Ce qui ressort d’un conflit comme celui des Malouines, c’est une échelle inégale des passions entre le Nord et le Sud, et une escalade parallèle de la rage. La rage (même chose entre Israël et les pays arabes) de voir toujours les faibles imprégnés du mépris d’eux-mêmes, par une sort de capillarité de la race supérieure, tellement qu’ils tremblent devant la revanche à prendre et préfèrent se livrer à toutes les foutaises suicidaires. Dans l’ordre des passions (qui est le véritable ordre des puissances), les mêmes pays, les mêmes peuples, sont éternellement voués aux ressentiments, à l’hystérie d’impuissance devant l’efficacité hautaine des stratégies blanches. C’est cela qui est insupportable, et qui me ferait détester les peuples du Sud, ceux de l’Islam, pour leur débilité, pour leur rhétorique suicidaire, si je ne détestais pas bien davantage les petits Blancs purs et durs assurés de leur victoire perpétuelle. C’est cette inégalité dans les passions, dans la vertu, dans le courage (il ne leur reste que la mort) qui fait que les peuples opprimés ne seront jamais à la hauteur de leur propre puissance- et qui fait rêver, paradoxalement, à un univers de véritables rapports de forces où l’écrasement au moins se justifierait au regard de l’ordre du monde.
Jean Baudrillard, Cool Memories I, écrit en 1981, publié en 1987 (je précise en pensant à ceux qui ont commencé à le trouver moisi au début des années 2000, à le dire illisible aux moments où il l’était le moins, et qui ont fini par l’enterrer d’un silence haineux)
» Il ne s’agit donc pas d’un choc des civilisations, mais d’un affrontement, presque anthropologique, entre une culture universelle indifférenciée et tout ce qui, dans quelque domaine que ce soit, garde quelque chose d’une altérité irréductible. Pour la puissance mondiale, tout aussi intégriste que l’orthodoxie religieuse, toutes les formes différentes et singulières sont des hérésies… La mission de l’Occident (ou plutôt de l’ex-Occident, puisqu’il n’a plus depuis longtemps de valeurs propres) est de soumettre par tous les moyens les multiples cultures à la loi féroce de l’équivalence. »
Jean Baudrillard, extrait d’un entretien avec Philosophie Magazine (entretien datant de 2003).
Mon Dieu qu’il est… Français. Abstrait et sans parti, esprit brillant et âme damnée… donc fatalement la fascination de Ben Laden finira par l’emporter.
Non, il était fasciné par le modèle américain. Son sujet a toujours été l’occident, même lorsqu’il parlait du terrorisme, de la même façon dont Lévi-Strauss ne parlait que de l’occident lorsqu’il étudiait les tribus amazoniennes.
Il est vain d’être fasciné par Ben Laden lorsqu’on a compris que Ben Laden était fasciné par l’occident (Ben Laden qui regardait dans sa villa-bunker des cassettes vidéos de journaux télévisés où on parlait de lui)
« Mon Dieu qu’il est… Français. […] donc fatalement la fascination de Ben Laden finira par l’emporter. »
Pff… Ajax imbécile détergent.
Toute la nuance est dans le « […] ».
Et ce qui est intéressant, à mon avis, c’est qu’il provienne du situationnisme. Il a été un certain temps compagnon de route de Guy Debord. Le gauchisme enragé (bien que les situationnistes furent cultivés et nettement au-dessus de la moyenne… ceci expliquant cela) peut mener à des choses bien surprenantes.
Où puis-je trouver sur la toile ce petit film de la sensuelle Sasha Grey qui apparaît, à l’occasion sur la droite de votre Blog D’élite ?
Vous pouvez cliquer sur la vidéo, vous serez redirigé vers l’hébergeur. Mais je ne sais pas de quoi vous parlez avec Sasha Grey.
Merci VV, mais je ne sais pas pourquoi, si je clique sur la vidéo, il ne se passe rien. Par contre j’ai réussi à en trouver une version chez vimeo.
