La présomption d’innocence est un concept qui a cours chez les mafieux et dans les républiques bananières, comme dans la France de 2011 où l’on exige qu’on ne communique pas dans les médias sur l’incarcération de DSK et qu’on ne le montre pas menotté au nom de la présomption d’innocence.
Il s’appuie sur un principe juste, ce concept, à savoir qu’un accusé doit pouvoir se déclarer innocent, jouir d’une liberté de mouvement lui permettant de rassembler les preuves de son innocence et de prendre des avocats, ce que rigoureusement personne ne conteste ni dans les faits ni dans les actes…. Seulement, dans un état de droit, on doit considérer à priori que la justice a de bonnes raisons pour envoyer ses flics et que ceux-là se jettent à priori sur les coupables avec des preuves solides et d’excellentes raisons.
Les défenseurs de la présomption d’innocence s’appuient sur le principe incontestable qu’un un accusé a le droit de se défendre, exactement comme bon nombre de voleurs font valoir le principe tout aussi irréfutable selon lequel les riches ne doivent pas spolier les pauvres, avant de se livrer à un tour de passe-passe et décréter que ce n’est pas à la puissance publique de juger qui est pauvre et qui est riche, mais aux pauvres, plus exactement aux représentants des pauvres, c’est à dire les voleurs …. Le principe scélérat de la présomption d’innocence, il repose sur l’idée que l’opinion des pouvoirs publics ne vaut pas mieux que celle des voyous, que c’est parole contre parole et qu’il ne s’agit que d’un vulgaire combat de coq ou d’une bataille d’influence.
Quand Martine Aubry dit DSK est pour l’instant innocent parce qu’on n’a pas encore entendu sa version, elle affirme en substance que la parole d’un type serré par la police américaine vaut tout autant que celle d’un flic américain, et qu’ de toute façon, au final, c’est son opinion qui prévaudra, qu’elle n’accordera aucune légitimité à un jugement qui pourrait condamner DSK si elle n’est pas d’accord en conscience et qu’elle n’hésitera pas à lui accorder une immunité diplomatique.
Martine Aubry et généralement tous les adeptes du concept de la présomption d’innocence, ce sont des gens qui pensent qu’on est tout à fait innocent quand on n’est pas reconnu coupable, et je leur fais remarquer qu’Al Capone se défendait exactement comme Martine Aubry défend DSK, qu’il demandait des preuves écrites et formelles, et qu’en attendant, il tenait les allégations du ministère public pour des foutaises et l’idée selon laquelle il ne serait pas un honnête commerçant pour de la rumeur…. Al Capone et Martine Aubry, ils ont en commun d’avoir tous les deux qualifiés les accusations qui visaient leurs organisations de rumeurs et qu’il en serait ainsi tant qu’elles ne seraient pas écrites.
On ne fait pas confiance au ministère public, on se méfie de la rumeur et l’on s’accroche à la présomption d’innocence, quand on est un truand, ou bien encore un socialiste français soucieux de l’honneur de DSK plus que celle des filles qu’il retourne.
On remarquera avec attention qu’on peut fouler la présomption d’innocence pour un violeur du Nord pas de Calais. Ainsi, si une affaire chatouille la divine Opinion publique, nos politiques appellent à la plus sévère « gravité ».
Enfin, il n’est jamais trop tard pour redécouvrir quelques principes de notre tendre ripoublik.
Merci Strauss Strauss.
Très bien vu. Ce sont aussi les mêmes escrocs qui ne manquent jamais de dire « j’ai confiance en la justice de mon pays » quand ils sont impliqués dans une affaire de corruption.
Au fait, ce n’est pas « son opinion qui prélavera » mais « son opinion qui prévaudra » qu’il faut écrire.
Je n’avais pas vu cette immondice.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/l-affaire-dsk/20110517.OBS3339/affaire-dsk-l-organisation-mediatique-d-une-mise-a-mort-par-jean-daniel.html
Je suis trop attaché à ce pays, je le sais parce que quand je lis un texte comme celui-là ça me fait mal au ventre et j’ai des pensées très mauvaises qui me traversent l’esprit, à savoir que par un incroyable hasard d l’Histoire cette ordure parle dans ce texte en mon nom de Français.
Vous n’êtes pas seul… mais avec Internet, on peut se dire aussi que Jean Daniel ne compte pas plus qu’un auteur d’Ilys, dans l’absolu. Je suis fier en tant que Français de bien des choses que je lis sur Ilys…
En effet. Et j’ajouterai que s’il fallait définir ce qui, dans l’esprit français, mérite d’être sauvé, on le retrouverait largement sur ilys : l’arrogance, la sophistication, la duplicité intellectuelle, une certaine posture décadente (pas revendiquée en tant que décadence, mais affirmée contre ceux qui la fustigent et la voit partout). Dans la conscience occidentale, j’ai la prétention de penser que Sade représente davantage la France que Rousseau.
En ce sens d’ailleurs je pense que DSK nuit beaucoup moins à l’image de la France à l’étranger que Villepin pendant la guerre d’Irak.
Ce n’est pas DSK qui nuit à l’image de la France, c’est la réaction tiers-mondiste des frankistanais.
Ce n’est pas DSK, ce sont les DSK, qui nous font honte.
Oui, complètement. Le droit commun DSK, le violeur DSK, « LE PERV » DSK ne représente que tous les droits communs, violeurs et gibiers de potence de Rikers Island.
C’est ceux qui réclament qu’il soit reconnu pour autre chose que ce qu’il est au nom d’une logique tribale qu’ils appellent France, qui s’amalgament à lui, et voudraient, comme ils s’y sont habitués, voir le peuple défendre ses criminels.
Oui c’est juste.
Cependant dans cette histoire, ce qui me fait le plus honte c’est que si nous étions un pays libre, le pervers DSK n’aurait jamais violé cette femme de chambre à NY. Il aurait été mis dans un institut médical, voire au gnouf, depuis longtemps.
A cet égard la France institutionnelle, celle des hommes politiques, des media, des juges, porte la responsabilité d’un certain nombre de victimes potentielles, plus ou moins violentées, de DSK. Et l’humiliation est d’autant plus forte quand on voit la détermination et l’efficacité des procureurs de Nexw-York à le coffrer, sans prendre de gants, dans l’avion, menottes au poignets – bref, exactement ce qu’il faut faire, ce que nous aurions dû faire depuis tant de temps…
Tout à fait, oui, d’ailleurs c’est fascinant de voir, à travers la théorie du complot, comment les gens ont intégré cette logique naturelle d’impunité. En réalité très peu de complotistes croient DSK innocent, la plupart admet, suppose que DSK était un maniaque. Mais elle part du principe que pour qu’un maniaque aussi puissant que DSK se fasse choper, il faut absolument une intervention extérieure, une puissance maligne, une volonté de le détruire indépendamment du fait qu’il est coupable. Comme si le pouvoir ne pouvait être du côté de la décence que par accident. Ça rejoint cette conception délirante de la présomption d’innocence qui entend que la police et l’autorité légale n’ont pas davantage de légitimité que le prévenu, cette défiance purement idéologique de toute violence légitime. La puissance nécessaire à briser le vice qu’un homme comme DSK ne peut qu’être nourrie d’un vice encore plus grand (complot et/ou simplement vision « populiste » de la justice publique).
Cynisme non dénué d’intelligence mais qui ne profite qu’aux voyous et aux indécents, et qui est devenu en France la mesure officielle de la clairvoyance.
Cette affaire a du casser les pastèques de bcp de militants car : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/05/18/mysterieuse-serie-dexplosions-de-pasteques-en-chine/