq ans… le gardien de l’une d’elle était un arabe qui était l’un de ses amants, et qui a sa mort a fait valoir un testament… La justice lui a donné raison, il a touché une part, la famille a fait appel et a gagné, la justice a ordonné que l’arabe rende l’argent, mais entre temps, il s’était fait escroquer par Madoff…
Un jour, Léo Ferré a voulu le rencontrer, et il a fait savoir par le biais de son attaché de presse que le personnage ne l’intéressait pas.
… Ca fait très cliché, mais ce vieux PD a vécu avec sa mère jusqu’à presque soixante-dix ans et la mort de la vieille dame, une cocotte qui s’est fait entretenir toute sa vie.
Voilà en vrac ce qui me revient. Si je me souviens d’autres histoires, je les raconterais sur ce fil, rien que pour vous^^
Merci! Je me demandais comment vous saviez tous ces trucs sur Trénet, ces anecdotes sont extraordinaires… celle du gardien de villa arabe, on dirait des paroles d’une de ses chansons.
Coïncidence j’ai entendu ce matin à la radio suisse qu’il passaient une série sur Trénet tout l’été. Voilà le programme: http://www.rtsentreprise.ch/communique_de_presse/tout-l%E2%80%99ete-pour-trenet%C2%A0/.
C’est chapeauté par France Inter et Alain Souchon sera là, mais sait-on jamais… Ils ont passé un petit bout d’interview qui mettait dans l’ambiance: « Enfant, j’ai été très malheureux, alors pour me venger, j’ai décidé de rester un enfant toute ma vie ».
Je crois que l’important, ce n’est pas de lire des livres, mais d’écouter sa boulangère ou son garagiste et de lire Paris-Match comme si on lisait un classique.
Exactement comme Doisneau photographiait les gens avec l’appareil de monsieur tous le monde.
Des histoires exraordinaires, Doisneau en voyait partout, en se promenant dans son quartier. Et moi je crois que n’importe quelle vie regorge d’histoires extraordinaires. Il suffit d’exercer sa sensibilité.D’ouvrir les yeux, pour le dire d’une manière moins pompeuse.
Ca rejoint ce que disait Céline à propos du style; »rien à foutre des histoires, il y en a partout, dans votre vie, dans la mienne… Ce qui compte, c’est le style »… En effet, ca ne sert à rien d’inventer des histoires, il y en a partout.
Je ne me faisais pas d’illusion, une bio française de Trénet risque d’être une coproduction Cabu, Souchon et France Inter. C’est juste que je lis actuellement une bio extraordinairement documentée de Sinatra.
Cette esthétique me rappelle celle du romancier argentin Roberto Arlt pour qui la presse populaire et les tabloïds de son époque étaient une source principale (voir notamment les Sept Fous et les Lance-flammes, considérés comme des chefs-d’oeuvre, même si Arlt est peu connu en France; traductions exceptionnelles en français d’Antoine Berman).