Ah ! Si je devais rencontrer Sasha… je lui poserai des questions sur son pote Dave Navarro, guitariste, qui a commis un album avec les Red Hot Chili Peppers en 1995… ^^
« Où puis-je trouver sur la toile ce petit film de la sensuelle Sasha Grey qui apparaît, à l’occasion sur la droite de votre Blog D’élite ? »
Lequel film? c’est une actrice rare, elle n’en a tourné que 150, faudrait voir à préciser un peu plus pour qu’on puisse vous aider vieux cochon…
Oui, en fait cette guerre des Malouines a bien sonné le premier glas de l’Occident (bien avant cette guignolade de prisunic que fut le 11 septembre 2001). Cerise sur le gâteau (si j’ose dire) il y avait ces exocets (missiles made in Sovietic State of France) : une des armes les plus efficaces et effroyables de tous les temps (avec le canon de l’avion américain A10, dont j’ai oublié le nom et la marque)
Baudrillard n’était pas un philosophe : juste un homme lucide, inquiet de son temps et de sa race, un paysan quoi.
On sent l’égo complètement boursoufflé du blanc qui se croit tellement supérieur aux autres blancs qu’il se met à les haïr. Ne pouvant vivre seul il aime l’idée d’aimer ce qui n’est pas blanc ; juste l’idée, pas les êtres. Le fait d’être acclamé par les autres blancs qui éprouvent les mêmes sentiments, et dont ils aiment tout de même être aimé, renforce son narcissisme dans une spirale d’autosatisfaction. Ce qui l’amène à écrire ce genre de trucs, où il déclare détester tout le monde sauf lui-même.
@ V.V : Pas faux.
Mais il a l’avantage, sur les autres de son espèce, de ‘dire’ les choses. Après on en fait ce qu’on en veut.
« C’est cette inégalité dans les passions, dans la vertu, dans le courage (il ne leur reste que la mort) qui fait que les peuples opprimés ne seront jamais à la hauteur de leur propre puissance »
Quelqu’un qui écrit ça ne peut pas être complètement mauvais. J’aurais juste ajouté quelque chose… l’oppression, la passion, la vertu, le courage, ne sont pas à proprement parler des puissances… ils sont, plus exactement, « de la puissance en puissance ».
‘Puissance’ est un mot trompeur qui signifie à la fois ‘force’ et ‘potentiel’. La différence entre les deux, cependant, est capitale. [Elle équivaut à croire qu’il suffit de manquer pour posséder. Alors que le manque induit la frustration qui induit le désir, qui nécessite d’être domestiqué si l’individu sujet à ce désir veut élaborer des stratégies rationnelles dans l’espoir de le réaliser.] Un philosophe qui ne distingue pas les deux est soit un hypocrite, soit il n’est pas philosophe.
P.s : « Elaborer des stratégies rationnelles dans l’espoir de réaliser un désir », c’est précisément ça, en quoi consiste la supériorité des blancs (enfin de certains blancs).
Pp.s : Petit bémol : plus le désir est fort, plus il est difficile à domestiquer, naturellement… et plus la raison est aiguisée, et plus le désir est enfoui.
Enfin, parler de capacités supérieures de vertu et de courage concernant les africains d’Afrique… c’est complètement absurde. Vous avez raison de parler d’abstraction nuisible à ce sujet.
» il déclare détester tout le monde sauf lui-même. » Juste le préalable à l’état d’Ecrivain.
C’est surtout le préalable à l’état de connard et à une prose fat et le plus souvent insipide.
Certes.
Mais « connard, fat, écrivain insipide à l’écriture plate » c’est ce que pense qu premier abord la multitude de n’importe quel écrivain digne de ce nom.
A tel point que ça finit par lui faire plaisir d’entendre dire ces choses-là.
Tout ce rejoint, donc.
Non, mais laissez – il préfère les proses qui se donnent sans pudeur, les phrases vivaces et courtes sur pattes, façon néo néo ( néo?) hussard; les écritures d’écrivaillon prétendue authentique. Je t’envoie gratos du Marguerite Duras, avec une dédicace de ma part.
« connard, fat, écrivain insipide à l’écriture plate » c’est ce que pense qu premier abord la multitude de n’importe quel écrivain digne de ce nom »
Non
Putain oui tout se rejoint. VV a raison, au poil près. VV = génie – Baudrillard = génie (qu’à lire Amérique). Vin mauvais.
