Hygiène

Un homme vient de se voir condamné à trois années de prison ferme pour avoir transmis le sida a une de ses partenaires.

Pas besoin d’être un grand intellectuel à Benghazi pour entrevoir ce que les uns et les autres ont pu se dire pendant le procès. D’autant que de semblables et précédentes affaires ont déjà popularisé et amené le débat dans l’espace public.

Il savait.

Elle était « joyeuse, un peu rêveuse« , selon son avocat.

Il a aujourd’hui quarante ans. Il en avait vingt-huit lors des faits. Elle en avait vingt-six. Ils étaient tous les deux toxicomanes. Elle a écrit un poème lu à l’audience et qui contient ses mots, « Au nom de l’amour, tu m’as condamnée à perpétuité« .

Mais aujourd’hui les mauvais poèmes condamnent leur destinataire et non leur auteur.

Devant la cour on imagine que les thèses sur la contamination s’affrontent. Que s’est-il passé dans la chambre à coucher ce soir là ? Ce funeste et unique soir où l’accusé admet qu’il a tu sa séropositivité et n’a pas, cette fois-ci, recouvert son membre viril -mais moins que celui d’Alain Soral- d’un préservatif ? Mais qui le sait d’ailleurs, si ce n’est les deux protagonistes ? Qui sait si cette demoiselle « joyeuse et un peu rêveuse » a contracté le virus à ce moment là ? Personne ? Oui, personne. Cependant, n’est-ce pas plausible ? N’est-ce pas en tout cas possible ?

Parvenu ici il convient de dire les choses crûment.

Cette condamnation là est une plaisanterie.

Je n’aime pas particulièrement les gens d’Act-Up, mais il faut bien dire que les procès ayant pour objet un rapport sexuel consenti sans préservatif et pour lesquels on peut établir qu’au moins un des partenaires connait sa séropositivité, tiennent parfois faiblement debout. Parole contre parole. Lâcheté contre faiblesse ou négligence. Saloperie contre inconscience si on préfère. Mais demeure l’impossibilité de distinguer parfaitement la victime du coupable, les deux protagonistes étant à la fois l’un et l’autre. Certes, dans le cas précis qui me fait réagir, le bonhomme a eu l’honnêteté de reconnaitre que, oui, il n’avait pas prévenu explicitement sa compagne. Mais cela ne change pas grand chose. Il reste impossible d’affirmer avec certitude qu’il est l’auteur de la contamination et, surtout, cela n’atténue pas sa responsabilité à elle.

Je sais ce qu’on va me répondre. Et la confiance ? Ce petit élément nécessaire à une vie de couple ? Parce que, sinon, ne devrait-on pas persister à utiliser un préservatif ad vitam æternam afin de s’assurer face au risque de contamination ?

Oui, quelque part, l’idée d’une responsabilité partagée -développée par les associations contre le sida- heurte le bon sens mais aussi le sens pratique.

Ainsi pourrait-on reconnaitre des cas où la contamination, même sans certitude scientifique, pourrait être imputable à quelqu’un et que ce quelqu’un puisse être condamné pour cela. Mais dans ce cas précis, entre deux toxicomanes et avec une seule relation non protégée, on comprend mal ce qui a pu motiver la condamnation. Même si, manifestement, au regard de la jurisprudence, le simple fait de taire sa séropositivité dans une relation, même unique, sans préservatif constitue déjà un élément pouvant être porté au pénal.

Ce n’est pourtant pas comme si le risque de contamination n’était pas un risque connu. Ce n’est pas comme si faire confiance, sans trop poser de questions, n’était pas en règle générale, sida ou pas, un risque qu’on prend. Ce n’est pas comme si nos erreurs de jugement et nos conneries n’entrainaient pas des conséquences.

Cette entrée a été publiée dans Droit, et marquée avec , le par .

À propos Blueberry

Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… Et le gouvernail est là qui ballote. L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là. Et le mât craque, et le vent siffle, et les voiles vont se déchirer et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires. Crois-tu alors qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire "oui" ou "non", de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le pont devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille. Il n’a pas de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends, cela ? Créon, Antigone, Jean Anouilh.

3 réflexions sur « Hygiène »

  1. Alexandre Petit

    C’est quoi le sida ?
    http://sidasante.com/

    Un virus qu’ont n’a jamais isolé, qu’on pense détecter par une « série probalistique » de mesures, qui provoquerait des maladies issues d’une auto-immunité, des maladies qui existaient avant, auto-immunité qui n’a pas besoin « d’un sida » pour se déclencher… une violente dépression, pouff, votre corps ne suit plus, c’est magique, c’est le sida !!! Donnez-votre argent aux profiteurs de la bêtise et de l’ignorance braves cons.

  2. Il Sorpasso

    Pour rester dans le domaine de l’hygiène et de la justice, un établissement d’étude supérieur vient d’être condamné pour la responsabilité du cancer d’une professeur de sociologie via le tabagisme passif. Sans la moindre donnée scientifique viable de cause à effet.

Laisser un commentaire