« Amérique » génial en effet, Gil, l’analyse la plus audacieuse que j’ai lue au sujet des USA. On y comprend également mieux son concept de simulacre (utopie réalisée => second baptême=>toute copie y est supérieure à l’original). En fait, Baudrillard a eu l’intelligence de créer des concepts analytiques adéquats car il avait compris que l’Amérique n’était pas analysable avec les anciens concept européens (dialectique, historique..), c’est probablement pour ça également qu’il a été en grande partie incompris par ceux qui considèrent-en bien ou en mal- que l’Amérique n’est qu’une espèce d’excroissance historique de l’Europe.
Oui. J’aimerais ajouter quelque chose : l’extrême beauté du style de JB, en particulier dans Amérique. Quelqu’un a parlé plus haut d’abstraction etc, mais le style de JB est un de ceux que je goûte (au sens le plus concret) le plus. Il est fluide comme les freeways qu’il décrit, mais d’une fluidité capiteuse, si j’ose dire.
Mais tout cela n’est pas contradictoire avec ce qu’en a dit VV : il y a chez JB de gros restes de gauchisme, qui peuvent expliquer certaines choses.
» il déclare détester tout le monde sauf lui-même. » Juste le préalable à l’état d’Ecrivain.
Pourquoi mettre une majuscule Ignatius à Ecrivain, écrire c’est juste prendre un stylo et raconter une histoire (ou alors la fois qu’on s’est coincé son pénis (son pénis à soi) dans la chatte d’un poney de 3 ans – quand on a pas d’imagination et/ou qu’on est un minable)…
Qu’à Romancier vous mettiez une majuscule, passe encore… mais des écrivains, il y en a partout… c’est la lie, l’erreur permanente – je ne vous fais pas de liste: j’ai bien trop peur d’y voir apparaitre malgré moi trop de juifs et de passer pour un nazi.
Je ne connais pas ce Baudrillard, mais le titre « Cool memories » est vraiment très fun, pour avoir été écrit par un grabataire (je ne sais pas, mais l’écrivain français a pour habitude d’être vieux quand il envoie des titres qui balancent)…
Je me range à l’avis du Général. Ce type était probablement un paysan qui n’avait rien demandé à personne.
vous confondez Ecrivain et auteur !
Non, non, je confirme, n’importe qui peut se prétendre Ecrivain (écoutez la radio, regardez la télé, y en a plein). Auteur se rapproche de Romancier, il présente une oeuvre (c’est du lourd, negro). Pas une analyse d’un fait présent passé ou futur.
Nous ne nous comprenons vraiment pas, Restif, au secours! expliquez à ce philistin ce que les saltimbanques qui puent des pieds ont apporté à notre civilisation…
Heureusement que n’importe qui peut se prétendre écrivain. Comme dans tout métier il y a de bons et des mauvais. Ce que je ne comprends pas bien c’est ce désir de sacralisation de la chose, de mettre des majuscules aux mots qui ne commencent pas les phrases et qui ne sont pas des noms propres.
Well – c’est pour marquer une différence nette et sans retour entre l’écrivain Amélie Nothomb, et l’Ecrivain Mirbeau, Bloy, ou Aymé. C’est la guerre !
Je préfère lire du Amélie Nothomb que du Bloy qui pue le ressentiment et la médiocrité comme personne.
Le ressentiment à l’égard des Blancs peut (parfois) être très drôle.
http://www.youtube.com/watch?v=WTNopddkTsM&feature=related
Moi je le trouve essentiel Baudrillard.
L’Amérique est foutue, hombre !
http://www.youtube.com/watch?v=l7qKD-Ph7ds&feature=related
Ibid
@VV
il ne dit pas dans l’extrait précédent détester tout les blancs sauf lui-même, mais le Blanc auto-satisfait plus que les peuples du ressentiment, le blanc as étant une figure du néo-bourgeois, c’est à dire celui qui est le plus enclin à culpabiliser, c’est à dire le Blanc du déclin et des gages audits peuples
Tout cela, dont il s’accuse, n’est pas rien.
Tout cela est très mal.
Pour un philosophe, s’entend.
Pour un chanteur de rock, ou un héroïnomane, encore, ça passe…
Tout est entre les lignes dans ce passage… et d’une clarté univoque. Il met le doigt précisément là où ça fait mal, parce qu’il met le doigt, comme Nietzsche précédemment, sur le ressentiment qui mène le monde comme il va.
Pour extrapoler un peu, les noirs haïssent les blancs de n’être pas blancs eux-mêmes… les arabes haïssent l’Occident de n’être pas occidentaux… les franchouillards haïssent les USA de n’être pas américains… les pays de l’Est haïssent les pays de l’Ouest de n’être pas de l’Ouest… et chacun, bien entendu, se trouve de toutes autres excuses surtout pour oublier (c’est là la clef du ressentiment qui le distingue de la haine — qui peut être un moteur auxiliaire) que chacun se hait soi-même. Sauf peut-être (encore qu’un travail formidable des contempteurs de toutes sortes a été fait pour indiquer le contraire) les juifs et les américains qui, eux, ne se posent pas intrinsèquement ce genre de problème. Les juifs parce qu’ils sont Le peuple générique par excellence ayant reçu une redoutable charge, celle de la préservation de l’Alliance avec Dieu : responsabilité inclusive des autres peuples, ce qui en fait une élection singulière contrairement à ce qu’en pensent les antisémites qui doivent se trouver (toujours à cause du ressentiment) un bouc émissaire. Les américains, eux, et quelle que soit leur origine, à partir de l’instant où ils ont épousé la cause de leur Monarque qui est (Dantec l’a très bien exprimé) leur Constitution dont le Président n’est que le représentant, le garant, le protecteur et l’émissaire, sont toujours dans un Espace Ouvert… si leur continent avait été 10 fois plus grand, ils seraient toujours en train d’avancer vers l’Ouest. Mais comme il est de la taille qu’on lui connaît, ils doivent trouver coûte que coûte une expansion d’Empire afin de subsister en tant que projet et comme Nation. Ce n’est pas surprenant que leur objectif prochain soit l’Espace, car lui, au moins, n’a pas de limites.
Entre les Juifs, peuple originel générique et les américains, peuple conclusif mais ouvert souhaitant porter le mélange intelligent en préservant l’Ordre (en supposant que les forces d’inertie démocrassouillardes ne remportent pas la partie et que le socle fondateur de ce pays à taille continentale ait toujours le dessus) se trouvent coincés les authentiques moisis souverainistes de tous poils qui refusent de se sortir la tête du cul oubliant au passage que les USA affirment, eux, au passage, une souveraineté authentique que nous avons nous autres totalement perdus puisque nous ne sommes plus que « les petits Blancs purs et durs assurés de leur victoire perpétuelle. »
Je doute qu’au sommet de l’Etat Israélien ou de l’Etat Américain les décideurs soient des « petits Blancs purs et durs assurés de leur victoire perpétuelle. » Seulement Baudrillard voit juste. Le « petit Blanc pur et dur assuré de sa victoire perpétuelle » a existé… il s’appelait Adolf Hitler et qu’a-t-il voulu faire si ce n’est que pratiquer la destruction à l’égard du peuple générique d’origine pour prendre sa place en se proclamant élu à sa place, avec toute la morgue occulte et ésotérique de l’intérêt qu’il portait à la Kabbale, à l’Arche d’Alliance, etc… oubliant, au passage, que ça n’était pas la matérialité de ces objets qui comptait, mais leur ESPRIT qui embrase, vivifie ou bien tue. Et, Apocalypse oblige, Adolf Hitler a bel et bien gagné, pour l’instant, puisque le langage meurt, Dieu aussi (bien que son cadavre bouge encore, les hommes mènent une existence machinique, et le Golem qu’il a créé entre 1933 et 1945 n’en finit plus de poursuivre sa course selon d’autres processus… par l’Islam, par exemple, la collectivisation des esprits, la transformation des individus en rouages simples de la Big Machine. Et qu’a-t-il souhaité faire d’autre, si ce n’est s’en prendre au pays conclusif, les USA, qui incarnaient la menace essentielle contre la propagation de sa non-civilisation.
Cette bêtise crasseuse de « petit blanc » poursuit sa danse dans les âmes et les esprits, comme dans les corps. Il n’y a rien de plus bête et stupide, de raciste et violent qu’un progressiste socialiste ayant, socialement réussi… l’affaire DSK est en ce sens du pain béni qui confirme que communisme, socialisme, nationaux-socialisme, islamisme toléré par le « petit blanc » en question ne sont que les diverses expressions, à des degrés divers, du même fond mental nauséabond. Et cela même si DSK affirme vouloir aider Israël dont il a rejeté la judéité.
Ce commentaire de Baudrillard n’est pas une auto-critique… je doute qu’il se soit senti concerné par la description… il ne se hait pas lui-même, là… il pointe le doigt sur le petit blanc qui est petit parce qu’il refuse de s’essuyer la merde qui lui pend au cul et se veut, envers et contre tout, assuré de sa victoire. Or le péril guette… celui de l’effondrement terminal, de l’inversion définitive… Babel, Sodome et Gomorrhe… mais c’est là quelque chose de prophétique et c’est une autre histoire tout en étant la même.
Ce qui est bien avec vous Nebo c’est que vous commencez par citer Nietzsche et (donc) par vous en réclamer. Puis vous finissez toujours dans la métaphysique la plus étroite. Alors que toute sa vie Nietzsche a cherché à se libérer, à se délester de la métaphysique pour fonder de nouvelles valeurs. Vous faites l’inverse de Heidegger, qui partait de la métaphysique présente (à des dépends) dans l’oeuve nietzschéenne pour arriver à définir son « éthique de la libération » (comme étant donc la dernière métamorphose d’une métaphysique). En somme pour parle vite, vous êtes ce que Nietzsche vouait aux gémonies. Le ressentiment c’est vous quoi. Vous.
En même vous n’êtes pas Serbe pour rien, hein… 😀
En même temps…
Excellent…
Notez, ma réaction précédente était épidermique,
je l’ai traité d’âme damnée mais en même temps je peux comprendre que cette génération a vécu plus près que nous de ces temps de l’antéchrist du nazisme et du communisme et dont, il faut le reconnaître, nos frères américains ont été relativement préservés.
Cher Grödion, Nietzsche a dit aussi : « Nous avons besoin d’un César avec l’âme du Christ ! » Si ça ce n’est pas de la Métaphysique incarnée, c’est le cas de le dire, je n’ai rien compris. Il a oublié, au passage, que ce César existait déjà : le Christ en personne qui revient avec une épée.
Nietzsche n’a jamais combattu qu’une seule chose : le métaphysique spéculative, le verbiage des arrières-mondes, et en ce sens il avait parfaitement raison. Le christianisme dépoussiéré de l’abbé Pierre et de soeur Emmanuelle, autrement dit le christianisme remis en route, ça n’est plus du tout ça.
Il n’y a pas la moindre once de ressentiment chez le serbe que je suis dans ce que j’ai écrit là. Mais vous avez le droit de voir midi à votre porte, pour rester dans une logique nietzschéenne.
« Nous avons besoin d’un César avec l’âme du Christ ! »
Il a écrit cela en 1884. Au fil des années « l’âme » en question disparaît de ses écrits pour laisser place à un César cruel et sans remords. Tout empreint d’immanence et de matérialisme. L’Antéchrist,son dernier livre, ne fait pas de doute : Jesus état un être sans le moindre ressentiment, mais TOUT le christianisme suinte la haine de ce monde, le recours aux arrières-mondes, la vengeance, etc.
« Le christianisme dépoussiéré de l’abbé Pierre et de soeur Emmanuelle, autrement dit le christianisme remis en route, ça n’est plus du tout ça. »
Et pas qu’eux. Les Evangiles, les Epitres, l’Apocalypse (livre du ressentiment et de la haine vengeresse des esclaves, par excellence pour Nietzsche), Augustin et tous les Pères de l’Eglise, etc. Ca fait beaucoup de monde.
De toute manière Nietzsche était un gars qui courait après son père disparu quand il avait 5 ans. Il est mort trop tôt. S’il avait vécu assez vieux il aurait pu se faire suivre par Gérard Miller et aurait été sans doute guéri de son désir de phallus et d’autorité. Il aurait pu avoir une vie normale : cadre dans une PME, marié-divorcé-remarié avec 3 gosses, une Prius 4 roues motrices, un pavillon à crédit, une carte de la CDU et des vacances en famille à Marbella. Il a préféré errer à travers l’Italie du nord comme un clochard avec ses valise pleines de livres.
« Il a préféré errer à travers l’Italie du nord comme un clochard avec ses valise pleines de livres. »
Il est des clochards célestes… il est des clochards célestes, Grödion.
« Il est des clochards célestes… il est des clochards célestes, Grödion. »
http://www.youtube.com/watch?v=23hnD1LdKGw
« L’Antéchrist,son dernier livre ne fait pas de doute »
N’est ce pas plutôt Ecce Homo son dernier livre ?
Ecce Homo est le dernier hurlement d’un homme qui est sur le point de perdre sa voix, noyé dans sa folie.
C’est la dernière fois qu’il tente désespérément de s’adresser au monde pour lui dire la vérité pour attirer l’attention sur le monde lui-même, son état présent et, en « prophète », sur les catastrophes à venir. Nietzsche, selon Heidegger, n’est pas sorti de la métaphysique comme il le souhaitait, mais il est devenu le dernier métaphysicien digne de ce nom. Et Heidegger, spécialiste en Scolastique, dans sa jeunesse, en connaît un rayon en la matière.
Quant à son père, il me semble bien que sa mort a eu une incidence effective sur son « Gott ist tot », cependant il ne me semble pas qu’il ne soit pas parvenu à régler son compte à l’ombre de celui-ci :
« Je considère comme un grand privilège d’avoir eu un tel père : les paysans devant lesquels il prêchait – car après avoir vécu quelques années à la Cour d’Altenburg, il était pasteur pendant les dernières années de sa vie – les paysans disaient qu’un ange devait avoir ce visage-là.
–Ainsi, je touche à la question de la race. Je suis un noble polonais pur sang, auquel n’est mêlé aucune goutte de sang mauvais, surtout pas de sang allemand. Si je cherche ce qui
m’est le plus profondément opposé, l’insondable vulgarité des instincts, je trouve alors toujours ma mère et ma sœur, me croire apparenté à une telle canaille serait un blasphème à l’encontre de ma divinité. La manière dont je suis traité par ma mère et ma sœur, jusqu’à l’instant présent, m’inspire une indicible horreur : ici travaille une parfaite machine infernale, avec une infaillible sûreté, en vue de trouver l’instant où l’on peut me blesser jusqu’au sang – dans mes instants les plus hauts, … car alors manque toute force pour se défendre contre la venimeuse vermine… La contiguïté physiologique rend possible une telle disharmonia praestabilita… Mais j’avoue que la plus profonde objection contre l’éternel retour, ma pensée proprement la plus abyssale, c’est toujours mère et sœur.
– Mais en tant que polonais aussi, je suis un terrible atavisme. Il faudrait remonter des siècles en arrière pour trouver cette race, la plus noble qui jamais fut sur terre, dans l’état de pureté des instincts où je l’incarne. J’ai contre tout ce qui s’appelle aujourd’hui noblesse le souverain sentiment d’être distinct, – au jeune empereur allemand, je n’accorderais pas l’honneur d’être mon cocher. Il n’y a qu’un seul cas où je reconnaisse mon égal – je l’avoue avec profonde gratitude. Madame Cosima Wagner est de loin la nature la plus noble ; et afin de ne rien taire, je dis que Richard Wagner était l’homme qui m’était de loin le plus apparenté… Le reste est silence… Toutes les idées ayant cours sur les degrés de parenté sont un non-sens physiologique insurpassable. Le Pape, aujourd’hui encore, fait commerce de ce non-sens. Le moins apparenté, on l’est avec ses parents : ce serait le signe le plus extrême de vulgarité que d’être apparenté à ses parents. Les natures supérieures ont leur origine infiniment plus loin en arrière : c’est en vue d’elle qu’il a fallu le plus longtemps rassembler, épargner, accumuler. Les grands individus sont les plus anciens : je n’y comprends rien, mais Jules César pourrait être mon père – ou bien Alexandre, ce Dionysos fait chair… À l’instant où j’écris cela, la poste m’apporte une tête de Dionysos… »
Son rapport à la filiation me semble plus complexe que ce que votre cynisme le laisse entendre.
Et ce « Le moins apparenté, on l’est avec ses parents : ce serait le signe le plus extrême de vulgarité que d’être apparenté à ses parents » est très biblique. Une fois l’enseignement de la voie juste reçu, les enfants se détachent des parents pour vaquer à leur vie propre. Il leur doivent respect… mais n’ont pas à se soumettre à leurs désidératas. L’individu a tout son sens ici, Il n’est pas soumis à la loi d’un clan et d’une tribu.
« Ainsi, je touche à la question de la race. Je suis un noble polonais pur sang, auquel n’est mêlé aucune goutte de sang mauvais, surtout pas de sang allemand. »
Polonais ? Je croyais que Nietzsche avait du sang Ougandais. Le surhomme c’était Idi Amin Dada parait-il. Enfin, le surhomme pour sa valetaille.
« Son rapport à la filiation me semble plus complexe que ce que votre cynisme le laisse entendre. »
Vous avez compris j’espère que la lettre que vous citez, Nietzsche l’a écrite en étant aussi conscient et éveillé que le trisomique qui donne la réplique à Daniel Auteuil dans le 8e jour ?
« L’individu a tout son sens ici, Il n’est pas soumis à la loi d’un clan et d’une tribu. »
En effet, c’est un leitmotiv chez Nietzsche : se libérer de la tribu ou des traditions qui rendent esclaves c’est le premier pas vers la liberté de l’esprit, mais les traditions ont aussi leurs grands valeurs : le grand homme est celui qui sait fie le grand écart, comme Jules César (ou Van Damme dans l rôle e Valmont !). Vous avez lu Wotling ? Son opuscule -excellent-, « La philosophie de l’esprit libre » tourne autour de ce thème.
ça n’est pas une lettre, mais c’est tiré de Ecce Homo… chapitre « Pourquoi je suis si sage »… qu’Idi Amin Dada a très certainement lu avec une ferveur non retenue.
J’ai été trompé par la dernière phrase : « À l’instant où j’écris cela, la poste m’apporte une tête de Dionysos… ». Le genre de trucs qu’il écrivait après son « effondrement » (comme on dit). Cela dit au moment d’Ecce Homo Nietzsche le Polack (sic) était déjà délirant.
Idi Amin l’exubérant et grandiloquent, était-il le dernier Dadaïste ?
« Idi Amin l’exubérant et grandiloquent, était-il le dernier Dadaïste ? »
M’en moque… je préfère Dali à Dada.
Et Dadi ?
« Je préfère lire du Amélie Nothomb que du Bloy qui pue le ressentiment et la médiocrité comme personne. »
C’est bizarre, vous ne me surprenez pas. Je propose que cette phrase ponctue chacun de vos posts, que l’on sache à quel bougre on parle ! ( oui, vous m’avez énervé, je suffoque ! )
et enfin, cessez de parler de ressentiment, depuis que je l’ai évoqué chacun s’y jette confusément, à commencer par le titre de cet article. ( oui, j’ai assez d’orgueil pour nier Nietzsche et faire de mes dires la nouvelle ligne éditoriale de ce site )
Pourquoi pas, cela ne me gênerait pas… Il y a du positif en Amélie Nothomb. J’ai bien aimé Stupeur et tremblements.
Bloy aussi pensait qu’il méritait une majuscule, qu’il était écrivain avec un « E » majuscule, qu’il n’y avait rien de plus important, et que tout le reste n’était que perte de temps. Le manque de reconnaissance dont il a joui, le sentiment ne n’être pas apprécié à la hauteur de son gigantesque talent, a fait de lui un Caliméro, un chouineur de première passant son temps en diatribes contre tout ce qu’il côtoyait, doublé d’un comportement de parasite et d’ingrat. Quelque part il est devenu la figure du chrétien dessinée par Nietzsche. Cet homme du ressentiment et de l’impuissance.
Ce qui est gênant avec les majuscules hors contraintes de syntaxe c’est qu’elles sacralisent. Depuis que Houellebecq est devenu un « Ecrivain » il n’a plus rien écrit d’intéressant, il n’a plus pris de risque, il est devenu ennuyeux et peut-être même fainéant. Mettre une majuscule c’est comme désigner un veau d’or devant lequel il faut se prosterner, le mettant définitivement hors d’atteinte, hors du champ de la conversation. Je préfère les pistes, les sentiers à explorer.
& VV : total respect pour ce que vous écrivîtes sur Bloy et d’autres. (Je sens qu’on va encore se faire engueuler par Restif ou le Stalker !) Tous aux abris !
Rompez (vous pouvez fumer ce que vous voulez)